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eommune, il faut qu’aucun de ces deux peuples ne soit lésé, ou
ne puisse se croire lésé, au profit de l’autre. Equilibre que Votre
charge Vous convie à réaliser, équilibre difficile et délicat, mais
qui est la condition mêrne de l’unité ct de l’avenir de Votre
royaume.
Or, au lendemain de 1830, l’équilibre fut rompu au détriment
des Flamands. La Révolution avait été faite contre la Hollande
et consotidée par l’appui de la France; ses principaux artisans
étaient des Wallons; l’une de ses causes était l’obligation du
néerlandais. L’arrêté du prince d’Orange du 1 er octobre 1814
avait provoqué,dès sa promulgation,les plusvives piutestations
et il était vraiment insolent de placer une inscription flamande
sur une porte de la forteresse de Charleroi.
Ges circonstances expliquent aisément la primauté accordée
au français. Tout en reconnaissant, de façon assez vague, la
faculté des deux langues, les Constituants déciarèrent que le
texte français serait le seul texte officiel des lois (art. 23, Const.,
art. 5 de la loi du 19 septembre 1831).
Sans doute, il n’y avait dans le fait que la législation fut offi-
ciellement française, qu’un inconvénient bien léger pour les
Fiamands. Mais ce fait correspondait à d’autres, infiniment
moins acceptables : l’enseignement, la justice, l’administration
étaient en pays flamand exclusivement français.
Les réclamations ne tardèrent point. Cc furent des littéra-
teurs, J.-F. Willems (Vader Willems) et Henri Conscience qui
leur donnèrent le plus solide point d’appui. Dôs 1840, des péti-
tions qui trouvèrent un chaleureux défenseur en M. P. de
Decker, esquissèrent un programme de réformes qui fut précisé
à Gand le 26 novembre 1847 et dont les Flamands ont pour-
suivi jusqu’aujourd’hui la réalisation, avec cette indomptable
ténacité qui est l’une de leurs qualités essentielles.
Au mois d’août 1849, un Congrès flamand se réunit à Gand.
Ses organisateurs avaient audacieusement dépassé les fron-
tières politiques pour mieux afifirmer la communauté de race.
IIs avaient fait appel aux Flamands de France, de Ilollande et
d’Allemagne. Si nous, Wallons, nous tendons quelque jour la
main à nos frères du nord de la France ou de l’est de la Prusse,
nous ne ferons que suivi’e un exemple ancien.
L’agitation se perpétua. Des travaux linguistiques, tels que la
réforme de l’orlhographe, unifiant en une langue des dialectes
qui pouvaient paraître n’être que des patois locaux, le Diction-
naire néerlanclais dont ’MM. de Vries, te Winkel et David dres-
eommune, il faut qu’aucun de ces deux peuples ne soit lésé, ou
ne puisse se croire lésé, au profit de l’autre. Equilibre que Votre
charge Vous convie à réaliser, équilibre difficile et délicat, mais
qui est la condition mêrne de l’unité ct de l’avenir de Votre
royaume.
Or, au lendemain de 1830, l’équilibre fut rompu au détriment
des Flamands. La Révolution avait été faite contre la Hollande
et consotidée par l’appui de la France; ses principaux artisans
étaient des Wallons; l’une de ses causes était l’obligation du
néerlandais. L’arrêté du prince d’Orange du 1 er octobre 1814
avait provoqué,dès sa promulgation,les plusvives piutestations
et il était vraiment insolent de placer une inscription flamande
sur une porte de la forteresse de Charleroi.
Ges circonstances expliquent aisément la primauté accordée
au français. Tout en reconnaissant, de façon assez vague, la
faculté des deux langues, les Constituants déciarèrent que le
texte français serait le seul texte officiel des lois (art. 23, Const.,
art. 5 de la loi du 19 septembre 1831).
Sans doute, il n’y avait dans le fait que la législation fut offi-
ciellement française, qu’un inconvénient bien léger pour les
Fiamands. Mais ce fait correspondait à d’autres, infiniment
moins acceptables : l’enseignement, la justice, l’administration
étaient en pays flamand exclusivement français.
Les réclamations ne tardèrent point. Cc furent des littéra-
teurs, J.-F. Willems (Vader Willems) et Henri Conscience qui
leur donnèrent le plus solide point d’appui. Dôs 1840, des péti-
tions qui trouvèrent un chaleureux défenseur en M. P. de
Decker, esquissèrent un programme de réformes qui fut précisé
à Gand le 26 novembre 1847 et dont les Flamands ont pour-
suivi jusqu’aujourd’hui la réalisation, avec cette indomptable
ténacité qui est l’une de leurs qualités essentielles.
Au mois d’août 1849, un Congrès flamand se réunit à Gand.
Ses organisateurs avaient audacieusement dépassé les fron-
tières politiques pour mieux afifirmer la communauté de race.
IIs avaient fait appel aux Flamands de France, de Ilollande et
d’Allemagne. Si nous, Wallons, nous tendons quelque jour la
main à nos frères du nord de la France ou de l’est de la Prusse,
nous ne ferons que suivi’e un exemple ancien.
L’agitation se perpétua. Des travaux linguistiques, tels que la
réforme de l’orlhographe, unifiant en une langue des dialectes
qui pouvaient paraître n’être que des patois locaux, le Diction-
naire néerlanclais dont ’MM. de Vries, te Winkel et David dres-