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0.5
1 cm

Ansd
l'Eté
Vulg.
ïjll.
1711.
CHRONOLÔG1 EH ISTOR1Q.
. Remarques Hificriques.
toient sortement réfolus de garder Tournai 8c d'avoir Condé, ou
de continuel la Guerre quoi qu'il en put arriver. Comme le tems
le paflûit en difputes, les Ministres Anglois menacèrent les Plé-
nipotentiaires des autres Puiffanccs de fe sépater d'eux , 6c de
saire une Paix patticuliere avec la France. Ils déclarèrent en efset
aux Députez, des Etats Généraux : Que; la Reine demandoit une
prompte résolution, fi l'Etat étoit porté ou non, à figner immé-
diatement la Paix fans plus de délai: Que Sa Majefté Britannique
serait obligée de ligner la sienne sans l'Etat, s'il attendoit plus
longtems que deux ou trois femaincs: Que Sa Majesté étant as-
furée, que l'Etat ne tarderait pas de signer la Paix avec Elle,
promettrait de lui procurer la Ville de Tournai, laquelle, avec
beaucoup d'autres Places, ne seroit plus à espétet du côté de la
France, en cas que la Reine lignât féparément la Paix.
Cette Déclaration de la part de la Reine de la Grande Bretagne
ne lailToit plus aux Alliez, aucun choix entre ces deux paitis, ou
de continuer seuls la Guerre contre la France 8c l'Elpagne, ou de
faire la Paix aux conditions ltipulées dans les Négociations entre
la France 8c l'Angleterre. Les Etats Généraux choilirent le der-
nier parti, 8c conclurent leur Traité avec la France le zo de Jan-
vier 1713. On leur remettoit par ce Traité tout ce que le Roi
Très-Chrétien ou fes Alliez occupoient des Pais-Bas Espagnols,
8c ce que le seu Roi d'Espagne Charles II. avoit pofledé confor-
mément au Traité de Ryswick, dont la Maiion d'Autriche dc-
voit jouir à perpétuité, après qu'elle seroit convenue d'une Bar-
rière avec les Euts Généraux : On en exceptoit le haut Quartier
de Gueldre avec la Ville de ce nom, que l'on donnoit au Roi
de Prufle,pour en jouir de la même manière que le feu Roi d'Ef-
pagne en avoit joui : On reservoit encore dans le Duché de Lu-
xembourg une Terre de trente mille écus de revenu, qui de voit
être érigée en Principiuté en faveur de la Princefie des Urlins 8c
de fes Héritiers : Le Roi Très-Chrétien cedoit de plus aux Etats
Généraux Menin 8c fa Verge, Tournai 8c le Tournevis, excepté
St. Amand 8c Mortaigne, Fumes Se fon Territoire, la Knocke,
Loo Se Dixmude , Ipres 8c sa Châtellenie, RousTelaer, Poppe-
ringue, Varnetou,Commines 8c Warwick: Ils lui rendoient Lil-
le e'c sa Châtellenie, Orchies 8c le Pais de Laleu, le Bourg de
la Gourgue, Aire, Bethune, St. Venant, avec le Fort François.
C'est ainfi que fe termina cette Guerre, une des plus glorieuiés
que la République eût foutenue depuis fa fondation , mais dont
ks sruits <x les avant iges ne répondirent pas aux Victoires dom
eile avoit été accompagnée, 8c aux souîmes iinmenlcs qu'il en
avoit coûte pour la loutenir. Quant à l'affaire de U Barrière, aie
ne fut terminée que le 17 de Novembre de l'année 1715 , à la
iatisfaction réciproque de tous les Partis.
Dilons un mot du Différend survenu dans la fuite entre la Cour
de Vienne 8c les Hollandois ,au sujet de l'étabhffement du Port 8c
.lu Commerce d'Oitende. Les grands avantages que l'Empereur
accordoit à cette Compagnie au préjudice desPuisîances Maritimes,
réveillèrent les ombrages qu'elles en avoient d'abord conçus, 8c
leuren sirent envisagerks fuites comme préjudiciables à leur Com-
merce Ils'éleva des plaintes du fond de la Hollande contre cetOc-
troi. Les différentes Compagnies protégées par la République im-
plorèrent le fecours des Etats, 8c ceux-ci en appellerait à la foi des
Traitez. Les Ecrits qui parurent de leur part, rappellerent en
particulier ceux de Weftphalie 8c de la Barrière, qu'ils préten-
doient avoir été violez. Tout cela n'empêcha pourtant pas que
la nouvelle Compagnie ne travaillât fans relâche à fe former fous
des aufpices, dont elle fe promettoit des fuccès conlidcrables.
L'Empereur du Mogol avoit promis la conceffion d'un Terrein
spacieux dans fes Etats, oii la Compagnie pourroit débarquer, 8c
mettre fes effets en iureté. Toutes ies meîifrés étoient déjà pri-
ses-pour y bâtir un Fort, dans la vue ii'afîurer Ion Comptoir
UE
Ans de
l'Ere
1718.
1731.
DES PROVINCES UNIES.
Remarques Hi/ioriques.
8c ses Marchandises. Un nouveau Vaiffeau qui fut chargé d'u-
ne riche Cargaifon partit prefque dans le même tems pour Ben-
gale fous l'infpedtion de Colbach, Commiflaire Impérial. Après
cela il ne fut plus permis de douter que l'on ne voulût foutenir
une réfolution prife, dont la Hollande fentit d'avance sous les
inconvéniens. Cependant cette sage' République ne voulut point !
encore qu'il fe paffat rien, qui pût donner occasion à quelque»!
rupture.
Dans l'efpérance que l'Empereur pourroit se désister de ses
prétentions, les Etats Généraux lui sirent saire des ossres considera-
bles; mais il ne parut pas au Cohseil de Vienne que ces offres pussent
contrebalancer les avantages qui se présentoient dans la réuliite
d'une entteprise, qui prenoit de jour en jour de nouvelles sor-
ces. Le Miniftre des Etats Généraux à la Cour de Vienne pré-
ienta divers Mémoires par lefquels il demandoit la suppreiliou
d'une Compagnie, qui devoit être proferite en conséquence des
Traitez, précédées. Par l'analyse qui en sut faite , on réduisit
toutes les prétentions des Hollandois à cinq chess d'exceptions,
La première de ces exceptions fe tirait du cinquième Article de
la Paix de Munfter, au fujet des intérêts de i'Efpagne 8c de la
Hollande. Les Hollandois prétendoient que la Navigation 8c le
Trasic des Indes Orientales, dont 011 y promettoit le maintien,
devoir opérer un Privilège spécial pour la République. Sur cela
on sit voir à Vienne, que cette claufe étant générale 8c indéfi-
nie, en-vain on en vouloit faire une application particulière pour
en exclurre le Posicfleur des Païs-Bas, qui étoient alors fous la
domination des Espagnols; 8c que fi l'on eût eu intention de
traiter dans cet esprit d'exelufion , il étoit indubitable que l'on
eut allez particulariié les objets, pour produire la prétendue ex-
ception. La féconde prenoit fa fource dans l'Article 16 du Trai-
té ^de la Barrière, où les Parties étoient demeurées d'accord,
qu'a l'égard des intérêts de Commerce, les afsaires refteroient
sur le pied où elles étoient alors, fans aucune innovation, jusqu'à
ce que l'Empereur , le Roi d'Angleterre 8c les Etats Généraux
en tuffent convenus autrement. Mais on répondit, que l'objet
du Commerce, dont on parloit dans cet endroit, ne pouvoit re-
garder que la communication des Etats situez dans l'Europe, le
pailage réciproque de la Mer d'Angleterre, les Droits relpedifs
d'une Province à l'autre; 8c non pas l'établiffement d'une Com-
pagnie maritime, à laquelle ce même Droit des Gens que l'on
;'"'."^"if'.mD}i'saitement, donnoit la liberté d'aller chercher dans
les rtliources cks maes ucijuoi piumu rat liu Commer-
ce des autres Nations. La troilkme exception étoit appuyée sur
l'Article prohibitif de la donation des Païs-Bas, saite en 1598 par j
Philippe II. Roi d'Espagne,à l'Archiduc Albert 8c Uabelle d'Au-
triche. On prétendit qu'il n'y avoit dans celle-ci aucune appa-
rence de solidité, 8c que la nature du Titre 8c le peu de rapport
qu'on y voyoit à l'état de la question, sufsisoient pour la réfuter.
Le Ministre des Etats ne le rendit pas à ces raisons , ni aux
réponses que l'on fit aux autres exceptions; ainsi cette affaire
retta pour-lois en suspens.
Dans le Congrès qui fe tint à Soiffons en 1718 , les François,
es Anglois, 8c les Hollandois demandèrent que la Compagnie
d'Oitende fût entièrement abolie, 8c que la Navigation lui fût
interdite. Les Miniftres Impériaux d'un autre côté demandèrent
que cetie Compagnie subfiftât, fous certaines conditions qui surent
alors propofées. Cette importante a.iaire ne put être réglée dans
cette Alîemblée; mais en 1731 l'Empereur, après avoir terminé
les DifFcr^nds qu'il avoit avec i'Efpagne, confentir de faire cesser
pour toujours tout Commerce 8c Navigation aux Indes Orienta-
les, dans toute l'étendue des Pais-Bas Autrichiens, 8c dans tous
les autres Pais, qui du tems de Charles II. Roi d'Efpagne, é
toient sous la domination de Sa Majesté Catholique.
l'Eté
Vulg.
ïjll.
1711.
CHRONOLÔG1 EH ISTOR1Q.
. Remarques Hificriques.
toient sortement réfolus de garder Tournai 8c d'avoir Condé, ou
de continuel la Guerre quoi qu'il en put arriver. Comme le tems
le paflûit en difputes, les Ministres Anglois menacèrent les Plé-
nipotentiaires des autres Puiffanccs de fe sépater d'eux , 6c de
saire une Paix patticuliere avec la France. Ils déclarèrent en efset
aux Députez, des Etats Généraux : Que; la Reine demandoit une
prompte résolution, fi l'Etat étoit porté ou non, à figner immé-
diatement la Paix fans plus de délai: Que Sa Majefté Britannique
serait obligée de ligner la sienne sans l'Etat, s'il attendoit plus
longtems que deux ou trois femaincs: Que Sa Majesté étant as-
furée, que l'Etat ne tarderait pas de signer la Paix avec Elle,
promettrait de lui procurer la Ville de Tournai, laquelle, avec
beaucoup d'autres Places, ne seroit plus à espétet du côté de la
France, en cas que la Reine lignât féparément la Paix.
Cette Déclaration de la part de la Reine de la Grande Bretagne
ne lailToit plus aux Alliez, aucun choix entre ces deux paitis, ou
de continuer seuls la Guerre contre la France 8c l'Elpagne, ou de
faire la Paix aux conditions ltipulées dans les Négociations entre
la France 8c l'Angleterre. Les Etats Généraux choilirent le der-
nier parti, 8c conclurent leur Traité avec la France le zo de Jan-
vier 1713. On leur remettoit par ce Traité tout ce que le Roi
Très-Chrétien ou fes Alliez occupoient des Pais-Bas Espagnols,
8c ce que le seu Roi d'Espagne Charles II. avoit pofledé confor-
mément au Traité de Ryswick, dont la Maiion d'Autriche dc-
voit jouir à perpétuité, après qu'elle seroit convenue d'une Bar-
rière avec les Euts Généraux : On en exceptoit le haut Quartier
de Gueldre avec la Ville de ce nom, que l'on donnoit au Roi
de Prufle,pour en jouir de la même manière que le feu Roi d'Ef-
pagne en avoit joui : On reservoit encore dans le Duché de Lu-
xembourg une Terre de trente mille écus de revenu, qui de voit
être érigée en Principiuté en faveur de la Princefie des Urlins 8c
de fes Héritiers : Le Roi Très-Chrétien cedoit de plus aux Etats
Généraux Menin 8c fa Verge, Tournai 8c le Tournevis, excepté
St. Amand 8c Mortaigne, Fumes Se fon Territoire, la Knocke,
Loo Se Dixmude , Ipres 8c sa Châtellenie, RousTelaer, Poppe-
ringue, Varnetou,Commines 8c Warwick: Ils lui rendoient Lil-
le e'c sa Châtellenie, Orchies 8c le Pais de Laleu, le Bourg de
la Gourgue, Aire, Bethune, St. Venant, avec le Fort François.
C'est ainfi que fe termina cette Guerre, une des plus glorieuiés
que la République eût foutenue depuis fa fondation , mais dont
ks sruits <x les avant iges ne répondirent pas aux Victoires dom
eile avoit été accompagnée, 8c aux souîmes iinmenlcs qu'il en
avoit coûte pour la loutenir. Quant à l'affaire de U Barrière, aie
ne fut terminée que le 17 de Novembre de l'année 1715 , à la
iatisfaction réciproque de tous les Partis.
Dilons un mot du Différend survenu dans la fuite entre la Cour
de Vienne 8c les Hollandois ,au sujet de l'étabhffement du Port 8c
.lu Commerce d'Oitende. Les grands avantages que l'Empereur
accordoit à cette Compagnie au préjudice desPuisîances Maritimes,
réveillèrent les ombrages qu'elles en avoient d'abord conçus, 8c
leuren sirent envisagerks fuites comme préjudiciables à leur Com-
merce Ils'éleva des plaintes du fond de la Hollande contre cetOc-
troi. Les différentes Compagnies protégées par la République im-
plorèrent le fecours des Etats, 8c ceux-ci en appellerait à la foi des
Traitez. Les Ecrits qui parurent de leur part, rappellerent en
particulier ceux de Weftphalie 8c de la Barrière, qu'ils préten-
doient avoir été violez. Tout cela n'empêcha pourtant pas que
la nouvelle Compagnie ne travaillât fans relâche à fe former fous
des aufpices, dont elle fe promettoit des fuccès conlidcrables.
L'Empereur du Mogol avoit promis la conceffion d'un Terrein
spacieux dans fes Etats, oii la Compagnie pourroit débarquer, 8c
mettre fes effets en iureté. Toutes ies meîifrés étoient déjà pri-
ses-pour y bâtir un Fort, dans la vue ii'afîurer Ion Comptoir
UE
Ans de
l'Ere
1718.
1731.
DES PROVINCES UNIES.
Remarques Hi/ioriques.
8c ses Marchandises. Un nouveau Vaiffeau qui fut chargé d'u-
ne riche Cargaifon partit prefque dans le même tems pour Ben-
gale fous l'infpedtion de Colbach, Commiflaire Impérial. Après
cela il ne fut plus permis de douter que l'on ne voulût foutenir
une réfolution prife, dont la Hollande fentit d'avance sous les
inconvéniens. Cependant cette sage' République ne voulut point !
encore qu'il fe paffat rien, qui pût donner occasion à quelque»!
rupture.
Dans l'efpérance que l'Empereur pourroit se désister de ses
prétentions, les Etats Généraux lui sirent saire des ossres considera-
bles; mais il ne parut pas au Cohseil de Vienne que ces offres pussent
contrebalancer les avantages qui se présentoient dans la réuliite
d'une entteprise, qui prenoit de jour en jour de nouvelles sor-
ces. Le Miniftre des Etats Généraux à la Cour de Vienne pré-
ienta divers Mémoires par lefquels il demandoit la suppreiliou
d'une Compagnie, qui devoit être proferite en conséquence des
Traitez, précédées. Par l'analyse qui en sut faite , on réduisit
toutes les prétentions des Hollandois à cinq chess d'exceptions,
La première de ces exceptions fe tirait du cinquième Article de
la Paix de Munfter, au fujet des intérêts de i'Efpagne 8c de la
Hollande. Les Hollandois prétendoient que la Navigation 8c le
Trasic des Indes Orientales, dont 011 y promettoit le maintien,
devoir opérer un Privilège spécial pour la République. Sur cela
on sit voir à Vienne, que cette claufe étant générale 8c indéfi-
nie, en-vain on en vouloit faire une application particulière pour
en exclurre le Posicfleur des Païs-Bas, qui étoient alors fous la
domination des Espagnols; 8c que fi l'on eût eu intention de
traiter dans cet esprit d'exelufion , il étoit indubitable que l'on
eut allez particulariié les objets, pour produire la prétendue ex-
ception. La féconde prenoit fa fource dans l'Article 16 du Trai-
té ^de la Barrière, où les Parties étoient demeurées d'accord,
qu'a l'égard des intérêts de Commerce, les afsaires refteroient
sur le pied où elles étoient alors, fans aucune innovation, jusqu'à
ce que l'Empereur , le Roi d'Angleterre 8c les Etats Généraux
en tuffent convenus autrement. Mais on répondit, que l'objet
du Commerce, dont on parloit dans cet endroit, ne pouvoit re-
garder que la communication des Etats situez dans l'Europe, le
pailage réciproque de la Mer d'Angleterre, les Droits relpedifs
d'une Province à l'autre; 8c non pas l'établiffement d'une Com-
pagnie maritime, à laquelle ce même Droit des Gens que l'on
;'"'."^"if'.mD}i'saitement, donnoit la liberté d'aller chercher dans
les rtliources cks maes ucijuoi piumu rat liu Commer-
ce des autres Nations. La troilkme exception étoit appuyée sur
l'Article prohibitif de la donation des Païs-Bas, saite en 1598 par j
Philippe II. Roi d'Espagne,à l'Archiduc Albert 8c Uabelle d'Au-
triche. On prétendit qu'il n'y avoit dans celle-ci aucune appa-
rence de solidité, 8c que la nature du Titre 8c le peu de rapport
qu'on y voyoit à l'état de la question, sufsisoient pour la réfuter.
Le Ministre des Etats ne le rendit pas à ces raisons , ni aux
réponses que l'on fit aux autres exceptions; ainsi cette affaire
retta pour-lois en suspens.
Dans le Congrès qui fe tint à Soiffons en 1718 , les François,
es Anglois, 8c les Hollandois demandèrent que la Compagnie
d'Oitende fût entièrement abolie, 8c que la Navigation lui fût
interdite. Les Miniftres Impériaux d'un autre côté demandèrent
que cetie Compagnie subfiftât, fous certaines conditions qui surent
alors propofées. Cette importante a.iaire ne put être réglée dans
cette Alîemblée; mais en 1731 l'Empereur, après avoir terminé
les DifFcr^nds qu'il avoit avec i'Efpagne, confentir de faire cesser
pour toujours tout Commerce 8c Navigation aux Indes Orienta-
les, dans toute l'étendue des Pais-Bas Autrichiens, 8c dans tous
les autres Pais, qui du tems de Charles II. Roi d'Efpagne, é
toient sous la domination de Sa Majesté Catholique.