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Daly, César [Hrsg.]
L' architecture privée au XIXe siècle: nouvelles maisons de Paris et de ses environs (Sér. 1,1): Hotels privés — Paris: Ducher, 1870

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https://doi.org/10.11588/diglit.51410#0028
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20

L’ARCHITECTURE PRIVÉE SOUS NAPOLÉON 111.

cède quelque chose de sa fierté, et par en bas, l’habi-
tation suburbaine où domine une plus libre fantaisie.
Cette extension dans le sens du mot villa et sa
tendance à représenter toute la série des habitations de i
campagne occupées par les classes polies de la société,
répondent bien à celte tendance à l’égalité et à cette
puissance absorbante de la bourgeoisie, si caractéristiques
de la France contemporaine. Comme une chose en voie
de transformation ne peut pas être parfaitement désignée
par un mot d’un sens fixe, au lieu de définir le mot villa,
nous avons préféré, pour être plus exact, décrire les cir-
constances de la transformation qui s’accomplit ; mais
quelques nouvelles réflexions sont nécessaires pour com-
pléter cette description.
A chaque période sociale les habitations ont leur ca-
ractère propre.
En France, à l’ancien régime des grands seigneurs et
d’une petite bourgeoisie, correspondaient : en ville, de mo-
destes maisons avec de petites boutiques, à côté de grands
et somptueux hôtels ; à la campagne, de misérables ma-
sures et des fermes à côté de châteaux plus ou moins
majestueux.
Au régime de notre société moderne, formée d’une
aristocratie nobiliaire expirante et d’une bourgeoisie in-
dustrieuse qui grandit chaque jour, correspondent : en
ville, des maisons à loyer de plus en plus élégantes avec
des magasins de plus en plus brillants, à côté d’hôtels
plus confortables que vastes et magnifiques ; à la cam-
pagne, des maisons de ferme modestes, mais parfois
jolies, et de rares châteaux.
Ce n’est pas tout :
Entre ces deux termes extrêmes des habitations ur-
baines et des résidences rurales modernes, — et c’est là
l’un des grands faits qui doivent appeler l’attention de
ceux qui étudient l’architecture privée contemporaine,—
il est né, principalement à l’entrée des grandes cités,
dans les faubourgs et le long des voies de fer, une nou-
velle classe de maisons qu’on nomme parfois subur-
baines. Elle forme la transition entre les habitations de
la ville et celles de la campagne, réunissant aux raffine-
ments artificiels et aux conforts délicats des premières
la liberté, l’espace et les charmes des champs et des jar-
dins qui forment les grands attraits des dernières.
Voici l’origine des habitations suburbaines.
Ce n’est plus la noblesse seulement qui a maison de
ville et maison des champs, ce n’est même plus la
banque et la haute bourgeoisie, c’est la bourgeoisie tout
entière qui veut diviser son existence entre la ville et
la campagne, le bruit et le calme, l’activité et le repos
réparateur. L’immense développement qu’a pris de-
puis quelques années l’architecture privée suburbaine,
et son caractère particulier, résultent donc de l’im-
portance croissante de la bourgeoisie, de l’activité
chaque jour plus marquée de l’industrie et du com-
merce, qui créent la richesse, et du grand développe-
ment des chemins de fer qui permettent les déplacements
rapides et à bon marché. Aujourd’hui la bourgeoisie
jouit d’une grande aisance: tous ses membres peuvent
s’accorder le bien-être du confort, ses hautes classes
peuvent se donner sans peine toutes les satisfactions du

luxe le plus raffiné. Notre architecture suburbaine est
celle d’une bourgeoisie généralement riche, polie et éclai-
rée. Elle pourrait servir à marquer le génie et le carac-
tère de la civilisation moderne, comme les temples de
l’Egypte ou ceux de la Grèce, les thermes et les amphi-
théâtres de Rome ou les cathédrales et les châteaux du
moyen âge nous aident à comprendre et à pénétrer
l’esprit des civilisations qui ont précédé la nôtre.
L’architecture privée-suburbaine l’emporte aujour-
d’hui par son intérêt et son importance sur la grande
architecture privée des campagnes, les châteaux véritables
ne formant plus qu’une exception dans la série des habi-
tations rurales, et n’étant plus guère, d’ailleurs, que de
très-grandes habitations suburbaines au milieu des
champs ; si bien qu’à cette heure, on pourrait dire que
l’architecture privée se résume essentiellement en archi-
tecture urbaine et suburbaine.
L’architecture privée suburbaine est née de l’esprit
citadin transporté extra-muros et se propageant graduel-
lement des environs des villes, le long des voies de com-
muhication perfectionnées, jusque dans les campagnes ;
et c’est parce que l’architecture suburbaine s’étend ainsi
rapidement au loin, que bientôt il sera impossible de lui
conserver ce nom de suburbaine, qui indique cependant
si bien son origine, mais qui implique aussi une locali-
sation qui devient chaque jour moins exacte.
De même que l’architecture urbaine a agi sur l’archi ■
tecture rurale, de même celle-ci réagit déjà et réagira
de plus en plus sur celle des villes. Familiers avec les
charmes des jardins et des champs, instruits de l’action
bienfaisante et hygiénique de la végétation sur la santé
du corps et l’élasticité de l’esprit, les citadins riches
sont de moins en moins disposés à abandonner tous ces
avantages en rentrant en ville. Ils veulent en emporter
quelque chose avec eux, et les serres tendent de plus en
plus à devenir les dépendances nécessaires des hôtels et
des belles habitations urbaines. Et ce que les riches font
pour eux-mêmes, les municipalités le font pour tous,
suivant en cela l’usage de Paris, dressant des arbres
par milliers le long des quais, des boulevards et des ave-
nues, transformant en squares élégamment plantés les
places publiques où naguère on ne voyait que poussière,
boue, pavés glissants ou réfléchissant les ardeurs d’un
soleil parfois torride.
On comprend qu’en présence de l’éclosion rapide de
la forme nouvelle que prend l’architecture privée dans
les faubourgs et les champs, nous ayons cherché quel
mot devait s’adapter à cette branche de l’architecture
et embrasser toute la série de ses productions, depuis le
cottage ou le chalet jusqu’au château. C’est le mot villa
qui nous a paru s’accorder le mieux avec les habitudes
du langage et l’état des choses.
— Il est maintenant temps de se demander en quoi
le style architectural de la villa peut et doit différer de
celui des habitations urbaines, c’est-à-dire des hôtels et
des maisons à loyer.
La villa, qu’elle soit petite ou grande, château ou
chalet, a toujours le même principe : le confort dans la
liberté, la ville à la campagne.
 
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