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CHRONOLOGIE HISTORIQUE
NOLOGIE HISTORIQUE
D E S
COMTES, puis DUCS, D E RÉTHEL.
Réthel , en latin Reitcste, Reistetum et Registetum , et même Rastrum dans le Diplôme de la donation de
Doncheri, faite par l’Empereur Charles le Gros à l’Abbaye de S. Médard, yille bâtie sur la riviere d’Aisne,
à sept lieues cle Reims et douze de Châlons, n’étoit qu’un yillage au vi e siecle. On voit en effet dans la
vie de S. Arnoul, Evêque cle Metz que Cyriaque, son pere, et Quintienne , sa mere , donnerent à
S. Remi, Evêque de Reims, tout ce qu’ils possédoient in villa Reüeste, pour obtenir du ciel un fils par
ses prieres. Ce n’étoit pas même encore au xe siecle un lieu bien important, lorsque , vers l’an 970 , Adal-
béron, Archevêque de Reims, en fit don, avec d’autres Domaines, à l’Abbaye de S. Remi. Les Religieux
de ce Monastere nommerent pour la défense de ces terres des Avoués , qui bientôt se rendirent propriétaires,
et prirentle titre de Corntes. Le Réthelois, érigé en Duché le i5 Décembre i663, sous le titre de Mazarin,
comprend, avec la Baronie deRosoi, quiy a été unie, 336 tant bourgs que villages, et trois villes, Réthel,
Mezieres et Doncheri. Les armes de Réthel sont de gueules à deux rateaux endentelés d’or, qui semblent
faire allusion au nom de Rastrum, que cette ville , comme on l’a dit, a quelquefois porté. Réthel fut au-
trefois compris dans les sept Comtés-Pairies de Champagne.
MANASSES I.
ManassAs I est le plus ancien Comte de Réthel dont
la mémoire se soit conservée jusqu’à nous. Son nom
se rencontre parmi les souscripteurs d’une Charte du
R.oi Lothaire , donnée, Pan 974, en faveur du Monas-
tere de S. Thierri, près de Reims. (Bouquet, T. IX,
pag. 635.) Après la mort de Louis V, successeur de
ce Monarque , il embrassa les intérêts de Charles, Duç
de Lorraine, oncle de ce dernier, contre Hugues Capet,
à qui la plupart des Grands avoient déléré la Cou-
ronnede Erance. L’an 990 , Charles détacha Manassès
avec Roger, Comte de Porcien ou de Château-Porcien,
son frere , ou du moins son proche parent, pour s’ap-
procher durant la nuit cle la ville de Reims , que le
Prêtre Adalger s’étoit engagé à lui livrer. Adalger en
effet leur ouvrit une des portes , comme il en étoit
convenu avec l’Archevêque Arnoul, frere naturel de
Charles , et les introduisit dans la ville dont ils s’em-
parerent sans résistance. Mais ayant voulu engager le
Clergé de Reims à reconnoître Charles pour Roi de
France , et ne pouvant en venir à bout par la voie de
la persuasion, ils employerent celle de ia contrainte.
Coinrne il s’étoit réfugié dans la grande Eglise , ils y
entrerent à main armée, en lierent les principaux avec
plusieurs notables du peuple , et les mirent en prison.
L’Archevêque Arnoul, auteur de la trahison, feignant
de rester fidele au lloi Hugues , se laissa prendre
comme les autres ; et
il fulmina de là
‘ que
Comtes Manassès et Roger
s’étant sauvé ensuite à Laon ,
une excommunication contre les
ainsi qu.e contre leurs
partisans. (Bouquet, T. X, p. 6i5.) On sait la ven-
geance que Hugues tira de la perfidie d’Arnoul ; mais
l’histoire 11e nous apprend pas comment il punit les
deux Corntes qui avoient été les Ministres de ce Prélat.
Après la mort de Manassès I, sa veuve N., dont il
laissa un fils de même nom que lui , et un autre ,
nommé Iloger, épousa en secondes noces Herman ,
Comte de Grand-Pré, qu’elle fit pere de trois fils.
( Voy. les Comtes cle CrancL-Prè.)
MANASSÈS II.
Manasses II, fds du précédent, lui succéda au
Cornté de lléthèl. II étoit marié pour lors avec Yvete ,
fille de Gilbert, Comte de Rouci, mort avant la fin
du x e siécle. Son nom se rëncontre parmi les souscrip-
teurs cl’une Charte de Gui, Archevêque delleims, par
laquelle il donne l’Eglise de S. Quentin de Mouson à
l’Abbaye de S. Vincent de Laon. Ce Diplôtne est de
l’an 1048. L’an io55, le Comte Manassès prêta ser-
ment de fidélité à Gervais, Archevêque de Reims, pour
les terres que lui, son pere et son aïeul, avoient recues
de cette Eglise. (Marlot, Hist. Eccles. Rem. T. II,
pag. 113. ) Le Domaine de Manassès s’étendoit bien
au-delà de Réthel. Sans parler du Comté de Porcien,
qui lui échut, on 11e sait en quel tems ni de quelle ma~
niere ( Marlot , Hist. Eccles. Rem. 1. 2, p. 33q ) il
étoit propriétaire de Sainte-Menehould et d’un autre
lieu noinmé Septiminium par Laurent de Liége , et
Setunia par Albéric; ce qui semble au nouvel Histo-
rien de l’Eglise de Verdun désigner le bourg , aujour-
COMTES DE GRAND-PRE.
GflANd-Pré , ville de Champagne au diocèse de Reims, ainsi nommée a cause de ses grandes et belles prairies,
situées à cinq lieues et demie de Sainte-Menehould, quatre lieues et demie de Stenai, sept lieues et demie
de Verdun, dix de Châlons-sur-Marne, et autant de Reims, est le chef-lieu d’un Comlé qui faisoit autre-
fois parlie des sept Comtés-Pairies de Champagne.
Herman, que l’on croit avoir vécu en 1060, est le premier, à ce
quïl paroît, qui a porté le titre de Comte de Grand-Pré. il est
ainsi qualifié dans le Nécrologe de l’Eglise de Reims. En mou-
rant, il laissa trois fiis de N., son épouse, veuve de Manassès 1,
Comte de Rétiiel.
Henri I, fils aîné d’Herman et son successeur, dit aussi Hes-
celin ou le petit HENra, fut un des Seigneurs qui, avec Baudouin,
son frere, scelierent de leurs sceaux, du tems de Godefroi le Barbu,
Comte de Louvain , puis Duc de la basse Lorraine, i’acte par le-
quel ce Prince substitua des Moines de S. Hubert aux Chanoines
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
NOLOGIE HISTORIQUE
D E S
COMTES, puis DUCS, D E RÉTHEL.
Réthel , en latin Reitcste, Reistetum et Registetum , et même Rastrum dans le Diplôme de la donation de
Doncheri, faite par l’Empereur Charles le Gros à l’Abbaye de S. Médard, yille bâtie sur la riviere d’Aisne,
à sept lieues cle Reims et douze de Châlons, n’étoit qu’un yillage au vi e siecle. On voit en effet dans la
vie de S. Arnoul, Evêque cle Metz que Cyriaque, son pere, et Quintienne , sa mere , donnerent à
S. Remi, Evêque de Reims, tout ce qu’ils possédoient in villa Reüeste, pour obtenir du ciel un fils par
ses prieres. Ce n’étoit pas même encore au xe siecle un lieu bien important, lorsque , vers l’an 970 , Adal-
béron, Archevêque de Reims, en fit don, avec d’autres Domaines, à l’Abbaye de S. Remi. Les Religieux
de ce Monastere nommerent pour la défense de ces terres des Avoués , qui bientôt se rendirent propriétaires,
et prirentle titre de Corntes. Le Réthelois, érigé en Duché le i5 Décembre i663, sous le titre de Mazarin,
comprend, avec la Baronie deRosoi, quiy a été unie, 336 tant bourgs que villages, et trois villes, Réthel,
Mezieres et Doncheri. Les armes de Réthel sont de gueules à deux rateaux endentelés d’or, qui semblent
faire allusion au nom de Rastrum, que cette ville , comme on l’a dit, a quelquefois porté. Réthel fut au-
trefois compris dans les sept Comtés-Pairies de Champagne.
MANASSES I.
ManassAs I est le plus ancien Comte de Réthel dont
la mémoire se soit conservée jusqu’à nous. Son nom
se rencontre parmi les souscripteurs d’une Charte du
R.oi Lothaire , donnée, Pan 974, en faveur du Monas-
tere de S. Thierri, près de Reims. (Bouquet, T. IX,
pag. 635.) Après la mort de Louis V, successeur de
ce Monarque , il embrassa les intérêts de Charles, Duç
de Lorraine, oncle de ce dernier, contre Hugues Capet,
à qui la plupart des Grands avoient déléré la Cou-
ronnede Erance. L’an 990 , Charles détacha Manassès
avec Roger, Comte de Porcien ou de Château-Porcien,
son frere , ou du moins son proche parent, pour s’ap-
procher durant la nuit cle la ville de Reims , que le
Prêtre Adalger s’étoit engagé à lui livrer. Adalger en
effet leur ouvrit une des portes , comme il en étoit
convenu avec l’Archevêque Arnoul, frere naturel de
Charles , et les introduisit dans la ville dont ils s’em-
parerent sans résistance. Mais ayant voulu engager le
Clergé de Reims à reconnoître Charles pour Roi de
France , et ne pouvant en venir à bout par la voie de
la persuasion, ils employerent celle de ia contrainte.
Coinrne il s’étoit réfugié dans la grande Eglise , ils y
entrerent à main armée, en lierent les principaux avec
plusieurs notables du peuple , et les mirent en prison.
L’Archevêque Arnoul, auteur de la trahison, feignant
de rester fidele au lloi Hugues , se laissa prendre
comme les autres ; et
il fulmina de là
‘ que
Comtes Manassès et Roger
s’étant sauvé ensuite à Laon ,
une excommunication contre les
ainsi qu.e contre leurs
partisans. (Bouquet, T. X, p. 6i5.) On sait la ven-
geance que Hugues tira de la perfidie d’Arnoul ; mais
l’histoire 11e nous apprend pas comment il punit les
deux Corntes qui avoient été les Ministres de ce Prélat.
Après la mort de Manassès I, sa veuve N., dont il
laissa un fils de même nom que lui , et un autre ,
nommé Iloger, épousa en secondes noces Herman ,
Comte de Grand-Pré, qu’elle fit pere de trois fils.
( Voy. les Comtes cle CrancL-Prè.)
MANASSÈS II.
Manasses II, fds du précédent, lui succéda au
Cornté de lléthèl. II étoit marié pour lors avec Yvete ,
fille de Gilbert, Comte de Rouci, mort avant la fin
du x e siécle. Son nom se rëncontre parmi les souscrip-
teurs cl’une Charte de Gui, Archevêque delleims, par
laquelle il donne l’Eglise de S. Quentin de Mouson à
l’Abbaye de S. Vincent de Laon. Ce Diplôtne est de
l’an 1048. L’an io55, le Comte Manassès prêta ser-
ment de fidélité à Gervais, Archevêque de Reims, pour
les terres que lui, son pere et son aïeul, avoient recues
de cette Eglise. (Marlot, Hist. Eccles. Rem. T. II,
pag. 113. ) Le Domaine de Manassès s’étendoit bien
au-delà de Réthel. Sans parler du Comté de Porcien,
qui lui échut, on 11e sait en quel tems ni de quelle ma~
niere ( Marlot , Hist. Eccles. Rem. 1. 2, p. 33q ) il
étoit propriétaire de Sainte-Menehould et d’un autre
lieu noinmé Septiminium par Laurent de Liége , et
Setunia par Albéric; ce qui semble au nouvel Histo-
rien de l’Eglise de Verdun désigner le bourg , aujour-
COMTES DE GRAND-PRE.
GflANd-Pré , ville de Champagne au diocèse de Reims, ainsi nommée a cause de ses grandes et belles prairies,
situées à cinq lieues et demie de Sainte-Menehould, quatre lieues et demie de Stenai, sept lieues et demie
de Verdun, dix de Châlons-sur-Marne, et autant de Reims, est le chef-lieu d’un Comlé qui faisoit autre-
fois parlie des sept Comtés-Pairies de Champagne.
Herman, que l’on croit avoir vécu en 1060, est le premier, à ce
quïl paroît, qui a porté le titre de Comte de Grand-Pré. il est
ainsi qualifié dans le Nécrologe de l’Eglise de Reims. En mou-
rant, il laissa trois fiis de N., son épouse, veuve de Manassès 1,
Comte de Rétiiel.
Henri I, fils aîné d’Herman et son successeur, dit aussi Hes-
celin ou le petit HENra, fut un des Seigneurs qui, avec Baudouin,
son frere, scelierent de leurs sceaux, du tems de Godefroi le Barbu,
Comte de Louvain , puis Duc de la basse Lorraine, i’acte par le-
quel ce Prince substitua des Moines de S. Hubert aux Chanoines