DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0715
DES COMTES DE CLERMONT EN BEAUVOISIS. 697
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
COMTES DE CLERMONT EN BEAUYOISIS.
Clermont, ville du diocese de Beauvais, située sur une hauteur près de la riviere de Bresche,
distante de cinq lieues de Compiegne, de quatre de Beauvais, de onze de Soissons et d’au-
tant de Paris, est le chef-lieu d’un Comté célebre par les noms de ceux qui l’ont possédé.
R E N A U D I.
Renaud est le premier Comte de Clermont dont l’his-
toire fasse mention. 11 fut, l’an io54j un des Géné-
raux de l’armée commandée en chef par Eudes, frere
du Roi Henri I, contre Guillaume le Bâtard, Duc de
Normandie. Les François ayant été mis en déroute
cette même année par Guillaume, à la bataille de Mor-
temer, Eudes et llenaud, dit Ordéric Vital, ne trou-
verent leur salut que dans la vîtesse de leurs pieds.
Renaud vivoit encore, suivant le même Auteur, en
1084 , et il paroît que ce ne fut pas la derniere année
de sa vie. 11 laissa un fils, qui suit.
H U G U E S.
Hugues , surnommé de Monchi , Montiacensis,
par Suger, parce qu’il possédoit le château de ce nom
clu vivant de Renaud , son pere , lui succéda au Comté
de Clermont. Une donation qu’il fit, l’an 1099, à
l’Abbaye de Flay ou de S. Germer,estlapremiereépo-
que connue de son gouvernement. ( Cartul. Flaviac. )
Matthieu, Comte de Beaumont-sur-Oise, dont il étoit
ie beau-pere, ayant reçu pour la dot de sa feinme la
moitié de la terre de Lusarche, voulut se rendre maître
du tout, et s’empara, les armes à la main, de la tour
de Lusarche. Hugues , à qui son grand âge ne permet-
toit pas de faire tête à son gendre , implora le secours
de Louis le Gros, Roi désigné des François. Le jeune
Prince, après avoir fait inutilement sommer Matthieu
de satisfaire son beau-pere, marche contre lui, assiége
la tour de Lusarche, la prend , non sans peine , et la
remet au Comte de Clermont. De là il alla se présenter
devant un autre château du Comte Matthieu , que
Suger nomme Canliacum ; c’est Chambly en Beau-
voisis. Mais des pluies abondantes étant survenues
dans le tems qu’il dressoit ses tentes et montoit ses ma-
chines pour attaquer la place , ses troupes furent si
déconcertées par ce contre-tems, qu’elles se débande-
rent malgré les efforts qu’il fit pour les retenir. Les
assiégés s’étant apperçus de ce désordre , firent une
sortie dans laquelle ils tuerent beaucoup de monde,
et firent plusieurs prisonniers de marque. De ce nombre
furent le Comte Hugues , Gui de Senlis et Herluin de
Paris. Louis le Gros, obligé de luir, s’en revint à Paris,
le dépit dans le coeur et bien résolu d’effacer au plutôt
la honte de cet échec. Le Comte de Beaumont, ap-
prenant qu’il se préparoit à venir avec une armée triple
de la premiere, le prévint par ses soumissions , et ob-
tint de lui la paix en rendant à son beau-pere la liberté
avec tout ce qu’il lui avoit enlevé. ( Suger, Vit. Lud.
Gr. ) On ignore l’année de la mort de ce dernier. II
avoit épousé Marguerite, fille d’Hilduin, Comte de
Rouci, dont ileutRenaud, qui suitj Gui, mort en
prison à Rouen, l’an 1119, après avoir été pris par les
Anglois au combat de Brenneville ; Raoul, Chanoine
de Beauvais ; Emme, femme de Matthieu dont on
vient de parler ; et deux autres filles, dont Pune, nom-
mée Ermentrude, épousa Hugues d’Avranches, que
Guillaume le Conquérant fit Comte de Chester ; et
l’autre, appellée Richilde , fut mariée à Dreux II, Sei-
gneur de Mello en Beauvoisis.
R E N A U D II.
Renaud II, Comte de Clermont après Hugues, son
pere, fut en assez haute considération pour être jugé
digne de la main d’AüÉLAÏDE , ou Alix , fille unique
d’Herbert IV , Comte de Vermandois, et veuve de Flu-
gues de France, fils du Roi Henri I. Cette Princesse ,
après la mort de son premier époux, conserva le Comté
de Vermandoisjusques versl’an 1117 , qu’elle le céda à
Raoul, son fds du premier lit, après avoir reçu du Roi
Louis leGros, son cousin, le Comté d’Amiens, qu’il
avoit enlevé à la Maison de Couci. Adélaïde étant
morte vers l’an 1120, Renaud épousa en secondes
noces Clémence , fille de Renaud I, Comte de Bar.
L’an 1 x 14 > ü accorda une foire le jour de S. Jean à la
ville de Clermont. On ignore la durée de son gou-
vernement. II eut de son premier mariage Marguerite,
fernme, i° de Charles le Bon, Comte de Flandre, à qui
elle porta en dot le Comté d’Amiens ; 2 0 de Hugues II,
Comte de S. Paul-, 3° de Baudouin, Seigneur d’Encre,
et non de Thierri d’Alsace, Comte de Flandre. Du se-
cond lit sortirent Raoul, qui suit ; et cinq autres fils ,
avec deux filles. Sa veuve Clémencè épousa ensecondes
noces Albéric I, Comte de Dammartin , et en troisie-
mes Thibaut III, Seigneur de Nanteuil-Haudouin.
R A O U L I.
Raoul I, successeur de Renaud, son pere, au Comté
de Clermont, fut revêtu par le Roi Louis le Jeune de la
charge de Connétable de France. II souscriyit en cette
qualité deux Chartes , l’une de S. Victor de Paris en
1174, l’autre de l’Abbaye de S. Denis en France de
l’an 1179. Gilbert de Mons ( Chron. Hannoniae ,
p. 88 ) lc met au nombre des tenans d’un fameux
tournoi qui se fit, l’an 1175, entre Soissons et Braine.
La Chronique d’André, Moined’Ancliin, leplace, avec
Raoul de Couci, à la tête des Seigneurs qui au com-
inencement du régne de Philippe-Auguste troublerent
la paix du Royaume en haine de Philippe d’Alsace ,
Comte de Flandre et Régent du Royaume. La brouil-
. lerie, ajoute-t-elle , dura long-tems entre les deux
Comtes; et tous les Princes srancois avec les Eveques,
O â
Tome II,
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
COMTES DE CLERMONT EN BEAUYOISIS.
Clermont, ville du diocese de Beauvais, située sur une hauteur près de la riviere de Bresche,
distante de cinq lieues de Compiegne, de quatre de Beauvais, de onze de Soissons et d’au-
tant de Paris, est le chef-lieu d’un Comté célebre par les noms de ceux qui l’ont possédé.
R E N A U D I.
Renaud est le premier Comte de Clermont dont l’his-
toire fasse mention. 11 fut, l’an io54j un des Géné-
raux de l’armée commandée en chef par Eudes, frere
du Roi Henri I, contre Guillaume le Bâtard, Duc de
Normandie. Les François ayant été mis en déroute
cette même année par Guillaume, à la bataille de Mor-
temer, Eudes et llenaud, dit Ordéric Vital, ne trou-
verent leur salut que dans la vîtesse de leurs pieds.
Renaud vivoit encore, suivant le même Auteur, en
1084 , et il paroît que ce ne fut pas la derniere année
de sa vie. 11 laissa un fils, qui suit.
H U G U E S.
Hugues , surnommé de Monchi , Montiacensis,
par Suger, parce qu’il possédoit le château de ce nom
clu vivant de Renaud , son pere , lui succéda au Comté
de Clermont. Une donation qu’il fit, l’an 1099, à
l’Abbaye de Flay ou de S. Germer,estlapremiereépo-
que connue de son gouvernement. ( Cartul. Flaviac. )
Matthieu, Comte de Beaumont-sur-Oise, dont il étoit
ie beau-pere, ayant reçu pour la dot de sa feinme la
moitié de la terre de Lusarche, voulut se rendre maître
du tout, et s’empara, les armes à la main, de la tour
de Lusarche. Hugues , à qui son grand âge ne permet-
toit pas de faire tête à son gendre , implora le secours
de Louis le Gros, Roi désigné des François. Le jeune
Prince, après avoir fait inutilement sommer Matthieu
de satisfaire son beau-pere, marche contre lui, assiége
la tour de Lusarche, la prend , non sans peine , et la
remet au Comte de Clermont. De là il alla se présenter
devant un autre château du Comte Matthieu , que
Suger nomme Canliacum ; c’est Chambly en Beau-
voisis. Mais des pluies abondantes étant survenues
dans le tems qu’il dressoit ses tentes et montoit ses ma-
chines pour attaquer la place , ses troupes furent si
déconcertées par ce contre-tems, qu’elles se débande-
rent malgré les efforts qu’il fit pour les retenir. Les
assiégés s’étant apperçus de ce désordre , firent une
sortie dans laquelle ils tuerent beaucoup de monde,
et firent plusieurs prisonniers de marque. De ce nombre
furent le Comte Hugues , Gui de Senlis et Herluin de
Paris. Louis le Gros, obligé de luir, s’en revint à Paris,
le dépit dans le coeur et bien résolu d’effacer au plutôt
la honte de cet échec. Le Comte de Beaumont, ap-
prenant qu’il se préparoit à venir avec une armée triple
de la premiere, le prévint par ses soumissions , et ob-
tint de lui la paix en rendant à son beau-pere la liberté
avec tout ce qu’il lui avoit enlevé. ( Suger, Vit. Lud.
Gr. ) On ignore l’année de la mort de ce dernier. II
avoit épousé Marguerite, fille d’Hilduin, Comte de
Rouci, dont ileutRenaud, qui suitj Gui, mort en
prison à Rouen, l’an 1119, après avoir été pris par les
Anglois au combat de Brenneville ; Raoul, Chanoine
de Beauvais ; Emme, femme de Matthieu dont on
vient de parler ; et deux autres filles, dont Pune, nom-
mée Ermentrude, épousa Hugues d’Avranches, que
Guillaume le Conquérant fit Comte de Chester ; et
l’autre, appellée Richilde , fut mariée à Dreux II, Sei-
gneur de Mello en Beauvoisis.
R E N A U D II.
Renaud II, Comte de Clermont après Hugues, son
pere, fut en assez haute considération pour être jugé
digne de la main d’AüÉLAÏDE , ou Alix , fille unique
d’Herbert IV , Comte de Vermandois, et veuve de Flu-
gues de France, fils du Roi Henri I. Cette Princesse ,
après la mort de son premier époux, conserva le Comté
de Vermandoisjusques versl’an 1117 , qu’elle le céda à
Raoul, son fds du premier lit, après avoir reçu du Roi
Louis leGros, son cousin, le Comté d’Amiens, qu’il
avoit enlevé à la Maison de Couci. Adélaïde étant
morte vers l’an 1120, Renaud épousa en secondes
noces Clémence , fille de Renaud I, Comte de Bar.
L’an 1 x 14 > ü accorda une foire le jour de S. Jean à la
ville de Clermont. On ignore la durée de son gou-
vernement. II eut de son premier mariage Marguerite,
fernme, i° de Charles le Bon, Comte de Flandre, à qui
elle porta en dot le Comté d’Amiens ; 2 0 de Hugues II,
Comte de S. Paul-, 3° de Baudouin, Seigneur d’Encre,
et non de Thierri d’Alsace, Comte de Flandre. Du se-
cond lit sortirent Raoul, qui suit ; et cinq autres fils ,
avec deux filles. Sa veuve Clémencè épousa ensecondes
noces Albéric I, Comte de Dammartin , et en troisie-
mes Thibaut III, Seigneur de Nanteuil-Haudouin.
R A O U L I.
Raoul I, successeur de Renaud, son pere, au Comté
de Clermont, fut revêtu par le Roi Louis le Jeune de la
charge de Connétable de France. II souscriyit en cette
qualité deux Chartes , l’une de S. Victor de Paris en
1174, l’autre de l’Abbaye de S. Denis en France de
l’an 1179. Gilbert de Mons ( Chron. Hannoniae ,
p. 88 ) lc met au nombre des tenans d’un fameux
tournoi qui se fit, l’an 1175, entre Soissons et Braine.
La Chronique d’André, Moined’Ancliin, leplace, avec
Raoul de Couci, à la tête des Seigneurs qui au com-
inencement du régne de Philippe-Auguste troublerent
la paix du Royaume en haine de Philippe d’Alsace ,
Comte de Flandre et Régent du Royaume. La brouil-
. lerie, ajoute-t-elle , dura long-tems entre les deux
Comtes; et tous les Princes srancois avec les Eveques,
O â
Tome II,