DES SIRES OU BARONS, PUIS DUCS DE BOURBON. 4n
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
SÏRES OU BARONS, PUIS DUCS DE BOURBON.
Le Bourbonnois , dont Moulins est aujourd’hui la capitale , a pour limites au Septentrion le Nivernois &
le Berri, au Midi l’Auvergne, à l’Orient la Bourgogne 8c le Forès , & à l’Occident ie Berri. Son étendue
est de vingt-sept lieues en longueur sur onze de largeur.
Du tems de César, les Edui postedoient une partiedece pays, 8c l’autre étoit partagée entre les Arverni
8c les Bituriges CubL Mais, parmi ces habitans , vinrent se mêler les Boii, peuple de Germanie , qui,
ayant été battus par César avec les Helvetü, au secours desquels ils étoient venus, se réfugierent chez les
Èdui 8c furent distribués par eux entre l’Allier 8c la Loire.
Sous l’Empire d’Honorius, le Bourbonnois étoit compris , pour la plus grande partie , dans la premiere
Aquitaine ; 8c le reste j savoir ce qui est entre l’Allier 8c la Loire , fiit attribué à la premiere Lyonnoise.
Les Vistgoths , ayant conquis ce pays sur les Romains , en furent eux-mèmes dépouiilés par ies Francs
après la célebre vidoire que Clovis remporta , l’an 507 , sur Alaric. Le Bourbonnois stt ensuite partie du
gouvernement de la premiere Aquitaine j mais au x c stécle il étoit dans la mouvance immédiate de la
Couronne , 8c étoit compté pour l’une des trois principales Baronies du Royaume.
A I M A R.
est regardé comme la tige des Sei-
Aimar , ou Adémar
gneurs de Bourbon. Ce domaine lui venoit de ses ancêtres cjui
avoient poisédé de grands biens dans l’Auvergne, le Charolois
8c l’Autunois, dont on ne distinguoit pas encore le Bourbon-
nois. En effet il étoit petit-fils, par Dibelong, ou Nivelon II,
son pere, de Childebrand II, qui, l’an 814 , fit une donation
en fonds de terre au Monastere des Religieuses d’Iseure , de iso-
dro , près de Moulins. Childebrand y dit positivement qu’il te-
noit ces fonds de Dibelong , son pere, de genitorc meo Dibe-
longo Comitequondam legitimâ hereditatepervenit adme. ( Gall.
Chrif. no. T. II, col. 377. ( Or ce Dibelong, ou Nivelon I, étoit
filsde Childebrandl, frere deCharles Martel, comme on croit
l’avoir démontré dans Ia Généalogie de la Maison de France. Ai-
marfondalui-même ie Monastere deSouvigni, de Silviniaco, à
deux lieues de Moulins , pour l’Ordre de Cluni. La Charte de
cet établissement est datée, die lun&, in mense Martio, an-
no XXIV, regnante Carolo. ( Gall. Chr. no. T. II, col. 377)3
ce qu’un Moderne rapporte à l’an 863, 14 e du régne de Char-
les le Chauve. Mais alors Cluni n’existoit pas encore, puisqu’ii
nc fut fondé qu’en 910. Ce n’est donc point au régne de Char-
les le Chauve que cet aète se rapporte, mais à celui de Charles
Ie Simple, dont la 14 e année, à le commencer au 3 Janvier
898 , suivant une de ses époques, tombe en l’an 911 de notre
Ere. On ignore combien depuis ce tems Aimar vécut. II avoit
épousé Ermengarde dont il eut trois fils, Aimon, Dacbert, 8c
Archambaud. Le pere de ces enfans, dont on prouvera ci-des-
sous l’existence, n’est donc pas le même qu’Aimar, ou Adémar,
Comte de Poitiers, qui n’en eut aucun.
G U I.
Gui, frere, à ce qu’il paroît, d’Aimar, lui succéda vraisem-
blablement à cause de la minorité dc ses neveux. II ne nous est
connu que par son seing, qu’il mit au bas de la Charte de fon-
dation du Prieuré de S. Vincent de Chantelle , à cinq lieues de
Bourbon-Lanci. Cet aète est daté du z6 Mars 93 6, êc Gui le
souscrivit en ces termes : S. Guidonis Comitis Burbon. (Besii,
hift. des Comtes de Poitou, p. zj 6. ) C’est le seul Seigneur de
Bourbon qui ait pris le titre de Comte à raison de cette Sei-
gneurie. Gui mourut sans enfans, on ne peut dire en quelle
année.
A I M O N I.
touché de repentir, non seulement il restitua ce qu'il avoit
usurpé , il y ajouta même, par forme de réparation , in emen-
dationem, une nouvelle terre appellée Longovernum. Dans
l’aète qui contient ces dispositions, 8c dont la date est du mois
de Janvier de la XVIII e année du régne de Louis d’Outrcmer
(953 de J. C. ), il dit que c’est pour le repos des ames d’Aimar,
son pere, d’Ermengarde, sa mere, de Dacbert 8c d’Archam-
baud, ses freres , d’ALDESiNDE , sa femme , 8c de ses fils, Gé-
rard & Archambaud. ( Mabillon , Ann. Ben. T. III, p. 370. )
ïl ne faut pas conclure de là que toutes ccs personnes fussent
décédées alors, Dans un moment on verra la preuve du con-
traire. Aimon survécut plusieurs années à cct aè'te ; & ce qui le
prouve , ce sont quatre autres de ses fils qui n’y sont point dé-
nommés, 8c qu’ii eut par conséquent depuis, savoir , Aimon ,
Ebles , Humbert 8c Ancelme ou Anceaume , fondateur du châ-
teau de Bourbon-Lanci, duquel sont descendus, suivant Du
Bouchet, les Seigneurs de Bourbon-Lanci , de Montpéroux , de
Montmor, de la Boulaie 8c de Classi. Ceux de Montpéroux, dit
le P. Anselme, subsistoient, i’an 1371, dans. la personne de
Jean de Bourbon, Seigneur de Montpéroux , marié à Laure de
Bordeaux , Dame de Chatelus , veuve de Guillaume de Mon-
tagu, Seigneur de Sombernon. Le sils aîné d’Aimon I précéda
son pere au tombeau. Humbert, cinquieme fils d’Aimon, avoit
dans la portion dc son héritage un Prévôt nommé Angelelme,
dont nous avons la Charte d’une donation qu’il sit d’une mé-
tairie située au lieu dit Varenges, en faveur de i’Abbaye de
Cluni, du consentement de Jarlende, sa femme, 8c de leurs
fils. ( Arch. de CLuni. )
ARCHAMBAUD I.
Archâmbaud I, second fils d’Aimon I 8c son principal hé-
ritier, transmit son nom à ses successeurs, 8c l’attacha au châ-
teau de Bourbon, chef-lieu pour iors du Bourbonnois, qui fut
nommé depuis Bourbon-l’Archambaud, pour ie distinguer des
àutres lieux nommés Bourbon. Ce château existoit long-tems
auparavant, puisqu’on voit, dans l’histoire contemporaine du
Roi Pepin le Bref, que ce Prince, étant venu dans leNivernois
à la poursuite de Waifre, 8c ayant passé la Loirc , prit & brûia
le château de Bourbon. ( Bouquet, T. V, p. 5. ) Archambaud
confirma, l’an 959, lcs donations faites par son pere & son
aïeul au Prieuré de Souvigni. II avoit épousé Roxilde, que
Blondel fait, sans raison, fille d’Hildegaire, Vicomte de Li-
moges , & fernme en premieres noces de Gérard, fon succes-
seur. L’identité de nom de la femme d’Archambaud 8c de celle
de Gérard est le seul fondement de cette opinion. II paroit
cju’Archambaud n’eut qu’un fils de son mariagc.
Aimon, fils aîné d’Aimar, fut le successeur dc Gui dans la
Seigneurie de Bourbon. Après avoir recouvré son héritage il
voulut revehir contre les donations pieuses que son pere avoit
faites. Ne pouvant y réussir par les voies de droit, il employa
celles de fait, & reprit cle force une partie des fonds que son .
pere avoit donnés au Prieure de Souvigni. Mais dans la suite, | Aechambaud II, fils d’Archambaud I selon les uns , son
ARCHAMBAUD II.