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DES DUCS D E BRETAGNE,
913
pere, l’an. 1480 , des Châtellenies de Château-Landon,
de Lanvallon et de Pempos, et créé premier Baron de
Bretagne.
Toute la vie du Duc François II se passa dans un
cercle de guerres , d’intrigues , d’ambassades, et de
Traités d’aiiiances. Sans ses maîtresses et ses favoris,
dit D. Lobineau, on n’auroit presque rien à lui repro-
clier que de s’être trop mêlé des asfaires étrangeres. Ne
pourroit-on pas lui reprocher encore le peu de fidélité
dans l’exécution des Traités? car on sait assez qu’il
n’étoit pas trop esclave de sa parole. Ce Prince d’ail-
leurs avoit de i’amour pour son peuple et les manieres
extrêmement populaires. On raconte qu’ayant établi,
du consentement des Etats, un tribut considérabie, il
trouva dans la campagne un paysan qui portoit une
poule , accompagné de sa femme. Lui ayant demandé,
sans se faire connoître, où il alioit: 33 Je vais, dit le
paysan , à la ville me défaire de ces deux bêtes : de
« celie-là, en montrant sa femme, en la mettant au
33 service ; de celie-ci , sa poule, en la vendant pour
33 avoir de quoi payer l’impôt extraordinaire de notre
33 Duc, qui nous en charge plus que nous n’en pou-
3) vons porter 33. Le Prince , frappé de cette réponse,
cassa le tribut, et ne voulut plus qu’il en entrât rien
dans ses cossres. C V. Charles VIII, Roi deFrance. )
ANNE , Duchesse de Bretagne.
1488. Anne , fille aînée du Duc François II et de
Marguerite de Foix, sa seconde femme , née à Nantes
le 26 Janvier de l’an 1477 (N. S„ ) , est reconnue Du-
chesse de Bretagne aussitôt après la mort clu Duc son
pere. Les commencemens de son régne sont très ora-
geux. La Bretagne , partagée en piusieurs factions ,
inondée de soldats françois, espagnols, anglois, alie-
mands et bretons , est pillée et ravagée impunéxnent.
L’usage de conclure les mariages des Princes et Prin-
cesses au berceau, et quelque fois môme avant leurnais-
sance , s’étoit établi en Europe. Anne avoit été pro-
mise , dès l’an 1481 , à Edouard , Prince de Gaiies,
jfils d’Edouard IV , lloi d’Angleterre. Mais la mort
violente de ce jenne Prince, assassiné , au mois de
Mai 1483, par Richard son oncle , à i’âge d’onze ans ,
rompit ce mariage. Anne fut ensuite recherchée par
Alain , Sire d’Albret, par Louis , Duc d’Orléans, par
leRoi Charles VIII, et par l’Archiduc Maximilien, Roi
des Romains. Lamauvaise mine du premier, son peu
bientôt re-
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ùominges et
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e Duc d’Or-
d’une fausse
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avec tant de
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Reines avoient jusqu’alors portéle deuil enblanc ; elle
le prit en noir comme plus propre à nourrir sa douleur.
Le Duc d’Orléans, devenu le Roi Louis XII, qui n’avoit
point cessé de l’aimer , mais pour lequel elle s’étoit
beaucoup refroidie, vint à bout néanmoins de calmer
ses l'egrets et d’obtenir sa main. Anne épousa ce Prince
à Nanles le 7 ou le 8 Janvier 1499 ? après avoir pris ies
mesures que son Conseil jugea convenables potir per-
pétuer la soüveraineté de la Bretagne. II étoit dit, par le
contrat de mariage de Charles VIII avec la Princesse ,
que, s’il mouroit avant elle sans enfans inâles , elle
seroit obligée d’épouser le Roi successeur , au cas qu’il
fût libre , ou à son défaut le Prince le plus proche cle la
Couronne ; et cela pour ne pas laisser tomber la Bre-
tagne en des mains étrangeres. Anne avoit fait une
espece de divorce avec Maximiiien pour épouser
Charles VIII, et Louis XII en ht un autre plus réel
en répudiant sa fernme ( Jeanne, hlle de Louis XI )
pour épouser Anne. Cette Princesse fit insérer dans
son contrat de mariage que si elie donnoit plusieurs
enfans à son époux, ce seroit le second qui hériteroit
de la Bretagne, et qui releveroit le nom et les armes
cles anciens Ducs, ce qui contredisoit son conlrat de
mariage avec Charles VIII ; et que , si elle n’en laissoit
point, la Bretagne retourneroit à ses héritiers.
LouisXIl étant tombé nialade i’an iôo5 , la Reine
pense à se retirer en Bretagiie, et dans ce dessein elie
fait emballer ses meubles ies plus précieux et ses joyaux
pour les envoyer à Nantes par la Loire : le Maréchal
de Gié les fait arrèter. La Reine, extrêmement piquée de
ce procédé , obtient du Roi, revenu en santé , que le
Maréchal soit arrèté , et que son procès lui soit fait.
11 est conduit à Toulouse, et, par Arrêt rendu le 9 f e-
vrier ( 1606), il est suspendu de sa charge de IViaréchal
pendant cinq ans. 11 se retire alors dans samaison du
Verger en Anjou. Mais peu de teins avant sa mort, ar-
rivée à Paris le 22 Avrii 1513 , ilsut rappellé à la Cour
et rétabli en grace.
L’an 1514 (N. S.), îa Reine Aune meurt à Blois,
le 9 Janvier, dans sa trente-septieme année. Son corps
fut porté à S. Denis, et son coeur à Nantes , pour être
mis dans le tombeau de ses pere et mere. De son pre-
mier mariage, Anne avoit eu quatre enfans, morts tous
au berceau. Du second elle laissa deux filles, Madame
Claude , mariée , en 1514 ■> à François , Comte d’An-
goulêtne , héritier présomptif de la Couronne , et Ma-
dame Ilenée, femme d’Hercule, Duc de France, 3> En
33 mourant, dit , parlant d’elle dans ses Mémoires ,
» Louisede Savoie, sa belle-sœur, mere du RoiFran-
33 çoisl, elle me laissa l’administration de ses biens , de
» sa fortune , et de ses filles, mesmement de Madaine
» Claude , (depuis) Reine de Frânce , femme de mon
33 fils , laquelle j’ay honnorabiement et amiableinent
3) conduit 33. Cela prouve que , malgré son aversion
pour Louise de Savoie, la Reine Anne avoit un grand
îbnds d’estime pour elle.
Anne de Bretagne remplit fulélement tous ses de-
Yoirs envers ses deux maris ; mais elle fut plus tendre-
ment aimée du seconcl qu’elle ne l’aima. i iere, impé-
rieuse, toute occupée de son Duché de Bretagne, qu’elle
gouverna toujours en Souveraine , elle assligea souvent
par ses contrariétés le cœur sensible de Louis XII. 11
disoit, pour s’en consoler, qu’ii falloit payer la chasteté
des femmes. Attribuant au caractere national l’inssexi-
ble opiniâtreté de l’esprit de la Reine, il la nommoit,
en plaisantant, sa Bretonne. Ces défauts, il faut l’a-
vouer, étoient rachetés par de grandes qualités , et sur-
tout par celles qui attirent le plus l’amour et la véné-
ration des peuples. Anne étoit magnihque , et faisoit
l’usage le pius noble et le plus louable de ses immenses
revenus. 33 Elle en employoit la meilleure partie, dit
» M. Garnier, à récompenser les services rendus à
33 l’Etat, ou à soulager les malheureux, assignant cles
33 gratihcations sur son trésor à tous îes Ofhciers qui
33 s’étoient distingués par quelque action d’éclat, ou
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