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Clément, François [Hrsg.]
L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur: Par le moyen d'une Table Chronologique, o l'on trouve les Olympiades, les années de J.C., de l'Ere Julienne ou de Jules César, des Eres d'Alexandrie & de Constantinople, de l'Ere des Séleucides, de l'Ere Césaréenne d'Antioche, de l'Ere d'Espagne, ... ; Avec Deux Calendriers perpétuels, ... (Band 2) — Paris, 1784 [Cicognara, 2479-II-1-2]

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https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0295
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DES COMTES D’ARMAGNAÇ.

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a paru d’autant plus indispcnsable que Jcs Modernes nc l’ont
toucliée que fort superficiellement. Jean d’Armagnac, depuis
son rétablidement, ne fît que languir, & mourut enfxn , acca-
blé de chagrins & d’infîrmités, vers l’an 1450. II avoit épousé ,
i°, Ie 16 Juin 1407, Blanchf., fîlle de Jean V, Duc de Breta-
gnej i°, vers l’an 1415», 1s abelle, fîlle de CharlesIII, Roi dc
Navarre, Du dcuxieme lit, il laiisa Jcan, qui suit j Charles ,
Vicomte de Fezenzac; Marie, femmcde Jean II, Duc d’Alen-
çonj Eléonore, mariée à Louis, Prince d’Orange; & Isabelle,
dont il sera parlé ci-après.

J E A N V.

1450 011 environ. Jean V, nommé, du vivant de Jean IV,
son pere, Vicomtede Lomagne, revint d’Espagne, oü il s’étoit
retiré pendant la prison de sa famille, 8c fît hommage au Roi,
dans le mois de Novembre 1450, du Comté d’Armagnac, à
Montbazon. Quclque tems après, devenu éperdument amou-
reux’ d’isabelle, sa sœur, la plus belle Princesle de son tems,
ii la séduisit. Plusîeurs enfans, nés de ce commerce incestueux,
rendirent le scandale pubiic. Le Papc Calixte III & le Roi Char-
Ics VII lui fîrent à ce sujetdcs remontrances qu’il méprisa. Ex'-
communié en conséquence par le S. Pere, il sollicita, pour cal-
mer les remords de sa sœur, une dispense qui lui fut resusée.
Sa paslîon n’en devint que plus violentc. Pour en imposer au
public, il eut rccours au plus habile faussaire de son tems , An-
toine de Cambrai, Référendaire du Pape, depuis Maître des
Rcquètes, ensuitc Evéque d’AIct, corrompu par argent; cet
homme, dc concert avec Jean de Volterre, Notaire Apostoli-
que, lui fabriqua une BuIIe, en vertu de laquelle il épousa so-
lemnellementlsabelle avec lescérémoniesordinaires de l’Eglise.
LeRoijustement indignédecette union monstrueuse, & d’autres
dcportemens du Comte d’Armagnac, envoya, l’an 1454, le
Comte deDammartin & le Maréchal de Loheac, pour se saisîr de
ses terres & même de sa personne. II parut d’abord vouloir se dé-
fendrc ; mais à l’approche des troupes du Roi la plupart de ses pla-
ccs ouvrirent Icurs portes, excepté Leèloure, qui ne se rendit que
le ; c jour. Le Comte d’Armagnac se retira dans l’Aragon où il
avoit encorequelques châteaux. L’an 1457, le Roi chargea le
Parlement dc Paris d’instruire son procès. L’accusé comparut avec
des Lettres du Roi, clont il avoit eu la précaution de se munir.
Mais la Cour les ayant déclarées subreptices, le flt arrêter. On lui
donna pour prison une dcs chambres du Palais. Quclqucs jours
après il obtinr son élargissement, sous la condition de ne pas
s’éloigner de Paris de plus de dix lieues. Mais voyant qu’on
poursuivoit son procès avcc une vivacité qui en faisoit appré-
hender l’événement, il prit la fuite & se sauva en Franche-
Comté. Le Parlement, par un Arrêt définitif du 13 Mai 1460,
le condamna au bannissement, avec confiscation de ses biens.
A son avénement au trône, le Roi Louis XI , dont il avoit
favorisé la révolte contre son pere, lui accorda par reconnois-
sance des Lettres d’abolition, & le rétablit dans ses domaines.
Cette récompense d’un service criminel fut payée de l’ingrati-
tude qu’elle sembloit mériter. Le Comte d’Armagnac fut infi-
dele à Louis XI comme il l’avoit été à Charles Vil ; &, l’an
146 3, il se joignit aux mécontens dans la guerre du Bien pu-
blic. II eut encore l’avantage de se réconcilier avec le Monar-
que, auquel il fit serment, le 5 Novembre 146 5 ,, de le servir en-
vers & contre tous. Mais il oublia presque aussîtôt ses promes-
ses pour se livrer à son caradtere inquiet & brouillon. L’an
1469 , le Roi, instruit de ses nouveaux projets de révolte, fit
partir le Comte de Dammartin avcc le bâtard de Bourbon à la
tête d’un armée considérable , pour mettre les terres du Comtc
d’Armagnac sous sa main. La fuite du rebelle rendit cette ex-
pédition facile. Ce fut moins une conquête qu’une prise de pos-
sesiîon. Dans le même tems (on étoit alors au mois deMai)
le Parlement de Paris ajourne lc Cornte d’ Armagnac à compa-
roître Ie z8 Septembre suivant. Ce délai sut prolongé plulîeurs
fois à sa demande. Enfin Jean V ayant toujours refusé de com-
paroître, la Cour, par Arrêt du 7 Septembre 1470, prononça
contre lui la confiscation de corps & de bicns. Sa dépouille,
quoique promise au Duc de Guienne, frerc du Roi, fut parta-
gée entre Dammartin & les principaux Seigneurs qui l’avoient
accompagné, à l’exception du Comté de Pvodès que le Roi re-
tint & réunit à la Couronne. Mais, après ie départ de l’armée
françoise , le Comte d’Armagnac étant venu trouver le Duc de
Guienne à Bordeaux, engagea cc Prince à le rétablir dans la
jouissance de ses biens. Le Duc étant mort le z8 Mai 1471, le
Roi fit marcher contre le Comte d’Armagnac de nouvelles trou-
pes sous la conduite de Pierre de Bourbon, Sire de Beaujeu :
Le Comte fut asslégé dans Leèloure. Mais bientôt les vivres
commençant à lui manquer, il demanda, lc 15 Juin, a capi-
tuler. Les articlesétantréglés, il rendit laplace auGénéral, qui,
après en avoir pris possessîon , congédia son armée. Le perfidc
Comte, profitant de cette imprudence, fit arrêter, vers la fin

d’Ocftobre, le Sire de Beaujeu par le ministerc du cadet d’AI-
bret, Seigneur de Sainte Bazeille. A cette nouvellele Roi, trans-
porté de colere, semet en campagne, & s’avance jusqu’à la
Rochellc. Delà il fait convoquer la Noblesie de Languedoc pour
aller faire de nouveau le siége de Leétoure. Lc Caâinal d’Albi
arriveau commencement dejanvier 1473 devant cette place,
à la tête des troupes del’Agénois & du Toulousain. Le Comte, 5
après s’être vigoureusement dcfendu pendant deux mois, ac-
cepte une capitulation que le Cardinal lui fait offrir dc la part
du Roi. On dressè un Traité dont l’observation fut jurée sur
le S. Sacrement. Mais Ie surlcndemain, dès que le Comte eut
désarmé ses troupes & fait ouvrir les portes de la ville , Ies trou-
pes du Roi s’y introduisirent, conduites par Robert de Balzac,
investirent la maison du Comte, &, étant entrées dans son
appartement, le percerent de plusieurs coups de poignard : après
quoi elles se livrerent à toute la licence des vainqueurs les plus
barbares. Cct horrible événement estdu Vendredi 5 (& non 6)
Mars 1473. LeCardinal d’Albi parcourut ensuite avec son ar-
mée le Comté d’Armagnac, qu’il traita comme un pays en-
nemi. Jean V ne laisià point d’enfans de Jeanne , son épouse,
fiüc de Gaston IV, Comte de Foix, qu’il avoit épousée au
mois d’Août 1468. Cette Princessè étoit enceinte à Ia mort de
son mari qui fut égorgé entre ses bras. Elle Ie suivit au tombeau
peu de jours après dans la petite ville de Castelnaude Bretenous
en Querci, où ellc avoit été transportée. On prétend que sa
mort fut l’effet d’un breuvage qu’on lui donna pour la faire
avorter. Dans le même tems on instruisoit juridiquement le
procès du Seigneur de Sainte-Bazeille, qui, peu après avoir re-
mis le Comte d’Armagnac en possèssîon de Ledourc, avoit été
pris & mené à Poitiers. II fut condamné à perdre la tête, &
îubit cet Arrêt sur un échafaud le 7 Avril 1473. Isabelle, sœur
dc Jean V, lui survécut, & le 16 Mai 1475, c^ e & donation
tant de ses biens patrimoniaux que des quatre vallées de Ba-
rousiè, de Neste, d’Aure & de Magnoac, que son frere lui
avoitléguées le 1 5 Novembrc 1462., à Gaston du Lion , Séné-
chal de Toulousc, qui i’avoit sauvée au sac de Ledoure. Mais
les habitans de ces vallées n’acquiescerent point à la donation
d’Isabelie en ce qui les concernoit, & prétendirent être rentrés,
par la rnort du Comte Jean V, dans le droit de se choisir un
Souverain. Le Roi d’Aragoninstruit de leurs dispositions, les sol-
licita vivement de se réunir à scs Etats clont leurs terres avoient
étc autrefois démembrées. Mais il eut ,pour concurrent le Roi
de France, LouisXI, qui l’emporta par Ies soins de Jean de
Vilheres de la Grauîas, Cardinal & Evêque de Lombès. Ce
Prélat s’étant rendu sur leslieux, engagea les habitans, l’an
1475, à se donner à la Francc par un Traité dont l’une des
conditions fut qu’ils ne pourroient être mis en main plus bassè
que celle du Roi, même en ceile d’un Prince du sang royal.
Le Roi par Lettres-Patentes du mois de Septembre de la même
année, ratifia ce Traité. II empêcha de plus le Sénéchal de Tou-
lousc de se mettre en possession des autres terres qu’lsabellc
lui avoit cédées. Mais Charles VIII, son succesièur, les rendit
à ce légataire par ses Lettres du 15 Août 1484.

CHARLES I.

1473. Charles I, Vicomte de Fezenzac, second fils de
Jean IV, Comte d’Armagnac , fut arrêté après la proscription
de Jean V, son frete, & conduit à la Bastille, où il resta j 4 ans,
non pour crime de complicité, mais à cause de la proximité
du sang. On 11c peut lire sans horreur les tourmens qu’il endura
dans cette prison. L’an 1481, l’Armagnac fut déclaré confis-
qué & réuni au Domaine par Lettres - Patentes vérifiées au
Parlement. Charles d’Armagnac, délivré de prison par le Roi
Charles VIII, vient se présenter, i’an 1484, aux Etats de Tours
pour demander au Roi la restitution des biens de sa Maison.
L’afraire est renvoyée au Oonseil qui lui adjugea sa demande
par Arrêt du mois d’Avril de la mème année, mais avec de
grandes limitations; car en lui accordantla ^ouissànce des qua-
tre Comtés d’Armagnac, de Rodez, de Fezenzac, & de Fézen-
zaguet, on en retrancha les droits régaliens, en restreignant
cette restitution au domaine utilc & à Ia vie seulemcnt de Char-
les. C’est ainsi que ce Prince rentra dans l’héritage de ses peres.
Mais comme sa longue prison, où ii avoit souflèrt des maux
incroyables, lui avoit altéré la raison, le Sire d’Albret se fit
adjuger l’administration de ses biens comme plus proche pa-
rent, & le renferma de nouveau. Le Roi en étant averti, le dé-
livra une seconde fois, & lui nomma dcs curateurs. Charles
mourut l’an 1497, sans enfans de Catherine de Foix, sa
femme, après avoir institué son héritier Charles, son petit-ne-
veu, Duc d’Alençon. II fut enterré à Castelnau de Montmirail
en Agénois. Ce Conite laissà dcux bâtards, dont l’aîné, Pierre,
Comte de l’Isle-Jourdain, fut naturalisé par Lettres du mois de
Février 1510, & mourut en 1514.

A

Tome 11.
 
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