DES COMTES D’AUX. DES COMTES ET DUCS DE NEVERS ET DE TON. 5 5 5
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
C O M T E S D’A U X E R R E,
DES COMTES E T DUCSDE NEVERS,
E T DES COMTES D E TONNERRE.
Auxerre , Autissiocïorum, 011 Altissiodorum, sur la riviere d’Yonne , ville ancienne, sur l’origine et les dif-
férentes positions de laquelle M. le Beuf a proposé des conjectures qui n’ont pas réuni les susfrages de tous
les Savans, faisoit partie du Sénonois avec tout ce qui forme aujourd’hui son diocèse , lorsque S. Pérégrin,
oii Pélérin, y apporta la lumiere de l’Evangile vers le milieu du troisieme siécle. L’Auxerrois fut ensuite
compris dans la 4 e Lyonnoise , comme on le voit par la division de l’Empire, qui fut faite sous le régne
cI’Honorius. II y est mis au nombre des cités : civitas Autissiodorum. Jusqu’à S. Germain, son sixieme
Evêque , la ville ne renfermoit que ce qui fonne aujourd’hui les paroisses de S. Renobert et de S. Pierre-en-
Château. Elle a reçu depuis en divers tems des accroissemens par la jonction des bourgs qui l’avoisinoient.
Attila les livra aux flammes en traversant les Gaules vers le milieu du cinquieme siécle. De la domination
des Romains l’Auxerrois passa quelques années après sous celle des Francs , sans avoir jamais fait partie clu
premier Royaume de Bourgogne. Mais il entra dans le composé du second, et 11e revint à la Couronne de
France que lorsque celui-ci eut été entièrement détruit. Le Canton , ou Comté de l’Auxerrois, étoit origi-
nairement aussi étendu que le diocèse l’est aujourd’hui. Briare , Meve , Cône , Gien , Entrains , Varzi,
Pouilli, étoient clans ce territoire. II ne comprend plus que la capitale, cinq petites villes, quatre bourgs
et des villages , en tout quarante-trois paroisses.
On ignore si l’Auxerrois eut des Comtes sous la premiere race de nos Rois , à moins qu’on ne regarde
comme tels Péonius et Mommole , qui commandoient dans l’Auxerrois sous le P\.oi Gontran. Mais on voit
dans les actes de S. Maurin, Evêque d’Auxerre et contemporain de Charlemagne, un Ermenolde qui est
dit premier Cointe d’Auxerre : Hoc praeside primus pagi Autissiodorensis Comes Ermenoldus nomine.
Albéric de Trois-Fontaines se trompe donc en disant que l’Auxerrois n’étoit point Conité avant csue Pierre
de Courtenai le possédât. ( Pctrus ) vocatus fuit Comes Audssiodorensis cum Audssiodorum non esset
Comitatus. Le successeur inunédiat d’Ermenolde n’est point connu. Mais sur la fin du régne de Louis le
Débonnaire l’Auxerrois avoit pour Cornte son beau-frere, Conrad , frere de l’Impératrice Judith, seconcle
femme de ce Monarque , et par conséquent fils coinme elle de Welphe , Comte de Baviere. II est surnommé
l’ancien pour le distinguer de son fils , et il avoit un frere nommé Prodolfe, avec lequel il fut rasé, puis
exilé en Aquitaine , dans le tems de la disgrace de leur sœur, c’est-à-dire vers l’an 831. L’un et l’autre
ayant été rappellés après le rétablissement de cette Princesse , Conrad rentra en possession du Comté d’Au-
xerre , qu’il continua d’administrer jusqu’à sa mort arrivée , à ce qu’on croit, le 22 Mars 866. II avoit épousé
Adélaïde , dont il laissa Conrad, qui suit; Flugues, Abbé de S. Germain d’Auxerre ; et Welphe, Abbé
de Sainte Colombe de Sens et de S. Riquier.
C O N R A D II.
Conrad II posséda le Comté d’Auxerre du vivant de
sou pere dès l’an 863 , comme plusieurs Chartes , qu’il
souscrivit alors , le justifient. 11 en fut privé , vers l’an
865 , par le Roi Charles le Chauve pour avoir pris le
parti de Lothaire , Roi de Lorraine , contre la Reine
Thietberge , sa femme. Ce demier , pour le dédom-
mager , lui donna le gouvernement du pays situe entre
le Mont-Jura et le Mont-Jou , nommé depuis la Bour-
gogne Transjurane , dont il avoit gratihé l’Aube Hu-
bert lorsqu’il avoit épousé Thietberge , sa sœur , et
qu’il lui avoit retiré depuis en la répudiant. Hubert
ne se laissa pas dépouiller impunément. 11 se mit en
état de défense , et soutint divcrs combats contre son
rival. Mais le sort des armes ne lui fut point favora-
ble. II périt dans une bataille que Conrad lui livra
l’an 866 , près d’Orbe , dans le pays de Vaux. Conrad
eut pour collégue dans le gouvernement de la Bour-
gogne Transjurane Rodolfe , son hls , qui s’èrigea de-
puis en Roi de ce pays. (Voyez ci-dessus, p. 4^°«)
H UGUES.
L’Abbé FIugues , frere de Conrad , lui fut substitué
dans le Comté d’Auxerre. Robert le Fort, Comte de
Paris et Marquis d’Anjou, ayant étë tué la même an-
nëe que Flubert, c’est-à-dire en 866 , il fut encore
pourvu de ses dignités. 11 étoit Sous-Diacre , suivant
i’Annaliste de S. Bertin , et en cette qualité il eut l’ïu-
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
C O M T E S D’A U X E R R E,
DES COMTES E T DUCSDE NEVERS,
E T DES COMTES D E TONNERRE.
Auxerre , Autissiocïorum, 011 Altissiodorum, sur la riviere d’Yonne , ville ancienne, sur l’origine et les dif-
férentes positions de laquelle M. le Beuf a proposé des conjectures qui n’ont pas réuni les susfrages de tous
les Savans, faisoit partie du Sénonois avec tout ce qui forme aujourd’hui son diocèse , lorsque S. Pérégrin,
oii Pélérin, y apporta la lumiere de l’Evangile vers le milieu du troisieme siécle. L’Auxerrois fut ensuite
compris dans la 4 e Lyonnoise , comme on le voit par la division de l’Empire, qui fut faite sous le régne
cI’Honorius. II y est mis au nombre des cités : civitas Autissiodorum. Jusqu’à S. Germain, son sixieme
Evêque , la ville ne renfermoit que ce qui fonne aujourd’hui les paroisses de S. Renobert et de S. Pierre-en-
Château. Elle a reçu depuis en divers tems des accroissemens par la jonction des bourgs qui l’avoisinoient.
Attila les livra aux flammes en traversant les Gaules vers le milieu du cinquieme siécle. De la domination
des Romains l’Auxerrois passa quelques années après sous celle des Francs , sans avoir jamais fait partie clu
premier Royaume de Bourgogne. Mais il entra dans le composé du second, et 11e revint à la Couronne de
France que lorsque celui-ci eut été entièrement détruit. Le Canton , ou Comté de l’Auxerrois, étoit origi-
nairement aussi étendu que le diocèse l’est aujourd’hui. Briare , Meve , Cône , Gien , Entrains , Varzi,
Pouilli, étoient clans ce territoire. II ne comprend plus que la capitale, cinq petites villes, quatre bourgs
et des villages , en tout quarante-trois paroisses.
On ignore si l’Auxerrois eut des Comtes sous la premiere race de nos Rois , à moins qu’on ne regarde
comme tels Péonius et Mommole , qui commandoient dans l’Auxerrois sous le P\.oi Gontran. Mais on voit
dans les actes de S. Maurin, Evêque d’Auxerre et contemporain de Charlemagne, un Ermenolde qui est
dit premier Cointe d’Auxerre : Hoc praeside primus pagi Autissiodorensis Comes Ermenoldus nomine.
Albéric de Trois-Fontaines se trompe donc en disant que l’Auxerrois n’étoit point Conité avant csue Pierre
de Courtenai le possédât. ( Pctrus ) vocatus fuit Comes Audssiodorensis cum Audssiodorum non esset
Comitatus. Le successeur inunédiat d’Ermenolde n’est point connu. Mais sur la fin du régne de Louis le
Débonnaire l’Auxerrois avoit pour Cornte son beau-frere, Conrad , frere de l’Impératrice Judith, seconcle
femme de ce Monarque , et par conséquent fils coinme elle de Welphe , Comte de Baviere. II est surnommé
l’ancien pour le distinguer de son fils , et il avoit un frere nommé Prodolfe, avec lequel il fut rasé, puis
exilé en Aquitaine , dans le tems de la disgrace de leur sœur, c’est-à-dire vers l’an 831. L’un et l’autre
ayant été rappellés après le rétablissement de cette Princesse , Conrad rentra en possession du Comté d’Au-
xerre , qu’il continua d’administrer jusqu’à sa mort arrivée , à ce qu’on croit, le 22 Mars 866. II avoit épousé
Adélaïde , dont il laissa Conrad, qui suit; Flugues, Abbé de S. Germain d’Auxerre ; et Welphe, Abbé
de Sainte Colombe de Sens et de S. Riquier.
C O N R A D II.
Conrad II posséda le Comté d’Auxerre du vivant de
sou pere dès l’an 863 , comme plusieurs Chartes , qu’il
souscrivit alors , le justifient. 11 en fut privé , vers l’an
865 , par le Roi Charles le Chauve pour avoir pris le
parti de Lothaire , Roi de Lorraine , contre la Reine
Thietberge , sa femme. Ce demier , pour le dédom-
mager , lui donna le gouvernement du pays situe entre
le Mont-Jura et le Mont-Jou , nommé depuis la Bour-
gogne Transjurane , dont il avoit gratihé l’Aube Hu-
bert lorsqu’il avoit épousé Thietberge , sa sœur , et
qu’il lui avoit retiré depuis en la répudiant. Hubert
ne se laissa pas dépouiller impunément. 11 se mit en
état de défense , et soutint divcrs combats contre son
rival. Mais le sort des armes ne lui fut point favora-
ble. II périt dans une bataille que Conrad lui livra
l’an 866 , près d’Orbe , dans le pays de Vaux. Conrad
eut pour collégue dans le gouvernement de la Bour-
gogne Transjurane Rodolfe , son hls , qui s’èrigea de-
puis en Roi de ce pays. (Voyez ci-dessus, p. 4^°«)
H UGUES.
L’Abbé FIugues , frere de Conrad , lui fut substitué
dans le Comté d’Auxerre. Robert le Fort, Comte de
Paris et Marquis d’Anjou, ayant étë tué la même an-
nëe que Flubert, c’est-à-dire en 866 , il fut encore
pourvu de ses dignités. 11 étoit Sous-Diacre , suivant
i’Annaliste de S. Bertin , et en cette qualité il eut l’ïu-