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Le charivari — 56.1887

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Août
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CINQUANTE-SIXIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : SI 5 centimes

MERCREDI 3 AOUT 1887

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PARIS

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Politique, Littéraire et Artistique

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Politique. Littéraire et Artistique
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ANNONCES

ADOLPHE EW1G, fermier de la publicité
Rue Joquelet, 11

CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

L’agitation causée par le rejet du Métropolitain se
traduit par des meetings effervescents.

11 serait bon d’y prendre garde.

Ce rejet, en dehors de toutes les considéra-
tions accessoires, a révélé chez certains de nos dé-
putés départementaux un état d'esprit contre lequel
il importe de réagir énergiquement.

Avant la discussion, on n’entendait dans les cou-
loirs que ces mots :

— Ah ! mais non, nous ne pouvons pas gaspiller
les millions pour Paris. Nous représentons ici les
intérêts de la province et nous saurons les dé-
fendre.

N’en déplaise à ceux qui parlaient ainsi, ils te-
naient un langage mesquin et absurde.

La défiance de clocher est une funeste conseil-
lère.

Non, personne à la Chambre n’est le représentant
exclusif de la province. Chacun doit y être le repré-
sentant de la France entière.

Il ne faut pas laisser répéter de pareilles phrases.
Il ne faut pas laisser s’enraciner des préjugés aussi
dangereux.

De plus, cette tendance à mettre Paris en suspi-
cion et en interdit n’est pas seulement contraire à
l’équité ; elle est contraire à l’intérêt même des dé-
partements.

Est-ce que Paris n’est pas un rendez-vous pour
tous les Français ?

Est-ce que les Parisiens sont seuls à jouir de tous
les embellissements qui s’y produisent ?

Est-ce que le Métropolitain u’aurait pas trimballé
plus de provinciaux que d’indigènes?

A ce compte-là, vous pourriez refuser aussi les
dépenses faites pour nos musées, pour nos écoles,
pour tous les établissements de grande centralisa-
tion qui orft leur siège à Paris.

Laissons le Métropolitain de côté. Ce sont les
tendances révélées par ce débat, et surtout par les
propos de coulisses, qui sont graves, qui sont alar-
mantes.

Il y a là comme un penchant à scinder l’unité na-
tionale.

Nous irions loin, ou plutôt nous irions bas, en sui-
vant cette pente.

Comment ! on dénie à Paris le droit de s’adminis-
trer lui-même, en invoquant cette raison que Paris
n’est pas une ville ordinaire, qu’il représente le cos-
mopolitisme, l’internationalisme. Et ensuite, on re-
fuserait à ce même Paris des subsides pour ses tra-
vaux sous le prétexte absolument contraire qu'étant
une cité comme une autre, il doit suffire à ses pro-
pres besoins !

Vous conviendrez que c’est un joli comble d’in-
cohérence.

cances parlementaires ont commencé, que récits
pompeux sur les ébattements ministériels.

Chaque matin, on a des télégraphies variées sur
le menu que nos Excellences dégustèrent à tel ban-
quet, sur la rhétorique qu’ils firent couler à telle
inauguration.

On comprend cette fièvre de plaisir.

C’est la danse du volcan.

Car, au fond, lesdites Excellences ne sauraient se
faire aucune illusion.

C’est parce que leurs jours sont comptés qu'ils
mettent tant d’ardeur à s’ébattre, doublant les bou-
chées, les harangues et les promenades.

Nous l’avons dit, nous le répétons, et les faits ont
commencé à le crier avec nous : le ministère de ca-
pitulation est condamné à mort.

Il n’a que cette alternative : ou mourir tué ou se
suicider.

S’il ne se fait pas le complic^ de la Droite, c’est le
suicide.

Car vous comprenez bien que la Droite n’est pas
assez bête pour ne pas avoir exigé des gages ou tout
au moins des promesses.

On s’est engagé à lui faire des concessions sans
nombre.

S’il ne tient pas parole, le ministère Rouvier se
met le canon du pistolet dans la bouche.

Mais il tiendra parole. Il a même commencé, et
bien commencé.

M. Spuller a rétabli les traitements d’un certain
nombre de prêtres que la République avait trouvé
bon de ne plus payer pour conspirer contre elle.

C’est un assez joli début.

Il y aura une suite.

Mais alors, quelle que soit la nullité de cette Cham-
bre, digne fille du scrutin de liste, il viendra un mo-
ment où un républicain ne pourra plus donner sa
voix au cabinet actuel.

Et rrran! Ce sera fait d’un coup de scrutin. Ci-gît
Rouvier et C°.

Voilà au juste la situation. Elle n’est pas brillante.

Il n’est donc pas surprenant que nos ministres
profitent du sursis donné par les vacances pour pa-
rader et savourer les joies éphémères du pouvoir.

Qu’ils s’en aillent en province prononcer des dis-
cours de dessert, qu’ils président des distributions
de prix ; au besoin, qu’ils couronnent des rosières.

Après ces roses, les épines.

Très amusant à regarder, cet intermède comique.

Ils vont, ils viennent, ils parlent comme s’ils
avaient un lendemain devant eux.

Ils passent entre deux haies de troupes, tandis
(pie le canon fait boum boum en leur honneur.

Demain, c’est le sapin du trône;

Aujourd'hui, c’en est le velours...

a dit Victor Hugo. Une seule variante : ce n’est pas
le sapin du trône, c’est le sapin du cercueil qu’on
entrevoit déjà à l’horizon.

On comprend donc que nos gouvernants aient be-
soin de s’étourdir. Ils sentent qu’ils jouissent de leur
reste. Pourvu que ce ne soit pas du nôtre!

Pierre Véron.

FLOURENS N’EN DORT PAS

«K

On n’avait plus de ses nouvelles depuis un certain
temps.

Et l'on se demandait à quelles diligences il pouvait
s’être voué.

On sait à quoi s’en tenir à présent.

Don Carlos est dans l’Amérique du Sud. Au lieu
d'attaquer les coches pour le quart d’heure, il fait le
siège des ambassades de la République française.

Et il paraît que ça lui réussit.

Une correspondance venue de Lima nous apprend,
en effet, que M. de Tallenay, ministre plénipoten-
tiaire de France, s’est laissé empaumer du premier
coup.

Bien plus, ce singulier diplomate aurait fait des
pieds et des mains~en vue d’organiser, parmi ses collè-
gues du corps diplomatique, une manifestation de
sympathie en faveur du prétendant espagnol. Mais,
n’ayant reçu de toutes parts que d’humiliantes re-
buffades, il se serait rabattu, pour donner suite à
ses projets, su^un, dîner offert , par une tierce per-
sonne au prince voyageur et auquel il se serait fait
inviter.

Là, il n’aurait pas manqué de faire sa cour à don
Carlos avec qui il aurait rapidement lié connaissance,
à ce point que, deux jours après, M. de Tallenay
était reçu par le prétendant à son hôtel, et que le
lendemain celui-ci rendait sa visite à l’hôtel de la
légation, où il était accueilli avec tous les honneurs
que peuvent comporter les règles de l’étiquette offi-
cielle.

Enfin, pour couronner dignement cette série
d’impairs, M. de Tallenay, au départ du prince pour
le Callao, l’aurait publiquement escorté dans les
rues de Lima et ne se serait séparé de lui que sur le
quai de la gare, après lui avoir offert toutes les mar-
ques d’un respectueux attachement.

Que va faire M. Flourens, membre du cabinet de
coalition?

Pauvre M. Flourens!

C’est une tuile qui lui tombe là sur le chef.

Ces faits, connus de tout le monde à Lima, ont
provoqué de vifs sentiments d’irritation dans la colo-
nie française, et plus encore dans la colonie espa-
gnole.

Voilà donc le collègue de M. Rouvier incité à
sévir.

Mais s’il sévit, que diront les amis de la Droite?

La (rironcle, qui a des illusions sur les ardeurs dé-
mocratiques de M. Flourens, s’écrie :

<c M. de Tallenay s’est trompé s’il a cru pouvoir
impunément renouveler au Pérou les scènes de fla-
gornerie jadis jouées par M. le préfet de Nadaillac
dans les Basses-P3Ténées. Les temps sont changés.
Nous espérons qu’on le lui fera bien voir au quai
d’Orsay et que M. Flourens n’attendra pas, pour ou-
vrir une enquête, d’avoir reçu du cabinet de Madrid

Ce ne sont dans les journaux, depuis que les va-
 
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