DES ROIS D’ESPAGNE.
757
ROIS DE CASTILLE ET DE LÉON.
de terminer alors la guerre cju’il avoit avec l’Aragon 3
mais ii ne pouvoit pardonner à Mahomet Barberousse,
Roi cle Grenade, d’avoir pris le parti des Aragonois dans
cettc querelle. Mahomet, pour i’appaiser, vient lui rendre
hommage à Séville sur la £oi d’un iauf-conduit. D. Pedre
saisit cette occalîon pour i’égorger de sa propre main.
Nolis passons sous silence les meurtres d’un grandnombre
de Seigneurs dont le sang ruisseloit dans toutes les Pro-
vinces par ses ordres. Tant de cruautés soulevent tous les
esprits, & occalionnent une révolte : elle éclatel’an i$66,
& D. Pedre attaqué par Plenri, Comte de Trastamare,
son frere naturel, dont ii avoit fait mourir la mere & le
frere , est chasté de ses Etats avec le secours des troupes
françoises conduites par Bertrand du Guesclin. Le Roi de
Castille dans la déroute dc ses affaires a recours au Prince
de Galies , qui le rétablit, après avoir gagné , le 3 Avril
1367, la bataiile de Najera, ou de Navarette, dans ia-
quelie Henri fut défait, & Bertrand du Guesciin fait pri-
sonnier, avec le Maréchal d’Andrehen , par D. Pedre ,
auquel seul ils avoient consenti de se rendre. Le vainqueur
usa dans toute son étendue du malheureux droic de Le
venger , & traita plusieurs des rebelles avec une excessîve
cruauté. Mais la retraite du Prince de Galles ranima le
parti des mécontens. L’an 1368, Henri, & du Guesclin ,
qui, ayant été racheté parle Roi de France , avoit ras-
sembié de nouvelles troupes, rentrent en Castilie, pren-
nent rapidement plusieurs places, assiégent Tolede , &
remportcnt sur D. Pedre, le 14 Mars, aevant Montiel,
une victoire qui l’obiige à se jetter dans cette place dont
ilsfirent aussitôt le siége. Ayant voulu s’échapper ensuite
à lafaveur de Ja nuit, il est arrêté & conduit à du Guesi-
clin qui ie reçoit dans sa tente. Henri, son frere, survient,
& le tue le 13 du même mois. (Les Historiens varient
beaucoup sur la date & les circonstances de cette mort,
que M. Sponde, après Mariana, piace au z; Mars. Le
P. Daniel met la batailie deMontiel au 15 Août, S: prétend
que Mariana s’est trompé 3 mais il se trompe lui-même,
& la plupart des Modernes sont aussi dans l’erreur en rap-
portant cet événement à l’an 13 6p.) Teile fut ia fin du
Prince le plus cruel dont l’Histoire d’Espagne false men-
tion. II étoit dans la 34 e année de ion âge , & la 1 8 ' de
fon régne. D. Pedre ne manquoit ni d’espric, ni de cou-
rage, ni d’application; 8c l’on pense que, si l’on eût soi-
gnédavantage son éducation, au lieu d’un tyran & d’un
monstre , on en eût fait un Prince aimable & vertueux.
Mais d’Albukerque, son Gouverneur, loin de lui ap-
prendre àdompter ses passions naiilantes, lesfortifioit par
ses leçons, 8c lui frayoit la route du vice par son exemple.
On rappcrte de lui des traits qui montrent qu’iln’étoit pas
toujours inaccessible aux sentimens de justice. II se plai-
soit à courir la nuit par les rues. Une fois qu’il faisoit ce
vacarme ténébrcux, un garde du guet l’arrêta sans le
connoître, & le battit vigoureusement. D. Pedre se dé-
fendir & le tua. Les Magistrats informent le lendemain.
Instruits par une femme que l’auteur du meurtre étoit le
Roi iui-même, ils vont lui en demander justice. Le Mo-
narque, pour satisfaire à laloi, fàit couper latête à son effi-
pde. On montre encore, dit-on, à Toiede cette statue
tronquée. Pierre ne laissia point d’enfans légitimes, mais il
en eut plusieurs dc ses différentes concubines , dont au-
cun ne lui succcda. Ainsi fut éteinte par sa mort la posté-
rité légitime de Raymond de Bourgogne.
HENRI II, dit LE MAGNIFIQUE.
1368. Henri II, Comte de Trastamare, fils naturel
d’Alfonse XI 8c d’Eléonore de Guzman, est rcconnu Roi
de Castille après la mort dc Pieire le Cruel, malgré les
efforts des Rois de Portugal , d’Aragon 8c de Navarre ,
quiaspiroient à cette Couronne. Le Duc de Lancastre & le
Comte de Cambridge, fils d’EdouardlII, y prétendirent
aussi dans la suite, au nom de Constance 8c d’isabelle,
fiiles naturelles de Pierre le Cruei, ieurs épouses. Le Duc
de Lancastre pritmême le titre de Roi de Castiilc ; mais
Henri, vainqueur de tous ses rivaux , conserva la Cou-
ronne jusqu’à sa mort, arrivèe le 19 ou le 3 o Mai de l’an
1379, après 11 ans & z mois de régne , depuis la mort
de D. Pedre le Cruel. Quelques Historiens espagnois
disent ou’il mourut empoisonné par des botines infedées
d’un poison subtil que lui donna un Seigneur Mahomé-
tan, réfugié à sa Cour sous prétexte qu’il avoit encouru
! Ia disgrace de Mahomet, Roi de Grenade. C’est vrai-
R O IS D’ A R A G O N.
de Foix, & Yolande, zc femme de Louis II,
Roi de Naples, Duc d’Anjou & Comte de
Provence. Jean épousa en secondes noces
Yolande , fille de Robert, Duc de Bar,
dont il eut un fils , mort en bas âge. La
Reine Yolande de Bar mourut à Barcelone
le 13 Juiiiet 1431.
M A R T I N.
1395. Martin , frere du Roi Jean,
lui succede ie 19 Mai. Il étoit pour lors
avec Martin , son fils , en Sicile, occupé
à lui affurer la Couronne de ce Royaume,
& il n’arriva en Aragon que près de deux
ans après la mort de son frere. Matthieu,
Comte de Foix, qui avoit épousé Jeanne,
fille aïnée du Roi Jean , prétendit à la
Couronne d’Aragon ; mais il fit d’inutiles
efforts pour se ia procurer. Le Roi Mar-
tin perdit, ie 19 Décembre de i’an 1406,
Marie Lopez de Lune , sa femme. Elie
étoit prochc parente du fameux Pierre de
Lune, Antipape, sous le nom ae Benoît
XIII, dont Martin , par cette raison, fut
un des plus grands appuis. Ce Prince, l’an
1409 , essuya, le zj Juillet, une autre
perte par la mort de Martin, son fils, Roi
dc Sicile, cjui laissa deux enfans naturels
de deux concubines, Frédéric de Tarse Ôc
Yoiande d’/Vgathuse. Le 11 Septembre
suivant il épouse Marguerite de Pra-
des , i’une des plus beiles personnes de
son siécle .. & remporte Ia même annèe ,
par ses Généraux , une grande viâoire en
Sardaigne , sur Brancaiéon Doria, qui
s’étoit rendu maître d’une partie de cette
Isie. L’an 1410, le 31 Mai ( & non de
Septembre comme quelques uns le pré-
tendent ) Martin meurt sans laisser d’en-
fans, & sans avoir voulu déclarer quel
étoit son légitime héritier. Sa mort étei-
gnit la posterité masculine des anciens
Comtes de Barcelone qui avoient régné
dans l’Aragon pendant 173 ans, depuis
l’an 1 ï 3 7 , que Pétronille , fille de Ra-
mire II, Roi d’Aragon , mit le sceptre de
ce Royaume entre les mains de Raymond
Bérenger IV, Comte de Barcelone, son
mari, jusqu’en 1410. Après la mort de
Martin, le Comte d’Urgel, le Ducd’An-
jou, Ferdinand de Castille , & plusieurs
autres, prétendirent à la Couronne d’A-
ragon , ce qui causa de grands troubles ,
des guerres sanglantes , & une anarchie
de deux ans. ( Voy. Martin ie Vieux, Roi
de Sicile. )
FERDINAND, L E JUSTE.
L’an 1411, le 14 Juin, Ferdinand,
z e fils de Jean I, Roi de Castiile, & de
Léonore, fiiie de D. Pedre IV, Roi d’Ara-
gon, est reconnu légitime héritier de ia
Couronne par les Juges assemblés à Caspé,
pour décider cette grande affaire. Sur neuf
qu’iis étoient, Ferdinand en eut pour lui
six , à la tête desquels étoit S. Vincent
Ferrier, qui publia solemnellement la sen-
tence le z8. Le Comte d’Urgel refusant
de s’y soumettre, Ferdinand , l’an 1413,
marche contre lui, l’assiége clans Baiaguer,
l’obiige à se remettre a sa discrétion, con-
fisque tous ses biens, & ie constitue pri-
sonnier à perpétuité dans le château d’U-
ruena. Délivré de ce rival, Ferdinand est
couronné , ie 15 Janvier 1414, à Sara-
gosse. L’Antipape Benoît XIII étoit un de
ceux qui avoient le plus contribué à son
clévation. Ferdinand par reconnoissance
l’appuya d’abord de sa proteèlion. Mais
voyant qu’après la démission de l’autre
Antipape, GrcgoireXII, donnceau Con-
ROIS DE NAVARRË,
Mai, Ie Traité de paix
conclu entre Ie Roi de
France & lui, le 6 Mars
prdcddent, par lequel il
cede les villes & les Châ-
teilenies de Mantes & de
Meulent; & ie Roi Cbar-
les V, pour le dddomma-
ger, lui donne en fief &
pairie la villc &la baronie
de Montpellier avec ses
ddpendances. Le Navar-
rois fit, l’an 1373 , une
perte à laquelle ii se mon-
tra peu sensible , & qu’il
avoit lui-même, disoit-
on, prdparde. Ce. fut celle
de Jeanne, sa fernme, qui
mourut subiternent, le 3
Ddcembre , à Evreux ,
dans le bain, de foïblejse
de eœur , ou d'avoir tté
mal gardée ; ce sont Jes
termes 8c ie rdsult.’.t des
ddpositions juridique-
roent faites sur ce sujet.
Elles ne dissiperent pas le
soupçon qu’ou avoir for-
mdcontre sondpouxdel’a-
voir empo.isonn.de. Cette
Princesse fut enterrde à
S. Denis. Lc Roi de Na-
varre, l’an 1384, fut ucn-
seuiement soupçonné ,
mais convaincu d’un au-
tre forfait seroblable à ce-
lui qu’on lui imputoit àl’d-
gard de sa femme. Avant
rait venir un Anglois dcnt
il connoilloit le caradfere
ddvoud, comme le sien ,
à toute sorte de scdlcra-
tesse , il i’employa pour
faire pdrir par lc poison
le Roi de France , avec
toute la famille royale &
plusieurs Seigneurs de la
Cour, ce qui dtoit d’au-
tant plus facile à cet hom-
me, qu’il avoit accès dans
les cuisines royalcs. Mais
l’empoisonneur, surouel-
ques avis qu’on reçut, fut
arrêtd en arrivant , 8c
avoua tout. Celui qui l’a-
voit mis en œuvre, re-
tird dans son Royaume ,
dchappa à ia Justice des
I hommes, mais la ven-
j geance divine n’dtoit pas
i loin d’ddater sur une tête
i aussi coupable. Epuisd de
i ddbauches , il tomba sur
j la fin de i’an •• 3 86, dans
j unetelle ddfaillance, que,
j de l’avis des Mddecins ,
! on l’enveloppa dans un
drap imbibd d’eau-de-vie
pour ranimer en lui la
chaleur naturelle. Ce re-
mede lui devint funeste.
Le feu ayant pris au drap
par l’imprudence de son
valet - de - chambre , il
mourut de cet accident le
1 Janvier 1387, ( N. S.)
à l’âge de 55 ans. C’est
ainsi que presque tous les
Historiens françois racon-
tent la mort de CharlesII.
Mais dans la Chronique
Toms L
757
ROIS DE CASTILLE ET DE LÉON.
de terminer alors la guerre cju’il avoit avec l’Aragon 3
mais ii ne pouvoit pardonner à Mahomet Barberousse,
Roi cle Grenade, d’avoir pris le parti des Aragonois dans
cettc querelle. Mahomet, pour i’appaiser, vient lui rendre
hommage à Séville sur la £oi d’un iauf-conduit. D. Pedre
saisit cette occalîon pour i’égorger de sa propre main.
Nolis passons sous silence les meurtres d’un grandnombre
de Seigneurs dont le sang ruisseloit dans toutes les Pro-
vinces par ses ordres. Tant de cruautés soulevent tous les
esprits, & occalionnent une révolte : elle éclatel’an i$66,
& D. Pedre attaqué par Plenri, Comte de Trastamare,
son frere naturel, dont ii avoit fait mourir la mere & le
frere , est chasté de ses Etats avec le secours des troupes
françoises conduites par Bertrand du Guesclin. Le Roi de
Castille dans la déroute dc ses affaires a recours au Prince
de Galies , qui le rétablit, après avoir gagné , le 3 Avril
1367, la bataiile de Najera, ou de Navarette, dans ia-
quelie Henri fut défait, & Bertrand du Guesciin fait pri-
sonnier, avec le Maréchal d’Andrehen , par D. Pedre ,
auquel seul ils avoient consenti de se rendre. Le vainqueur
usa dans toute son étendue du malheureux droic de Le
venger , & traita plusieurs des rebelles avec une excessîve
cruauté. Mais la retraite du Prince de Galles ranima le
parti des mécontens. L’an 1368, Henri, & du Guesclin ,
qui, ayant été racheté parle Roi de France , avoit ras-
sembié de nouvelles troupes, rentrent en Castilie, pren-
nent rapidement plusieurs places, assiégent Tolede , &
remportcnt sur D. Pedre, le 14 Mars, aevant Montiel,
une victoire qui l’obiige à se jetter dans cette place dont
ilsfirent aussitôt le siége. Ayant voulu s’échapper ensuite
à lafaveur de Ja nuit, il est arrêté & conduit à du Guesi-
clin qui ie reçoit dans sa tente. Henri, son frere, survient,
& le tue le 13 du même mois. (Les Historiens varient
beaucoup sur la date & les circonstances de cette mort,
que M. Sponde, après Mariana, piace au z; Mars. Le
P. Daniel met la batailie deMontiel au 15 Août, S: prétend
que Mariana s’est trompé 3 mais il se trompe lui-même,
& la plupart des Modernes sont aussi dans l’erreur en rap-
portant cet événement à l’an 13 6p.) Teile fut ia fin du
Prince le plus cruel dont l’Histoire d’Espagne false men-
tion. II étoit dans la 34 e année de ion âge , & la 1 8 ' de
fon régne. D. Pedre ne manquoit ni d’espric, ni de cou-
rage, ni d’application; 8c l’on pense que, si l’on eût soi-
gnédavantage son éducation, au lieu d’un tyran & d’un
monstre , on en eût fait un Prince aimable & vertueux.
Mais d’Albukerque, son Gouverneur, loin de lui ap-
prendre àdompter ses passions naiilantes, lesfortifioit par
ses leçons, 8c lui frayoit la route du vice par son exemple.
On rappcrte de lui des traits qui montrent qu’iln’étoit pas
toujours inaccessible aux sentimens de justice. II se plai-
soit à courir la nuit par les rues. Une fois qu’il faisoit ce
vacarme ténébrcux, un garde du guet l’arrêta sans le
connoître, & le battit vigoureusement. D. Pedre se dé-
fendir & le tua. Les Magistrats informent le lendemain.
Instruits par une femme que l’auteur du meurtre étoit le
Roi iui-même, ils vont lui en demander justice. Le Mo-
narque, pour satisfaire à laloi, fàit couper latête à son effi-
pde. On montre encore, dit-on, à Toiede cette statue
tronquée. Pierre ne laissia point d’enfans légitimes, mais il
en eut plusieurs dc ses différentes concubines , dont au-
cun ne lui succcda. Ainsi fut éteinte par sa mort la posté-
rité légitime de Raymond de Bourgogne.
HENRI II, dit LE MAGNIFIQUE.
1368. Henri II, Comte de Trastamare, fils naturel
d’Alfonse XI 8c d’Eléonore de Guzman, est rcconnu Roi
de Castille après la mort dc Pieire le Cruel, malgré les
efforts des Rois de Portugal , d’Aragon 8c de Navarre ,
quiaspiroient à cette Couronne. Le Duc de Lancastre & le
Comte de Cambridge, fils d’EdouardlII, y prétendirent
aussi dans la suite, au nom de Constance 8c d’isabelle,
fiiles naturelles de Pierre le Cruei, ieurs épouses. Le Duc
de Lancastre pritmême le titre de Roi de Castiilc ; mais
Henri, vainqueur de tous ses rivaux , conserva la Cou-
ronne jusqu’à sa mort, arrivèe le 19 ou le 3 o Mai de l’an
1379, après 11 ans & z mois de régne , depuis la mort
de D. Pedre le Cruel. Quelques Historiens espagnois
disent ou’il mourut empoisonné par des botines infedées
d’un poison subtil que lui donna un Seigneur Mahomé-
tan, réfugié à sa Cour sous prétexte qu’il avoit encouru
! Ia disgrace de Mahomet, Roi de Grenade. C’est vrai-
R O IS D’ A R A G O N.
de Foix, & Yolande, zc femme de Louis II,
Roi de Naples, Duc d’Anjou & Comte de
Provence. Jean épousa en secondes noces
Yolande , fille de Robert, Duc de Bar,
dont il eut un fils , mort en bas âge. La
Reine Yolande de Bar mourut à Barcelone
le 13 Juiiiet 1431.
M A R T I N.
1395. Martin , frere du Roi Jean,
lui succede ie 19 Mai. Il étoit pour lors
avec Martin , son fils , en Sicile, occupé
à lui affurer la Couronne de ce Royaume,
& il n’arriva en Aragon que près de deux
ans après la mort de son frere. Matthieu,
Comte de Foix, qui avoit épousé Jeanne,
fille aïnée du Roi Jean , prétendit à la
Couronne d’Aragon ; mais il fit d’inutiles
efforts pour se ia procurer. Le Roi Mar-
tin perdit, ie 19 Décembre de i’an 1406,
Marie Lopez de Lune , sa femme. Elie
étoit prochc parente du fameux Pierre de
Lune, Antipape, sous le nom ae Benoît
XIII, dont Martin , par cette raison, fut
un des plus grands appuis. Ce Prince, l’an
1409 , essuya, le zj Juillet, une autre
perte par la mort de Martin, son fils, Roi
dc Sicile, cjui laissa deux enfans naturels
de deux concubines, Frédéric de Tarse Ôc
Yoiande d’/Vgathuse. Le 11 Septembre
suivant il épouse Marguerite de Pra-
des , i’une des plus beiles personnes de
son siécle .. & remporte Ia même annèe ,
par ses Généraux , une grande viâoire en
Sardaigne , sur Brancaiéon Doria, qui
s’étoit rendu maître d’une partie de cette
Isie. L’an 1410, le 31 Mai ( & non de
Septembre comme quelques uns le pré-
tendent ) Martin meurt sans laisser d’en-
fans, & sans avoir voulu déclarer quel
étoit son légitime héritier. Sa mort étei-
gnit la posterité masculine des anciens
Comtes de Barcelone qui avoient régné
dans l’Aragon pendant 173 ans, depuis
l’an 1 ï 3 7 , que Pétronille , fille de Ra-
mire II, Roi d’Aragon , mit le sceptre de
ce Royaume entre les mains de Raymond
Bérenger IV, Comte de Barcelone, son
mari, jusqu’en 1410. Après la mort de
Martin, le Comte d’Urgel, le Ducd’An-
jou, Ferdinand de Castille , & plusieurs
autres, prétendirent à la Couronne d’A-
ragon , ce qui causa de grands troubles ,
des guerres sanglantes , & une anarchie
de deux ans. ( Voy. Martin ie Vieux, Roi
de Sicile. )
FERDINAND, L E JUSTE.
L’an 1411, le 14 Juin, Ferdinand,
z e fils de Jean I, Roi de Castiile, & de
Léonore, fiiie de D. Pedre IV, Roi d’Ara-
gon, est reconnu légitime héritier de ia
Couronne par les Juges assemblés à Caspé,
pour décider cette grande affaire. Sur neuf
qu’iis étoient, Ferdinand en eut pour lui
six , à la tête desquels étoit S. Vincent
Ferrier, qui publia solemnellement la sen-
tence le z8. Le Comte d’Urgel refusant
de s’y soumettre, Ferdinand , l’an 1413,
marche contre lui, l’assiége clans Baiaguer,
l’obiige à se remettre a sa discrétion, con-
fisque tous ses biens, & ie constitue pri-
sonnier à perpétuité dans le château d’U-
ruena. Délivré de ce rival, Ferdinand est
couronné , ie 15 Janvier 1414, à Sara-
gosse. L’Antipape Benoît XIII étoit un de
ceux qui avoient le plus contribué à son
clévation. Ferdinand par reconnoissance
l’appuya d’abord de sa proteèlion. Mais
voyant qu’après la démission de l’autre
Antipape, GrcgoireXII, donnceau Con-
ROIS DE NAVARRË,
Mai, Ie Traité de paix
conclu entre Ie Roi de
France & lui, le 6 Mars
prdcddent, par lequel il
cede les villes & les Châ-
teilenies de Mantes & de
Meulent; & ie Roi Cbar-
les V, pour le dddomma-
ger, lui donne en fief &
pairie la villc &la baronie
de Montpellier avec ses
ddpendances. Le Navar-
rois fit, l’an 1373 , une
perte à laquelle ii se mon-
tra peu sensible , & qu’il
avoit lui-même, disoit-
on, prdparde. Ce. fut celle
de Jeanne, sa fernme, qui
mourut subiternent, le 3
Ddcembre , à Evreux ,
dans le bain, de foïblejse
de eœur , ou d'avoir tté
mal gardée ; ce sont Jes
termes 8c ie rdsult.’.t des
ddpositions juridique-
roent faites sur ce sujet.
Elles ne dissiperent pas le
soupçon qu’ou avoir for-
mdcontre sondpouxdel’a-
voir empo.isonn.de. Cette
Princesse fut enterrde à
S. Denis. Lc Roi de Na-
varre, l’an 1384, fut ucn-
seuiement soupçonné ,
mais convaincu d’un au-
tre forfait seroblable à ce-
lui qu’on lui imputoit àl’d-
gard de sa femme. Avant
rait venir un Anglois dcnt
il connoilloit le caradfere
ddvoud, comme le sien ,
à toute sorte de scdlcra-
tesse , il i’employa pour
faire pdrir par lc poison
le Roi de France , avec
toute la famille royale &
plusieurs Seigneurs de la
Cour, ce qui dtoit d’au-
tant plus facile à cet hom-
me, qu’il avoit accès dans
les cuisines royalcs. Mais
l’empoisonneur, surouel-
ques avis qu’on reçut, fut
arrêtd en arrivant , 8c
avoua tout. Celui qui l’a-
voit mis en œuvre, re-
tird dans son Royaume ,
dchappa à ia Justice des
I hommes, mais la ven-
j geance divine n’dtoit pas
i loin d’ddater sur une tête
i aussi coupable. Epuisd de
i ddbauches , il tomba sur
j la fin de i’an •• 3 86, dans
j unetelle ddfaillance, que,
j de l’avis des Mddecins ,
! on l’enveloppa dans un
drap imbibd d’eau-de-vie
pour ranimer en lui la
chaleur naturelle. Ce re-
mede lui devint funeste.
Le feu ayant pris au drap
par l’imprudence de son
valet - de - chambre , il
mourut de cet accident le
1 Janvier 1387, ( N. S.)
à l’âge de 55 ans. C’est
ainsi que presque tous les
Historiens françois racon-
tent la mort de CharlesII.
Mais dans la Chronique
Toms L