CHRONOLOGIE HISTORIQUE
DES PROVINCES UNIES.
AVERTISSEMENT.
N a donné, dans les Cartes qui précèdent, PEtat des Païs-Bas, de même que la fondation & Vétablifsement de cette Ré-
publique ; on donne auffi dans ces mêmes Cartes une connoifsance de fon Gouvernement. Cette Chronologie rappellera les princi.
Çez , depuis la fondation de la République jusqu'à préfenti
O
paux saits qui fe font pasfe;
Etat de la République sous le Gouvernement de GUILLAUME I.
Prince d'Orange.
Remarques Mistoriqucs.
Guillaume * premier de ce nom par rapport à ses charges de
Capitaine-Général & de Stadhouder, qui contribua à procurer la
Liberté aux Provinces Unies, fut tiré fort jeune des mains de son
pere pour être élevé à la Cour de l'Empereur Charles-Quint. Ce
Prince , qui l'honora bien-tôt d'une affection particulière, se fai-
soit un plaisir de l'instruire; Guillaume profita beaucoup sous un
si grand maitre, lequel a avoué que ce jeune Prince lui fournis-
soit des expédiens lorsqu'il le conîultoit, dont il ne (e seroit pas
avisé. Aussi cet Empereur lui donna divers emplois considérables.
On ne sera pas surpris de l'estime 8e de l'amité de Charles-
Quint pour ce Prince, si l'on considere ses qualitez personnelles,
qui lui gagnèrent les cœurs de tout le monde. Il avoit un ju-
gement solide 8e un courage héroïque. Il étoit d'ailleurs dé-
ment 8c libéral, 8e avoit en un mot tout ce qui forme un grand
Prince. Charks-Quint le fit Gouverneur de Hollande, de Zé-
lande, & de la Province d'Utrecht.
Cet Empereur délibéra plus d'une fois pendant son règne de
changer le Gouvernement des Païs-Bas, ôe d'introduire dans
toutes ses villes les Loix de ses autres Etats; mais après y avoir
bien pensé, 8e fait réflexion sur leurs Libertez, & sur ]a diver-
sité de leurs Loix, de leurs coutumes, ôe de leurs Mœurs, il
craignit les suites funestes que pourroit avoir un tel changement,
& n'osa plus y penser. Il reprocha même à Philippe ion fils,
qui avoit quelque secrete aversion contre ces Peuples, qu'il ne
les connoiisoit pas bien,ni l'avantage qu'il pouvoit tirer d'eux, 8e
de leur Pais par rapport à sa situation.
Charles-Quint laisTa le Gouvernement de ses Etats à son fils 8e
se retira dans un Monastere. A peine Philippe IL eut-il en
main le Gouvernement, qu'il songea à établir l'inquisitiondans les
Pais-Bas.
Il alla en Espagne & laisTa le Gouvernement des Païs-Bas à
Matguerite dAutriche, Duchelle de Parme , fille naturelle de
Charles-Quint , & lui donna pour principal Conseiller le Cardinal
de Granvelle qui gouvernoit toutes les affaires.
Philippe à son départ laissa des troupes Espagnoles dans la plu-
part des villes, contre les Loix 8c les Libertez de ces Provinces.
JLes Etats lui repréTenterent sur cela leurs Privilèges, ôe qu'il ne
devoit confier la garde de leurs places qu'à eux-mêmes. Le Roi
fit semblant d'avoir égard à leurs remontrances, mais il conçut
dans son cœur une haine plus forte contre ces Peuples, & un
violent desir de s'en vanger.
L'humeur fiere 8e impérieuse du Cardinal Granvelle, qui avoit
toute l'autorité sous le nom de Marguerite, porta la Noblesse à
former contre lui un parti qui éclata cette année.
Comme les supplices où l'on exposoit ceux qui faisoient pro-
fession de la Religion Protestante avoient été la cause de grands
troubles, l'inquisition 8e l'établissement de nouveaux Evêques fu-
rent encore l'occasion du soulevement général. La Noblesle
8e le peuple s'opposerent à ces deux choses, en vertu de leurs
Privilèges. . ,
Granvelle, qui s'étoit attire la haine de tout le monde, est
rappdlé en Espagne. Après son départ, la Noblesse reprend le
soin du Gouvernement 8e des affaires.
La violence 8e les cruautez où sont exposez ceux qui profes-
sent la nouvelle Religion, obligent les Grands à représenter à
leur Prince, qu'il étoit bien plus aisé de periuader la Religion
par la douceur que de l'établir par la force.
Le Comte d'Egmont fut envoyé en Espagne par la Noblesse
pour porter Philippe à remédier à tous les troubles des Païs-Bas.
On lui promit d'apporter quelque modération aux Edits, &
d'avoir é^ard à leurs remontrances tant au sujet de la Religion
que de leurs autres griefs. Il partit d'Espagne avec ces promesses
que Philippe n'avoit pas envie de tenir : au contraire l'Entre-
vue de Bayonne fit connoitre que Philippe avoit de tout autres
vues; puis que ce fut là ou le Duc d'Albe, & Catherine de
Médias, sormèrent la résolUuon pour l'extinction de la nouvelle
Religion.
Les rigueurs* de Philippe donnèrent lieu à une confédération
où entrèrent Louis de Nassàu t frere du Prince d'Orange , les
Comtes d'Aiemberg , de Culembourg & de Brederode. Ceux-
ci accompagnez de 400 Gentilshommes préiénterent une Re-
quête a la Duchesse pour faire revoqusr les Edits du Roi con-
tre la Nouvelle Religion, 8e en arrêter cependant l'exécution.
La Duchesse fut intimidée par le grand nombre des Confé-
Ans de
l'Ere
Vuig-
1567.
Remarques Bijloriques.
dérez qui lui présenterent cette Requête. Le Comte de Bar-
lemont pour la rassurer les traita par moquerie de Gueux. Les
Confédercz se firent honneur du mépris du Comte, & prirent
un besace, & une écuelle qu'ils pendirent à leur ceinture, où
ils mirent cette devise: En tout fidclles au Rit, jufqu'à porter ta
beface.
Le Baron de Montigni 8e le Marquis de Bergue sont envoyez
en Espagne, pour prier le Roi d'accorder ce qu'ils lui avoient dé-
jà demandé par leur Requête; Philippe offenlé prend des mesures
pour l'empêcher, en envoyant leDuc d'Albe avec une Année pour
se faire obéir.
Plulieurs Moines abandonnent les Monasteres, & commet-
tent mille desordres avec le commun Peuple, en pillant les E-
glises, & renversant les Images.
La Duchesse de Parme cède au tems, 8e permet au menu Peu-
ple le libre exercice de leur Religion. Le Prince d'Orange tombe
dans sa disgrace pour avoir accordé cette même liberté à Anvers,
Se dans les lieux circonvoisms.
On surprend des Lettres qui font connoitre aux Confédérez les
desseins de Philippe, 8c qu'ils étoient tous perdus 8e condamnez.
Ils s'assemblent dans un état si périlleux à Dendremonde. Le Com-
te d'Egmont propose la voye de ia tolérance & de contenter Phi-
lippe. Le Prince d'Orage leur reprercote ce qu'ils avoient à at-
tendre de la severité de Philippe; mais n'ayant pu jeur persuader
de s'opposer à l'entrée des troupes Espagnoles, il prend le parti
de se retirer.
Le Prince d'Orange écrit au Roi d'Espagne pour le prier d'a-
gréer qu'il lui remît lès dignitez qu'il ni pouvoit exercer pen-
dant les troubles des Païs-Bas, Se pour lui demander la permis-
lion de se retirer en Allemagne, d'où il étoit originaire. Le Roi
dissimule , lui écrit en termes obiigeans, & lui tait connoitre
qu'il a besoin de son service. Mais le Prince persiste dans l'es
demandes.
Le Prince d'Orange Se le Comte de Horne se retirent dans
leurs maisons. Après leur départ la Gouvernante cass'e tous l.s
Traitez, & oblige les autres Seigneurs à jurer qu'ils tiendront
pour ennemis ceux que le Roi aura déclaré les siens. Le Prince
d'Orange 8e le Comte de Hoochstrate refuserent seuls de prêter
ce serment.
On juge la présence de Philippe néceiTaire pour appaiser tous
ces troubles. L'Empereur Maxmiilien lui conseille de céder au
tems, pour ne point perdre son autorité parmi les peuples des
Païs-13as.
Philippe, bien loin de suivre cet avis, envoyé le Duc d'A'be
avec une Armée d'Espagnols pour faire exécuter rigoureusement
ses ordres. Le Prince d'Orange, qui s'étoit retiré dans sa mai-
son , abandonne les Païs-Bas pour éviter la sureur de Philippe. Il
se retire en Allemagne : la plupart de la Noblesse qui ne voulut
point suivre ses avis, fut sacrifiée au ressentiment de Philippe,
qui fut bien' fâché qu'on eût manqué le Prince.
Le Comte de Bossu est établi par la Duchesse pour remplir la
place du Prince d'Orange dans ses Gouvernemens. Un grand-
nombre de gens redoutans l'arrivée du Duc d'Albe , se rerirent
des Païs-Bas, 8e évitent par leur fuite ses cruautez.
Lorsque le Duc d'Albe fut arrivé, la Duchesse lui céda le Gou-
vernement. Il commença l'exercice de sa charge par faire arrê-
ter les Comtes d'Egmont 8c de Horne, Se mit des garnisons
dans les villes, où il fit bâtir des citadelles.
Il établit un nouveau Tribunal de douze Juges, la plupart
Espagnols, Se animez de la même passion du Duc. Les Comtes
d'Egmont Se de Horne éprouvent les premiers la severité tyran-
nique de ce Tribunal; ils sont condamnez à perdre la tête, & exé-
cutez à Bruxelles; ce qui fait frémir d'horreur tout le peuple.
On confisqua les biens du Prince d'Orange, 8c on se saisit de
son fils ainé, qui étudioit à Louvain, sans avoir égard aux Pri-
vilèges de l'.Université, 8c on l'envoya prisonnier en Elpagne.
Toutes ces violences obligent plulieurs Seigneurs a se retirer au-
près du Prince d'Orange, pour l'exhorter à prendre les armes.
Il publie auparavant un Manifeste qu'il envoyé à tous lesPrin-
ces de l'Europe, où il fait voir les railons qu'il a de s'opposer à
l'injustice de l'es ennemis, 8c de prendre les armes pour une juste
déferïse.
Louis de Nassau, frere du Prince d'Orange, ayant formé une
Armée du côté de Frise, défait le Comte d'Aremberg à Vinschote,
où fut donnée la première bataille pour la Liberté des Provinces
Unies.
bb
DES PROVINCES UNIES.
AVERTISSEMENT.
N a donné, dans les Cartes qui précèdent, PEtat des Païs-Bas, de même que la fondation & Vétablifsement de cette Ré-
publique ; on donne auffi dans ces mêmes Cartes une connoifsance de fon Gouvernement. Cette Chronologie rappellera les princi.
Çez , depuis la fondation de la République jusqu'à préfenti
O
paux saits qui fe font pasfe;
Etat de la République sous le Gouvernement de GUILLAUME I.
Prince d'Orange.
Remarques Mistoriqucs.
Guillaume * premier de ce nom par rapport à ses charges de
Capitaine-Général & de Stadhouder, qui contribua à procurer la
Liberté aux Provinces Unies, fut tiré fort jeune des mains de son
pere pour être élevé à la Cour de l'Empereur Charles-Quint. Ce
Prince , qui l'honora bien-tôt d'une affection particulière, se fai-
soit un plaisir de l'instruire; Guillaume profita beaucoup sous un
si grand maitre, lequel a avoué que ce jeune Prince lui fournis-
soit des expédiens lorsqu'il le conîultoit, dont il ne (e seroit pas
avisé. Aussi cet Empereur lui donna divers emplois considérables.
On ne sera pas surpris de l'estime 8e de l'amité de Charles-
Quint pour ce Prince, si l'on considere ses qualitez personnelles,
qui lui gagnèrent les cœurs de tout le monde. Il avoit un ju-
gement solide 8e un courage héroïque. Il étoit d'ailleurs dé-
ment 8c libéral, 8e avoit en un mot tout ce qui forme un grand
Prince. Charks-Quint le fit Gouverneur de Hollande, de Zé-
lande, & de la Province d'Utrecht.
Cet Empereur délibéra plus d'une fois pendant son règne de
changer le Gouvernement des Païs-Bas, ôe d'introduire dans
toutes ses villes les Loix de ses autres Etats; mais après y avoir
bien pensé, 8e fait réflexion sur leurs Libertez, & sur ]a diver-
sité de leurs Loix, de leurs coutumes, ôe de leurs Mœurs, il
craignit les suites funestes que pourroit avoir un tel changement,
& n'osa plus y penser. Il reprocha même à Philippe ion fils,
qui avoit quelque secrete aversion contre ces Peuples, qu'il ne
les connoiisoit pas bien,ni l'avantage qu'il pouvoit tirer d'eux, 8e
de leur Pais par rapport à sa situation.
Charles-Quint laisTa le Gouvernement de ses Etats à son fils 8e
se retira dans un Monastere. A peine Philippe IL eut-il en
main le Gouvernement, qu'il songea à établir l'inquisitiondans les
Pais-Bas.
Il alla en Espagne & laisTa le Gouvernement des Païs-Bas à
Matguerite dAutriche, Duchelle de Parme , fille naturelle de
Charles-Quint , & lui donna pour principal Conseiller le Cardinal
de Granvelle qui gouvernoit toutes les affaires.
Philippe à son départ laissa des troupes Espagnoles dans la plu-
part des villes, contre les Loix 8c les Libertez de ces Provinces.
JLes Etats lui repréTenterent sur cela leurs Privilèges, ôe qu'il ne
devoit confier la garde de leurs places qu'à eux-mêmes. Le Roi
fit semblant d'avoir égard à leurs remontrances, mais il conçut
dans son cœur une haine plus forte contre ces Peuples, & un
violent desir de s'en vanger.
L'humeur fiere 8e impérieuse du Cardinal Granvelle, qui avoit
toute l'autorité sous le nom de Marguerite, porta la Noblesse à
former contre lui un parti qui éclata cette année.
Comme les supplices où l'on exposoit ceux qui faisoient pro-
fession de la Religion Protestante avoient été la cause de grands
troubles, l'inquisition 8e l'établissement de nouveaux Evêques fu-
rent encore l'occasion du soulevement général. La Noblesle
8e le peuple s'opposerent à ces deux choses, en vertu de leurs
Privilèges. . ,
Granvelle, qui s'étoit attire la haine de tout le monde, est
rappdlé en Espagne. Après son départ, la Noblesse reprend le
soin du Gouvernement 8e des affaires.
La violence 8e les cruautez où sont exposez ceux qui profes-
sent la nouvelle Religion, obligent les Grands à représenter à
leur Prince, qu'il étoit bien plus aisé de periuader la Religion
par la douceur que de l'établir par la force.
Le Comte d'Egmont fut envoyé en Espagne par la Noblesse
pour porter Philippe à remédier à tous les troubles des Païs-Bas.
On lui promit d'apporter quelque modération aux Edits, &
d'avoir é^ard à leurs remontrances tant au sujet de la Religion
que de leurs autres griefs. Il partit d'Espagne avec ces promesses
que Philippe n'avoit pas envie de tenir : au contraire l'Entre-
vue de Bayonne fit connoitre que Philippe avoit de tout autres
vues; puis que ce fut là ou le Duc d'Albe, & Catherine de
Médias, sormèrent la résolUuon pour l'extinction de la nouvelle
Religion.
Les rigueurs* de Philippe donnèrent lieu à une confédération
où entrèrent Louis de Nassàu t frere du Prince d'Orange , les
Comtes d'Aiemberg , de Culembourg & de Brederode. Ceux-
ci accompagnez de 400 Gentilshommes préiénterent une Re-
quête a la Duchesse pour faire revoqusr les Edits du Roi con-
tre la Nouvelle Religion, 8e en arrêter cependant l'exécution.
La Duchesse fut intimidée par le grand nombre des Confé-
Ans de
l'Ere
Vuig-
1567.
Remarques Bijloriques.
dérez qui lui présenterent cette Requête. Le Comte de Bar-
lemont pour la rassurer les traita par moquerie de Gueux. Les
Confédercz se firent honneur du mépris du Comte, & prirent
un besace, & une écuelle qu'ils pendirent à leur ceinture, où
ils mirent cette devise: En tout fidclles au Rit, jufqu'à porter ta
beface.
Le Baron de Montigni 8e le Marquis de Bergue sont envoyez
en Espagne, pour prier le Roi d'accorder ce qu'ils lui avoient dé-
jà demandé par leur Requête; Philippe offenlé prend des mesures
pour l'empêcher, en envoyant leDuc d'Albe avec une Année pour
se faire obéir.
Plulieurs Moines abandonnent les Monasteres, & commet-
tent mille desordres avec le commun Peuple, en pillant les E-
glises, & renversant les Images.
La Duchesse de Parme cède au tems, 8e permet au menu Peu-
ple le libre exercice de leur Religion. Le Prince d'Orange tombe
dans sa disgrace pour avoir accordé cette même liberté à Anvers,
Se dans les lieux circonvoisms.
On surprend des Lettres qui font connoitre aux Confédérez les
desseins de Philippe, 8c qu'ils étoient tous perdus 8e condamnez.
Ils s'assemblent dans un état si périlleux à Dendremonde. Le Com-
te d'Egmont propose la voye de ia tolérance & de contenter Phi-
lippe. Le Prince d'Orage leur reprercote ce qu'ils avoient à at-
tendre de la severité de Philippe; mais n'ayant pu jeur persuader
de s'opposer à l'entrée des troupes Espagnoles, il prend le parti
de se retirer.
Le Prince d'Orange écrit au Roi d'Espagne pour le prier d'a-
gréer qu'il lui remît lès dignitez qu'il ni pouvoit exercer pen-
dant les troubles des Païs-Bas, Se pour lui demander la permis-
lion de se retirer en Allemagne, d'où il étoit originaire. Le Roi
dissimule , lui écrit en termes obiigeans, & lui tait connoitre
qu'il a besoin de son service. Mais le Prince persiste dans l'es
demandes.
Le Prince d'Orange Se le Comte de Horne se retirent dans
leurs maisons. Après leur départ la Gouvernante cass'e tous l.s
Traitez, & oblige les autres Seigneurs à jurer qu'ils tiendront
pour ennemis ceux que le Roi aura déclaré les siens. Le Prince
d'Orange 8e le Comte de Hoochstrate refuserent seuls de prêter
ce serment.
On juge la présence de Philippe néceiTaire pour appaiser tous
ces troubles. L'Empereur Maxmiilien lui conseille de céder au
tems, pour ne point perdre son autorité parmi les peuples des
Païs-13as.
Philippe, bien loin de suivre cet avis, envoyé le Duc d'A'be
avec une Armée d'Espagnols pour faire exécuter rigoureusement
ses ordres. Le Prince d'Orange, qui s'étoit retiré dans sa mai-
son , abandonne les Païs-Bas pour éviter la sureur de Philippe. Il
se retire en Allemagne : la plupart de la Noblesse qui ne voulut
point suivre ses avis, fut sacrifiée au ressentiment de Philippe,
qui fut bien' fâché qu'on eût manqué le Prince.
Le Comte de Bossu est établi par la Duchesse pour remplir la
place du Prince d'Orange dans ses Gouvernemens. Un grand-
nombre de gens redoutans l'arrivée du Duc d'Albe , se rerirent
des Païs-Bas, 8e évitent par leur fuite ses cruautez.
Lorsque le Duc d'Albe fut arrivé, la Duchesse lui céda le Gou-
vernement. Il commença l'exercice de sa charge par faire arrê-
ter les Comtes d'Egmont 8c de Horne, Se mit des garnisons
dans les villes, où il fit bâtir des citadelles.
Il établit un nouveau Tribunal de douze Juges, la plupart
Espagnols, Se animez de la même passion du Duc. Les Comtes
d'Egmont Se de Horne éprouvent les premiers la severité tyran-
nique de ce Tribunal; ils sont condamnez à perdre la tête, & exé-
cutez à Bruxelles; ce qui fait frémir d'horreur tout le peuple.
On confisqua les biens du Prince d'Orange, 8c on se saisit de
son fils ainé, qui étudioit à Louvain, sans avoir égard aux Pri-
vilèges de l'.Université, 8c on l'envoya prisonnier en Elpagne.
Toutes ces violences obligent plulieurs Seigneurs a se retirer au-
près du Prince d'Orange, pour l'exhorter à prendre les armes.
Il publie auparavant un Manifeste qu'il envoyé à tous lesPrin-
ces de l'Europe, où il fait voir les railons qu'il a de s'opposer à
l'injustice de l'es ennemis, 8c de prendre les armes pour une juste
déferïse.
Louis de Nassau, frere du Prince d'Orange, ayant formé une
Armée du côté de Frise, défait le Comte d'Aremberg à Vinschote,
où fut donnée la première bataille pour la Liberté des Provinces
Unies.
bb