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Chatelain, Henri Abraham; Gueudeville, Nicolas [Editor]
Atlas Historique, Ou Nouvelle Introduction A l'Histoire, à la Chronologie & à la Géographie Ancienne & Moderne: Représentée dans de Nouvelles Cartes, Où l'on remarque l'établissement des Etats & empires du Monde, leur durée, leur chûte, & leurs differens Gouvernemens ... (Band 1): Contenant la Grèce, l'Histoire Romaine, Rome Moderne, Naples, la France, l'Espagne, & les Provinces Unies — Amsterdam, 1739

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https://doi.org/10.11588/diglit.9886#0138
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SUITE DE LA CHRONOLOGIE DES PAPES.

Ans
l'E e

I7I4-

1716.

I 1717.

I7I8.

17x9.
gcsuiv.

avoit reçu en effet cette information, & avoir révoqué sa Ccnfure
avais de mourir; 6c que sa mort ayant placé iur le Trône Ponti-
fical un autre Pape, celui-ci les avoit déclaré innocentes & permi-
ses. Comme l'affection excefsive du Pape envers les Jcsuites le re-
çoit irréfoltt, il demeura à cet égard dans un état d'incertitude 8c
Je doute encore deux ans,jul"qu'a ce que l'an 1715 ,il sut contraint
de renouveller ces Cenfures par une autre plus soudroyante, qui
sit voir que la promesse des jésuites n'avoit pas été exécutée. Le
St. Père fut encore occupé de la grande affaire des Réflexions Mo-
rales sur le Nouveau Tefiam:nt du Pere <$véncl. L'approbation que
divers Prélats 8c Docteurs avoient donnée à ce Livre, ne put le
mettre à l'abri des foudres du Vatican. Tout le monde fait quelles
ont été les fuites de cette condamnation, qui est datée du iode
Septembre. La Converlion du Fils du Roi Auguftede Pologne à la
Religion Romaine, & la recherche que fit le Patriarche Grec d'A-
lexandrie de la Communion Romaine, en recevant le Pallmm du
Pape en ligne de cette reconnoiffance, surent deux sujets de fat:s-
fa&ion au Pape Clément, qui en parla au Sacré Collège dans les
termes les plus magnifiques.
Ce Pontife maria en 1714 Don Charles fon Neveu avec une sil-
le du Comte Borromée Milanois, Famille des plus il'.uftres & des
plus puilsantes du Duché de Milan. L'arrivée d'un Prince de Géor-
gie à Rome, peur demander des Missionaires qui ailafient prêcher
la Foi Romaine dans ce Royaume, caufa beaucoup de plailir à Sa
Sainteté, qui fit un très bon accueil à cet Envoyé, 8c lui accorda
fa demande.
Une affaire de très peu d'importance jetta l'année suivante le St.
Pere dans de fâcheux embaras. L'Evcque de Lipaii faisant vendre
des Légumes dans un Marché public, & les Officiers Royaux ayant
voulu percevoir la Taxe dont ces denrées étoient chargées, l'E-
vêque cria à h violation de l'Immunité Ecelélialiique, quoiqu'on
ne tardât pas à lui rendre la Taxe qui avoit été priie fur ces Lé-
gumes. Le Pape ne manqua pas de se mêler de cette affaire, &
joignit ses plaintes à celles de l'Evêque, qui s'étoit retiré a Rome,
après avoir lancé sort inconsiderément des Excommunications.
Cette démarche fut comme le lignai d une autre guerre , qui eut
des fuites bien plus fâcheuses. Les Rois de Sicile avoient autresois
obtenu des Papes de pouvoir faire exercer dans cette lue l'Autori-
té pontisicale par un Délégué à titre 8c avec pouvoir de Légat A-
postolique, à qui tous les Eccléliastiques 8c les Evêques même de
l'Isse seroient fournis. Les Papes des derniers fîecles avoient tenté
d'abolir ce Tribunal, mais toutes leurs tentatives n'avoient pas eu
le succès qu'ils en attendoient. Clément XI voulut tenter de nou-
veau ce qui n'avoit pas réuffi à fes Prédéccffeurs. Dès le mois de
Mars de cette année il publia une Bulle,par laquelle il aboliûoit le
Tribunal de la Monarchie de Sicile, & il attacha des Interdits &
des Excommunications contre tous ceux qui s'opposeroient à cet-
te abolition. Cette assaire sit grand bruit, 8c on vit bientôt fortir
de Sicile un grand nombre d'Ecclésialtiques qui allèrent demander
leur subfiftance au Souverain-Pontife.
La France entra dans la suite indirectement dans cette querelle.
Comme on s'étoit avilé d'exprimer dans un Décret du Pape, que
les Censures avoient toute leur sorce, de quelque manière qu'el-
les vinlîént à la connoissance des Intéreffés, le Parlement de Paris
déclara cette prétention abufive , 8c capable de troubler l'ordre &
le repos public.
Comme le Pape avoit sort à cœur de faire recevoir la Bulle
Vnigenhus en France.il écrivit pour cet esset quatre Lettres, une
au Duc d'Orléans, une autre aux Evêques acceptans , la troilieme
au Cardinal de Noailles ,&c la quatrième à la Sorbonne. Le Nonce
qui rélidoit alors à Paris, ayant refuré de faire part de ce qui étoit
contenu dans ces Lettres, comme la coutume l'exige en pareil
cas, le Régent désendit à tous les Evêques du Royaume de re-
cevoir aucun Bres, ou aucune Lettre de la Cour de Rcyne, sans
en avoir obtenu fa permission. D'un autre côté le Parlement de
Paris renouvella tous les Edits émanés à ce sujet, 8c défendit
de nouveau cette réception à toute sorte de peribnnes ,< comme
aussi'd'imprimer ou de publier aucune de ces Lettres sous quel-
que prétexte que ce sût.
Le Pape, chagrin d'apprendre que le Cardinal de Noailles ve-
noit de fe joindre aux Prélats 8c aux autres Eccléliastiques, qui
en avoient appelle à un Concile général , fit brûler tous ces Ap-
pels à Rome par la main du Bourreau , 8c les déclara fédi-
ticux, fchismatiques 8c hérétiques. Le St. Pere publia en même
tems un Bref, où il ;s'adreffoit à tous les Fidèles, 8c où il dé-
claroit qu'il fe féparoit de la Communion de ceux qui ne vou-
loient pas accepter fa Bulle.
Il vit échouer l'année fuivante diverfes entreprifes, qu'il avoit
fomentées en plulieurs Etats de l'Empire contre les Libertés des

Ans de
l'Ere
Vulg.

17*1.

1713.

1724.

Scsuiv,

I73°-

Proteftans. Le Bref qu'il écrivit à l'Eledeur Palatin, & les in"
trigues de ses Internonces à Cologne 8c à Bruxelles asin d'en-
gager Son Altefle Eleâotale à poursuivre les projets formés par
les jésuites, produisirent des essets tout contraiies à ceux qu'il
en attendoit. Les Etats Proteftans s'étant réunis, se mirent en
état de demander 8c d'obtenir un redressement général de toutes
les injuftices qui leur avoient été faites, au préjudice des Traités
de Westphalie 8c des Conftitutious de l'Empire.
Tout cela joint à quelques mortifications qu'il reçut de la
Cour de Vienne , 8c à quelques contradictions qu'il éprouva en
voulant trop appuyer les intérêts du Prétendant produifît en
lui une altération, qui lui caufa une efpece de sièvre chaude. Il
mourut le 19 de Mars 1711, âgé de 71 ans, 7 mois, 8c 17 jours.
INNOCENT XIII. Pape 244.
j
Après la mort de Clément XI , les Cardinaux se hâtèrent de
nommer un Pape , qui pût rendre la paix à l'Eglife. Ils choi-
firent le Cardinal Paolucci, à qui il ne manqua que quelques voix
pour être élu canoniquement. La Cour de Vienne, à qui l'élec-
rion de ce Cardinal n'étoit pas agréable, lui fit donner l'exclu-
sion, ce qui caufa quelques troubles dans le Conclave. Le nom-
bre des Cardinaux s'étant augmenté dans la fuite, ils élurent le
8 de Mai le Catdmal Michel-Ange Conti, Prince 8c Baron Romain,
âgé de 65 ans, qui prit le nom d'Innocent XIII.
Ce Pape ne témoigna pas moins de îèle que fon Prédécesseur
pour faire valoir les droits 8c l'autorité du St. Siège. L'affaire à
laquelle il parut prendre le plus d'intérêt, fut celle de l'Inveftitu-
re des Etats de Parme 8c de Plaisance. Il refsentit vivement ce
qui se paffa là-deffus à la Diète de Ratisbonne. Il en écrivit des
Brefs circulaires à l'Empereur 8c aux Princes de l'Empire. 11 leur
sît repréfenter le préjudice insini que foussroit le St. Siège par
l'approbation 8c le confentement que la Diète de l'Empire venoit
de donner à l'Acte d'Inveftiture, que l'Efpagne avoit demandé à
l'Empereur, comme si Sa Majesté Impériale étoit le Seigneur di-
rect des Etats de Parme gc de Plaifance , 8c comme s'ils n'étoient
pas au contraire un Fief immédiat du St. Siège.
Une autre afsaire où le St. Pere soutint vivement l'honneur de
son Prédécesseur, ce fut celle de la Chine, fur laquelle la Con-
grégation nommée à cet efset rendit un Décret, qui sut très mor-
tifiant pour les Jcsuites. 11 leur étoit désendu d'envoyer aucun
Religieux à la Chine, sans l'examen 8c l'approbation de la Con-
grégation de Propagande fide, qui résolut d'y envoyer elle-même
six Millionnaires.
L'assaire de la Constitution intrigua auffi beaucoup ce Pontise.
Son Nonce en France avoit eu ordre de préfenter un Bres en
sorme de Bulle , qui donnoit un tems présix aux Evêques Ap-
pelons 8c à leurs adhérans , au bout duquel le Pape déclaroit,
qu'ils auroient encouru l'Excommunication portée par la Bulle
Vnigenitus. La Cour de France, après avoir examiné ce Bres,
répondit au Nonce, qu'il n'étoit pas possible qu'un tel Bref sût
reçu dans le Royaume, 8c qu'il seroit capable de mettre tout en
combuftion.
Cette nouvelle 8c quelques autres de cette nature, très peu agréa-
bles au St. Pere, lui cauferent une maladie dont il mourut le 7
de Mars, âgé de 68 ans, 9 mois 8c Z3 jours.
B E *N O I T XIII. Pape i4j-.
Le Cardinal Vincent - Marie Orsmï sut choifi pour remulir la
place du Pape désunt. Cette Election se fit le z9 de Mai Ce
Pontife, qui prit le nom de Benoit XIII, remporta bien tôt'après
son élévation des avantages resufés à toute la fagelîe 8c aux intri-
gues de fes Prédécesseurs. Il fit rendre au St. Siège Comachio,
dont l'Empereur s'étoit emparé, 8c obligea le Cardinal de Noailles
à accepter la Constitution.
Ce Pape eut la foiblefle de se livrer entièrement à Mr. Cofcia,
qu'il créa Cardinal, malgré les oppositions que quelques-uns sirent
inutilement pour l'exclurre de cet honneur. Le Pontife 8c fon
Favori partagèrent en quelque sorte les sonctions de la Papauté. Le
Cardinal gouverna avec une autorité prefque absolue, tandis que
le Pape ne fe mêla guère que de dire son Bréviaire.
Après un Pontificat de 5 ans, 8 mois 8c 13 jours, Benoit XIII
sinit sa carrière, fans avoir été prefque malade. 11 mourut le n
de Février 1730, à l'âge de 81 ans. Il avoit été élevé au Cardi-
nalat par Clément X, le zz Février 1672. H eut pour Succeffeur
Laurent Corsini, Florentin, âgé de 78 ans, 3 mois 8c 8 jours. Ce
Pape, qui sut élu le de 11 Juin» P»1 le n°m de Clément XII.
 
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