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Chatelain, Henri Abraham; Gueudeville, Nicolas [Hrsg.]
Atlas Historique, Ou Nouvelle Introduction A l'Histoire, à la Chronologie & à la Géographie Ancienne & Moderne: Représentée dans de Nouvelles Cartes, Où l'on remarque l'établissement des Etats & empires du Monde, leur durée, leur chûte, & leurs differens Gouvernemens ... (Band 1): Contenant la Grèce, l'Histoire Romaine, Rome Moderne, Naples, la France, l'Espagne, & les Provinces Unies — Amsterdam, 1739

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https://doi.org/10.11588/diglit.9886#0115

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1

DISSERTATION
sur
ROME MODERNE.

^^#ÈiM^VANT Q-UE de rais°nnei;
^^^loffl^^- sur ce grand sujet, on me per-
'^^WJÊ^^^^X mettra de Prendre une précau-
^W/^m^^^Ê^ tl0n- J'avertis que je veux trài-
wÈ&i ter cette mat^ere en nomme
i^^Q^^âl^^ parfaitement desinteresTé. J'ai,
grâces à Dieu, une Religion que
je crois bonne,■dans laquelle je
veux vivre & mourir ; mais j'écrirai comme h je n'en
àyois point. Ici ni Catholique, ni Protestant, je
dirai les choies telles que la Raison me les dicte ; &
si je les dis mal, ce sera faute d'écrit, & non point
par mauvaise intention.
Je débute par dire que de toutes les Villes du Mona-
de Rome me paroit celle qui a eu le sort le plus singu-
lier. La révolution de cette fameuse Capitale vaut
alTûrément la peine d'être remarquée. Rome, après
avoir commandé à la plus belle partie de l'Univers,
devient inseniiblement le Siège d'un Empire qui seroit
sort difficile à définir. Il ne s'agit plus de ces anciens
Conquerans,ni de ces Républiquains, qui, sous les
ausbices de la Liberté, auroient voulu mettre tout
le Monde dans les sers. C'est un Monarque qui
prétend dominer sur toute la Terre, & qui croit que
son autorité n'a point d'autres bornes que celles de
notre Globe. L'établiiTement de cette Piiissance
est d'autant plus merveilleux qu'il est sondé ssir
des constrastes, & qu'il dure par des moyens
où le bôn-sens se perd. Lors que le Genre humain
étoit plongé dans une superstition ridicule, soqu'à
l'exception d'un petit peuple fort mal timbré toute la
Terre n'adoroit que la chimère & le vice, il paroit un
homme dans un endroit de PAsie. Cet homme se
déclare Dieu, & ses prodiges marquent évidemment
qu'il ne ment pas. Il nous enfeigne à jouir de nous-
mêmes; il persectionne ce que les Philosophes, qui
Pont précédé, n'avoient sait qu'ébaucher ; & en pro-
mettant le Royaume des Cieux, il prêche le parsait
desinteresîement du cœur.La vie de ce nouvelEvange^-
liste n'est qu'une consirmation Continuelle de sa Doc-
trine & de sa Morale. Réduit lui-même à unemise-
re assez grande pour n'avoir pas un oreiller, il s'asso-
cie avec les pauvres, & fans l'éclat de ses miracles,
rienn'auroit été plus obscur que sa condition. Il est
vrai qu'il démasque les Miniltres du Culte, & ces
gens ordinairement irréconciliables sont les instru-
mens dont la Providence se sert pour la mort violente,
mais expiatoire de notre Sauveur. Acelàprès,bien-
saisant à tous, aimant véritablement les hommes j ne
contraignant personne, déclarant à fon Juge que son
règne n'étoit pas de ce Monde-ci ,& ordonnant ex-
pressement à fes Disciples de n'employer jamais que la
voye d'exhortation. Il arrive à notre Législàteur de
distinguer un de ces bateliers qu'il avoit choisipour
éclairer notre Efpece, & qui n'étoit affùrémentpas
le moins stupide de ses Compagnons. Tu es Tier-
re, lui dit-J, & fur cette pierre jéd'tjitrat mon
Eglife, Je ne m'arnuserai point à controverser sur

cette apostrophe. J'ai promis d'être neutre, &*
tant que je pourrai, je ne m'écarterai point de ce
Chemin-là. Les Catholiques-Romains prennent le
mot à la lettre ; les Protestans y répondent solide^
ment ; entre eux le débat.
Ce qui est àprésentdemondistristoudemon rel-
lort, c'est que Rome moderne est bâtie la-deffus.
Dans le cours de la prédication Evangelique Rome eft
une Eglise particulière comme les autres. Ses Evê-
ques ne pensent à rien moins qu'à se mêler de la Poli-
tique. Ils prêchent à leur troupeau tous les devoir9
d'un bon mjet, & ils en donnent eux-mêmes l'exem-
ple julqu'à mourir de bon cœur par l'ordre des Sou-
rains, & en priant Dieu pour leur conversion. Peu
à peu ces épahTçs ténèbres qui étoient répandues sur
la sace delà Terre se dilTipent. Le sang des Martyrs
germa, fructisia, & des persécutionssréquentes &
âffreuses se terminèrent au triomphe de la Vérité. Le
grand Constantin embrasse le Christianisme, & com-
me un Proselyte plein de zèle, il n'épargne rien
pour le faire fleurir. Son attachement pour Bysan-
ce, aujourd'hui Constantinople,l'éloignedeRome.
Voilà, cerne semble,la première époque de cette
prodigieuse grandeur sur laquelle je réfléchis. Les
sauteurs de l'autorité Papale ont pris droit sur cette
conduite de Constantin ,& ils en ont tiré un Monu-
ment spécieux & très savorable à ce qu'on nomme lo
Saint Siège. On a prétendu que cet Empereur, con-
vaincu d'abord de la primauté de Saint Pierre, avoit
renoncé par respeét & par'devoir à sa puiffance dans
Rome, & qu'il avoit sait une donation en forme, de
cette Capitale du Monde aux Successeurs de cet Apô-
tre. Je croi pouvoir avancer, sans prendre parti,
que ce sait est une ablurde suppofition ; il ne saut pas
être sort versé dans l'Histoire pour être bien persuadé
que Constantin, Prince jaloux de son Sceptre, s'il en
sut jamais, ne pouffa pas sà nouvelle Religion suA
qu'à cette générofîté. Aussi n'y a-t-il que lesigno-
rans & les entêtez parmi Meilleurs de l'Eglise Romai-
ne qui soutiennent l'assirmative de cette These, &
l'on a dit agréablement, que la donation de Constan-
tin , & la Loi Salique, étoient gardées dans les mê-
mes archives, c'est-à-dire, dans quelque réduit des es-
paces imaginaires.
Les Eveques de Rome ne sè surent pas plutôt aper-
çus que là haute réputation de leur Ville, jointe à la
crédulité des peuples, donnoit un grand relies à leur
Siège, qu'ils fe mirent dans le goût d'en profiter, &
de pousser la sortune riante jufqu'au bout. Il eft na-
turel à l'homme de s'élever,& l'onnesauroit mieux
connoitre le penchant qu'il a pour être libre, qu'en
voyant cette avidité avec laquelle il embrafle toutes
les occalions de saire dépendre, & de ne dépendre
point. Il est certain que les Papes ont trouvé les
conjonctures du monde les plus heureuses; & au
lieu que des beaux efprits admirent 1 élévation de ces
Princes, moi, avec mon smble génie, je ne puis
assez m'étonner comment ils ne sont pas encore plus
G puis-
 
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