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Dacier, Émile; Vuaflart, Albert
Jean de Jullienne et les graveurs de Watteau au XVIII. siècle (Band 1): Notice et documents biographiques — Paris, 1929

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https://doi.org/10.11588/diglit.41975#0115
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ANTOINE WATTEAU.

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peut avoir un caractère calomnieux; la phrase vise plutôt le charlatan qu’elle démasque.
Misaubin mourut en 1734, laissant le secret des fameuses pilules à une parente qui
publia en 1749 une annonce indiquant qu’elle prépare et vend les produits du Docteur
à son adresse : St Martin s Lane near Slaughter s Coffee house.
En 1720, à l’époque où Watteau fréquentait ce café, un jeune artisan, qui avait de
l’ambition, gagnait sa vie en gravant de la vaisselle; William Hogarth, né en 1697, suivait
alors les cours de l’Académie de St Martin’s Lane et abordait son nouveau métier
en gravant sa propre adresse; ce ne fut qu’en 1728 qu’il commença à peindre des
tableaux.
Saint-Martin’s Lane semble avoir été la rue de prédilection de tous les arts : en 1710
Peter’s Court, contre le café de Tom, se trouvait une école de danse; plus tard, le sculp-
teur Roubillac y eut son atelier, enfin en 1735, Hogarth y installa son école de dessin
d’après le modèle. John Pine, graveur et marchand d’estampes, né en 1690, et ami
d’Hogarth, avait une boutique dans cette même rue.
En 1731, Hogarth peignit une suite de six tableaux intitulée : A Harlot’s Progress;
les estampes en furent publiées en avril 1732. La planche V, The Scene zuith the Quack
(chez le charlatan), représente la femme qui vient de mourir, renversée dans un fauteuil
et les deux charlatans qui se disputent; l’un debout, grand et maigre, grimaçant (Misau-
bin), montre la boîte de pilules qu’il tient à la main; l’autre assis, gros et court (Ward),
présente sa fiole de gouttes.
Plus tard, en 1745, Hogarth fit les dessins, les peintures et fit graver la suite célèbre
connue sous le titre : « Le Mariage à la Mode. » Dans la Scène III, With the Ouack (chez
le charlatan), les figures sont de convention, mais le décor représente l’intérieur du
Cabinet de Misaubin; comme celui-ci était mort, Hogarth ne voulut pas refaire son
portrait.
Cette planche fut gravée par Bernard Baron en 1745. Des crânes, des crocodiles
empaillés, des cornues, des momies décorent l’appartement; un appareil à leviers et
roues dentées, un autre en forme de tire-bouchon, sont disposés en divers endroits. Sur
le grand livre posé à droite sur un escabeau on lit :
Explication de deux machines, l’un, pour remettre l’épaules, l’autre pour servir
DE TIRE BOUCHON, INVENTÉE PAR MONSr DE LA PlLLULE, VUS ET AFPROUVÉS PAR l’AcADÉMIE
ROYALE DES SCIENCES DE PARIS.
D’après J.-T. Smith, la chambre avait été copiée sur celle du n° 96 St-Martin’s Lane,
où résidait jadis Misaubin. Ce charlatan avait intéressé Watteau, d’autant mieux que
l’allure du personnage, sa mauvaise renommée, prêtaient à la caricature : il en fît un
dessin spirituel. Hogarth visait plus haut; avec ses idées moralisatrices, il voulait stigma-
tiser les vices et les défauts et exalter les vertus. Rencontrant un type réel originaire
d’un pays qu’il méprisait profondément, et réunissant des travers faciles à ridiculiser, il
ne manqua pas de les souligner de façon à les rendre plus sensibles.
D1 Mead. — Voir une notice sur le Dr Mead (Catalogue II, n° 204).
Lorsque Watteau débarqua en Angleterre en 1719, Richard Mead terminait son livre
fameux sur la Préservation de la Peste, à la suite du fléau qui avait ravagé la ville de
Marseille; il avait écrit ce livre sur les instances de Craggs, ministre et secrétaire d’Etat,
en l’absence du Roi George qui séjournait en Hanovre. Longtemps plus tard (nous
apprend V. Josz), Costa, médecin de l’Hôpital royal et militaire de Nancy, ayant traduit
 
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