Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
210

CHAPITRE IV

sans regrets ; elle bénit sa fécondité et fait consister la véritable richesse dans le nombre de
ses enfants. Le commerce fleurit à l’ombre de la bonne foi, la sainte égalité plane sur la
terre, et une immense population fait une nombreuse famille. O vérité consolante, tel est le
Français d’auj ourd’hui.
» Peuples, écoutez, et vous, tyrans, lisez et pâlissez : je vais mettre sous les yeux du
monde les titres que Barra et Agricol Viala ont à la reconnaissance nationale : ceux que
vous avez, au mépris de la nature que vous voulez comprimer, y paraîtront aussi, accom-
pagnés de l’horreur qu’ils inspirent.
» Ici, à treize ans, le jeune Barra, enfant héroïque, dont la main filiale nourrissait sa
mère, de toutes parts enveloppé des assassins de l’humanité, accablé par le nombre, tombait
vivant dans leurs féroces mains ! C’est dans le danger que la vertu brille d’une manière
plus éclatante. Sommé par les brigands de crier : Vive le Roi! saisi d’indignation, il
frémit : il ne leur répond que par le cri de : Vive la République! A l’instant, percé de coups,
il tombe en pressant sur son cœur la cocarde tricolore : il meurt pour revivre dans les fastes
de l’histoire.
» Là, sur les bords de la Durance, Agricol Viala, dans un âge plus tendre encore, la
hache à la main, court à une mort certaine^ pour couper le câble du bac qui apportait sur la
terre de la liberté l’odieux fédéralisme ; atteint d’un plomb meurtrier que lançait sur lui les
rebelles Marseillais, il s’écrie : Je meurs! cela m’est égal, c’est pour la liberté! Il dit, il tombe,
il est mort, et le Midi est sauvé.
» Ainsi se fane et meurt une fleur nouvelle coupée par le tranchant de la charrue;
ainsi les pavots, battus de l’orage, courbent leurs têtes appesanties par la pluie; Barra et
Agricol Viala ! ainsi vous fûtes moissonnés à la fleur de vos ans !
» Et vous, infâmes oppresseurs de la terre ; vous qui, prêtant votre langage à celui qui
créa la liberté, prétendez tenir de lui le droit de gouverner le monde, où sont-ils vos héros?
qu’ils paraissent ! Comparez-vous à nos jeunes républicains ces vils courtisans nourris au
milieu des cours, dans le sein des voluptés : ces sybarites efféminés, dont l’âme corrompue
ne se fait pas même une idée de la vertu, et dont les bras énervés ne sont chargés que de
chiffres, gages impudiques de leurs adultères amours; ces courtisans enfin qui, apportant
au milieu des camps leur arrogance et leur lâcheté, fuient à la vue du moindre danger, et
volent cacher leur honte dans les bras de la débauche ? Les comparez-vous encore à ces
instruments aveugles qui sont en même temps les victimes de vos forfaits ? Répondez :
croyez-vous pouvoir soutenir une lutte aussi inégale? Espérez-vous encore, dans votre
présomptueux délire, renverser un gouvernement, non seulement fondé sur les bases
impérissables que la nature a posées, mais encore défendu par un peuple dont la vérité,
qu’il nourrit au milieu de lui, fait toute la force et la sûreté ; par un peuple qui compte
au nombre de ses héros des enfants de onze et treize ans; par un peuple qui, tout entier,
marchant sur leurs traces, porte gravé en son cœur le mépris de la mort, la haine des
brigands couronnés, et tient levé sur vos têtes coupables le glaive qui doit purger la
terre de votre homicide existence? Sachez, vils tyrans, que là où brille la vérité tombe
l’erreur, que là où les vertus triomphent, le crime trouve sa punition.
 
Annotationen