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Chatelain, Henri Abraham; Gueudeville, Nicolas [Hrsg.]
Atlas Historique, Ou Nouvelle Introduction A l'Histoire, à la Chronologie & à la Géographie Ancienne & Moderne: Représentée dans de Nouvelles Cartes, Où l'on remarque l'établissement des Etats & empires du Monde, leur durée, leur chûte, & leurs differens Gouvernemens ... (Band 5): Qui comprend l'Asie en général, & en particulier, l'Assyrie, l'Armenie, la Georgie, la Turque Asiatique, la Terre sainte, l'Arabie, la Perse, la Tartarie, les Etats du Grand-Mogol, les Indes Orientales, la Chine, le Japon, & le Royaume de Siam — Amsterdam, 1732

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https://doi.org/10.11588/diglit.8773#0146
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S* TROISIEME D I
Le sang des anciens Perses est naturellement j
gressier. Ils sont laids, malfaits , pesans, ayant la |
peau rude & le teint coloré. Ce qui se voit dans
le Païs des Guebres , qui sont le reste des anciens
Persans, & dans les Provinces les plus proches des
Indes. Mais dans le reste du Royaume, le sang
est devenu très-beau , par le mélange du sang
Géorgien & Circajfien , qui est le peuple du mon-
de parmi lequel on voit de plus belles personnes.
Les hommes sont ordinairement hauts , droits,
vermeils, vigoureux , de bon air & de belle apa-
rence. Pour l'esprir, les Persans l'ont ausli beau
que le corps. Leur imagination est vive, prompte
Hc fertile ; leur mémoire aisée & féconde , &
beaucoup de disposition aux Sciences, aux Arts li-
béraux & mechaniques. Ils en ont aussi beau-
coup pour les armes. Ils aiment la gloire , ou
la vanité qui en est la faune image. Leur naturel
est pliant & souple; leur esprit, facile & inlinuant.
Leur pente à la volupté , au luxe , à la dépense
est grande & naturelle ; & c'est ce qui fait qu'ils
n'entendent ni l'œconomie ni le commerce.
Ils sont Philosophes sur les biens & les maux
de la vie, siiïr l'êsperance , & sur la crainte de l'a-
venir. Ce qu'il y a de plus louable dans les mœurs
des Persans, c'est leur humanité envers les Etran-
gers , l'accueil qu'ils leur font, la protection qu'ils
leur donnent , l'hospitalité qu'ils exercent envers
eux , & leur tolérance pour toutes les Religions
Etrangères , quoiqu'ils les croient fauïïes & abo-
minables ; si l'on en excepte les Ecclesiastiques
du Païs, qui sont, comme par-tout ailleurs, pleins
de haine & de fureur contre ceux qui n'ont pas les
mêmes sentimens qu'eux. Les Persans sont hu-
mains & justes sur la Religion , jusques-là qu'ils
permettent à ceux qui ont embralîé la leur , de
la quitter & de reprendre celle qu'ils profes-
soient auparavant. Ils croient que ies prières
de tous les hommes sont bonnes & efficaces, &
ils recherchent même dans leurs maladies les
dévotions des personnes de différente Religion.
Ces Peuples étant, comme on a dit , luxurieux
& prodigues,on n'aura pas de peine à croire qu'ils
sont ausli fort paresseux ; ces choses-là allant ordi-
nairement ensemble. Us haïlîent Je travail , &
c'est une des causes les plus ordinaires de leur
pauvreté, il ne se battent jamais ; tout leur cour-
roux, qui n'est pas petulent & emporté, s'évapore
en injures. Mais ce qu'il y a de fort louable parmi
eux, c'est que quelqu'emportement qui leur arri-
ve, le nom de Dieu est toujours révéré. Le Blas-
pheme est non seulement inconnu , mais même in-
concevable à ce Peuple. Us ne peuvent compren-
dre que parmi les Européens on renie Dieu quand
on est en colère. Mais on ne peut les louer de
même de ne prendre pas l'on saint nom en vain ;
car ils l'ont sans celle à la bouche. Leurs sermens
les plus ordinaires étant far le nom de Tiieu, far
les Esprit s.des Prophètes , sar les Esprits, ou le
Génie des Morts, comme les Romains juroient par
les Génies des Vivans.
Deux habitudes contraires se rencontrent com-
munément parmi les Persans ; celle de louër Dieu
sans celle, & celle de proférer des malédictions &
des ordures. Ce vice règne parmi les gens de
toute sorte de conditions ; mais ce n'est encore
qu'un des moindres qui sé rencontrent chez les
Persans. Us sont d'ailleurs dissimulez , ssateurs,
fourbes , sans pudeur. Us prennent le tems de

8SERTATION
I louer les gens lors qu'ils les voyent sortîr d'uîi
| lieu, ou palier près d'eux. Us parlent , jurent,
& deposent faux pour le moindre intérêt. Us
empruntent & ne rendent point, &c s'ils peuvent
tromper, ils en perdent rarementl'occasion. L'hy-
pocrisie & le deguisement leur sont naturels. Us
marchent gravement. Us font leurs prières & leurs
purifications aux tems marquez , & quoique natu-
rellement ils ayent de la pente à l'hospitalité , & à
l'humanité, ils ne laisTent pas de les affecter , pour
en faire paroître encore davantage. Ces vices ,
qui infectent le commun de la Nation , ne lais-
sent pas d'avoir leurs exceptions. On trouve par-
mi les Persans de la justice, de la sincérité & de la
pieté, autant que dans les Religions que nous croyons
les meilleures.
De tout cela il s'ensuit que les Persans, comme
tous les autres habitans de la Terre, ont leur bon,
& leur mauvais ; mais le bon prévaut , & l'em-
porte de beaucoup. Ce sont, dit-on , les A sia-
tiques avec lesquels il y a plus de plaisir à commer-
cer , & qui entendent mieux ce qu'on appelle le
favoir-vivre , & par-là ils font honte aux Na-
tions qui palîent chez nous pour rudes & pour
grossiéres. Si l'on leur reproche quelque chose
sur la civilité , c'est d'excéder en complimens:
défaut dont certains Européens sont tellement
soupçonnez hors de leur patrie, qu'on prend quel-
quefois non seulement pour de l'air battu , mais
même pour des pièges, ce qu'ils disent le plus tin-
cérement & de meilleur cœur.
Il est vrai qu'on reproche aussi aux Persans d'ê-
tre sujets à la vanité & à la vengeance ; mais
en quelle Société humaine ces deux vices ne se
trouvent-ils pas ? où ne causent-ils point du
trouble & du desordre ? On attribue au commun
des Persans un penchant bien plus odieux, &
bien plus criminel ; c'est celui de la volupté con-
traire à la nature. Ils ont pourtant chez eux;
quantité de belles femmes ; car outre celles du
Païs, les Marchands qui en font négoce , en
amènent un grand nombre , & n'amènent rien
; que d'exquis. On voit en Perse des femmes de trois
couleurs, & toutes trois très-agréables ; chacune
dans leur genre , & suivant les difïërens goûts des:
hommes.^ Il y en a de blanches, de bazanées,
& de noires. Les blanches viennent de Pologne,
de Moscovie , de Circaslie, de Mingrelie, de
Géorgie, & des frontières de la grande Tarta-
rie. Les bazanées sortent des terres du Grand
Mogol, & des Royaumes de Golconde , de Vi-
sapour &c. Et quant aux noires, on les acheté
sur la Côte de Melinde , & sur celle de la Mer
Rouge. Les Persans abondent donc en cette
marchandise vivante. On peut dire qu'ils en re-
gorgent. Avec tout cela, ils ne laisTent pas d'être
passionnez pour un autre amour infâme & brutal j
& peut-être le seroient-ils moins, ii le beau sexe
étoit plus rare chez eux.
A propos des Eemmes, on ne sera peut-être
point fâché de connoître les Persannes par les:
endroits les plus curieux. Elles sont invilibles à
tous les hommes, excepté à leurs Maris. Si bien
qu'elles sont exemtes de tentation active ; & dis-
pensées par là de la peine que nos Dames se
donnent à la toilette, & devant le miroir, pour
attirer les cœurs , 6V pour faire tomber les ames
dans le péché. Cette invisibilité du beau sexe
est si scrupuleusement observée, que quand les
fem-
 
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