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Chatelain, Henri Abraham; Gueudeville, Nicolas [Hrsg.]
Atlas Historique, Ou Nouvelle Introduction A l'Histoire, à la Chronologie & à la Géographie Ancienne & Moderne: Représentée dans de Nouvelles Cartes, Où l'on remarque l'établissement des Etats & empires du Monde, leur durée, leur chûte, & leurs differens Gouvernemens ... (Band 5): Qui comprend l'Asie en général, & en particulier, l'Assyrie, l'Armenie, la Georgie, la Turque Asiatique, la Terre sainte, l'Arabie, la Perse, la Tartarie, les Etats du Grand-Mogol, les Indes Orientales, la Chine, le Japon, & le Royaume de Siam — Amsterdam, 1732

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https://doi.org/10.11588/diglit.8773#0145
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TROISIEME DISSERTATION

SUR

LA PERSE.


E Païs en général est aride , ltérile
'& peu habité. La douzième par-
I tse n'elt pas cultivée. C'est au Midi sur-
tout qu'il manque d'habitans & de
culture, & qu'il s'y trouve de grands
deserts. Le manque d'eau est la
cause de cette (lérilité ; car par-tout où il s'en
trouve abondamment, le terroir est fertile &
agréable. A l'égard du manque d'habitans, il est
causé d'un côté par l'étendue démesurée de ce
païs, & de l'autre par le Gouvernement arbi-
traire qu'on y exerce. Ce Royaume étant aussi
vaste , on peut aisément juger que l'air y est aussi
fort différent, suivant la situation de chaque païs.
En efset au Midi, il n'y a point d'Hiver,& à l'ex-
trémité oposée il y a peu d'Eté ; ce qui justifïe cet-
te parole du jeune Cirus dans Xenophon : Le
Royaume de monPere, dit-il, est si grand qu'on
ne peut durer du froid à un bout, ni du chaud à
l'autre. Il est sec par-tout où il est froid , mais il
n'est pas également sec par-tout où il est chaud.
Il est chaud & sec tout le long du Golfe Persique ;
& en même tems très mal-sain : ce qui fait que
durant quatre mois de l'année, lesHabitans de ces
Contrées se retirent vers les montagnes. Il est en-
core plus mauvais, là où il est mêlé d'humide,
comme le long de la Mer Caspienne, quoique ce
Païs soit admirable depuis le mois d'Octobre jus-
qu'à Mai. Les grans chemins y paroissent des al-
lées d'Orangers, qui bordent des parterres, On y
trouve des fruits excellens & de fort bon vin, beau-
coup de gibier , & sur-tout d'excellent sanglier.
Mais le Peuple y est jaune, défait, & plus languis-
sant qu'en aucun autre endroit. Les variations
communes des saisons , à parler en général,
sont de cette sorte, sur-tout dans le cœur du
Royaume.
L'Hiver commence en Novembre, & dure jus-
qu'en Mars, rude & violent, avec des glaces & des
neiges qui tombent à gros flocons dans les monta-
gnes , mais qui ne tombent pas également dans le
Païs plain & uni. 11 y a des montagnes à trois
journées d'Ispahan, du côté d'Occident, où la
neige dure huit mois de l'année. Depuis le mois
de Mars jusques à Mai, il règne.des vents forts,
°°nt l'arrivée est une marque certaine que l'Hi-
ve.r est paslé. De Mai en Septembre l'air est se-
rein , rafraîchi par les vents qui soufflent la nuit,
le soir & le matin j & de Septembre à Novembre,

il fait des vents comme au Printems. En Eté*
dans le païs dont nous parlons, les nuits sont d'en-
viron dix heures, & il y a peu de Crépuscule ; ce
qui joint à la fraîcheur consiante des nuits modère
la grande chaleur du jour.
A lire les anciens Auteurs , sur-tout Ariail
& Quinte-Curce, sur le luxe, la molette & les
richesses des anciens Persans, on est surpris que
l'idée qu'ils en donnent soit si peu conforme à ce
qu'on y voit aujourd'hui. On ne peut pourtant
pas douter que la Perse n'ait été un païs des plus
somptueux, &des plus opulens del'Univers. Mais
deux raisons ont été la cause de ce changement*
L'une la disférence de la Religion , & l'autre cel-
le du Gouvernement. Les anciens Persans étoienc
Ignicoles, c'est-à-dire, Adorateurs du feu : ce qui
les engageoit à cultiver la terre , parce que
c'étoit une adion pieuse & méritoire , sélon leus
Religion, de planter des arbres, de défricher un
champ &c. au lieu que la Philosophie des Maho-
métans ne tend qu'à jouïï des choses du monde
pendant qu'on y est, sans s'en mettre plus en pei-
ne que d'un grand chemin par lequel on a passé.
De même le Gouvernement de ces anciens Peu-
ples étoit beaucoup plus juste & plus égal. Le
droit de la propriété des terres y étoit sur & sa-
cré ; mais à present le gouvernement est despoti-
que & purement arbitraire. On peut juger du
changement arrivé à cet égard , par ce qui arriva
sous le règne d'Abas le Grand, il y a un peu plus
de six vingts ans. Ce Prince,qui "tendoit unique-
ment à rendre son Peuple heureux & son Etat flo-
rissant, ayant trouvé son Empire délabré & apau^.
vri, entreprit de le rétablir dans son ancien lustre.
11 amena dans sa ville Capitale une Colonie d'Ar-
méniens, gens laborieux & industrieux, qui n'a-
voient rien en arrivant, & qui devinrent dans peu
extrêmement riches. Mais dès qu'Abas eut cessé
de vivre , la Perse cessa de prolperer. Le Peu-
ple passa peu à peu aux Indes, durant les deux
règnes suivans, & enfin sous celui de Soliman qui
commença en 1667. la richesse & l'abondance se
trouvèrent beaucoup diminuées. La monnoye mê-
me étoit altérée, on n'y yoyoit plus de bon ar-
gent. Les Grands apauvris écorchoient par-tout
le Peuple pour avoir leur bien. Le Peuple, pour
se garentir de l'opression des Grands, devint ex-
cellivement fourbe, &trompeur; & delà toutes les
mauvaises voyes s'introduilirent dans le commerce*
X 2, Le
 
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