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Clément, François [Editor]
L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur: Par le moyen d'une Table Chronologique, o l'on trouve les Olympiades, les années de J.C., de l'Ere Julienne ou de Jules César, des Eres d'Alexandrie & de Constantinople, de l'Ere des Séleucides, de l'Ere Césaréenne d'Antioche, de l'Ere d'Espagne, ... ; Avec Deux Calendriers perpétuels, ... (Band 2) — Paris, 1784 [Cicognara, 2479-II-1-2]

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https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0245

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CHRONOLOGIE

HIST ORIQUE

DES GRANDS FIEFS DE FRANCE,

D'ALLEMAGNE ET D’ITALIE.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE

Sur Voriginc 3 les progrès & la décadenœ du Gouvernement féodal.

E n donnant au Public dans cette nouvelle édition une notice plus étendue des grands Fiefs de l’Europe,
nous avons en quelque sorte contradé l’obligation de lui offrir en même tems un apperçu cle i’origine du
gouvernement féodal, cle ses proguès 8c de sa décadence.

C'efl: un point constant par l’histoire , que chez plusteurs nations on connut des vasfaux avant même
qu’il y eut des Fiefs. Le courage dans les combats, la sagelse dans les conseils, y étabiissoient des distinc-
8c ceux qui les obtenoient avoient bientôt un cortége prët à les suivre à la guerre. Tacite l’assure

tions

des Germains. II nous apprend que chez ces peuples, la puissance des Princes étoit d’être entourés d’une
fouîe de compagnons pour lesqueis des repas étoient une espece de solde.

On voit que pour former des Bénéfices ou des Fiefs, il ne leur manquoit que des terres héréditaires.
Aufîi lorsque sous le nom de Francs ils eurent passe le Rhin , & vinrent s’établir dans les Gaules, le partage
des fonds conquis sur les Romains dut se faire selon leurs mœurs. Et st , comnie on n’en peut douter, cha-
que homme libre eut une portion salique, celles des Princes furent relatives à leur prééminence, 8c
assez étendues pour entretenir leurs vassaux.

Cet état de société qui s’introduistt chez les Francs, étant conforme à leurs idées, fut bientôt perfec-
tionné. II est même certain , comme nous venons de le dire, qn’ils le trouverent établi dans les Gaules.
César , qui les subjugua, rapporte que parmi les Chevaliers , c’est-à-dire les hommes parfaitement libres de
la nation, il y en avoit de très puissans dont la grandeur se mesuroit sur le nombre de leurs Ambades.
Ceux-ci, comme chez les Germains, étoient notés d’infamie lorsque dans les combats ils survivoient à
leurs Princes. L’identité des causes dut produire les mêmes effets : les Gaulois, quoique soumis aux Offtciers
de l’Empire , avoient conservé leurs usages. Celui de s’attacher à un chef duquel ils tenoient des terres,
etoit analogue à l’engagement connu chez les Romains sous Ie nom de chentele. On ne peut pas même
douter , d’après la civilisation des Gaulois , que la plupart de ces concessions ne fussent devenues per-
pétuelles lorsque Clovis fonda la Monarchie.

Un savant Écrivain (M. Pfeffel) a observé que tout étoit Gaulois dans les mots consacrés parle vas-
selage.

Cette institution appartint donc plus aux Gaulois qu’à aucune autre nation ; & st elle fit une partie st re-
marquable des mceLirs des Germains, c’est que ceux-ci furent les freres des Gaulois.

Ces raisons paroîtroient assez fortes pour faire croire que le germe de nos Fiefs étoit développé dans
les Gaules avant l’arrivée des Francs, st M. de Montesquieu n’avoit dit qu’ils ne furent étabiis qti’après
la conquête. Mais son opinion sur ce point étoit conséquente à celle qti’il avoit de l’oppression des Gaulois.
Les croyant subjugués par Clovis , il pensoit que les Francs étant tout dans l’État, en avoient fait les loix
ôc commandé les mœurs. Sans cette prévention comment ce génie pénétrant auroit-il qualifié les rap-
ports qui subststoient dans les Gaules entre les Ambadtes dc leurs Chefs, lui qui voyoit des Fiefs dans
îes chevaux de bataille , les armes , 8c les repas que les Princes Germains donnoient à leurs fideles ?

Une dissertation historique insérée dans cet ouvrage (T.I, p. 725 ) semble prouver au contraire que
l’établisfement de la Monarchie françoise ne causa aucun changement dans l’état civil des naturels du pays ;
8c qu’étant incomparablement plus nombreux , ils eurent une très grande inssuence sur les mœurs qui
resulterent de l’union des deux peuples.

Nous croyons donc que l’origine des Bénéfices Sc des Fiefs doit être rapportée encore plus aux Gaulois
qu’aux Francs , 8c qu’iis eurent la plus grande part à ceux qu’on troLive formés dès le commencement de la
premiere race.

Nous ne distinguons point les Bénéfices des Fiefs , parce qu’à la durée près c’étoit le même contrat, fondé
sur les mèmes motifs : protedion de la part du Seigneur, fidéiité 8c service de la part clu vassàl ; tels étoient
les devoirs mutuels plus ou moins étendus par les conventions qui formoient ces engagemens. Si leur nature
eût été disférente, l’histoire indiqueroit l’époque où ces Bénéfices sans nombre, qui ont existé dans le
Royaume , auroient été sLipprimés, 8c celle de l’établissement d’autant de Fiefs, auist prodigietix que
rapide.
 
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