Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Dacier, Émile; Vuaflart, Albert
Jean de Jullienne et les graveurs de Watteau au XVIII. siècle (Band 1): Notice et documents biographiques — Paris, 1929

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.41975#0109
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ANTOINE WATTEAU.

91

presque continuel qui avait duré si longtemps se préparait une période de paix qui eut
sa consécration en 1719. Un traité d’alliance, auquel fut adjoint un traité de commerce,
régla les bons rapports entre les deux pays; pour arriver à ce résultat le ministre anglais,
Craggs, fit les sacrifices nécessaires pour s’assurer la dépendance de son partenaire
français qui sut se prévaloir des avantages qu’il avait obtenus pour se faire nommer un
peu plus tard archevêque et cardinal. Par suite de la pénurie d’artistes nationaux, les
étrangers qui tentaient d’aller exercer leur art en Angleterre, pour peu qu’ils eussent
quelque talent, étaient assurés d’y trouver gloire et profit.
Autrefois, Rubens et Van Dyck avaient produit leurs œuvres, du temps de Charles Ier;
plus récemment, les portraitistes, Peter Lely, Godfried Kneller, Michael Dahl,
n’avaient pas tardé à trouver une clientèle si nombreuse, qu’ils décidèrent de se fixer
dans ce pays.
La révocation de l’Edit de Nantes avait attiré en Angleterre des familles protestantes
françaises qui fuyaient la persécution; quelques artistes de cette religion étaient installés
à Londres à cette époque : Louis Chéron, Laguerre et Ricard y exerçaient leurs divers
talents. Largillière séjourna quelque temps en Angleterre mais fut obligé de quitter le
pays par suite de la jalousie des portraitistes qui tenaient à conserver leur position.
Du temps de la reine Anne, Charles Delafosse, sur les instances de Milord Montagu,
ambassadeur en France, se rendit en Angleterre pour peindre le palais de ce grand
seigneur; il y exécuta des plafonds et des panneaux renommés par leur ordonnance et
leur composition.
L’architecture comptait un grand artiste anglais : Christophe Wren (1632 j 1723) qui
construisit, outre la cathédrale St-Paul, de nombreux monuments.
Les graveurs anglais, négligeant la gravure classique, s’étaient épris d’une nouvelle
manière de graver, inventée depuis quelque temps et importée dans leur pays par le
prince Rupert; la manière noire ou mezzotinto avait piqué la curiosité; il est juste
d’ajouter que les portraits reproduits par ce nouveau procédé donnaient des résultats
plaisants. Les graveurs anglais s’empressèrent de s’initier à cette nouvelle méthode,
encouragés par les amateurs qui leur avaient tracé la voie.
Grâce à son talent et grâce aussi aux conseils de Kneller, du peintre dont il repro-
duisait les œuvres, John Smith (1652 -f 1742) avait perfectionné sa manière et était par-
venu à donner quelques estampes de belle facture.
Un Français, Jean Simon (1675 f 1755), venu à Londres à la fin du xvif siècle pour
graver dans la manière classique de l’eau-forte et du burin, se laissa tenter par le nou-
veau procédé. Profitant des leçons de Smith, il exécuta de nombreux portraits dont
quelques-uns peuvent soutenir la comparaison avec ceux du maître.
Plus tard, Jean Simon reproduisit en manière noire deux planches d’après Watteau :
La troupe italienne N° 85 et Arlequin, Pierrot et Scapin N° 97 (Voir au chapitre addi-
tions de ce volume).
Pour exécuter des travaux importants, il fallut faire appel à un graveur classique :
Nicolas Dorigny, élève de Gérard Audran, s’installa à Londres en 1711 et entreprit les
grandes planches des cartons de Raphaël conservés dans le palais d’Hampton Court.
Treize années furent consacrées à ce grand ouvrage; pour conserver un contact avec
ses confrères, au commencement de chaque année il ne manquait pas d’adresser ses
compliments à l’Académie de Paris; les procès-verbaux enregistrent ponctuellement la
communication, et de plus, à la date du 27 juillet 1720, une lettre supplémentaire
annonce à l’Académie que le roi a nommé Dorigny chevalier. Lorsqu’il quitta l’Angle-
terre en 1724, il fut chargé de faire exécuter par des peintres de son choix les dessins
 
Annotationen