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David, Jacques Louis; David, Louis [Ill.]
Le peintre Louis David: 1748 - 1825 (Band 1): Souvenirs & documents inédits — Paris: Havard, 1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.65588#0223
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RAPPORT SUR LA FÊTE DE BARRA ET VIALA

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semblait fatigué de ses premiers succès ; son assoupissement allait être funeste à la liberté;
vous avez sonné le tocsin le 10 août, et son réveil a été terrible ; le trône renversé a
disparu. Aujourd’hui, représentants du peuple, vos soins se sont tournés vers la morale, et
vous avez senti de quelle importance il est de ramener les hommes à la vérité. Pour atteindre
ce but, je pense qu’il est bon d’établir une comparaison entre le gouvernement arbitraire et
celui que vous avez fondé, un combat entre le vice et la vertu.
» Les hommes ne sont que ce que le gouvernement les fait ; cette vérité fut de tous les
temps. Le despotisme atténue et corrompt l’opinion publique ou, pour mieux dire, là où il
règne, il n’en peut exister ; il proscrit avec soin toutes les vertus, et, pour assurer son empire,
il se fait précéder de la terreur, s’enveloppe du fanatisme et se coiffe de l’ignorance. Partout
la trahison à l’œil louche et perfide, la mort et la dévastation le suivent ; il traîne aussi
après lui l’avilissement dont il couvre les régions dans lesquelles il établit sa demeure
environnée de ténèbres ; c’est dans l’ombre qu’il médite le crime et rive les fers de ces
malheureuses victimes dont il suce le sang. Ingénieux à les tourmenter, il élève des
bastilles ; dans ses moments de loisir il invente des supplices, et repaît ses yeux de la vue
des cadavres immolés à ses fureurs. Gapet, le dernier de nos tyrans, ne voulut-il pas, le
10 août, hypocritement savourer ce royal plaisir?
» Sous les lois barbares du despotisme, les hommes avilis et sans morale ne conser-
vent pas même la forme altière que leur a donnée la nature. Partout ils portent la corruption
et le découragement ; les bras sont arrachés de la charrue et restent oisifs dans les palais
des grands ; les terres sont incultes, les troupeaux meurent dans les pâturages desséchés et
le commerce est anéanti. Il fait plus : son joug est si pesant qu’il étouffe dans les cœurs
jusqu’au désir d’être père, et que l’épouse maudit sa fécondité ; l’amour de la patrie est
banni, sa voix ne se fait plus entendre, et le froid égoïsme remplace, parmi les hommes,
les vertus qui les abandonnent; alors leur malheur est consommé; ils deviennent lâches,
féroces et perfides comme leur gouvernement. O vérité humiliante ! tel était le Français
d’autrefois.

» Détournons, représentants du peuple, nos regards de cet abîme que vous avez
comblé. Offrons à vos yeux un tableau plus digne de vous-mêmes; présentons l’homme à
son auteur tel qu’il sortit de ses mains divines, et mettons au grand jour les avantages du
gouvernement républicain.
» La démocratie ne prend conseil que de la nature à laquelle, sans cesse, elle ramène
les hommes. Son étude est de les rendre bons, de leur faire aimer la justice et l’équité.
C’est elle qui leur inspire ce noble désintéressement qui élève leurs âmes et les rend
capables d’entreprendre et d’exécuter les plus grandes choses. Sous son règne toutes les
actions se reportent à la patrie : mourir pour elle, c’est acquérir l’immortalité; les sciences
et les arts sont encouragés ; ils concourent à l’éducation et au bonheur public ; ils parent
la vertu des charmes qui la rendent chère aux mortels, et inspirent l’horreur du crime ; la
terre, féconde et généreuse, répand sur son front radieux les trésors que renferme son sein;
elle comble les vœux du laboureur et remplit les greniers de riches moissons. Sous un œil
aussi pur, sous un gouvernement aussi beau, la mère alors, la mère enfante sans douleurs et
 
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