HANTERIE
anord. HEIMTA “ramener à la maison, chez soi”;
une raison d’ordre sémantique fait que Gain2 préfère
frq. *HAIMITHÔN “héberger”'l): il est suivi entre
autres par REW3 3993a. Le second étymon, It.vulg.
*AMBITARE, a été proposé par SchelerEt2 235a
en 1873 (Scheler n’a pas été mentionné par la lexi-
cographie sauf par GreiveH [ 1970])<2’. Cet étymon a
son importance dans la discussion de l’origine d’occ.
annar (FEW 24,401b [Smirickÿ]: *AMBITARE <
AMBITUS; mieux: itératif de AMBÏRE), d’esp.
port, andar (Corom2 1,256b: AMBULARE; ib. 257a
ad *AMBITARE) et d’it. andare (LEI 2,744-750:
AMBULARE1’’). Le LEI réfute *ambitare comme
hypothétique (748,19; 26; 32; 749,8) et comme non
satisfaisant pour l’explication d’une bonne partie des
matériaux réunis sous AMBULARE. Ni le FEW 24
ni le LEI ne parlent de l’afr. (h)anter qu'ils savent
placé sous l’étymon germanique. — Si l'on veut
réunir phonétiquement (h)anter, annar, andar et an-
dare sur la base de *ambitare, il faut se rappeler le
phénomène complexe de la syncope, v. StrakaSons
(p.ex. 227) et GreiveH 114, et la possibilité d’un
h aspiré non germanique. Quant à la sémantique,
cette base est entièrement satisfaisante, surtout en
comparant les groupements possibles avec ambïre,
*ambitago, ambitio, ambitiosus, ambïtus, pour ne
citer que les articles en question du FEW et du LEI.
Normalement la reconstruction d’un étymon n’est
pas une objection en soi, mais dans le présent cas il
semble que les étymologues attendent des preuves
positives.
C’est le philologue classique H. Petersmann qui
a retrouvé et identifié pour la philologie romane
deux attestations de It.tardif AMBITARE “aller ici
et là cherchant à convaincre” sous la forme du grec
àg/IlTEUEiv (à deux époques et dans deux genres
litt. différents)* 2 * 14’, v. son article à paraître. Pour le
milieu conditionnant F emploi de latinismes dans des
textes grecs v. H. Petersmann, “Vulgârlateinisches
aus Byzanz”, Zuni Umgang mit fremden Sprachen
in der griech.-rôm. Antike. Koll. Saarbrücken 1989,
“''Gam1 aangl. hâmettan “id.”.
l2'Stimm AnS 208 (1972) 146 «kann eine durchaus
akzeptable Lôsung darstellen». MeierAnst 107nl:
*ambïtïtare.
<3’Cf. ib. 748n69, citation de Cornu R 16
(1887) 560: «toute étymologie... qui ne réussira
pas à établir une même base pour andare, an-
dar, annar et aller doit être considérée comme
manquée». — [MélGuiraud2 16: amare > *amïtare
> hanter avec h ‘expressif’, évidemment à rejeter.]
l4’Att. en principe accessibles par des glossaires
depuis deux resp. sept décennies.
éd. C.W. Millier et al., Stuttgart 1992, 219-231 (la
présence du latin à Byzance est normale, où une
partie de la plèbe est latinophone; Maurikios p. ex.
est plein de latinismes [227]); cp. aussi BerschinGrLt
et KahaneByz. -> anter.] — Môhren.
[HANTERIE f Lieu-dit enregistré dans Gdf
4,415c: Hermanricus (1. Hemmauricus) de la Han-
terie (doc. 1237, Censier de la léproserie du Grand-
Beaulieu [lez Chartres], Arch. E.-et-L. G. 2960'”),
sans déf. (manque dans GdfLex et FEW). DC 4,165b
cite un nom de rue à Paris, Hanteria (doc. 1276,
Très, des Ch.: une maison au coin de S. Opportuna
et de Hanteria'). Cette même rue réapparaît comme
Alaantheria (= ‘à la Hanterie’) dans un autre doc.
de 1276 (DC 1,156a) et, comme (la) Hanterie,
dans Taillel296M p, 31 et Taillel297M p.30 (cp.
Taillel313M p. 30). Une note dans Taille 1292G
p. 204 parle d’une confusion entre deux rues du
nom de Harengerie (v. sub -> HARENC), mais
il faut distinguer la Harengerie (direction nord-
sud) de la Hanterie (direction est-ouest, les deux
ayant un angle commun) qui relie, avec la Table-
terie (Taillel297M p. 30), la Grant Rue (auj. rue
St-Denis) avec l’extrémité nord de la rue aux
Lavendieres™. — Il est très difficile de se prononcer
au sujet d’une étymologie de ces attestations. Une
identification avec -> ENTER (*enterie “pépinière”)
est possible pour l’att. de Chartres, surtout face à
l’att. de Gaufridus le hantier dans le même doc.<3).
"’Ed. R. Merlet et M.Jusselin, Cart., Chartres
1909, p. 125a. Informations aimablement commu-
niquées par M. M. Thibault, dir. des Arch. dép.
<2|Sur le plan de Paris dans Taillel292G il faut
donc corriger une fois Harengerie en Hanterie.
La Hanterie n’existe plus, elle est intégrée depuis
1854 dans la Rue des Halles actuelle; la Place
Ste Opportune subsiste, elle était reliée avec la
Grant Rue (St-Denis) par la Hanterie (cp. poème
14es., BarbMéon 2,254). V. I.Hillairet, Dict. hist.
rues de Paris, Paris s.d. [- 1961], sub Courtalon,
Lavandières et Halles ; Hanterie y est daté de 1218
(source?); le nom aurait été remplacé en 1495 par
celui de Tabletterie, c’est inexact, v. Taillel297M
p. 30; il est possible que des portions de rue aient eu
des noms différents (p.ex. Tableterie pour la partie
ouest partant de l’angle de la Harengerie), mais aussi
que Hanterie ait laissé la place à Tableterie (c’était un
quartier de tabletiers, v. les Tailles). Cf. A.-M. Perrot,
Petit atlas..., 1834 (réimpr. Paris s.d.), n° 15.
P. 125b; ib.: Phillipus le pressoirier, Radulfus
le talouor, Nicholaus le couturier etc. (tous sans
145
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anord. HEIMTA “ramener à la maison, chez soi”;
une raison d’ordre sémantique fait que Gain2 préfère
frq. *HAIMITHÔN “héberger”'l): il est suivi entre
autres par REW3 3993a. Le second étymon, It.vulg.
*AMBITARE, a été proposé par SchelerEt2 235a
en 1873 (Scheler n’a pas été mentionné par la lexi-
cographie sauf par GreiveH [ 1970])<2’. Cet étymon a
son importance dans la discussion de l’origine d’occ.
annar (FEW 24,401b [Smirickÿ]: *AMBITARE <
AMBITUS; mieux: itératif de AMBÏRE), d’esp.
port, andar (Corom2 1,256b: AMBULARE; ib. 257a
ad *AMBITARE) et d’it. andare (LEI 2,744-750:
AMBULARE1’’). Le LEI réfute *ambitare comme
hypothétique (748,19; 26; 32; 749,8) et comme non
satisfaisant pour l’explication d’une bonne partie des
matériaux réunis sous AMBULARE. Ni le FEW 24
ni le LEI ne parlent de l’afr. (h)anter qu'ils savent
placé sous l’étymon germanique. — Si l'on veut
réunir phonétiquement (h)anter, annar, andar et an-
dare sur la base de *ambitare, il faut se rappeler le
phénomène complexe de la syncope, v. StrakaSons
(p.ex. 227) et GreiveH 114, et la possibilité d’un
h aspiré non germanique. Quant à la sémantique,
cette base est entièrement satisfaisante, surtout en
comparant les groupements possibles avec ambïre,
*ambitago, ambitio, ambitiosus, ambïtus, pour ne
citer que les articles en question du FEW et du LEI.
Normalement la reconstruction d’un étymon n’est
pas une objection en soi, mais dans le présent cas il
semble que les étymologues attendent des preuves
positives.
C’est le philologue classique H. Petersmann qui
a retrouvé et identifié pour la philologie romane
deux attestations de It.tardif AMBITARE “aller ici
et là cherchant à convaincre” sous la forme du grec
àg/IlTEUEiv (à deux époques et dans deux genres
litt. différents)* 2 * 14’, v. son article à paraître. Pour le
milieu conditionnant F emploi de latinismes dans des
textes grecs v. H. Petersmann, “Vulgârlateinisches
aus Byzanz”, Zuni Umgang mit fremden Sprachen
in der griech.-rôm. Antike. Koll. Saarbrücken 1989,
“''Gam1 aangl. hâmettan “id.”.
l2'Stimm AnS 208 (1972) 146 «kann eine durchaus
akzeptable Lôsung darstellen». MeierAnst 107nl:
*ambïtïtare.
<3’Cf. ib. 748n69, citation de Cornu R 16
(1887) 560: «toute étymologie... qui ne réussira
pas à établir une même base pour andare, an-
dar, annar et aller doit être considérée comme
manquée». — [MélGuiraud2 16: amare > *amïtare
> hanter avec h ‘expressif’, évidemment à rejeter.]
l4’Att. en principe accessibles par des glossaires
depuis deux resp. sept décennies.
éd. C.W. Millier et al., Stuttgart 1992, 219-231 (la
présence du latin à Byzance est normale, où une
partie de la plèbe est latinophone; Maurikios p. ex.
est plein de latinismes [227]); cp. aussi BerschinGrLt
et KahaneByz. -> anter.] — Môhren.
[HANTERIE f Lieu-dit enregistré dans Gdf
4,415c: Hermanricus (1. Hemmauricus) de la Han-
terie (doc. 1237, Censier de la léproserie du Grand-
Beaulieu [lez Chartres], Arch. E.-et-L. G. 2960'”),
sans déf. (manque dans GdfLex et FEW). DC 4,165b
cite un nom de rue à Paris, Hanteria (doc. 1276,
Très, des Ch.: une maison au coin de S. Opportuna
et de Hanteria'). Cette même rue réapparaît comme
Alaantheria (= ‘à la Hanterie’) dans un autre doc.
de 1276 (DC 1,156a) et, comme (la) Hanterie,
dans Taillel296M p, 31 et Taillel297M p.30 (cp.
Taillel313M p. 30). Une note dans Taille 1292G
p. 204 parle d’une confusion entre deux rues du
nom de Harengerie (v. sub -> HARENC), mais
il faut distinguer la Harengerie (direction nord-
sud) de la Hanterie (direction est-ouest, les deux
ayant un angle commun) qui relie, avec la Table-
terie (Taillel297M p. 30), la Grant Rue (auj. rue
St-Denis) avec l’extrémité nord de la rue aux
Lavendieres™. — Il est très difficile de se prononcer
au sujet d’une étymologie de ces attestations. Une
identification avec -> ENTER (*enterie “pépinière”)
est possible pour l’att. de Chartres, surtout face à
l’att. de Gaufridus le hantier dans le même doc.<3).
"’Ed. R. Merlet et M.Jusselin, Cart., Chartres
1909, p. 125a. Informations aimablement commu-
niquées par M. M. Thibault, dir. des Arch. dép.
<2|Sur le plan de Paris dans Taillel292G il faut
donc corriger une fois Harengerie en Hanterie.
La Hanterie n’existe plus, elle est intégrée depuis
1854 dans la Rue des Halles actuelle; la Place
Ste Opportune subsiste, elle était reliée avec la
Grant Rue (St-Denis) par la Hanterie (cp. poème
14es., BarbMéon 2,254). V. I.Hillairet, Dict. hist.
rues de Paris, Paris s.d. [- 1961], sub Courtalon,
Lavandières et Halles ; Hanterie y est daté de 1218
(source?); le nom aurait été remplacé en 1495 par
celui de Tabletterie, c’est inexact, v. Taillel297M
p. 30; il est possible que des portions de rue aient eu
des noms différents (p.ex. Tableterie pour la partie
ouest partant de l’angle de la Harengerie), mais aussi
que Hanterie ait laissé la place à Tableterie (c’était un
quartier de tabletiers, v. les Tailles). Cf. A.-M. Perrot,
Petit atlas..., 1834 (réimpr. Paris s.d.), n° 15.
P. 125b; ib.: Phillipus le pressoirier, Radulfus
le talouor, Nicholaus le couturier etc. (tous sans
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