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https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0085
D £ S DUCS E T ROIS D E POLOGNE.
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
DUCS ET ROIS DE POLOGNE.
La Pologne , ancienne patrie des Sclaves 5c des Sarmates , s’étendoit, avant le démembrement qui en
a été fait en 1772, sur 240'lieues en longueur, & environ 200 en largeur. Au Nord , eile avoit
pour limites la Mer baltique , la Livonie 5c la Russie , qui la bornoit aussi au Levant j la petite Tar-
tarie, la Valachie, la Transylvanie 5c la Hongrie la terminoient au Midi, 5c sAllemagne au Cou-
chant. Dans cette étendue se trouvoit compris le Grand-Duché de Lithuanie, qui eut autrefois ses
Souverains particuliers , 5c ne fut uni à la Pologne , comme on le verra dans Ia suite , que vers le
commencement du xvT siecle. Les limites de la Pologne étoient autrefois beaucoup plus reculées II
fut un tems ou ce Royaume comptoit entre ses possiessions la Silésie , la Lusace , la Poméranie , la {|
Livonie, les Duchés de Smolensko , de Séverie, de Czernichovie, 5c presque tout le Palatinat de
Kiou en Ukraine. On sait que chaque Province de Pologne se subdivise en Palatinats , & ceux-ci en
distribls auxquels on donne le nom de Starosties.
La Couronne de Pologne est éledive. C’est la Noblessie qui en dispose par ses Dépntés appellés Nonces.
Ce corps, divisé en deux Ordres, celui des Sénateurs 5c l’Ordre équestre , possiede le pouvoir législatif,
5c ne laissie au Souverain que celui de faire exécuter les loix auxquelles il est lui-même soumis. Ainsi
le gouvernement de la Pologne est aristocratique plutôt que monarchiqLie. le Roi cependant disnose
des charges 5c des honneurs , qu’il dispense à son gré , pourvu que ce soit à des nationaux. La servitude
est la condition de tous les paysans en Pologne. Ils travaillent cinq jours de la semaine pour le compte
de leurs maîtres, qui ont, ou s’arrogent le droit de vie 5c de mort sur eux. Les Bourgeois des villes
sont à la vérité libres sans être Nobies 3 mais ils ne peuvent possiéder de biens-fonds qu’à une lieue au-
toLir de leur cité. Les Evêques ; qui ne sont qti’au nombre de 17 , font partie de la Noblessie, 5c ont en-
trée dans le Sénat, ainsi que lesPalatins, les Srarostes , 5c les Castellans ou Gouverneurs de places.
La Langue des Polonois est un dialede du Sclavon , 5c differe de celie des Lithuaniens qui est uii dia-
Iedle du Sarmate. \
L’Archevêque de Gnesne est le Primat du Royaume , Sc en cette qualité il exerce dans l’interregne les droits
de la Royauté. L’éledion du Roi se fait à une lieue de Varsovie par toute la Noblessie polonoise assiemblée !
à chevai dans un champ qu’on nomme Kolau , dans le milieu duquel s’éleve un vaste bâtiment de bois ,
dit la S^opa, ou la Salie du Sénat. Les Nonces ou Députés des Palatinats assistent à ses délibérations pour
les porter aux Palatinats. Le champ éieôtoral est entouré d’un fossié avec trois portes, i’une pour la grande
Pologne , l’autre potir la petite , 5c la troisieme pour la Lithuanie.
Les Polonois regardent, comme Ie fondateur de leur Monarchie , Lech I, qui commença à régner l’an
5 50 , 5c dont les descendans occuperent le trône de Pologne , sous le titre de Ducs , l’espace d environ
300 ans , jusqu’à Popiel II. Mais tout ce qu’on raconte de ces Princes est si rempli de fiôtions, qti’on
a peine à y discerner aucun trait cle vérité. Nous passierons donc sous silence cette Dynastie pour venir à
la seconde qu’on nomrne celle des Piasts.
P I A S T.
L’an 841, Piast , simple habitant du village dc Cruswic en
Cujavie, fut élu Duc de Pologne par la nation, pour mettre
fin au long & fâcheux interregne qui avoit suivi la mort de
Popiel II. Ce choix extraordinaire fut justifié par l’événement.
Piast rétablit, par sa prudence , la paix & le bon ordre en
Pologne. On s'accorde à mettre sa mort en 861. Piast étoit
d’une taille grosle & courte , d’où lui vient son nom , qui si-
gnifie cn Polonois le moyeu d’une roue.
ZIÉMOYIT.
861. ZrÉMOviT, fils de Piast, lui succéda. Ce Prince fut
belliqueux; mais il n’employa ses armes que pour repouster les
attaques de ses voisins. II les mit bas dès qu’il leur eut appris
à les respedter. Ce fut lui qui montra les régles de l’art mili-
taire aux Polonois. Âuparavant ils n’avoient que leur courage
pour guide dans les combats. Ce Prince mourut i’an 89z.
L E S K O IV.
891. Lf.sico , fils & succesteur de Ziémovit, n’hérita point
de ses vertus. On le dépcint comme un Prince indolent & ti-
mide , qui laisià dans ses sujets la valeur sans exercice, & Ie
• mérite sans récompense. Il mourut l’an 913. ( Florus Polon. )
ZIÉMOMISL AS.
9T ;. Ziémomislas succéda au Duc Lesko , son pere , &
j fit à-peu-près le mcme personnage que lui sur le trône. II mou-
rut l’an 9 64.
MICISLAS, o u MIÉCISLAW I.
964. Micislas , ou Miecislaw , fils de Ziémomislas, étoit
né presque aveugle ; mais, ayant recouvré la vue à l’âge delept
ans , lorsqu’on fit la cérémonie de lui couper les cheveux , fut ;
choisi par la nation polonoise pour lui succcder. C’est la pre-
miere fois qu’elle exerça le droit d’élire ses maîtres. Les grandes
qualités de Micislas repondirent à ce choix & le justificrent.
Çuelques Mistîonnaires étant venus en Pologne au commence-
ment du régne de Micislas , i’engagerent à embraster le Chris-
tianisme, Icus la promesse qu’ils iui firent d’un gouvernement
heureux. Aiors il répudia sept concubines qu’ii entretenoit,
&: dont aucune ne l’avoit fait pere, rcçut ie Baptême , & épou- |
sa Dambrouka , fille de Bolesîas I, Duc de Boheme. Cette |
Princesse fut conduite en Poiogne par Philippe Persztin, tige |
de la Maison de Lesczinski. L’ans68, ouenviron, ie Pape |
Jean XIII, instruit de la conversion de Micislas , envcya de
nouveaux Missîonnaires en Poiogne , qui fonderent des Eglises
dans le puys. Mais il n’est pas vrai, comme i’avancent les Ecri- j
vains polonois, c]u’on y érigea dès lorsdeuxArchevêchés. (Pagi.j j
La ferveur des Polonois nouvellement convertis fut telle, j
qu’aux jours d’abstinence étabiis dans l’Egiile , ils ajouterent j
ies mercredis de toute i’année , & commencerent le Carême à
la Septuagésime. Manger de la viande les jours dèfendus étoit
un crime qu’ils punissbient en faisant arracher les dents au cou-
pable, à moins qu’il ne fùt en état de se racheter de ce iupplice
par une groste amende. Onpeut juger par là combienle zelede
ces nouveaux Chrétiens tenoit encore de la férocité de lcurs an-
ciennes mocurs. De ces deux pratiques , la premiere subsiite
encôre de nos jours, à Ia peine près. L’autre a été abolie sous
le pontificat d’innocent III. Mais un point sur lequcl on na
jamais pu convertir les Polonois, c’est le divorce qu iis se sont
toujours cru permis, avec la liberté d’épouser une autre femme