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ENTRÉE DE CHARLES VIII A FLORENCE.
Toutes les cloches sonnaient. La Seigneurie descendit de son estrade
pour complimenter le roi et lui présenter les clefs des portes San-Fre-
diano, San-Gallo et San-Pier-Gattolino ; mais au moment où Luc
Corsini allait lire le discours qu'il avait préparé au nom de ses collè-
gues, une seconde averse le ht rester court, en penouvelant le désordre
qui avait déjà dispersé la procession. La réception allait être manquée,
si l'intendant du palais, François Gaddi, n'eût eu la présence d'esprit
de se frayer un chemin au milieu des chevaux effarés et d'adresser à
Charles, en français, quelques paroles de circonstance (1).
Le cortège se remit en marche. Une foule de seigneurs ecclésiasti-
ques et laïques superbement vêtus, les chevaliers de l'Ordre, les
membres du Grand-Conseil, les gens de justice et de finance, se pres-
saient à la suite du roi. Enfin, après quelques escadrons d'arrière-
garde, la troupe immense des valets, des ouvriers de toute sorte, des
vivandiers et des ribauds suivait la longue hle des bagages.
Le déhlé des soldats avait duré si longtemps (2) que Charles VIII
ne franchit la porte San-Frediano qu'une heure avant le coucher du
soleil. Il s'engagea dans le Borgo San-Giacomo (3), traversa l'Arno
sur le Ponte Vecchio, et, par Por' Santa-Maria et la Via Vacche-
reccia, il arriva sur la place de la Seigneurie. Déjà, au Ponte alla
Trinità, il avait fort admiré un char couvert de tapisseries et sur
lequel était figurée l'Annonciation, telle qu'on la représentait à cer-
tains jours devant l'église de l'Annunziata. Le spectacle qu'il décou-
vrit en arrivant devant le Palais public dut lui plaire encore plus.
Des géants et d'autres êtres fantastiques parcouraient la place ; sur un
char triomphal, des jeunes gens étaient groupés autour d'une colossale
heur de lis d'or couronnée de palmes argentées et de branches d'oli-
vier. Tous saluèrent le roi du cri de « Bienvenu soit le restaura-
teur de la liberté ! x et se mirent à chanter ses louanges en s'ac-
compagnant de divers instruments. De la place, le cortège alla
gagner les Fb7z&z77z<?7z/z, cette rue circulaire qui contourne l'abside du
Dôme, et parvint devant le Baptistère au moment où le soleil se
couchait.
(1) rrz'orAZa 41 4. <?Z TA Ga44z', dans l'Trc/znho ^Zorico 7Zu/;4?;o, t. IV, IF partie, p. 47.
(2) Il y avait 8 000 chevaux et 4 000 piétons. (ZThhe???.)
(3) Aujourd'hui Via San-Frediano.
ENTRÉE DE CHARLES VIII A FLORENCE.
Toutes les cloches sonnaient. La Seigneurie descendit de son estrade
pour complimenter le roi et lui présenter les clefs des portes San-Fre-
diano, San-Gallo et San-Pier-Gattolino ; mais au moment où Luc
Corsini allait lire le discours qu'il avait préparé au nom de ses collè-
gues, une seconde averse le ht rester court, en penouvelant le désordre
qui avait déjà dispersé la procession. La réception allait être manquée,
si l'intendant du palais, François Gaddi, n'eût eu la présence d'esprit
de se frayer un chemin au milieu des chevaux effarés et d'adresser à
Charles, en français, quelques paroles de circonstance (1).
Le cortège se remit en marche. Une foule de seigneurs ecclésiasti-
ques et laïques superbement vêtus, les chevaliers de l'Ordre, les
membres du Grand-Conseil, les gens de justice et de finance, se pres-
saient à la suite du roi. Enfin, après quelques escadrons d'arrière-
garde, la troupe immense des valets, des ouvriers de toute sorte, des
vivandiers et des ribauds suivait la longue hle des bagages.
Le déhlé des soldats avait duré si longtemps (2) que Charles VIII
ne franchit la porte San-Frediano qu'une heure avant le coucher du
soleil. Il s'engagea dans le Borgo San-Giacomo (3), traversa l'Arno
sur le Ponte Vecchio, et, par Por' Santa-Maria et la Via Vacche-
reccia, il arriva sur la place de la Seigneurie. Déjà, au Ponte alla
Trinità, il avait fort admiré un char couvert de tapisseries et sur
lequel était figurée l'Annonciation, telle qu'on la représentait à cer-
tains jours devant l'église de l'Annunziata. Le spectacle qu'il décou-
vrit en arrivant devant le Palais public dut lui plaire encore plus.
Des géants et d'autres êtres fantastiques parcouraient la place ; sur un
char triomphal, des jeunes gens étaient groupés autour d'une colossale
heur de lis d'or couronnée de palmes argentées et de branches d'oli-
vier. Tous saluèrent le roi du cri de « Bienvenu soit le restaura-
teur de la liberté ! x et se mirent à chanter ses louanges en s'ac-
compagnant de divers instruments. De la place, le cortège alla
gagner les Fb7z&z77z<?7z/z, cette rue circulaire qui contourne l'abside du
Dôme, et parvint devant le Baptistère au moment où le soleil se
couchait.
(1) rrz'orAZa 41 4. <?Z TA Ga44z', dans l'Trc/znho ^Zorico 7Zu/;4?;o, t. IV, IF partie, p. 47.
(2) Il y avait 8 000 chevaux et 4 000 piétons. (ZThhe???.)
(3) Aujourd'hui Via San-Frediano.