6l0 CHRONOLOGIE HISTORIQUE
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
COMTESDE CHAMPAGNE ET D E BLOIS.
Sous la premiere race des Rois de France , la Champagne , ainsi appeîlée à cause de ses grandes plaines,
faisoit partie du lloyaume de Metz , ou d’Austrasie , dans les partages de la Monarchie que iirent les enfans
de Clovis I et ceux de Clotaire I. 11 en faut néanmoins excepter la Champagne de Troyes , selon M. de la
Ravailliere , qui croit qu’elle rt’étoit point comprise dans le Royaume d’Austrasie. Nous voyons , dès cette
premiere race , des Ducs de Champagne. Grégoire de Tours , parlant d’un de ces Ducs , nommé Loup ,
qui vivoit sous le régne de Sigebert I, R.oi de Metz , dit qu’il témoigna beaucoup de fidélité pour le jeune
Childebert, fds et successeur de Sigebert. Notre dessein n’est pas de remonter jusqu’à ces Ducs , d’autant
que ce titre n’étoit point une dignité perpétuelle, mais seulement une espece de Gouvernement que nos
Rois donnoient et ôtoient selon qu’ils jugeoient à propos. Nous nous contentons de donner ici la Chro-
nologie cles Seigneurs qui ont été propriétaires de cette partie de la France qu’on appelle Champagne ,
dont la capitale étoit la ville de Troyes, séjour le plus ordinaire des Comtes de cette province. 11 y a deux
races des Comtes de Champagne, celle de la Maison de Vermandois, et celle de la Maison de Blois.
PREMIERE RACE DES COMTES DE CHAMI
HERBERT D E VERMANDOIS,
PREMXER COMTE HERiDlTAXRE DE TrOYES.
tïerbert , ou Heribert , Comte de Vermandois, II eclu
nom , doit être placé, quoi qu’en disent les modernes,
àla tête des Comtes héréditaires de Troyes (1). C’est
sa fdle Leutgarde elle-même , femme de Thibaut le
Txicheur, Comte de Blois , qui est notre garant sur
ce point. Nous avons d’elle une Charte par laquelle
elle donne à l’Abbaye de S. Fere de Chartres , du con-
sentement de ses enfans qu’elle nomme , certains
fonds dans le territoire de Troyes pour Fame d’Héri-
bert, son pere , Comte de Troyes , qui les lui avoit
laissés en héritage : Pro anima patris mei Heriberti,
Tricassini Comitis, qui mihi praefatas res in haere-
ditatemdedit. (Crall. Christ. 'vet. T. I, p. i5c). ) 11 y
a lieu de croire qu’il n’eut ce Comté que sur la hn de
savie, puisqu’il n’est jamais qualifié Comte de Troyes
dans le récit que font les Historiens de ses querelles
avec le Roi Charles le Simple. 11 mourut l’an 943 ,
laissant d’FIiLDEBRANTE, son épouse, fille de Robert,
Duc , puis Roi de France , cinq fils et deux filles. Les
fils sont Eudes, Comte d’Amiens ; Albert, Comte de
Vermandois ; Robert, qui suit ; Herbert, qui lui suc-
céda ; et Hugues , Archevêque intrus de Reims, Les
filles sont Alix , femme d’Arnoul I, Comte de Flan-
dres ; et Leutgarde dont on vient de parler. ( Voy. les
Comtes de Vermandois. )
R 0 B E R T.
943. Robert , troisieme fds d’Herbert de Verman-
dois , lui succéda au Comté de Troyes. L’envie de
s’agrandir, héréditaire dans sa Maison , ne dégénéra
point enlui. Ils’étendit jusques dans le Soissonnois,
où il bâtit avec Herbert, son frere , un château dans
un lieu nommé par Frodoard Mons felicis. L’an ()56,
après la mort de Giselbert, Duc de Bourgogne , dont
il avoit épousé la seconde fille , nomrnée Adélaïde
?AGNE DE LA MAISON DE VERMANDOIS.
et surnommée Werra , il prétendit partager ce Duché
avec Otton, mari de Leutgarde , sœur aînée de Werra,
et fils de Hugues le Blanc, à qui Giselbert avoit cédë
le Duché avant de mourir. Mais le Roi Lothaire ren-
dit inutiles les efforts que fit Robert pour dépoitiller
Otton, et ne lui laissa dans la succession de son beau-
pere que le Comté de Châlon. ( Voyez les Ducs de
Bourgogne et les Comtes de Châlon. ) L’an 963 , Ro-
bert, et son frere Herbert, surprennent la ville de
Châlons-sur-Marne , en l’absence de l’Evêque Gibuin,
y mettent le feu , et se retirent sans avoir pu forcer
une tour où la garnison s’étoit précipitamment retirée.
( Frodoard. ) L’histoire ne dit point ce cjui occasionna I
cette expédition. Robert, l’an 965 , sur quelques dif-
hcultés d’intérèt qui s’éleverent entre lui et Anségise,
Evêque de Troyes , chasse le Frélat et s’empare des
Domaines de l’Evêché. Anségise va trouver l’Empe-
reur Otton I, qui lui donne un corps de troupes sous
la conduite des Capitaines Helpon et Brunon , avec
lesquels il vient assiéger Troyes au mois d’Octobre.
Mais, n’avant pu l’en rendre maître après de longs et
pénibles efforts , les Saxons levent le siége, et tour-
nent du côté de Sens dans le dessein de piller cette
ville pour se dédommager. L’événement ne répondit
point à leur attente. L’Archevêque Archambaud et le
Comte Renaucl le Vieux, instruits à tems de leur mar-
che , viennent au devant d’eux à la tête de la bour-
geoisie de Sens ; et, les ayant rencontrés dans un lieu
nommé Villiers , ils leur livrent un combat où périt
Llelpon avec un grand nombre des siens. Le Prélat et
Renaud donnerent des larmes à ce Capitaine , parce
qu’il étoit de leurs parens , et renvoyerent son corps
en Ardenne, d’où il étoit, à la demande de Warne, sa
mere. Brunon, son collégue , après cet échec ne tarda
pas à regagner son pays avec les débris de sa troupe.
( Hugo Floriac. ) Robert mourut au mois d’Août de
l’an 968, laissant de son mariage Archambaud, Ar-
chevêque de Sens , dont on vient de parler, qui mou-
rut le 29 Août 968, et par conséquent peu de jours
après lui, avec une hlle , Adélaïde , mariée à Larn-
( 1 ) Troyes , appellée dans les anciens Itinéraires Augusto-bona
et Augusto-mana, étoit la capitale des Tricastes ou Trecasses ,
qui confinoient avec.les Sénonois et les Lingons ou Langrois. Cette
ville sut ensuite appellée Truae, d’où s’est formé le nom francois de
Troyes. La tradition portequeS. Potentien «tS. Serotin.i Apôtresdu
Sénonois.apporterent dans le pays de Troyes la lumiere del’Evangile.
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CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
COMTESDE CHAMPAGNE ET D E BLOIS.
Sous la premiere race des Rois de France , la Champagne , ainsi appeîlée à cause de ses grandes plaines,
faisoit partie du lloyaume de Metz , ou d’Austrasie , dans les partages de la Monarchie que iirent les enfans
de Clovis I et ceux de Clotaire I. 11 en faut néanmoins excepter la Champagne de Troyes , selon M. de la
Ravailliere , qui croit qu’elle rt’étoit point comprise dans le Royaume d’Austrasie. Nous voyons , dès cette
premiere race , des Ducs de Champagne. Grégoire de Tours , parlant d’un de ces Ducs , nommé Loup ,
qui vivoit sous le régne de Sigebert I, R.oi de Metz , dit qu’il témoigna beaucoup de fidélité pour le jeune
Childebert, fds et successeur de Sigebert. Notre dessein n’est pas de remonter jusqu’à ces Ducs , d’autant
que ce titre n’étoit point une dignité perpétuelle, mais seulement une espece de Gouvernement que nos
Rois donnoient et ôtoient selon qu’ils jugeoient à propos. Nous nous contentons de donner ici la Chro-
nologie cles Seigneurs qui ont été propriétaires de cette partie de la France qu’on appelle Champagne ,
dont la capitale étoit la ville de Troyes, séjour le plus ordinaire des Comtes de cette province. 11 y a deux
races des Comtes de Champagne, celle de la Maison de Vermandois, et celle de la Maison de Blois.
PREMIERE RACE DES COMTES DE CHAMI
HERBERT D E VERMANDOIS,
PREMXER COMTE HERiDlTAXRE DE TrOYES.
tïerbert , ou Heribert , Comte de Vermandois, II eclu
nom , doit être placé, quoi qu’en disent les modernes,
àla tête des Comtes héréditaires de Troyes (1). C’est
sa fdle Leutgarde elle-même , femme de Thibaut le
Txicheur, Comte de Blois , qui est notre garant sur
ce point. Nous avons d’elle une Charte par laquelle
elle donne à l’Abbaye de S. Fere de Chartres , du con-
sentement de ses enfans qu’elle nomme , certains
fonds dans le territoire de Troyes pour Fame d’Héri-
bert, son pere , Comte de Troyes , qui les lui avoit
laissés en héritage : Pro anima patris mei Heriberti,
Tricassini Comitis, qui mihi praefatas res in haere-
ditatemdedit. (Crall. Christ. 'vet. T. I, p. i5c). ) 11 y
a lieu de croire qu’il n’eut ce Comté que sur la hn de
savie, puisqu’il n’est jamais qualifié Comte de Troyes
dans le récit que font les Historiens de ses querelles
avec le Roi Charles le Simple. 11 mourut l’an 943 ,
laissant d’FIiLDEBRANTE, son épouse, fille de Robert,
Duc , puis Roi de France , cinq fils et deux filles. Les
fils sont Eudes, Comte d’Amiens ; Albert, Comte de
Vermandois ; Robert, qui suit ; Herbert, qui lui suc-
céda ; et Hugues , Archevêque intrus de Reims, Les
filles sont Alix , femme d’Arnoul I, Comte de Flan-
dres ; et Leutgarde dont on vient de parler. ( Voy. les
Comtes de Vermandois. )
R 0 B E R T.
943. Robert , troisieme fds d’Herbert de Verman-
dois , lui succéda au Comté de Troyes. L’envie de
s’agrandir, héréditaire dans sa Maison , ne dégénéra
point enlui. Ils’étendit jusques dans le Soissonnois,
où il bâtit avec Herbert, son frere , un château dans
un lieu nommé par Frodoard Mons felicis. L’an ()56,
après la mort de Giselbert, Duc de Bourgogne , dont
il avoit épousé la seconde fille , nomrnée Adélaïde
?AGNE DE LA MAISON DE VERMANDOIS.
et surnommée Werra , il prétendit partager ce Duché
avec Otton, mari de Leutgarde , sœur aînée de Werra,
et fils de Hugues le Blanc, à qui Giselbert avoit cédë
le Duché avant de mourir. Mais le Roi Lothaire ren-
dit inutiles les efforts que fit Robert pour dépoitiller
Otton, et ne lui laissa dans la succession de son beau-
pere que le Comté de Châlon. ( Voyez les Ducs de
Bourgogne et les Comtes de Châlon. ) L’an 963 , Ro-
bert, et son frere Herbert, surprennent la ville de
Châlons-sur-Marne , en l’absence de l’Evêque Gibuin,
y mettent le feu , et se retirent sans avoir pu forcer
une tour où la garnison s’étoit précipitamment retirée.
( Frodoard. ) L’histoire ne dit point ce cjui occasionna I
cette expédition. Robert, l’an 965 , sur quelques dif-
hcultés d’intérèt qui s’éleverent entre lui et Anségise,
Evêque de Troyes , chasse le Frélat et s’empare des
Domaines de l’Evêché. Anségise va trouver l’Empe-
reur Otton I, qui lui donne un corps de troupes sous
la conduite des Capitaines Helpon et Brunon , avec
lesquels il vient assiéger Troyes au mois d’Octobre.
Mais, n’avant pu l’en rendre maître après de longs et
pénibles efforts , les Saxons levent le siége, et tour-
nent du côté de Sens dans le dessein de piller cette
ville pour se dédommager. L’événement ne répondit
point à leur attente. L’Archevêque Archambaud et le
Comte Renaucl le Vieux, instruits à tems de leur mar-
che , viennent au devant d’eux à la tête de la bour-
geoisie de Sens ; et, les ayant rencontrés dans un lieu
nommé Villiers , ils leur livrent un combat où périt
Llelpon avec un grand nombre des siens. Le Prélat et
Renaud donnerent des larmes à ce Capitaine , parce
qu’il étoit de leurs parens , et renvoyerent son corps
en Ardenne, d’où il étoit, à la demande de Warne, sa
mere. Brunon, son collégue , après cet échec ne tarda
pas à regagner son pays avec les débris de sa troupe.
( Hugo Floriac. ) Robert mourut au mois d’Août de
l’an 968, laissant de son mariage Archambaud, Ar-
chevêque de Sens , dont on vient de parler, qui mou-
rut le 29 Août 968, et par conséquent peu de jours
après lui, avec une hlle , Adélaïde , mariée à Larn-
( 1 ) Troyes , appellée dans les anciens Itinéraires Augusto-bona
et Augusto-mana, étoit la capitale des Tricastes ou Trecasses ,
qui confinoient avec.les Sénonois et les Lingons ou Langrois. Cette
ville sut ensuite appellée Truae, d’où s’est formé le nom francois de
Troyes. La tradition portequeS. Potentien «tS. Serotin.i Apôtresdu
Sénonois.apporterent dans le pays de Troyes la lumiere del’Evangile.
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