DISSERTATION
SUR LE
ROYAUME DE N A P L E S.
O U R commencer la deseription
du Royaume de Naples, on re-
montera brièvement a ce que di-
vers Auteurs y ont remarqué de
plus singulier & de plus mé-
morable touchant son antiquité.
Ceft dans la Terre de Labour
où on a placé le Marais Acheru-
sien , qu'on appelloit l'Averne, & l'Antre de la
Sibylle AmaltJiée ou Eriphile, qui étoit à dîmes:
il y avoit des Prêtres au bord de cet Antre qui re-
cevoient k l'entrée ceux qui vouloient sacrisier. Ces
Prêtres subsistoient de ce qu'ils recevoient de ceux qui
venoientconsulter l'Oracle de la Sibylle, & de quel-
ques métaux qu'ils tiroient de cet Antre. Un cer-
tain Roi', seandalifé du peu de sonds qu'il y avoit à
saire fur leurs prédirions, fe fervit de ce prétexte
pour les exterminer. Tous les cinq ans il y avoit à
Naples un combat de Lutteurs par Tordre dé l'Oracle.
C'étoit proche de Rege ouRégio qu'étoit la Ville de
Locres fi bien policée par les Zaleuques , sélon divers
Auteurs, & où on avoit accoutumé de fe mettre
line corde au cou, lors que l'on vouloit propofer
quelque Loi nouvelle; afin de mourir si elle n'étoit
pas approuvée : par où on peut connoitre qu'il n'é-
toit permis que d'y propofèr des choies juftes &
avantageufes à l'Etat. De ces premiers Peuples,
le Royaume de Naples paiTa fous la domination
des Romains , & depuis h décadence de l'Empire
Romain, fous la domination de divers Souverains.
Les Rois Ostrogots, les Vandales, les Rois Lom-
bards & divers autres Souverains y ont régné &
l'ont ravagé tour k tour. Les Napolitains font fort
mutins, fujets aux séditions & à la révolte ; un Au-
teur en compte jufqu'à vingt-fept de confiderables :
aulîi y a-t-il peu d'Etats qui aient palfé par plus de
différentes révolutions.
Ceft le plus grand Etat de l'Italie : il s'étend en
forme de Prefqu'iiîe depuis l'Etat de l'Eglife qui le
borne au Couchant, jufqu'à la mer Ionienne qui le
baigne au Levant; ayant au Nord le Golfe de Ve-
nife,&auMidilamerTirrhene. On lui donne cent
dix lieues du Nord au Sud-eft, depuis l'embouchure
de Trontojusqu'au Cap delliArmi;& trente lieues de
largeur au Couchant; mais il eft beaucoup moins
large en divers endroits. Le Mont Apennin le traver-
fe tout entier du Couchant au Levant, & lui sour-
nit quantité de petites rivières; l'air y eft fort sàin3
& fertile en bled,vin, huile, amandes, noifettes,
figues, citrons, oranges, lin, chanvre, anis, corian-
dre ; on y recueille même en quelques endroits du
cotton & du fucre. Cet Etat est fujet à de terribles
tremblemens de terre. Il y a peu de Païs où il y ait
tant de Titres de diftinclion ; on y compte foixante
Principautez, cent Duchez, cent Marquifats, foi-
xante & dix Comtez & environ mille Baronies.Le Roi
d'Efpagne le pofTede comme une dépendance de l'Ar-
ragori ; il en sait hommage au Pape, & eft obli-
gé tous les ans de lui présenter une Haquenéa
blanche , avec une bourfe de sept mille ducats »
la veille de St. Pierre, pour l'hommage du Royau-
me de Naples & de Sicile. Les Napolitains sont
généreux & bons Soldats i, mais sainéans & diJP-
muiez. Ils obéifsent k un Viceroi, que le Roi
d'Efpagne leur envoyé pour les gouverner de fa
part. Ce Royaume eft féparé de celui de Sicile
par le Détroit de Meiïîne , qui a une lieue de
largeur. Voici Tordre de la divifion de ce Ro-
yaume.
a. Terre de Labour a pour Gap. Naples.
i J Principauté citer. Cap. Salerne,
v, Principauté ulter. Cap. Benevent.
Le Royau-
me de Na-
ples divisé
en quatre
parties
principa-
les , favoir,
, Àbru7.zecîter. Cap. Civita ài Chietu
J Abruzze ulter. Cap. Acjuila.
* Comté de Molife. Cap. Molife.
i
Cnpitàïîate. Cap. Lucere,
Terre de Bari. Cap. Bari.
Terre d»Otrante. Cap. Tttrente.
Calabre citer. Cap. Cofenza.
, T Calable ulter. Cap. c antazerù.
^ £ Bafilicate. Cap. Ctrenza.
Voyons brièvement ce qite chacune de ces Pro-
vinces renserme.
La Terre de Labour peut avoir vingt lieues de Ion ?
& quatorze de large : elle eft fort propre pour le la*
bourage,& c'est cle là qu'elle a pris fon nom. Onl'a-
pelloit anciennement la Campanie heureufe, à caufe de
la grande fertilité en bleds, vins excellens & autres
sruits. On y trouve en plusielirs endroits des eaux
minérales & des mines de fouphre : le Mont Vefuve
en doit être rempli, puis que fouvent il en vomit
des torrens. Voici les Villes principales de cette
Province,,
Naples Cap.
Capoue.
Fondi.
A.fàino.
Sojezzo.
Caferta.
Arp'mo.
Acerra.
Noie.
PouzzoL
j S'irrento.
j Mafa.
j oora.
C
(Venasre.
1 Sefa.
ICarino.
T'iano.
Calvi.
1 Telefe,
j Ijchia*
s Les Rivières
principales
font,
I1 Le G anglais.
LeValturne^
L
La Principauté Citerieure est entre la Terre de
Labour, & la Principauté Ultérieure, là Bafilicate
& la mer Tirrhcne : elle peut avoir vingt-quatre
lieues de longueur, & douze dans fa plus grande
largeur. Son terroir eft fort fertile en bled, en vin,
enWle, en làffran, & en foye; on y trouve ausïl
plulieurs eaux minérales. Ses principales villes sont
Scala.
Acerno.
Campagna.
Lettere.
!
Polie assro,
Nticera.
Mmuri.
Ravello.
.Capaccio.
\Amalsi.
"iSalerne Cap,
j Cette Province
\ apeud'autresR!'
' vieres quelcJMj,
La
SUR LE
ROYAUME DE N A P L E S.
O U R commencer la deseription
du Royaume de Naples, on re-
montera brièvement a ce que di-
vers Auteurs y ont remarqué de
plus singulier & de plus mé-
morable touchant son antiquité.
Ceft dans la Terre de Labour
où on a placé le Marais Acheru-
sien , qu'on appelloit l'Averne, & l'Antre de la
Sibylle AmaltJiée ou Eriphile, qui étoit à dîmes:
il y avoit des Prêtres au bord de cet Antre qui re-
cevoient k l'entrée ceux qui vouloient sacrisier. Ces
Prêtres subsistoient de ce qu'ils recevoient de ceux qui
venoientconsulter l'Oracle de la Sibylle, & de quel-
ques métaux qu'ils tiroient de cet Antre. Un cer-
tain Roi', seandalifé du peu de sonds qu'il y avoit à
saire fur leurs prédirions, fe fervit de ce prétexte
pour les exterminer. Tous les cinq ans il y avoit à
Naples un combat de Lutteurs par Tordre dé l'Oracle.
C'étoit proche de Rege ouRégio qu'étoit la Ville de
Locres fi bien policée par les Zaleuques , sélon divers
Auteurs, & où on avoit accoutumé de fe mettre
line corde au cou, lors que l'on vouloit propofer
quelque Loi nouvelle; afin de mourir si elle n'étoit
pas approuvée : par où on peut connoitre qu'il n'é-
toit permis que d'y propofèr des choies juftes &
avantageufes à l'Etat. De ces premiers Peuples,
le Royaume de Naples paiTa fous la domination
des Romains , & depuis h décadence de l'Empire
Romain, fous la domination de divers Souverains.
Les Rois Ostrogots, les Vandales, les Rois Lom-
bards & divers autres Souverains y ont régné &
l'ont ravagé tour k tour. Les Napolitains font fort
mutins, fujets aux séditions & à la révolte ; un Au-
teur en compte jufqu'à vingt-fept de confiderables :
aulîi y a-t-il peu d'Etats qui aient palfé par plus de
différentes révolutions.
Ceft le plus grand Etat de l'Italie : il s'étend en
forme de Prefqu'iiîe depuis l'Etat de l'Eglife qui le
borne au Couchant, jufqu'à la mer Ionienne qui le
baigne au Levant; ayant au Nord le Golfe de Ve-
nife,&auMidilamerTirrhene. On lui donne cent
dix lieues du Nord au Sud-eft, depuis l'embouchure
de Trontojusqu'au Cap delliArmi;& trente lieues de
largeur au Couchant; mais il eft beaucoup moins
large en divers endroits. Le Mont Apennin le traver-
fe tout entier du Couchant au Levant, & lui sour-
nit quantité de petites rivières; l'air y eft fort sàin3
& fertile en bled,vin, huile, amandes, noifettes,
figues, citrons, oranges, lin, chanvre, anis, corian-
dre ; on y recueille même en quelques endroits du
cotton & du fucre. Cet Etat est fujet à de terribles
tremblemens de terre. Il y a peu de Païs où il y ait
tant de Titres de diftinclion ; on y compte foixante
Principautez, cent Duchez, cent Marquifats, foi-
xante & dix Comtez & environ mille Baronies.Le Roi
d'Efpagne le pofTede comme une dépendance de l'Ar-
ragori ; il en sait hommage au Pape, & eft obli-
gé tous les ans de lui présenter une Haquenéa
blanche , avec une bourfe de sept mille ducats »
la veille de St. Pierre, pour l'hommage du Royau-
me de Naples & de Sicile. Les Napolitains sont
généreux & bons Soldats i, mais sainéans & diJP-
muiez. Ils obéifsent k un Viceroi, que le Roi
d'Efpagne leur envoyé pour les gouverner de fa
part. Ce Royaume eft féparé de celui de Sicile
par le Détroit de Meiïîne , qui a une lieue de
largeur. Voici Tordre de la divifion de ce Ro-
yaume.
a. Terre de Labour a pour Gap. Naples.
i J Principauté citer. Cap. Salerne,
v, Principauté ulter. Cap. Benevent.
Le Royau-
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ples divisé
en quatre
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J Abruzze ulter. Cap. Acjuila.
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Terre de Bari. Cap. Bari.
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Calabre citer. Cap. Cofenza.
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Voyons brièvement ce qite chacune de ces Pro-
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La Terre de Labour peut avoir vingt lieues de Ion ?
& quatorze de large : elle eft fort propre pour le la*
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la grande fertilité en bleds, vins excellens & autres
sruits. On y trouve en plusielirs endroits des eaux
minérales & des mines de fouphre : le Mont Vefuve
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Province,,
Naples Cap.
Capoue.
Fondi.
A.fàino.
Sojezzo.
Caferta.
Arp'mo.
Acerra.
Noie.
PouzzoL
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j Mafa.
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1 Sefa.
ICarino.
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font,
I1 Le G anglais.
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L
La Principauté Citerieure est entre la Terre de
Labour, & la Principauté Ultérieure, là Bafilicate
& la mer Tirrhcne : elle peut avoir vingt-quatre
lieues de longueur, & douze dans fa plus grande
largeur. Son terroir eft fort fertile en bled, en vin,
enWle, en làffran, & en foye; on y trouve ausïl
plulieurs eaux minérales. Ses principales villes sont
Scala.
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