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David, Jacques Louis; David, Louis [Ill.]
Le peintre Louis David: 1748 - 1825 (Band 1): Souvenirs & documents inédits — Paris: Havard, 1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.65588#0233
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DAVID ET LE 9 THERMIDOR

219

j’éprouve dans ce moment-ci. Dorénavant, j’en fais le serment, et j’ai cru le remplir clans
cette malheureuse circonstance, je ne m’attacherai plus aux hommes, mais seulement aux
principes. »
« David a embrassé Robespierre aux Jacobins, s’écrie un représentant, et il y est allé
prêcher l’insurrection. »
Goupilleau de Fontenay prend la parole :
« J’interpelle David, dit-il, de déclarer si, au moment où Robespierre descendit de la
tribune, après avoir prononcé son discours ou plutôt son acte d’accusation, lui, David,
n’alla pas l’embrasser en lui disant : « Si tu bois la ciguë, je la boirai avec toi. »
« Ce n’était pas pour faire accueil à Robespierre, répond David, que je descendis de
son côté; c’était pour monter à la tribune et demander que l’heure de la Fête du 10 fût
avancée. Je n’ai pas embrassé Robespierre, je ne l’ai même pas touché, car il repoussait
tout le monde.
» Il est vrai que lorsque Couthon lui parla de l’envoi de son discours aux Communes,
je dis qu’il pourrait semer le trouble dans toute la République.
» Robespierre s’écria alors, qu’il ne lui restait plus qu’à boire la ciguë : Je lui dis :
« Je la boirai avec toi. »
» Je ne suis pas le seul qui ait été trompé sur son compte, beaucoup de citoyens l’ont
cru vertueux, ainsi que moi. »
En parlant ainsi, se rappelait-il Pétion, qui, dans les débats violents qui précédèrent
la chute des Girondins, alors qu'il se lançait au milieu de l’assemblée en criant : « Je
demande que vous m’assassiniez ! Je suis un homme vertueux aussi, la liberté triomphera! »
lui avait répondu : « Que prouve l’action de David? — le dévouement d’un honnête homme
en délire et trompé.
» — Non, lui répliquait l’artiste.
» —■ Vous vous en apercevrez, » avait repris Pétion.
Accusé à son tour, David apercevait la vérité cruelle des paroles de Pétion.
Heureusement, Thibaudeau vint à son secours en demandant le renvoi de l’examen
de sa conduite aux deux Comités. Tallien présente les observations suivantes : « Si un
membre de la Convention, dit-il, n’avait pas été inculpé ici d’une manière directe, s’il
ne s’était pas présenté à la tribune pour repousser l’inculpation, je demanderais aussi le
renvoi aux Comités. Mais autant nous devons être soigneux de ne pas attaquer légèrement
la représentation nationale dans aucun de nous, autant, lorsqu’elle est attaquée, nous
devons exiger une réparation authentique.
» Il ne doit siéger dans cette enceinte que des hommes purs. Aucune réputation ne
doit plus vous aveugler. Nous sommes au moment où les hommes, quelque talent qu’ils
aient, ne sont plus rien : la vertu et la liberté sont tout.
» On a reproché à David de ne s’être pas présenté ici dans le moment de la crise : moi
je dirai plus. Dans la nuit du 9 au 10, Cofïînhal dit qu’il était bien sûr que la signature
de David apposée au bas d’une proclamation n’était pas la sienne, parce qu’il était l’ami
de Robespierre. Ce ne serait sans doute pas là le sujet d’une accusation, s’il n’y avait pas
 
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