CHRONOLOGIE HISTORIQUE
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
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D E S
COMTES D E SOISSONS,
Le Soissonnois , civitas Suessionum , aujourd’hui renfermé danS un espace d’environ treize lieues de îongueur
sur huit de largeur, entre le Noyonnois > la Champagne, le Laonnois et le Valois, avoit originairement des
limites beaucoup plus reculées. Borné au Couchant par les terres des Vermandois et des Bellovaques, etpar
tme partie de celles des Parisiens et des peuples appellés depuis Melcli ( ce sont ceux du diocèse de Meaux),
il s’étendoit du côté du Midi au-delà de la Marne , et touchoit à l’extrémité du pays des Senonois ; la cité
des Rémois , dans laquelle étoit comprise , sinon la totalité , du moins une partie du Laonnois, lui servoit
de frontiere à l’Orient; et enhn du côté du Nord il confmoit au pays desNerviens ; ce qui donnoit une lon-
gueur de. vingt-quatre lieues sur neuf de largeur. Ce petit Etat comprenoit douze villes, dont il n’est pas
facile de marquer la position , pas même celle de la capitale, appellée dans les anciens<jéographes tantôt
Noviodunum, tantôt Augusta Suessionum. LesR.émoisdu tems de César regardoient Ies Soissonnois comme
leurs freres, étant unis avec eux par les liens du sang, par les mêmes loix, par la mème forme de gouverne-
ment. Cependantles Soissonnois avoient un Roi particulier. C’étoit Galba, lorsque César entra dans les
Gaules. II avoit succédé à Divitiac, qui avoitpassé en Angleterre où il s’étoit établi après avoir fait la con-
quête de la côte méridionale de cette Isle. Galba n’avoit point dégénéré de la valeur de son devancier. Ré-
solu de maintenir la liberté de son pays, il se mit à la tête de ia confëdération que firent tous les Belges,
à l’exception des Rémois, pour s’opposer à l’invasion des Ilomains. Bientôt il eut une armëe d’environ
160 mille hommes, dont la cinquieme partie étoit tirée du Soissonnois ; ce quidoitfairejuger desapopula-
tion. II s’en falloit bien que César eût des forces aussi considërables ; mais son habileté et la diseipline qui
régnoit dans son armée suppléerent au nombre. Par des marches savantes et des attaques imprévues, il
trompa les alliés, leur fit perdre beaucoup de monde , et jetta parmi eux l’épouvante et la désunion. Malgré
les esforts que fit Galba pour les retenir sous ses drapeaux, ils abandomierent la campagne , retournerent
chacun chez eux, et forcerentpar leur retraite ce Général d’aller se renfermer dans sa capitale. Cësar ne
tarda pas à venir l’y assiéger. La place fit d’abord une assez vigoureuse résistance ; mais lorsqu’elle vit les
machines qu’on préparoit pour lui donner l’assaut, elle prit le parti de se rendre, après quoi lout îe reste
plia devant les Romains. Cësar, devenu maître de la Gaule belgique , réunit sous une mêrne cité les Sois-
sonnois aux Ilémois, et les déclara également libres, c’est-à-dire exempts des impôts et de la plupart des
charges publiques ; et comme Reims passoit pour la Métropole de la Belgique, Soissons tint le second
rang dans celte partie des Gaules : de là vient en partie le titre de premier Susfragant dont jouit encore
l’Evêque de Soissons dans la province ecclésiastique de Reims, à quoi l’on peut ajouter que la lumiere de
l’Evangile fut apportée dans l’une et l’autre ville environ le même tems , c’est-à-dire vers le commencemeni
du troisieme siécle. Sixte, premier Evêque de Reims, ordonna Sinice premier Evêque de Soissons.
Les Soissonnois demeurerent constamment hdeles aux Romains parmi les révolutions que l’Einpire de ces
maîtres du monde éprouva dans les Gaules. Classicus et Civilis, qui firent soulever une grande partie des
Belges , tandis que Galba , Otton et Vitellius se disputoient l’Empire, ne purent entraîner les Soissonnois
dans leur révolte. Lors même que les Barbares vinrent de toute part inonder les Gaules, Soissons conserva
le même attachement pour les Romains. Elle tint ses portes fermées aux Vandales et aux Huns , qui n’ose-
rent entreprendre de les forcer. Lorsque ces deux torrens furent passés , elle leprit un nouveau lustre en
devenant la résidence du Préfet des Gaules. Ce fut Egidius ou Gilon, successeur du Patrice Aëtius , qui en
fit le chef-lieu de son département. II fortifia cette ville de maniere que ni Clodion ni Childéric, Rois des
f rancs , n’oserent l’attaquer. Grégoire de Tours donne à Egidius le titre de Roi. II en exerçoit en esfet l’au-
torité sur les Gaulois , qui n’avoient point encore subi le joug des Barbares : les Francs eux-mêmes lui dé-
férerent ce titre en le substituant à leur Roi Childéric , qu’ils avoient chassé. Egidius , à la vérité, ne mit
pas assez de moderation dans son gouvernement pour faire oublier le Prince qu’il remplaçoit : les Francs,
bientôt las de son despotisme , rappellerent Childéric ; mais Egidius resta maître , comme auparavant, des
Gaulois-Romains, et suspendit par son habileté la ruine entiere de l’Empire romain dans les Gaules. Son
fils , Siagrius , qui lui succéda vers l’an 460 , marcha sur ses traces. II arrêta les progrès de Childéric ; mais sa
valeur échoua contre celle de Clovis , qui remplaça Childéric, son pere, sur le trône des Francs. Battu par
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
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D E S
COMTES D E SOISSONS,
Le Soissonnois , civitas Suessionum , aujourd’hui renfermé danS un espace d’environ treize lieues de îongueur
sur huit de largeur, entre le Noyonnois > la Champagne, le Laonnois et le Valois, avoit originairement des
limites beaucoup plus reculées. Borné au Couchant par les terres des Vermandois et des Bellovaques, etpar
tme partie de celles des Parisiens et des peuples appellés depuis Melcli ( ce sont ceux du diocèse de Meaux),
il s’étendoit du côté du Midi au-delà de la Marne , et touchoit à l’extrémité du pays des Senonois ; la cité
des Rémois , dans laquelle étoit comprise , sinon la totalité , du moins une partie du Laonnois, lui servoit
de frontiere à l’Orient; et enhn du côté du Nord il confmoit au pays desNerviens ; ce qui donnoit une lon-
gueur de. vingt-quatre lieues sur neuf de largeur. Ce petit Etat comprenoit douze villes, dont il n’est pas
facile de marquer la position , pas même celle de la capitale, appellée dans les anciens<jéographes tantôt
Noviodunum, tantôt Augusta Suessionum. LesR.émoisdu tems de César regardoient Ies Soissonnois comme
leurs freres, étant unis avec eux par les liens du sang, par les mêmes loix, par la mème forme de gouverne-
ment. Cependantles Soissonnois avoient un Roi particulier. C’étoit Galba, lorsque César entra dans les
Gaules. II avoit succédé à Divitiac, qui avoitpassé en Angleterre où il s’étoit établi après avoir fait la con-
quête de la côte méridionale de cette Isle. Galba n’avoit point dégénéré de la valeur de son devancier. Ré-
solu de maintenir la liberté de son pays, il se mit à la tête de ia confëdération que firent tous les Belges,
à l’exception des Rémois, pour s’opposer à l’invasion des Ilomains. Bientôt il eut une armëe d’environ
160 mille hommes, dont la cinquieme partie étoit tirée du Soissonnois ; ce quidoitfairejuger desapopula-
tion. II s’en falloit bien que César eût des forces aussi considërables ; mais son habileté et la diseipline qui
régnoit dans son armée suppléerent au nombre. Par des marches savantes et des attaques imprévues, il
trompa les alliés, leur fit perdre beaucoup de monde , et jetta parmi eux l’épouvante et la désunion. Malgré
les esforts que fit Galba pour les retenir sous ses drapeaux, ils abandomierent la campagne , retournerent
chacun chez eux, et forcerentpar leur retraite ce Général d’aller se renfermer dans sa capitale. Cësar ne
tarda pas à venir l’y assiéger. La place fit d’abord une assez vigoureuse résistance ; mais lorsqu’elle vit les
machines qu’on préparoit pour lui donner l’assaut, elle prit le parti de se rendre, après quoi lout îe reste
plia devant les Romains. Cësar, devenu maître de la Gaule belgique , réunit sous une mêrne cité les Sois-
sonnois aux Ilémois, et les déclara également libres, c’est-à-dire exempts des impôts et de la plupart des
charges publiques ; et comme Reims passoit pour la Métropole de la Belgique, Soissons tint le second
rang dans celte partie des Gaules : de là vient en partie le titre de premier Susfragant dont jouit encore
l’Evêque de Soissons dans la province ecclésiastique de Reims, à quoi l’on peut ajouter que la lumiere de
l’Evangile fut apportée dans l’une et l’autre ville environ le même tems , c’est-à-dire vers le commencemeni
du troisieme siécle. Sixte, premier Evêque de Reims, ordonna Sinice premier Evêque de Soissons.
Les Soissonnois demeurerent constamment hdeles aux Romains parmi les révolutions que l’Einpire de ces
maîtres du monde éprouva dans les Gaules. Classicus et Civilis, qui firent soulever une grande partie des
Belges , tandis que Galba , Otton et Vitellius se disputoient l’Empire, ne purent entraîner les Soissonnois
dans leur révolte. Lors même que les Barbares vinrent de toute part inonder les Gaules, Soissons conserva
le même attachement pour les Romains. Elle tint ses portes fermées aux Vandales et aux Huns , qui n’ose-
rent entreprendre de les forcer. Lorsque ces deux torrens furent passés , elle leprit un nouveau lustre en
devenant la résidence du Préfet des Gaules. Ce fut Egidius ou Gilon, successeur du Patrice Aëtius , qui en
fit le chef-lieu de son département. II fortifia cette ville de maniere que ni Clodion ni Childéric, Rois des
f rancs , n’oserent l’attaquer. Grégoire de Tours donne à Egidius le titre de Roi. II en exerçoit en esfet l’au-
torité sur les Gaulois , qui n’avoient point encore subi le joug des Barbares : les Francs eux-mêmes lui dé-
férerent ce titre en le substituant à leur Roi Childéric , qu’ils avoient chassé. Egidius , à la vérité, ne mit
pas assez de moderation dans son gouvernement pour faire oublier le Prince qu’il remplaçoit : les Francs,
bientôt las de son despotisme , rappellerent Childéric ; mais Egidius resta maître , comme auparavant, des
Gaulois-Romains, et suspendit par son habileté la ruine entiere de l’Empire romain dans les Gaules. Son
fils , Siagrius , qui lui succéda vers l’an 460 , marcha sur ses traces. II arrêta les progrès de Childéric ; mais sa
valeur échoua contre celle de Clovis , qui remplaça Childéric, son pere, sur le trône des Francs. Battu par