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L’ŒUVRE GRAVE DE WATTEAU.

i o 6
teau de la Meutte, en 30 morceaux...»; sans aucun
nom de graveur ni dans l’une ni dans l’autre de ces
deux annonces.
Citées par Mariette (notes mss, op. cit., t. IX,
fol. 198 [24-33]).
Les cuivres figurent k l’invent. Chereau de 1755
X aux catal. Chereau de 1770 & de 1778. On les
trouve encore au catal. du fonds Joubert, successeur
de J.-F. Chereau, de l’an vi (1797), p. 20 : «2
cahiers Chinois, Mogols & Tartares, [par] Boucher,
Jeaurat, k 24 [s. l’un] : 2 I. 8 s.»; ce sont les seules
planches d’après Watteau de l’ancien fonds Chereau
qui subsistent à cette date.
Saint-Simon raconte qu’en 1716 «la duchesse
de Berry acheta, ou plutôt le Roi [sic pour le Régent],
pour elle, une petite maison à l’entrée du bois de
Boulogne, qui était jolie, avec tout le bois devant
& un beau & grand jardin derrière, qui appartenait
à la charge de capitaine des chasses de Boulogne
& des plaines des environs. Catelan l’avait fort ac-
commodée & l’avait vendue à [Fieuriau d’] Armenon-
ville : cela s’appelait la Muette». Après la mort de la
duchesse de Berry (21 juilf. 1719), le Régent offrit
la Muette au Roi, «pour s’en amuser & y faire des
collations», dit Saint-Simon. II est vraisemblable
que les peintures de Watteau y existaient déjà à cette
époque, car si l’on relève, dès 1707, dans les Comptes
des Bâtiments, quantité de travaux pour la Muette,
on 11’a aucun renseignement sur les peintures du
château; on sait seulement par Germain Brice que
Claude Audran travailla à sa décoration [Descript,
de la ville de Paris, 1752, t. III, p. 4°y)> du reste
assez tardivement, entre 1729 & 1733. Ni dans les
Comptes des batiments, publiés par J.-J. Guiffrey,
qui s’arrêtent en 1713, ni dans les registres suivants
conservés aux Archives Nationales, il n’est fait aucune
mention de Watteau. II n’est pas davantage question
de peintures de ce maître dans l’inventaire des
tableaux & sculptures de la Muette dressé le 28 mars
174b par N. Bailly (Arch. nat., O1. 1381-1383
& 1932), publié parle comte de Franqueville (le
Château de la Muette, 19 1 3 , p. 227).
On peut donc croire que les peintures de Watteau
furent commandées soit par Catelan, capitaine des
chasses de Boulogne, soit plutôt par Fieuriau d’Ar-
menonville, qui lui succéda dans sa charge & qui
reçut du Régent le château de Madrid en échange
de la Muette. On se rappellera à ce propos que le
Comte de Morville, fils de Fieuriau d’Armenonviiie,
fut un des premiers amateurs de Watteau (voir catal.,
n° i 57)*
Concourt (Supplément, p. 3 63 ) a connu l’inventaire
de Bailly &, du silence gardé par ce document sur

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les Figures chinoises, il conclut que ces peintures
n’existaient plus en 1 7Mais il faut se rappeler
que le garde des tableaux du R.oi dressait une liste
des œuvres d’art qui devaient être rapportées au
Louvre ; il peut très bien avoir négligé d’y faire
figurer des peintures décoratives, considérées comme
immeubles par destination.
Mlle H. Belevitch-Stankevitch (le Goût chinois en
France au temps de Louis XIV, op. cit., p. 248-234)
a fait le départ entre ce qu’il y a de proprement chi-
nois dans les peintures de la Muette & qui se révèle
davantage dans les estampes d’Aubert que dans celles
de Boucher & de Jeaurat — ce quelques figures ca-
raéléristiques, des rochers & des arbres traités à la
chinoise, certains accessoires & les noms des person-
nages» — & ce qui relève de l’invention du peintre.
Elle a cherché quelle avait été la source d’informa-
tion de Watteau : outre les objets d’art de l’Extrême-
Orient qu’il a pu connaître, il a eu à sa disposition
un recueil de dessins d’origine chinoise, peut-être
envoyé en France par les missionnaires jésuites, &dont
il s’est librement inspiré. La preuve en est que toutes
ces compositions portent des titres chinois, quelque
peu déformés, mais parfaitement traduisibles, comme
l’auteur le montre, titres contenant des indications
géographiques très précises & même le nom d’un
personnage historique qui jouissait d’une grande re-
nommée en Chine au temps de Watteau & dont il est
plusieurs fois question dans les Lettres édifiantes
(1722). Il s’agrt de Tsevang-Raptan, chef des tartares
Eleuths depuis 1690 & grand ennemi des Chinois,
qui occupa le pays des Lamas du Thibet pendant
plusieurs années & en fut chassé en 1724 (il faut lire
Chef des Lamas de Fsevang-Raptan & non Chef des
Samar de F/evang-Raptan, comme il faut lire Officier
tartare du pays des K haie as, peuple de l’Asie centrale
voisin des Eleuths, & non des Kuskas). La démons-
tration de Mlle Belevitch-Stankevitch est tout à fait
convaincante. Mais elle n’a pas connu l’écart de dates
entre l’exécution des peintures & celle des gravures :
or, comme il est invraisemblable que Jullienne ait
fait composer des titres chinois adéquats aux sujets, il
faut admettre que ces titres se trouvaient soit sur des
dessins que Watteau aurait exécutés en vue des pein-
tures de la Muette, soit plus probablement dans
des cartouches réservés au bas des peintures elles-
mêmes, comme il arrive sur nombre d’autres ara-
besques qui ont été gravées, au contraire de celles de
la Muette, avec toute leur partie décorative.
Pendant tout le xvme siècle, aucune peinture à
sujet chinois n’est mentionnée dans les catalogues de
ventes, sous le nom de Witteau. C’est seulement à
partir du xixe siècle qu’on lui voit attribuer, par les
 
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