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RAPPORT SUR LA FÊTE DE BARRA ET VIALA

211

» Lâches, vous avez renoncé à vaincre par la force ce peuple généreux que vous affectez
de mépriser, et qui cependant souffle sur vous la terreur qui se décèle dans toutes vos
démarches. Vous avez, à la vérité, pris une tactique plus digne de vous et de votre cause.
Instruits à l’école du ministre ennemi du genre humain, l’empoisonnement, l’incendie,
l’assassinat, voilà vos armes favorites. Pourquoi, astucieux Anglais, pourquoi n’as-tu pas
fait briller aux yeux de ces jeunes républicains le métal corrupteur qui t’ouvrit les portes
de l’infâme Toulon ? Ah ! tu savais bien, misérable charlatan, qu’ils l’auraient repoussé
avec horreur : c’est sur les âmes vénales des Hébert, des Danton et des Lacroix, qu’il pouvait
avoir de l’empire ; mais dans leur cœur la cupidité ne pouvait point trouver de place :
à cet âge, tu le sais, tout est vertu. Va, renonce à tes abominables projets : les Fran-
çais sont des Barra et des Affala; ils ont tous juré de faire triompher la liberté,
d’anéantir les rois et leurs satellites, dont les crimes sont autant multipliés sur la terre que
les grains de sable sur le rivage de la mer.
» Ne vous offensez pas, représentants d’un grand peuple, si je vous ai trop longtemps
entretenus de ce ridicule et méprisable Pitt; bientôt vous n’entendrez plus parler de ce
monstre et des tyrans coalisés, ils ne peuvent soutenir la lutte, ils fuient, ils sont vaincus.
» Ombres sacrées de nos martyrs morts sous les murs de Toulon, dans la Vendée;
paisibles citoyens assassinés sur l’autel de la patrie, et vous, braves soldats qui, la cam-
pagne dernière, avez teint de votre sang les vastes plaines de la Belgique, vous qui avez
péri devant Lyon rebelle, vous qui, dans Marseille, êtes tombés sous le fer du fédéralisme,
vous tous enfin qui êtes morts victimes de la perfidie de nos ennemis, vous tous, paraissez,
je vous évoque ! Je vous vois!
» Toi, incorruptible Marat, montre le passage que le fer assassin ouvrit à ton âme.
Toi, Pelletier, découvre le flanc déchiré par un satellite du dernier de nos tyrans. Toi,
Gasparin, montre cette fiole de poison qui porta dans tes veines les glaces de la mort. Toi,
vertueux Ghallier, montre le glaive qui cinq fois hésita de trancher le fil de tes jours.
Toi, Bayle, montre le cordon fatal qui couvrit tes yeux des ombres de la nuit. Toi, Beau-
vais, les meurtrissures qui t’ouvrirent à pas lents les portes du tombeau; et toi, philosophe
courageux, Fabre de l’Hérault, dont l’âme républicaine préféra la mort à une fuite
honteuse, montre tes innombrables cicatrices. Vous, respectables enfants, ô Barra! ô Viala!
le sang que vous avez répandu fume encore; il s’élève vers le ciel, il crie vengeance.
Illustres républicains, vos mânes seront apaisées. Celui qui fait succéder la lumière aux
ténèbres a déposé en nos mains la foudre qui doit punir les rois, leurs complices, et
réduire en poudre les trônes d’où ils conspirent notre perte. Le tonnerre gronde, l’orage
grossit, il s’avance, il approche, il éclate, ses ravages seront terribles.
» O toi, dont la main puissante étend le ciel comme un voile ; toi, qui règles le cours
des révolutions ainsi que celui des saisons, fais disparaître de la face du globe, ou plutôt
régénère la terre impie qui donnerait asile au despotisme et s’armerait pour sa querelle :
s’il en est une, son crime n’est que celui de ses tyrans, que tous les maux de la guerre retom-
bent sur leurs têtes! S’ils échappent à nos bras vengeurs, que la terre, trop longtemps
souillée de leur présence, leur refuse un abri et la nourriture qu’elle accorde aux animaux
 
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