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Chatelain, Henri Abraham; Gueudeville, Nicolas [Hrsg.]
Atlas Historique, Ou Nouvelle Introduction A l'Histoire, à la Chronologie & à la Géographie Ancienne & Moderne: Représentée dans de Nouvelles Cartes, Où l'on remarque l'établissement des Etats & empires du Monde, leur durée, leur chûte, & leurs differens Gouvernemens ... (Band 1): Contenant la Grèce, l'Histoire Romaine, Rome Moderne, Naples, la France, l'Espagne, & les Provinces Unies — Amsterdam, 1739

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https://doi.org/10.11588/diglit.9886#0054

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DISSERTATION

SUR LES
CARTES DE LA GRECE.


,'EST ici une de ces matières dont
■ la richesse embarrasfe, & où l'abon-
dance cause une elpece de pauvreté.
| Vouloir donner une idée en racour-
; ci de l'ancienne Grèce , c'est vou-
loir peindre un Géant en petit, ou
ralsembler tout un vaste païs en perspeccive & en
éloignement. Les Grecs ont fait une longue &
éclatante figure dans le Monde. Cette Nation,
dont l'origine est presque inconnue, tant elle est re-
culée vers les premiers siecles, s'accrut en peu de
tems, & devint insensiblement la terreur, & l'ad-
miration des autres peuples. Je ne sai si l'on ne
pourroit point dire que la belle valeur a pris naissan-
ce dans la Grèce, & que le Genre humain a com-
mencé de s'y polir. 11 semble qu'auparavant les
hommes n'étoient animez que d'un courage brutal
& féroce ; l'anarchie couvrait encore la sace de la
Terre , & toutes les Loix aboutissoient à la raison
du plus fort. On diroit que ces Peuples s'aperçu-
rent les premiers que l'homme est né pour s'élever
au delsus de l'instincT:, & qu'il doit se servir de sa
Raison comme d'un ssambeau, soit pour se conduire
lui-même, soit pour gouverner les autres. Ayant
réfléchi sur ies avantages d'une Société bien réglée,
ils s'appliquèrent à la sormer. De-là vinrent ces
Républiques si sameuses par la sagesTe de leurs con-
stitutions3&par la prudente économie de leurs rè-
glemens. On y tendoit uniquement à rendre les
hommes heureux. Le Législateur n'avoit pour but
<jue de bâtir le bien commun sur le bonheur des par-
ticuliers ; dans cet heureux tems chacun se retrou-
voit avantageusement dans l'intérêt public ; & la
prosperité de l'Etat ne saisoit point une classe difsé-
rente de la prosperité des particuliers. On ne con-
noiûoit point alors cette inégalité monstrueuse qui
bigarre «Se qui désigure nos Societez d'à présent;le
saite &leluxen'avoient point encore introduit par-
mi les hommes une dissérence, qui n'est guère moin-
dre que specisique : la subordination, ce sondement
eiTentiel, cette enchainure, ce nœud d'une Société
ne détruisoit point le Droit naturel ; les sujets ne con-
sondoient point l'homme avec le maître dans la per-
sonne du Prince, & le Souverain respecloit l'homme
jusque dans le dernier de ses sujets. Aussia-t-on lieu
de conjefturer que dans ces tems éloignez les Na-
tions étoient plus dociles les peuples beaucoup
plus traitables.Lamolesse n'avoit point encore éner-
vé la vigueur de i'homme,& l'amour des plaisirsne
s'étoit point encore emparé de son cœur .Les hommes
d'alors sentoient le panchant,avec lequel nous nais-
sons pour la liberté; ils saifoient leur capital de ce pré-
cieux tréfor , & pourvu qu'ils pûsTent jouir d'eux-
mêmes,ils consentoient à tout.Les sondateurs de Ré-
publique avoient beau proposer des engagemens la-
borieux,des obligations pénibles,des Loix severes ; le
peuple embrafsoit tout cela sans répugnance^ sacri-

siant volontiers pour le bonheur de la Patrie, & bor-
nant tous ses desirs à vivre dans unesûre,mâle,& cou-
rageuse tranquillité. C'est ainii que Dracon, Législa-
teur d'Athenes,avoit mis cette Ville sur un pié fi ri-
goureux , que Solon qui vint après lui fut obligé d'a-
doucir les choses.C'estainsi que Lycurgue sit goûter
aux Lacedemoniens l'abstinence,le travailla fatigue,
& tous les autres exercices qui opposent une barrière
& un rempart à la fainéante & parefTeuse volupté.
Il ne se pouvoit qu'un tel genre de vie n'insoirât à
ces peuples une noble ardeur pour la guerre. L'épui-
sement &la misere des sujets peut faire fourmiller le
soldat dans une Monarchie bien peuplée ; mais cette
source de puissance est empoisonnée, elle eft détefla-
ble,& il est vrai de dire alors qu'un Etat ne tire sa force
que de sa propre foiblefse. Une Nation qui s'aguerrit
par ses coutumes & par ses mœurs, qui aigmse son
courage par l'éloignement de tout ce qu'il y a d'efsé-
miné,qui pour une osfensive ou pour ime défensîve
légitime est toujours prête à paffer de l'aprentissage à
l'épreuve,de l'image à la réalité,de la lutte au com-
bat : c'est une telle Nation qui mérite les glorieux ti-
tres de brave,de vaillante;& invincible par elle-mê-
me, elle méprise le nombre & la superiorité de l'en-
nemi. Ce fut par cette voye permise,& laquelle on ne
sàuroit trop louer, que les Grecs se rendirent célèbres
dans l'art de saire la guerre. 11 n'est donc pas étonnant
que ces peuples ayent élevé si souvent l'étendart, &
qu'ils ayent été dans de si sréquentes agitations.
L'Histoire de l'ancienne Grèce n'eft presque qu'un tis-
su de projets,d'entreprises,& de mouvemens. Tantôt
vous voyez cette Nation pafser d'Europe en Afie
pour attaquer des Royaumes ssorilsans ; elle réduit
Troye en cendres,& cette sameuse Ville ne sut plus
qu'un champ de moifson;la Grèce ébranle plus d'une
sois le Trône de Perfe; & un jeune ambitieux, né
dans son sein,un jeune Lion,qu'elle avoit nourri de»
son lait,gagne avec une poignée de monde, en trois
barailles,commeen trois coups de dez,ce même Em-
pire des Perses,quiparoilToit alors le plus redoutable
de l'Orient. Tantôt les Grecs traverfent la mer, «Se
plantent le piquet en Italie, pour tâcher d'étoufser
Rome naifsante dans son berceau,comme s'ils avoient
eu un prefsentiment que cette République devoit es-
sacer la gloire de leur Patrie, «Se lui donner des sers-
Tantôt,ensin, cette Grèce, incapable d'un long re-
pos,s'échaufse «Se s'allume de son propre sond. On la
prendroit pour un sourneau embrasé, qui pouffe des
slammes de toutes parts.Une République jalouse em-
ployé tous fes efsorts pour ruiner fa rivale,& celle-ci sè
désendant heureusement,humilie«&afsoiblit une voisi-
ne inquiete,qui l'a troublée mal à propos.Les batailles
de Mantinée «Se de Leuâres font des Epoques qui vé-
risient ce que je viens d'avancer. Difons aussique les
Grecs ont résisté souvent à la tyrannie,& qu'ils ont
repoufsé les oppresseurs : Xerxès,qui prétendoit les
accabler avec unenombreufe flottent défait honteu-
sement
 
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