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CHRONOLOGIE HISTORIQUE
CHRONOLOGIE IIISTORIQUE
D E S
COMTES DE LYONNOIS ET DE FOREZ.
Le Fokez , ou Forest, Foresium, ou Pagus Forensis, habité anciennementpar Ies Segusiani, dont Forum
Segusianorum, aujourd’hui Feurs, étoit le chef-lieu, fut compris sous l’Empire d’Honorius dans la premiere
Lyonnoise. De la domination des Romains ce pays passa sous celle des Bourguignons-, et, après la destruc-
tion du Royaume de ces derniers, il fut réuni à la Monarchie des Francs. Son étendue est de 21 lieues de
longueur sur 11 de Iargeur. II est bomé au Nord par le Charolois et le Beaujolois , au Midi par le Vélai et
le Vivarais, à l’Orient par le Lyonnois, et à l’Occident par l’Auvergne. Cette province se divise en haut et
bas Forez ; Mont-Brison, Mons Brusonis, maintenant capitale de tout le pays , est dans le haut ; Roanne ,
Rodumna, sur la Loire, est la principale ville et même la seule du bas Forez. Les premiers Comtes de Forez
le furent en même tems du Lyonnois et du Beaujolois. La ville de Lyon avoit été fondée, suivant l’opinion
la plus commune et la plus probable, l’an 709 de Rome par Munatius Plancus, Consul, pour les habitans
de Vienne, lorsqu’étant chassés de leur ville par les Allobroges, ils se retirerent au confluent du Rhône et de
la Saône (1) ; cette ville fut le siége des premiers Comtes de Forez, dont on peut faire remonter l’origine à
l’an 532, époque de la ruine du premier Royaume de Bourgogne, dans lequel étoit compris le Lyonnois.
Les plus connus des Comtes amovibies du Forez, sont Armentaire , Adalbert , Warnier , Sigonius ,
Annemond, Bertrand, et Gérard, surnommé vulgairement de Roussillon. Ce dernier, dont on
peut voir l’article à la tête des Comtes de Provence, ayant été dépouillé de ses dignités par Charles le Chauve,
le Monarquenomma, l’an 870, Guillaume I Comte de Lyon et des provinces en-decà de la Saône, c’est-
à-dire du Lyonnois, du Forez et du Beaujolois. Guillaume, profitant de la foiblesse et de l’éloignement de
nos Rois occupés à diverses guerres, s’établit insensiblement, et fit d’un emploi qui n’étoit qu’une Commis-
sion du Prince une espece de Fief héréditaire qu’il étendit sur la ville de Lyon, sous prétexte d’y conserver
les droits et les prétentions de nos Rois. Guillaume I mourut vers l’an 890. II eut d’ADELE, sa femme, Guil-
laume, qui suit.
GUILLAUME II.
890 ou environ. G uillaume II, EIs aîné de Guil-
laume I, prenoit le titre de Comte du Lyonnois. On
voit aussi un titre de l’Empereur Louis l’Aveugle de
l’an 902, où il est qualüié Duc et Marquis, parce qu’il
possedoit des terres sur les limites du Royaume de
France et du Royaume de Bourgogne. Guillaume II
mourutversl’an920, laissant Artaud, quisuit, et Ber-
nard ou Béraud, Sire de Beaujolois.
A R T A U D I.
Artaud I, Comte de Forez, fut le successeur de
Guillatime, son pere (et non pas son frere , comme
quelques uns le prétendent ), au Cornté de Lyonnois,
et continua la branche de Forez. Ce fut sous le gou-
vernement du Comte Artaud que Lothaire, Roi de
France, céda, l’an 955 , la ville de Lyon à Conrad,
Roi de Bourgogne, pour la dot de Mathilde de France,
sa sœur. Artaud mourut vers l’an 960 , laissant de
Tarésie, safemme, un fds, qui suit.
G I R A U D I.
960 ou environ. Giraud I, successeur d’Artaud,
son pere, épousa une Dame nommée Grimberge ,
dont il eut trois Els, Artaud, Comte de Lyon; Etienne,
Comte de Forez ; et Humphroi, Sire de Beaujeu; avec
une fdle nommée Adescelinde, qu’on croit, sansbeau-
coup de fondement, avoir été Abbesse de S. Pierre de
Lyon. Giraud mourut, à ce qu’on prétend, vers l’an
99°.
A R T A U D II.
990. Artaud II succéda à Giraud, son pere^ dans
le Comté de Lyon, et devint ensuite Comte de Forez,
on ne sait en quelle année, par la mort d’Etienne,
son frere, décédé sans enfans. L’Abbaye de Cluni se
( 1 ) L’heureuse position de Lyon rendit cette ville célebre dès son
origine. Soixante peuples des Gaules se cottiserent pour y bâtir un
temple en l'honneur de Rome et d’Auguste, et chacun d’eux fournit
une statue pour orner l’autel de ce Prince, avec une inscription par-
ticuliere. Caligula y fonda une Académie qui s’assembloit devant cet
autel, oii les plus habiles Orateurs alloient disputer le prix de l’élo-
quence et se soumettoient à la rigueur des loix qu’ilavoit prescrites.
Ellesportoient, entre autres choses, que les vaincus donneroient eux-
mêmes des récompenses aux vainqueurs, qu’ils feroient de plus leur
éloge, et que ceux dont les écrits auroient été réprouvés et jugés
indignes du concours seroient obligés de les esfacer ou avec une
éponge ou avec Ia langue, à moins qu’ils ne préférassent de recevoir
des férules ou d’être jettés dans la riviere. C’est à quoi Juvénal
semble faire allusion dans sa premiere satyre, en peignant ainsi les
effets de la crainte ( vcrs. 43 et 44) :
Palleat ut nudis pressit qui calcibus anguem,
Aut Lugdunensem Rhetor dicturus ad aram.
Ce temple et cet autel, qu’on nommoit Athenacum, étoient à
l’endroit où l’on a depuis bâti l’Abbaye d’Aînai.
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
CHRONOLOGIE IIISTORIQUE
D E S
COMTES DE LYONNOIS ET DE FOREZ.
Le Fokez , ou Forest, Foresium, ou Pagus Forensis, habité anciennementpar Ies Segusiani, dont Forum
Segusianorum, aujourd’hui Feurs, étoit le chef-lieu, fut compris sous l’Empire d’Honorius dans la premiere
Lyonnoise. De la domination des Romains ce pays passa sous celle des Bourguignons-, et, après la destruc-
tion du Royaume de ces derniers, il fut réuni à la Monarchie des Francs. Son étendue est de 21 lieues de
longueur sur 11 de Iargeur. II est bomé au Nord par le Charolois et le Beaujolois , au Midi par le Vélai et
le Vivarais, à l’Orient par le Lyonnois, et à l’Occident par l’Auvergne. Cette province se divise en haut et
bas Forez ; Mont-Brison, Mons Brusonis, maintenant capitale de tout le pays , est dans le haut ; Roanne ,
Rodumna, sur la Loire, est la principale ville et même la seule du bas Forez. Les premiers Comtes de Forez
le furent en même tems du Lyonnois et du Beaujolois. La ville de Lyon avoit été fondée, suivant l’opinion
la plus commune et la plus probable, l’an 709 de Rome par Munatius Plancus, Consul, pour les habitans
de Vienne, lorsqu’étant chassés de leur ville par les Allobroges, ils se retirerent au confluent du Rhône et de
la Saône (1) ; cette ville fut le siége des premiers Comtes de Forez, dont on peut faire remonter l’origine à
l’an 532, époque de la ruine du premier Royaume de Bourgogne, dans lequel étoit compris le Lyonnois.
Les plus connus des Comtes amovibies du Forez, sont Armentaire , Adalbert , Warnier , Sigonius ,
Annemond, Bertrand, et Gérard, surnommé vulgairement de Roussillon. Ce dernier, dont on
peut voir l’article à la tête des Comtes de Provence, ayant été dépouillé de ses dignités par Charles le Chauve,
le Monarquenomma, l’an 870, Guillaume I Comte de Lyon et des provinces en-decà de la Saône, c’est-
à-dire du Lyonnois, du Forez et du Beaujolois. Guillaume, profitant de la foiblesse et de l’éloignement de
nos Rois occupés à diverses guerres, s’établit insensiblement, et fit d’un emploi qui n’étoit qu’une Commis-
sion du Prince une espece de Fief héréditaire qu’il étendit sur la ville de Lyon, sous prétexte d’y conserver
les droits et les prétentions de nos Rois. Guillaume I mourut vers l’an 890. II eut d’ADELE, sa femme, Guil-
laume, qui suit.
GUILLAUME II.
890 ou environ. G uillaume II, EIs aîné de Guil-
laume I, prenoit le titre de Comte du Lyonnois. On
voit aussi un titre de l’Empereur Louis l’Aveugle de
l’an 902, où il est qualüié Duc et Marquis, parce qu’il
possedoit des terres sur les limites du Royaume de
France et du Royaume de Bourgogne. Guillaume II
mourutversl’an920, laissant Artaud, quisuit, et Ber-
nard ou Béraud, Sire de Beaujolois.
A R T A U D I.
Artaud I, Comte de Forez, fut le successeur de
Guillatime, son pere (et non pas son frere , comme
quelques uns le prétendent ), au Cornté de Lyonnois,
et continua la branche de Forez. Ce fut sous le gou-
vernement du Comte Artaud que Lothaire, Roi de
France, céda, l’an 955 , la ville de Lyon à Conrad,
Roi de Bourgogne, pour la dot de Mathilde de France,
sa sœur. Artaud mourut vers l’an 960 , laissant de
Tarésie, safemme, un fds, qui suit.
G I R A U D I.
960 ou environ. Giraud I, successeur d’Artaud,
son pere, épousa une Dame nommée Grimberge ,
dont il eut trois Els, Artaud, Comte de Lyon; Etienne,
Comte de Forez ; et Humphroi, Sire de Beaujeu; avec
une fdle nommée Adescelinde, qu’on croit, sansbeau-
coup de fondement, avoir été Abbesse de S. Pierre de
Lyon. Giraud mourut, à ce qu’on prétend, vers l’an
99°.
A R T A U D II.
990. Artaud II succéda à Giraud, son pere^ dans
le Comté de Lyon, et devint ensuite Comte de Forez,
on ne sait en quelle année, par la mort d’Etienne,
son frere, décédé sans enfans. L’Abbaye de Cluni se
( 1 ) L’heureuse position de Lyon rendit cette ville célebre dès son
origine. Soixante peuples des Gaules se cottiserent pour y bâtir un
temple en l'honneur de Rome et d’Auguste, et chacun d’eux fournit
une statue pour orner l’autel de ce Prince, avec une inscription par-
ticuliere. Caligula y fonda une Académie qui s’assembloit devant cet
autel, oii les plus habiles Orateurs alloient disputer le prix de l’élo-
quence et se soumettoient à la rigueur des loix qu’ilavoit prescrites.
Ellesportoient, entre autres choses, que les vaincus donneroient eux-
mêmes des récompenses aux vainqueurs, qu’ils feroient de plus leur
éloge, et que ceux dont les écrits auroient été réprouvés et jugés
indignes du concours seroient obligés de les esfacer ou avec une
éponge ou avec Ia langue, à moins qu’ils ne préférassent de recevoir
des férules ou d’être jettés dans la riviere. C’est à quoi Juvénal
semble faire allusion dans sa premiere satyre, en peignant ainsi les
effets de la crainte ( vcrs. 43 et 44) :
Palleat ut nudis pressit qui calcibus anguem,
Aut Lugdunensem Rhetor dicturus ad aram.
Ce temple et cet autel, qu’on nommoit Athenacum, étoient à
l’endroit où l’on a depuis bâti l’Abbaye d’Aînai.