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https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0755
DES COMTES D E ROUCI.
737
CHRONOLOGIE HISTORIQU
D E S
COMTES D E R O U C I,
Rouci ( 1 ), nommé en latin par Frodoard Roceium,, et par d’autres Rauciacum et Ruciacum, est le clief-
lieu du Cointé de ce nom, à quatre lieues de Reims, au diocese de Laon , relevant du Comté de Champa-
gne, dont il étoit l’une des sept Pairies. II étoit possédé , l’an 940 , par Renaud , 011 Ragenolde , Comte
de Reims, que Marlot, l’Abbé de Longuerue et l’illustre M. d’Àguesseau, font sans fondement, à ce qu’il
nous paroît, iils d’HerbertlI, Comte de Vermandois. Fidele au Roi Louis d’Outre-mer , il prit sa défense
contreHugues le Grand, Duc de France, et contre Herbert III, Comte de Vermandois, et Pvobert, Comte
de Troyes. Les liostilités qui s’exercerent de part et d’autre furent plutôt des actes de brigandage que les
exploits d’une guerre faite dans les regles. L’an 944 5 tandis que les troupes du Roi dévastent les terres de
PArclievêché de Reims, occupé par Flugues , fils d’FIerbert, tandis que celles d’Herbert piilent l’Abbave
de S. Crêpin de Soissons , Renaud de son côté pille l’Abbaye de S. Méda.rd de la même ville. ( Frodoard. )
Ces liostilités ayant été suspendues, Renaud, impatient de s’enrichir et de s’agrandir , tourne ses armes
d’un autre côté. L’an 945 , il surprend la ville de Sens pendant l’absence du Comte Fromond, lequel, étant
revenu en diligence , la reprend , le 29 Juillet, par une autre surprise. ( Bouquet. ) L’an 947, Renaud mar-
che au secours d’Artaud , concurrent de l’Archevêque Hugues , qu’il avoit chassé de Reims , contre Hervé ,
qui avoit construit sur la Marne un château , d’où il faisoit des courses fréquentes sur les terres du Prélat.
Renaud ayant mis en fuite les troupes d’Idervé , celui-ci les ramena au combat, inais il y périt, et son ca-
davre futporté en triomphe àReims. Sonrival ayant bâti, l’an 94S , une forteresse à Rouci, Hugues le Grand
vint l’investir avant qu’elle fût achevée; mais il ne put s’en rendre maître. ( Ibicl. ) Renaud fut plus heureux
à l’attaque de la forteresse de ChâtilIon-sur-Marne *, il l’emporta par escalade au grand regret des ennemis, à
qui elle servoit de retraite. La paix s’étant faite, l’anqôo, entre le Monarque et le Duc de France par la
médiation de Conrad, Duc de Lorraine , de Hugues le Noir, et des Evêques Adalberon et Fulbert, Renaud
fut cornpris dans le Traité et se réconcilia avec Hugues le Grand. ( Bouquet, T. VIII, p. 3o6. ) Mais la
guerre s’étant renouvellée deux ans après , Hugues le Grand vint avec le Duc de Lorraine attaquer le châ-
teau de Mareuil, que l’Archevêque Artaud et llenaud avoient fait construire sur la Marne. Ayant foreé la
place , non sans une perte considérable des leurs , ils la livrerent aux flammes et s’en retournerent. Le iloi,
l’Archevêque Artaud et Renaud , la firent aussitôt rebâtir, et y mirent une garnison plus forte que la pré-
cédente ; de là ils passerent sur le territoire de Vitri, dont le Seigneur, nommé Gauthier, avoit abandonné
le parti du Roi pour se jetter dans celui du Comte Herbert. Ne pouvant se rendre maîtres du chàteau , ils
en firent élever un autre vis-à-vis , afm de tenir en bride ceux qui l’occupoient. Renaud , l’an 954 , traite
avec Herbert, qui lui rend, moyennant la restitution de quelques places , le château de Rouci dont il s’étoit
emjîaré. Mais peu de tems après, les gens de Renaud enlevent de nuit, par escalade, à Herbert le château
de Montfelix sur la Marne, qu’il est ensuite obligé de rendre pour d’autres prises qu’on lui avoit faites.
Hugues le Grand ayant mené le jeune Roi Lothaire , l’an 955en Aquitaine pour s’emparer de ce Duché
sur Guillaume Tête-d’Etoupe, Renaud fut de cette expédition, et fit le siége du château de Sainte-Rade-
gonde, près de Poitiers, qu’il prit et réduisit en cendres. Renaud n’étoit point délicat sur les moyens de
s’enrichir. Certaines terres de l’Eglise de Reims se trouvant à sa bienséance, il les envahit, l’an 966 ; et,
sur le refus qu’il fit de les restituer, l’Archevêque Odalric prit le parti de l’excommunier. Renaud se vengea
de cet affront par le pillage et l’incendie de plusieurs autres Domaines de l’Archevêché. Tout ceci est exac-
tement tiré de Fhistoire et de la Chronique cle Frodoard. Le Comte de Rouci dans la suite eut la guerre
avec Renaud III et Lambert I, Comtes de Flainaut. II périt dans une bataille qu’il leur livra le 15 Mars 97b,
et fut enterré à S. Remi de Reims. Albérade , son épouse, fille du Roi Louis cl’Outre-mer (Bouq. T. VIII,
p. 2x4), lui donna Gilbert, c}ui suit ; Brunon, Evêque de Langres depuis l’an 980 jusqu’en xox6; Ermen-
trude, femme, i° d’Albéric II, Cornte de Mâcon (2),2° d’Otte-Guillaume, Comte de Bourgogne ; et
N., mariée à Fromond I, Comte de Sens.
G I L B E Ii T.
973. Ctilbert, ou Gislebert, futle successeur de
Renaucl, son pere, dans le Gomté de R.ouci, auquel il
joignit la Seigneurie de Marle. 11 souscrivit, le i5 Mai
974 , avec l’Archevêque Adalberon et les Comtes de
Réthel et de Vermandois un Diplôme du lloi Lothaire,
par lecquel ce Prince cléfendoit à tout Comte, Vicomte,
(1) Rouci estunbourg d’environ 200 feux. dont dépendent Mezi,
Pontavair, Berri-au-Bac, Boufügneux, Guyencourt, la Ville aux-
Bois, Pierre-Pont, ôcc.
(2) Page 486, col. 1 , de cevolume, art. d’AlbéricII, Comte de
Mâcon, ligue 4 enremontant, 011 a dit par inégarde Ermentrude
veuve de Létalde, il falloit dire d’ALBÉmc.
Tome II.
737
CHRONOLOGIE HISTORIQU
D E S
COMTES D E R O U C I,
Rouci ( 1 ), nommé en latin par Frodoard Roceium,, et par d’autres Rauciacum et Ruciacum, est le clief-
lieu du Cointé de ce nom, à quatre lieues de Reims, au diocese de Laon , relevant du Comté de Champa-
gne, dont il étoit l’une des sept Pairies. II étoit possédé , l’an 940 , par Renaud , 011 Ragenolde , Comte
de Reims, que Marlot, l’Abbé de Longuerue et l’illustre M. d’Àguesseau, font sans fondement, à ce qu’il
nous paroît, iils d’HerbertlI, Comte de Vermandois. Fidele au Roi Louis d’Outre-mer , il prit sa défense
contreHugues le Grand, Duc de France, et contre Herbert III, Comte de Vermandois, et Pvobert, Comte
de Troyes. Les liostilités qui s’exercerent de part et d’autre furent plutôt des actes de brigandage que les
exploits d’une guerre faite dans les regles. L’an 944 5 tandis que les troupes du Roi dévastent les terres de
PArclievêché de Reims, occupé par Flugues , fils d’FIerbert, tandis que celles d’Herbert piilent l’Abbave
de S. Crêpin de Soissons , Renaud de son côté pille l’Abbaye de S. Méda.rd de la même ville. ( Frodoard. )
Ces liostilités ayant été suspendues, Renaud, impatient de s’enrichir et de s’agrandir , tourne ses armes
d’un autre côté. L’an 945 , il surprend la ville de Sens pendant l’absence du Comte Fromond, lequel, étant
revenu en diligence , la reprend , le 29 Juillet, par une autre surprise. ( Bouquet. ) L’an 947, Renaud mar-
che au secours d’Artaud , concurrent de l’Archevêque Hugues , qu’il avoit chassé de Reims , contre Hervé ,
qui avoit construit sur la Marne un château , d’où il faisoit des courses fréquentes sur les terres du Prélat.
Renaud ayant mis en fuite les troupes d’Idervé , celui-ci les ramena au combat, inais il y périt, et son ca-
davre futporté en triomphe àReims. Sonrival ayant bâti, l’an 94S , une forteresse à Rouci, Hugues le Grand
vint l’investir avant qu’elle fût achevée; mais il ne put s’en rendre maître. ( Ibicl. ) Renaud fut plus heureux
à l’attaque de la forteresse de ChâtilIon-sur-Marne *, il l’emporta par escalade au grand regret des ennemis, à
qui elle servoit de retraite. La paix s’étant faite, l’anqôo, entre le Monarque et le Duc de France par la
médiation de Conrad, Duc de Lorraine , de Hugues le Noir, et des Evêques Adalberon et Fulbert, Renaud
fut cornpris dans le Traité et se réconcilia avec Hugues le Grand. ( Bouquet, T. VIII, p. 3o6. ) Mais la
guerre s’étant renouvellée deux ans après , Hugues le Grand vint avec le Duc de Lorraine attaquer le châ-
teau de Mareuil, que l’Archevêque Artaud et llenaud avoient fait construire sur la Marne. Ayant foreé la
place , non sans une perte considérable des leurs , ils la livrerent aux flammes et s’en retournerent. Le iloi,
l’Archevêque Artaud et Renaud , la firent aussitôt rebâtir, et y mirent une garnison plus forte que la pré-
cédente ; de là ils passerent sur le territoire de Vitri, dont le Seigneur, nommé Gauthier, avoit abandonné
le parti du Roi pour se jetter dans celui du Comte Herbert. Ne pouvant se rendre maîtres du chàteau , ils
en firent élever un autre vis-à-vis , afm de tenir en bride ceux qui l’occupoient. Renaud , l’an 954 , traite
avec Herbert, qui lui rend, moyennant la restitution de quelques places , le château de Rouci dont il s’étoit
emjîaré. Mais peu de tems après, les gens de Renaud enlevent de nuit, par escalade, à Herbert le château
de Montfelix sur la Marne, qu’il est ensuite obligé de rendre pour d’autres prises qu’on lui avoit faites.
Hugues le Grand ayant mené le jeune Roi Lothaire , l’an 955en Aquitaine pour s’emparer de ce Duché
sur Guillaume Tête-d’Etoupe, Renaud fut de cette expédition, et fit le siége du château de Sainte-Rade-
gonde, près de Poitiers, qu’il prit et réduisit en cendres. Renaud n’étoit point délicat sur les moyens de
s’enrichir. Certaines terres de l’Eglise de Reims se trouvant à sa bienséance, il les envahit, l’an 966 ; et,
sur le refus qu’il fit de les restituer, l’Archevêque Odalric prit le parti de l’excommunier. Renaud se vengea
de cet affront par le pillage et l’incendie de plusieurs autres Domaines de l’Archevêché. Tout ceci est exac-
tement tiré de Fhistoire et de la Chronique cle Frodoard. Le Comte de Rouci dans la suite eut la guerre
avec Renaud III et Lambert I, Comtes de Flainaut. II périt dans une bataille qu’il leur livra le 15 Mars 97b,
et fut enterré à S. Remi de Reims. Albérade , son épouse, fille du Roi Louis cl’Outre-mer (Bouq. T. VIII,
p. 2x4), lui donna Gilbert, c}ui suit ; Brunon, Evêque de Langres depuis l’an 980 jusqu’en xox6; Ermen-
trude, femme, i° d’Albéric II, Cornte de Mâcon (2),2° d’Otte-Guillaume, Comte de Bourgogne ; et
N., mariée à Fromond I, Comte de Sens.
G I L B E Ii T.
973. Ctilbert, ou Gislebert, futle successeur de
Renaucl, son pere, dans le Gomté de R.ouci, auquel il
joignit la Seigneurie de Marle. 11 souscrivit, le i5 Mai
974 , avec l’Archevêque Adalberon et les Comtes de
Réthel et de Vermandois un Diplôme du lloi Lothaire,
par lecquel ce Prince cléfendoit à tout Comte, Vicomte,
(1) Rouci estunbourg d’environ 200 feux. dont dépendent Mezi,
Pontavair, Berri-au-Bac, Boufügneux, Guyencourt, la Ville aux-
Bois, Pierre-Pont, ôcc.
(2) Page 486, col. 1 , de cevolume, art. d’AlbéricII, Comte de
Mâcon, ligue 4 enremontant, 011 a dit par inégarde Ermentrude
veuve de Létalde, il falloit dire d’ALBÉmc.
Tome II.