GARENNE
429 et FouchéPhon 561 adoptent également
cette proposition; SôllWald 131 la rejette parce
qu’il n’y aurait pas eu de garennes munies d’une
clôture, mais le glissement de “endroit protégé
par une clôture” à “endroit protégé par ordon- 05
nance” est plausible). FEW 222 sub sol prend
en considération 1t. VARA “traverse de bois”,
mais le rejette à cause du suffixe difficilement
explicable (cp. p.ex. 1t. trà(n)senna qui est p.-ê.
étrusque, langue où le suffi -enna est fréquent, 10
EM4). - On ne peut séparer garenne et varenne
(ni frm. varaigne, v. ci-dessous 4°): leurs champs
sémasiologiques sont identiques et la variation
de l’initiale est sans importance, étant donné la
déphonématisation partielle des initiales g-, 15
gu-, w-, v-, j- dans le Nord de la France
(cp. -*• GAI [var. guai, goez, jai, (vaz)]; -> GUAI-
menter [gai-, wai-, veiment]-, — galoper \gua-,
wa-, ja-]\ etc., cp. encore des mots comme
-> GUÉ, ->■ guivre, etc. pour lesquels on s’est 20
efforcé de trouver des étymologies justifiant l’ini-
tiale, sans que ce soit nécessaire; v. aussi H.
Weinrich, Phonologische Studien § 118); en
conséquence, du point de vue phonétique, on
peut se passer d’un croisement d’un étymon pré- 25
indo-eur., 1t. ou gaul. avec un mot germ. - Nous
préférons l’étymologie proposée par Gam2,
gaul. *VARROS “poteau” (mais en réunissant
garenne et varenne). La dérivation en -enna est
beaucoup plus prob. en gaul. qu’en 1t. ou germ., 30
vp.Arduenna / Arduïnna (: irl. ard “haut”, Dot-
tinGaul; DauzatRostaing), Cebenna / Cevenna,
It.tard. couinnus “chariot, char de guerre”
(d’origine celt., resté mot étranger en 1t., EM4;
DottinGaul 248;358) [données signalées par 35
A.Maniet, Québec]; cp. aussi -> coenne,
coanne dont le suffi, serait également gaul., v.
FEW 2,1598a; BW5 sub COUENNE; Gam2. Du
point de vue sémantique, une influence de gar-
der, garir et surtout de garant(ir) est très pro- 40
bable au niveau de l’afr. (les var. du type
y trouvent une explication: cp. garandir, garan-
die [une fois warenie], garandise, etc. sub
-> garant; Gam2 croit que la var. -nd- indique
une origine gaul., cp. DottinGaul 358 note ad 45
p.100 «il semble que nd et nn soient des var.
phon. d’un même groupe primitif; Mandu-esse-
dum s’explique facilement par mannus “petit
cheval” », mais A.Maniet reste sceptique, car
mandu est illyrien.). Cp. afr. défais ( < 1t. DE- 50
FENSUM “interdit”) “interdiction, résistance,
protection, défense; palissade” > “terre, bois,
etc. dont l’entrée est interdite” (v. TL 2,1289;
Gdf 2,463b; FEW 3,29a; SôllWald 188); cp.
encore ail. Bannwald “forêt frappé d’un ban” et 55
Banbois, Bois de Ban, etc. dans des noms de
lieux fr. (v. Grôhler 2,365 et aussi FEW 1,230).
L’évolution sémantique de garenne s’explique
facilement: *“terrain clos” > *“terrain frappé
d’une défense” > “domaine de chasse ou de
pêche réservée” (sens 1°) > “étendue de terrain
(boisé?)” (sens 3°; les exemples ne permettent pas
de voir le sens précis, il peut s’agir aussi d’une
plaine ou d’un bois clairsemé) > “terre inculte”
(les garennes n’étaient jamais établies dans les
champs fertiles et cultivés; ce sens est très ré-
pandu dans les patois) et “nasse, vivier (?), etc.”
(v. 4°). - Etant un terme juridique, garenna
(garanna, warenna, varenna, varanna, guaren-
da, warennum) est très répandu en mit. dès le
lles„ v. DC 4,26b;32b;8,243c;408a; Latham;
CPont 120;251; etc. (pour les dérivés, v. ci-des-
sous); attesté comme nom de lieu dès le 6e siècle
(Varenna monasterium [Nièvre]; Garenae, etc.
dep. 1152), v. Grôhler 2,365; FEW; SôllWald
126n3; Longnon 600; d’où aussi le nom de per-
sonnes Garenne, v. DauzatNoms; Taillel297M
p.54. Se trouve aussi en aocc.: garena (doc. Albi
1268), garenda (GirBorn), guarana (lim.
ca. 1140), v. FEW; Lv 4,42b;60b (v. aussi garuna
[1. garana Lv] et varena Rn 3,437a), et a été
emprunté par des langues voisines: afrpr. gare-
ne, varene, vareine (GirRossDecH gloss.; man-
que PfisterGir), it. garenna “lieu où les lapins
sont élevés en semi-liberté”, “tanière de lapin”
(dep. 1655, Battaglia), bret. goarem “garenne”
(aussi -n; FEW), mnéerl. warande (VerVer, auj.
“parc”), angl. warren (dep. 1377 [wareine],
OED), warrener (dep. 1362 [warinar], déjà 1297
comme nom propre [ Warener], OED). - [Nous
avons pu consulter l’article garenne du FEW
222 sub sol sur une épreuve provisoire].]
(garenne ca. 1160 ThebesC 8635; doc. 1247 Sôll-
Wald; doc. 1265 et 1267 SchwanBehrens3;
CoutNormGuillH 56a; BeaumCoutS 935; doc.
1305 Mahaut p. 13; GGuiW 12029; 15445; Cout-
BretP p.272; doc. 1321 Ord 12,451; doc. 1341/
1348 Bev; doc. 1345 ChRethelS 2,48,19 Runk et
Morlet; [doc. 1324 DC 8,408b est tiré de Ord
5,380 et date en fait de 1370], garene doc. 1300
SchwanBehrens3 III p.76; norm. guarenne The-
besC 4335; rég. doc. 1326 Gdf 4,227a; norm.
agn. champ, ard. warenne ThebesC 8635var.;
GrChJSansTerreR; SeneschaucieL 88; doc. 1300
FEW; doc. 1316 ChRethelS 4,113,9 Morlet et
Runk, s.l. varenne doc. 1268 DC, varene doc.
ang. 1271, waresne doc. déb.l4es., waresme Ma-
rieFabW 22,26var., warren doc. mit. 1186 DC
8,408c; garanne ca.1160 ThebesR 4559;8195;
RenR 17325; doc. champ. 1274 FEW; Hauréau-
Not 4,154; doc. 1300 Gdf [une autre fois dans le
même doc. DC 4,39a sub gasalia]; DeschQ
3,269,26, [cp. Rich 1680 sub garanne « On dit
garenne, et non pas garanne », sub garan-
247
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429 et FouchéPhon 561 adoptent également
cette proposition; SôllWald 131 la rejette parce
qu’il n’y aurait pas eu de garennes munies d’une
clôture, mais le glissement de “endroit protégé
par une clôture” à “endroit protégé par ordon- 05
nance” est plausible). FEW 222 sub sol prend
en considération 1t. VARA “traverse de bois”,
mais le rejette à cause du suffixe difficilement
explicable (cp. p.ex. 1t. trà(n)senna qui est p.-ê.
étrusque, langue où le suffi -enna est fréquent, 10
EM4). - On ne peut séparer garenne et varenne
(ni frm. varaigne, v. ci-dessous 4°): leurs champs
sémasiologiques sont identiques et la variation
de l’initiale est sans importance, étant donné la
déphonématisation partielle des initiales g-, 15
gu-, w-, v-, j- dans le Nord de la France
(cp. -*• GAI [var. guai, goez, jai, (vaz)]; -> GUAI-
menter [gai-, wai-, veiment]-, — galoper \gua-,
wa-, ja-]\ etc., cp. encore des mots comme
-> GUÉ, ->■ guivre, etc. pour lesquels on s’est 20
efforcé de trouver des étymologies justifiant l’ini-
tiale, sans que ce soit nécessaire; v. aussi H.
Weinrich, Phonologische Studien § 118); en
conséquence, du point de vue phonétique, on
peut se passer d’un croisement d’un étymon pré- 25
indo-eur., 1t. ou gaul. avec un mot germ. - Nous
préférons l’étymologie proposée par Gam2,
gaul. *VARROS “poteau” (mais en réunissant
garenne et varenne). La dérivation en -enna est
beaucoup plus prob. en gaul. qu’en 1t. ou germ., 30
vp.Arduenna / Arduïnna (: irl. ard “haut”, Dot-
tinGaul; DauzatRostaing), Cebenna / Cevenna,
It.tard. couinnus “chariot, char de guerre”
(d’origine celt., resté mot étranger en 1t., EM4;
DottinGaul 248;358) [données signalées par 35
A.Maniet, Québec]; cp. aussi -> coenne,
coanne dont le suffi, serait également gaul., v.
FEW 2,1598a; BW5 sub COUENNE; Gam2. Du
point de vue sémantique, une influence de gar-
der, garir et surtout de garant(ir) est très pro- 40
bable au niveau de l’afr. (les var. du type
y trouvent une explication: cp. garandir, garan-
die [une fois warenie], garandise, etc. sub
-> garant; Gam2 croit que la var. -nd- indique
une origine gaul., cp. DottinGaul 358 note ad 45
p.100 «il semble que nd et nn soient des var.
phon. d’un même groupe primitif; Mandu-esse-
dum s’explique facilement par mannus “petit
cheval” », mais A.Maniet reste sceptique, car
mandu est illyrien.). Cp. afr. défais ( < 1t. DE- 50
FENSUM “interdit”) “interdiction, résistance,
protection, défense; palissade” > “terre, bois,
etc. dont l’entrée est interdite” (v. TL 2,1289;
Gdf 2,463b; FEW 3,29a; SôllWald 188); cp.
encore ail. Bannwald “forêt frappé d’un ban” et 55
Banbois, Bois de Ban, etc. dans des noms de
lieux fr. (v. Grôhler 2,365 et aussi FEW 1,230).
L’évolution sémantique de garenne s’explique
facilement: *“terrain clos” > *“terrain frappé
d’une défense” > “domaine de chasse ou de
pêche réservée” (sens 1°) > “étendue de terrain
(boisé?)” (sens 3°; les exemples ne permettent pas
de voir le sens précis, il peut s’agir aussi d’une
plaine ou d’un bois clairsemé) > “terre inculte”
(les garennes n’étaient jamais établies dans les
champs fertiles et cultivés; ce sens est très ré-
pandu dans les patois) et “nasse, vivier (?), etc.”
(v. 4°). - Etant un terme juridique, garenna
(garanna, warenna, varenna, varanna, guaren-
da, warennum) est très répandu en mit. dès le
lles„ v. DC 4,26b;32b;8,243c;408a; Latham;
CPont 120;251; etc. (pour les dérivés, v. ci-des-
sous); attesté comme nom de lieu dès le 6e siècle
(Varenna monasterium [Nièvre]; Garenae, etc.
dep. 1152), v. Grôhler 2,365; FEW; SôllWald
126n3; Longnon 600; d’où aussi le nom de per-
sonnes Garenne, v. DauzatNoms; Taillel297M
p.54. Se trouve aussi en aocc.: garena (doc. Albi
1268), garenda (GirBorn), guarana (lim.
ca. 1140), v. FEW; Lv 4,42b;60b (v. aussi garuna
[1. garana Lv] et varena Rn 3,437a), et a été
emprunté par des langues voisines: afrpr. gare-
ne, varene, vareine (GirRossDecH gloss.; man-
que PfisterGir), it. garenna “lieu où les lapins
sont élevés en semi-liberté”, “tanière de lapin”
(dep. 1655, Battaglia), bret. goarem “garenne”
(aussi -n; FEW), mnéerl. warande (VerVer, auj.
“parc”), angl. warren (dep. 1377 [wareine],
OED), warrener (dep. 1362 [warinar], déjà 1297
comme nom propre [ Warener], OED). - [Nous
avons pu consulter l’article garenne du FEW
222 sub sol sur une épreuve provisoire].]
(garenne ca. 1160 ThebesC 8635; doc. 1247 Sôll-
Wald; doc. 1265 et 1267 SchwanBehrens3;
CoutNormGuillH 56a; BeaumCoutS 935; doc.
1305 Mahaut p. 13; GGuiW 12029; 15445; Cout-
BretP p.272; doc. 1321 Ord 12,451; doc. 1341/
1348 Bev; doc. 1345 ChRethelS 2,48,19 Runk et
Morlet; [doc. 1324 DC 8,408b est tiré de Ord
5,380 et date en fait de 1370], garene doc. 1300
SchwanBehrens3 III p.76; norm. guarenne The-
besC 4335; rég. doc. 1326 Gdf 4,227a; norm.
agn. champ, ard. warenne ThebesC 8635var.;
GrChJSansTerreR; SeneschaucieL 88; doc. 1300
FEW; doc. 1316 ChRethelS 4,113,9 Morlet et
Runk, s.l. varenne doc. 1268 DC, varene doc.
ang. 1271, waresne doc. déb.l4es., waresme Ma-
rieFabW 22,26var., warren doc. mit. 1186 DC
8,408c; garanne ca.1160 ThebesR 4559;8195;
RenR 17325; doc. champ. 1274 FEW; Hauréau-
Not 4,154; doc. 1300 Gdf [une autre fois dans le
même doc. DC 4,39a sub gasalia]; DeschQ
3,269,26, [cp. Rich 1680 sub garanne « On dit
garenne, et non pas garanne », sub garan-
247
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