830 chronologie historique
DUCS D E NORMANDIE.
en 917. Rôllon gouverna son peupie
avec tantde sagesse, quesonnom invo-
qué contre quelqu’un, l’obligeoit de se
présenter devant les Juges. C’est l’ori-
gine, suivant laplus communé opinion,
du fameux cri cle Haro , qui est encore
aujourd’liui en usage dans la Norman-
ciie. Les loix cp’ii fit contre le vol
furent observées si exactement, qu’on
n’osoit mêine ramasser ce qu’on ren-
controit par liasard, dans la crainte de
passer pour l’avoir volé ; sur quoi l’on
raconte qu’un jour ce Prince ayant sus-
pendu un de ses bracelets aux branches
d’un chêne sous lequel il s’étoit reposé
dans une partie de cliasse, et l’ayant
oublié , ce bracelet y resta trois ans
sans que personne eût la hardiesse de
l’enlever , tant 011 étoit persuadé que
rien 11e pouvoit échapper aux recher-
ches et à ia sévérité cle Rollon. On rap-
porte à ce Prince l’institution de l’Echi-
quier ,a)u Parlernent ambulatoire, qui
fut depuis rendu sédentaire à Rouen.
Rollon avoit épousé i° Pope , ou Pa-
pie , fille du Comte Bérenger ( et non
de Waleran , Cornte cle Vexin), qu’il
répudia pourépouser la fille de Charles
le Simple. Celle-ci étant nrorte,vers l’an
919, des nrauvais traitemens, dit-011,
de son niari qui ne l’aimoit pas à cause
cju’elie étoit Françoise, RoIIon reprit
Pope, dont il eut Guillaume et Aclele ,
dite aussi Héloys et Gerloc ( trois noms
de la même personne), femme de Guil-
laume, Tête-d’étoupes, Comte de Poi-
tiers. Le cri de guerre des Normands
étoit Diex aix, Dieu aide.
GUILLAUMEI, dit LONGUE-ÉPÉE.
927. Guillaume I, successeur de
Rollon son pere, signala le commen-
cernent de son régne par divers ex-
ploits contre les Bretons, qui avoient à
leur tête les Comtes Bérenger et Alain.
Vainqueur cle l’un et de l’autre, il reçut
en grace le premier, et obligea l’autre
à se réfugier en Angleterre, d’où il ne
revint qu’en 906.
Guillaume, l’an 900 , fait hommage
au Roi Raoul, qui lui donne les terres
des Bretons situées sur la côte mari-
tiine, c’est-à-dire l’Avranchin et le Co-
tantin. (Frodoard.) Riulfe, Comte de
Coutances , se révolte contre son nou-
veau Suzerain ; Guillaume vient fondre
sur les rebelles , dont il inassacre un
grand nombre ; Riulfe se sauve avec
peine. Le lieu du cornbat s’appella de-
puis Le pré de la bataille. ( PVïllelm.
Gemmetic. L. 3, c. 2. ) Guillaume, l’an
906, accompagné de Flugues le Grand
et d’Herbert, Comte de Vermandois,
va recevoir à Boulogne le nouveau lloi
Louis d’Outre-mer, qu’ils avoient fait re-
venir cI’Angleterre, le conduit à Laon,
et assiste à son couronnement. Mais s’é-
tant brouillé, l’an 989, avec ce Prince,
il entre dans la ligue formée contre lui
par Hugues le Grand et Herbert, comp-
tantpour rien l’excommunication pro-
COMTES D’AN JO U.
cesseur d’Ingelger son pere, réunit en
sa main les deux Cointés de deçà et
de delà la Maine, par la faveur de ceux
cjui gouvernoient la France sous la
minorité de Charles le Sirnple. Foul-
ques est représenté par les Flistoriens
connne un Prince hardi, actif et en-
treprenant, mais en même tems d’un
esprit souple et dissimulé. 11 eut con-
tre les Bretons et les Normands plu-
sieurs guerres dont il se tira avec avan-
tage. L’an 90a, il ht enfermer de murs
ce qu’on nommoit à Toursle Château-
Neuf cle S. Martin. C’étoit une petite
ville, que la dévotion pour ce Saint
avoit fait construire autour de son tom-
beau. Elle fut unie à la ville de Tours
par Lettres-Patentes du Roi Jean II de
î’an 1054. ( La Sauvagere, Rech. crit.
et hist.) Foulques mourut l’an 938.
11 avoit épousé Roscille, fille de Gar-
nier, Seigneur de Loches, cle Villan-
dri et de la Idaie, trois terres qu’elle
apporta en clot à son niari. ( Gesta
Cons. Andeg. ) Foulques eut d’elle
trois fils : Ingelger, qui fut tué, l’an
935, dans un combat contre les Nor-
mands ; Gui, Evêque de Soissons en
9^7; et Foulques, cjui suit; avec une
hlle nommée Roscille comme sa mere,
et femme d’AlainlI, Gomte de Nantes.
Par une Charte transcrite au Cartu-
laire de S. Aubin d’Angers, Foulques,
se qualifiant Abbé de ce Monastere,
lui fit donation, dans la 7 e année du
régne de llaoul ( 929 ou 930 de J. C. ),
d’une terre voisine de la Loire, qu’il
nomme curtim Chiriaci. Une autre
Cliarte , rapportée par Galancl, lui
donne la qualité d’Archi-Abbé, parce
c|u’il possédoit d’autres Abbayes.
FOULQUES II, dit LE BON.
988. Foui.ques II succéda, l’an 988,
à Foulques I, son pere. Sa piété , son
amour pour ses sujets , la protection
qu’il accorda à leurs travaux et à leur
industrie, lesoin qu’ileut d’entretenir
la paix avec ses voisins, lui mériterent
le surnom de Box. Tel étoit le genre
desa dévotion, qu’il assistoità l’Eglise
en habit cléricaî, et chantoit l’ofïice
avec le Clergé ; sur csuoi le IIoi Louis
d’Outre-mer l’ayant raillé, le Comte lui
fit dire qu'uix Roi sans lettres est un
âne couronné. Et remarquez que chan-
ter au lutrin étoit encore un mérite au
16 e siécle : car Brantôme ne dédaigne
pas de nous apprendre que nos Rois
Henri II;Charles IX et Henri III, étoient
aussi dans cet usage. Foulques mou-
rut, l’an 908, le jour et dans l’Eglise
de S. Martin à Tours, où il fut en-
terré. (Bouquet, T. IX. p. 3i.) De
Gerberge son épouse, qu’on fait sans
jireuve fllle cle Hugu.es le Grand, Duc
de France, il eut Geofroi, qui suit ;
Burchard, ou Bouchard, dit le Vieux,
Comte de Paris, de Corbeil et cle Ven-
dôme; Gui, Abbé de Cormeri, ensuite
Evêque du Puy; Drogon, successeur
COMTES DU MAINE.
le successeur de Roricon I
dans le Gomté du Maine par
la nomination du Roi Charles
le Ghauve. Ce Monarque,
ayant été obligé , l’an 849 ,
d’évacuer les villes de Nantes
et de Ilennes , qu’il venoit de
conquérir sur les Comtes No-
ménoé et Lambert, chargea
Gauzbert de continuer la
guerre contre ces deux Com-
tes. Gauzbert fit prisonnier
Garnier , frere de Lambert,
et le livra entre les mains de
Charles le ChaLiye. Mais Lam-
bert, l’an 85o , aidé par No-
ménoé , vengea la captivité
de son frere en faisant le siége
du Mans, où Gauzbert 11e l’at-
tenditpas. (Chron. Ademari,
et Morice , Hist. de Bretag.
T. I, p. 42. ) Gauzbert eut
sa revanche deux ans ajirès.
Ayant surpris Lambert dans
une embuscade , il le mit à
mort le 1 Mai 852. ( Morice,
ibid. p. 43. ) Les Nantois ven-
gerent la inort de leur Gomte
dans une pareille surprise, où
périt Gauzbert au mois de
Mars de l’année suivante.
(Bouquet, T.VII, p. 226.)
II O R I G 0 N II.
853. Pioricon II, flls de
Roricon I et successeur de
Gauzbert au Maine, eut de
plus une partie de l’Anjou
danssondépartement,comme j
on le voit jiar une Gliarte de '
S. Maur-sur-Loire , où il est j
qualifié Comte d’Anjou. 11 fut
tué, l’an 866, en combattant
contre les Normands. (Vais-
sette, ibid. )
GOTFRID, ou GOSFRID.
866. Gotfrid fùt nommé,
par le Iioi Charles le Cliauve,
pour succéder à Roricon 11,
son frere. 11 servit avec fidéli-
té son bienfaiteur : mais après
la mort de ce Prince , arrivée
l’an 877 , il se révolta contre
Louis le Begue, 011 ignore par
quel motif. 11 y a bien de l’ap-
parence que cette levée cle
bouclier occasionna sa desti-
tution. C’est à peu près tout
ce que 11011s savons des Com-
tes du Maine avant le milieu
du x c siécle.
HUGUES I.
955 ou environ. Hugues I,
fils de David, Seigneur puis-
sant dans le Maine , et niême
issu de Charlemagne , sui-
vant l’opinion qui avoit cours
DUCS D E NORMANDIE.
en 917. Rôllon gouverna son peupie
avec tantde sagesse, quesonnom invo-
qué contre quelqu’un, l’obligeoit de se
présenter devant les Juges. C’est l’ori-
gine, suivant laplus communé opinion,
du fameux cri cle Haro , qui est encore
aujourd’liui en usage dans la Norman-
ciie. Les loix cp’ii fit contre le vol
furent observées si exactement, qu’on
n’osoit mêine ramasser ce qu’on ren-
controit par liasard, dans la crainte de
passer pour l’avoir volé ; sur quoi l’on
raconte qu’un jour ce Prince ayant sus-
pendu un de ses bracelets aux branches
d’un chêne sous lequel il s’étoit reposé
dans une partie de cliasse, et l’ayant
oublié , ce bracelet y resta trois ans
sans que personne eût la hardiesse de
l’enlever , tant 011 étoit persuadé que
rien 11e pouvoit échapper aux recher-
ches et à ia sévérité cle Rollon. On rap-
porte à ce Prince l’institution de l’Echi-
quier ,a)u Parlernent ambulatoire, qui
fut depuis rendu sédentaire à Rouen.
Rollon avoit épousé i° Pope , ou Pa-
pie , fille du Comte Bérenger ( et non
de Waleran , Cornte cle Vexin), qu’il
répudia pourépouser la fille de Charles
le Simple. Celle-ci étant nrorte,vers l’an
919, des nrauvais traitemens, dit-011,
de son niari qui ne l’aimoit pas à cause
cju’elie étoit Françoise, RoIIon reprit
Pope, dont il eut Guillaume et Aclele ,
dite aussi Héloys et Gerloc ( trois noms
de la même personne), femme de Guil-
laume, Tête-d’étoupes, Comte de Poi-
tiers. Le cri de guerre des Normands
étoit Diex aix, Dieu aide.
GUILLAUMEI, dit LONGUE-ÉPÉE.
927. Guillaume I, successeur de
Rollon son pere, signala le commen-
cernent de son régne par divers ex-
ploits contre les Bretons, qui avoient à
leur tête les Comtes Bérenger et Alain.
Vainqueur cle l’un et de l’autre, il reçut
en grace le premier, et obligea l’autre
à se réfugier en Angleterre, d’où il ne
revint qu’en 906.
Guillaume, l’an 900 , fait hommage
au Roi Raoul, qui lui donne les terres
des Bretons situées sur la côte mari-
tiine, c’est-à-dire l’Avranchin et le Co-
tantin. (Frodoard.) Riulfe, Comte de
Coutances , se révolte contre son nou-
veau Suzerain ; Guillaume vient fondre
sur les rebelles , dont il inassacre un
grand nombre ; Riulfe se sauve avec
peine. Le lieu du cornbat s’appella de-
puis Le pré de la bataille. ( PVïllelm.
Gemmetic. L. 3, c. 2. ) Guillaume, l’an
906, accompagné de Flugues le Grand
et d’Herbert, Comte de Vermandois,
va recevoir à Boulogne le nouveau lloi
Louis d’Outre-mer, qu’ils avoient fait re-
venir cI’Angleterre, le conduit à Laon,
et assiste à son couronnement. Mais s’é-
tant brouillé, l’an 989, avec ce Prince,
il entre dans la ligue formée contre lui
par Hugues le Grand et Herbert, comp-
tantpour rien l’excommunication pro-
COMTES D’AN JO U.
cesseur d’Ingelger son pere, réunit en
sa main les deux Cointés de deçà et
de delà la Maine, par la faveur de ceux
cjui gouvernoient la France sous la
minorité de Charles le Sirnple. Foul-
ques est représenté par les Flistoriens
connne un Prince hardi, actif et en-
treprenant, mais en même tems d’un
esprit souple et dissimulé. 11 eut con-
tre les Bretons et les Normands plu-
sieurs guerres dont il se tira avec avan-
tage. L’an 90a, il ht enfermer de murs
ce qu’on nommoit à Toursle Château-
Neuf cle S. Martin. C’étoit une petite
ville, que la dévotion pour ce Saint
avoit fait construire autour de son tom-
beau. Elle fut unie à la ville de Tours
par Lettres-Patentes du Roi Jean II de
î’an 1054. ( La Sauvagere, Rech. crit.
et hist.) Foulques mourut l’an 938.
11 avoit épousé Roscille, fille de Gar-
nier, Seigneur de Loches, cle Villan-
dri et de la Idaie, trois terres qu’elle
apporta en clot à son niari. ( Gesta
Cons. Andeg. ) Foulques eut d’elle
trois fils : Ingelger, qui fut tué, l’an
935, dans un combat contre les Nor-
mands ; Gui, Evêque de Soissons en
9^7; et Foulques, cjui suit; avec une
hlle nommée Roscille comme sa mere,
et femme d’AlainlI, Gomte de Nantes.
Par une Charte transcrite au Cartu-
laire de S. Aubin d’Angers, Foulques,
se qualifiant Abbé de ce Monastere,
lui fit donation, dans la 7 e année du
régne de llaoul ( 929 ou 930 de J. C. ),
d’une terre voisine de la Loire, qu’il
nomme curtim Chiriaci. Une autre
Cliarte , rapportée par Galancl, lui
donne la qualité d’Archi-Abbé, parce
c|u’il possédoit d’autres Abbayes.
FOULQUES II, dit LE BON.
988. Foui.ques II succéda, l’an 988,
à Foulques I, son pere. Sa piété , son
amour pour ses sujets , la protection
qu’il accorda à leurs travaux et à leur
industrie, lesoin qu’ileut d’entretenir
la paix avec ses voisins, lui mériterent
le surnom de Box. Tel étoit le genre
desa dévotion, qu’il assistoità l’Eglise
en habit cléricaî, et chantoit l’ofïice
avec le Clergé ; sur csuoi le IIoi Louis
d’Outre-mer l’ayant raillé, le Comte lui
fit dire qu'uix Roi sans lettres est un
âne couronné. Et remarquez que chan-
ter au lutrin étoit encore un mérite au
16 e siécle : car Brantôme ne dédaigne
pas de nous apprendre que nos Rois
Henri II;Charles IX et Henri III, étoient
aussi dans cet usage. Foulques mou-
rut, l’an 908, le jour et dans l’Eglise
de S. Martin à Tours, où il fut en-
terré. (Bouquet, T. IX. p. 3i.) De
Gerberge son épouse, qu’on fait sans
jireuve fllle cle Hugu.es le Grand, Duc
de France, il eut Geofroi, qui suit ;
Burchard, ou Bouchard, dit le Vieux,
Comte de Paris, de Corbeil et cle Ven-
dôme; Gui, Abbé de Cormeri, ensuite
Evêque du Puy; Drogon, successeur
COMTES DU MAINE.
le successeur de Roricon I
dans le Gomté du Maine par
la nomination du Roi Charles
le Ghauve. Ce Monarque,
ayant été obligé , l’an 849 ,
d’évacuer les villes de Nantes
et de Ilennes , qu’il venoit de
conquérir sur les Comtes No-
ménoé et Lambert, chargea
Gauzbert de continuer la
guerre contre ces deux Com-
tes. Gauzbert fit prisonnier
Garnier , frere de Lambert,
et le livra entre les mains de
Charles le ChaLiye. Mais Lam-
bert, l’an 85o , aidé par No-
ménoé , vengea la captivité
de son frere en faisant le siége
du Mans, où Gauzbert 11e l’at-
tenditpas. (Chron. Ademari,
et Morice , Hist. de Bretag.
T. I, p. 42. ) Gauzbert eut
sa revanche deux ans ajirès.
Ayant surpris Lambert dans
une embuscade , il le mit à
mort le 1 Mai 852. ( Morice,
ibid. p. 43. ) Les Nantois ven-
gerent la inort de leur Gomte
dans une pareille surprise, où
périt Gauzbert au mois de
Mars de l’année suivante.
(Bouquet, T.VII, p. 226.)
II O R I G 0 N II.
853. Pioricon II, flls de
Roricon I et successeur de
Gauzbert au Maine, eut de
plus une partie de l’Anjou
danssondépartement,comme j
on le voit jiar une Gliarte de '
S. Maur-sur-Loire , où il est j
qualifié Comte d’Anjou. 11 fut
tué, l’an 866, en combattant
contre les Normands. (Vais-
sette, ibid. )
GOTFRID, ou GOSFRID.
866. Gotfrid fùt nommé,
par le Iioi Charles le Cliauve,
pour succéder à Roricon 11,
son frere. 11 servit avec fidéli-
té son bienfaiteur : mais après
la mort de ce Prince , arrivée
l’an 877 , il se révolta contre
Louis le Begue, 011 ignore par
quel motif. 11 y a bien de l’ap-
parence que cette levée cle
bouclier occasionna sa desti-
tution. C’est à peu près tout
ce que 11011s savons des Com-
tes du Maine avant le milieu
du x c siécle.
HUGUES I.
955 ou environ. Hugues I,
fils de David, Seigneur puis-
sant dans le Maine , et niême
issu de Charlemagne , sui-
vant l’opinion qui avoit cours