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Le charivari — 56.1887

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Août
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https://doi.org/10.11588/diglit.25276#0834
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LE CHARIVARI

LE CARNET D’EN ACTUALISTE

AU CONSERVATOIRE

C’est juste. Vous êtes dans le cas de légitime ré-
volte et vous avez le droit de vous écrier :

— Comment ! Encore l’article annuel sur le Con-
servatoire !

A quoi j’aurais le droit, moi aussi, de vous ré-
pondre :

— L’article annuel est une des nécessités du
journalisme.

Et d’ajouter :

— En même temps qu’une des joies de l'abonné.

Il lui manquerait, en effet, quelque chose si l'on
trahissait ses petites habitudes en De lui servant
pas à date fixe la tartine qu’il attend et qui doit
être beurrée selon la formule.

J’avais aussi pensé à varier vos plaisirs en pre-
nant le contre-pied des déclara!ions ordinaires.

J’étais sûr de vous étonner en débutant ainsi :

« Métamorphose complète. Le Conservatoire n’est
plus reconnaissable.

» Tous les abus tant de fois signalés ont enfin été
supprimés.

» Nous n’avons entendu que des voix admirables,
que des artistes d’un avenir assuré.

» Quant au public, il est exquis de distinction.
Toutes les mères de ces demoiselles sont à présent
de vérifables femmes du monde qui... »

Oui, j’aurais été sûr de vous étonner véhémen-
tement, mais plus sûr encore de farder avec impu-
dence la vérité.

Ce dont je me sens incapable.

X

Je préfère donc, au risque de redites, vous avouer
simplement que les choses n’ont subi, depuis 1880,
aucun changement appréciable.

C’est toujours le même public si drôlement décrit
jadis par Auguste Villemot, qui s’était fait des ma-
mans du Conservatoire une spécialité.

Je me rappelle encore une chronique où il mon-
trait l’une d’elles « fatiguant un rudiment de salade
dans un numéro de vieux journal. »

Je n’ai pas vu de salades dans les lunchs im-
provisés rue Bergère. Mais pour le reste...

Je me trompe. Il y a une autre modification.

Le tartan a disparu.

Ombre de Gavarni, qu’en dis-tu?

Le tartan maternel était jadis un indispensable
accessoire, comme le cabas.

L’un et l’autre sont périmés.

Aujourd’hui, les estimables tireuses de cordon qui
suivent les concours avec une assiduité inintelli-
gente, mais émue, ont des ambitions de toilette
plus huppées.

Elles arborent des vestons achetés au Temple et

des parures de jais vendues au rabais par le Bon-
Marché.

High lifc !

X

Ce qui n’a pas varié, ce sont leurs conversa-
tions.

Elles ont seulement, depuis le krach, baissé !la
note, et leurs prétentions sont d’un moins gros
chiffre.

Ou temps où la Bourse donnait ferme, on voulait
tout de suite pour Phémie ou Julia un huit-ressorts
avec hôtel.

On se borne maintenant à un comte au mois avec
appartement du côté de Villiers. Et ça ne se trouve
pas sous la patte d’un pigeon, à l’heure qu’il est.

Aussi les temps sont proches où les loges de por-
tières seront encombrées de jeunes damoiselles res-
tées en stock. Perspective navrante!

D’ailleurs, il y a décroissance sensible dans le
nombre des candidates aux lauriers artistiques.

Ce que je ne comprends pas, c’est qu’il y ait en-
core des candidatures, au masculin comme au fémi-
nin !...

X

Autrefois, en effet, la province théâtrale existait
encore.

Elle n’existe plus. Les tournées, les idiotes tour-
nées l'ont tuée.

Autrefois, un élève ou une élève du Conserva-
toire, orné ou ornée d’un accessit, était sûr ou sûre
de trouver un engagement décent dans quelque
grande ville.

C’est fini.

Les grandes villes n’ont plus de troupes perma-
nentes. Il faut donc s’en aller faire des agaceries à la
fièvre jaune dans l'Amérique du Sud ou végéter
dans les brouillards de la Hollande.

Ah! il n’est pas rose, l’avenir qui vous guette à la
sortie du Conservatoire!

Je me demande comment on y entre encore.

X

Aucune révélation éclatante, du reste.

Un estimable baryton est signalé par les vigies.
Puis un ténor encore vert, mais à espérances.

J'en ai tant vu, de ces honorabilités et de ces ver-
deurs n’aboutir à rien, que je me méfie.

On ne signale ni Falcon, ni Talma, ni Racliel, ni
Malibran, ni Mars.

La moyenne, la bonne moyenne qui, de son vrai
nom, s’appelle médiocrité.

Lauréat mediocritas, a dit Pailleron.

C’est absolument comme au Salon, où l’on compte
tant d’habiles ouvriers et si peu d’artistes.

Voyez-vous, il faudrait prendre toute cette orga-
nisation par les bases et secouer jusqu’à ce que
tout croule. On rebâtirait ensuite quelque chose de
neuf et de valable.

Mais je t’en fiche.

On ne rebadigeonne même pas les murs.

QU1VALA.

-- «+»-

APÉRITIF MUGNIER

au Vin de Bourgogne

6 Diplômes d’honneur, 45 Médailles Or, Vermeil, etc.

PLUME HUM'BOLDT1"?

CHRONIQUE DU JOUR

On ne sait, ma parole d’honneur, quoi inventer en
fait d’Exposition.

Les Arts décoratifs vont nous servir une nouvelle édi-
tion de leur savoir-faire. Mais cela ne suffit pas aux in-
venteurs.

On prépare une exposition de bières.

Pas de cercueils. De bières à boire.

L’édifiant, ce serait une exposition sincère où figure-
raient tous les ingrédients qu’on fourre dedans pour
nous empoisonner.

Mais celle-là, pas de risque que vous la voyiez de
si tôt.

Ah! les souvenirs de collège!

Comme ils vous assaillent en foule, quand on aperçoit
les premiers échappés de vacances !

Une des plus violentes joies de la vie humaine, que
le jour où l’on passe la porte du bahut qu’on ne doit
pas revoir avant deux mois.

La bonne charge que la vieille formule :

— Les années de collège sont les plus belles années
de la vie.

J'aimerais mieux, en vérité, faire trois ans de Mazas,
que de recommencer cette existence-là.

L’empereur du Brésil, qui visite en ce moment l’Eu-
rope, est un homme très éclairé.

Je ne dis pas cela par allusion à sa liste civile.

Vraiment, il a l’esprit cultivé et les instincts géné-
reux.

Mais il demeure si loin, que l'exemple est peu conta-
gieux.

C’est aussi un homme d’esprit.

A son précédent voyage, un marchand important se
présente, sollicitant l’honneur de mettre sur sa bou-
tique : « Fournisseur de S. M. l'empereur du Brésil. »

Il s’agissait de bijoux.

— Mais, dit le prince en souriant, ce serait invraisem-
blable. Je ne porte pas de bijoux et j’ai passé l’âge où
l’on en donne.

Ce que le marchand se retira penaud !

On parle de grrrandes réformes à la Manufacture de
Sèvres.

C’est ainsi toujours, quand arrive un nouveau direc-
teur.

Je me rappelle encore, comme si j’y étais, les péta-
rades tirées en l’honneur de M. Lauth, lorsqu’il prit la
place.

Ce devait être uie rénovation épatantissime.

CHEZ MADAME THÉMIS

ÉCHOS DU PALAIS

Allons, bon ! Vitriol, poignard, revolver, voilà les
horreurs qui recommencent.

Grande, brune, assez forte, les yeux caves, les pom-
mettes saillantes, les lèvres pincées, la veuve Bel li-
gand n’a que trente an-, mais c'est une véritable vi-
rago, déjà consumée par les passions les plus farou-
ches.

Il y a deux ans, Eugénie Belligand fit la connais-
sance d’un jeune architecte, François Courty,qui noua
avec elle des relations toutes passagères et lui déclara
bientôt que, songeant à se marier, il ne pouvait plus
exister entre eux que des rapports de bonne amitié.

La veuve ne l’entendait point ainsi. Furieuse, elle
entame une série de persécutions contre son architecte;
elle le poursuit à son bureau, à son restaurant, se ré-
pandant en injures, en menaces et en diffamations ; un
jour, elle l’aborde daos un café et plonge la main dans
un petit sac que le patron lui arrache à temps, car il
contenait un revolver chargé à balles et tout armé.

A raison de ce fait, la veuve fut condamnée à six
jours de prison pour port d’arme prohibée, ce qui mit
le comble à son exaspération.

Cependant Courty se maria en province et ramena sa
jeune femme à Paris. Toujours à la piste, Eugénie ac-
costait Mme Courty dans la rue et lui débitait les injures
les plus grossières ; ou bien elle frappait son ancien
amant à coups de poing. La situation devenait intolé-
rable, et l’architecte se vit obligé de citer devant le tri-
bunal son affreux crampon pour voies de fait.

Un soir de novembre, François Courty, accompagné
du professeur Lendormy, rentrait chez lui pour dîner,
quand la mégère, sortant brusquement d’une embus-
cade, lui lança un vase plein de vitriol.

Jamais l’acide sulfurique n’a produit d’effet aussi dé-
sastreux.

Le malheureux jeune homme, atteint en pleine fi-
gure, est mort à l’hôpital après dix jours d’horribles
souffrances.

M. Lendormy a eu toute une joue brûlée et a perdu un
œil.

Deux jeunes filles fort jolies, qui allaient gaiement à la
rencontre de leur père, ont reçu des éclaboussures qui
laissent des traces sur leur visage.

La veuve Belligand avoue son crime avec une sombre
énergie.

— Oui, dit-elle, j’ai prémédité ma vengeance Six
jours auparavant, j’avais acheté un litre de vitriol pour
en faire usage contre l’amant qui m’avait délaissée. Je
voulais le rendre laid, très laid, afin que sa femme de-
mandât le divorce, et il me serait revenu. Il n’y a rien
que je n’eusse fait pour ravoir cet homme !

En de telles circonstances, la commisération n’était

plus possible. La vitrioleuse est condamnée aux tra-
vaux forcés à perpétuité.

#

Il était une heure du matin. Filippi, sa femme, Ciar-
lone et Pascal Forti, quittant le cabaret où ils avaient
passé la soirée, regagnaient leurs domiciles. Sur le bou-
levard de la Chapelle, trois ou quatre rôdeurs abordent
les ouvriers italiens et leur cherchent querelle. On crie
fort, on se menace, et Filippi tire de sa poche un su-
perbe revolver.

A ce moment, suiviennent trois gardiens de la paix
en bourgeois qui, voyant le danger, se précipitent sur
Filippi pour le désarmer, mais Forti s’approche de
l’agent Boisselin et lui plonge son couteau dans le
ventre. Le blessé saisit son revolver, fait feu et loge
une balle dans le dos de l’innocent Ciarlone.

Le pauvre Boisselin a succombé deux jours après.

Forti prétend, pour sa défense, qu’il croyait avoir af-
faire à des malfaiteurs, puisque les agents étaient cil
costume civil. Cette allégation semblait fondée, mais
Filippi, l’ami intime de Forti, déclare que celui-ci lui a
dit : « Ya-t-en! cela ne te regarde pas; voilà un sergent
de ville que je connais et je vais l’arranger! »

Ce témoignage amical vaut à Forti cinq années de ré-
clusion.

Un petit repos à la campagne.

Les époux Chavot, concierges à Stains, ont pour voi-
 
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