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BYZANCE
plus pathétique et plus passionnée ; et dans l’exécution
sa technique, au coloris savant et harmonieux,
semble presque impressionniste. Des écoles se forment,
différentes de style et d’inspiration ; des œuvres
naissent, comparables aux meilleurs ouvrages des pri-
mitifs italiens et qui cependant ne leur doivent rien, ou
bien peu de chose. Et si assurément l’art byzantin —
nul ne le conteste — a été bien des fois imitateur et
copiste, s’il a trop souvent et trop vite fixé en for-
mules ses trouvailles les plus fécondes, s’il est demeuré
trop attaché à la tradition, trop docile à l’Eglise, il a
été cependant bien davantage encore capable d’origi-
nalité et de création. A deux reprises au moins, au
cours de son existence millénaire, il a su, au contact
de la tradition antique, retrouver une vigueur nou-
velle et connaître des renaissances inattendues.
Mais ce n’est point à la seule tradition antique que
l’art byzantin doit sa grandeur. A côté du courant
hellénistique, un puissant courant oriental traverse et
inspire cet art. Tandis que le premier, tout plein encore
de l’esprit classique, lui donne le goût des attitudes
nobles, des gestes mesurés, des compositions équi-
librées et simples, et comme un accent d’idéalisme,
le second lui apporte une inspiration très différente,
plus libre, plus vivante, moins éprise de belles ordon-
nances, plus curieuse de mouvement, de passion, de
pittoresque, un réalisme qui ne recule pas devant les
détails vulgaires et vrais. D’un bout à l’autre de l’his-
toire de l’art byzantin, ces deux traditions se combi-
nent et s’opposent ; selon les temps, l’une ou l’autre
exerce l’influence prépondérante et marque à son
empreinte le mouvement artistique ; Alexandrie et
Antioche tour à tour dominent Constantinople ; et plus
d’une fois, brusquement,- sous l’influence hellénique,
réapparaît le vieux fond oriental, syrien, palestinien,
cappadocien, qui semblait oublié. Par tout cela, et par
le contact aussi avec l’Orient perse et arabe, l’art
BYZANCE
plus pathétique et plus passionnée ; et dans l’exécution
sa technique, au coloris savant et harmonieux,
semble presque impressionniste. Des écoles se forment,
différentes de style et d’inspiration ; des œuvres
naissent, comparables aux meilleurs ouvrages des pri-
mitifs italiens et qui cependant ne leur doivent rien, ou
bien peu de chose. Et si assurément l’art byzantin —
nul ne le conteste — a été bien des fois imitateur et
copiste, s’il a trop souvent et trop vite fixé en for-
mules ses trouvailles les plus fécondes, s’il est demeuré
trop attaché à la tradition, trop docile à l’Eglise, il a
été cependant bien davantage encore capable d’origi-
nalité et de création. A deux reprises au moins, au
cours de son existence millénaire, il a su, au contact
de la tradition antique, retrouver une vigueur nou-
velle et connaître des renaissances inattendues.
Mais ce n’est point à la seule tradition antique que
l’art byzantin doit sa grandeur. A côté du courant
hellénistique, un puissant courant oriental traverse et
inspire cet art. Tandis que le premier, tout plein encore
de l’esprit classique, lui donne le goût des attitudes
nobles, des gestes mesurés, des compositions équi-
librées et simples, et comme un accent d’idéalisme,
le second lui apporte une inspiration très différente,
plus libre, plus vivante, moins éprise de belles ordon-
nances, plus curieuse de mouvement, de passion, de
pittoresque, un réalisme qui ne recule pas devant les
détails vulgaires et vrais. D’un bout à l’autre de l’his-
toire de l’art byzantin, ces deux traditions se combi-
nent et s’opposent ; selon les temps, l’une ou l’autre
exerce l’influence prépondérante et marque à son
empreinte le mouvement artistique ; Alexandrie et
Antioche tour à tour dominent Constantinople ; et plus
d’une fois, brusquement,- sous l’influence hellénique,
réapparaît le vieux fond oriental, syrien, palestinien,
cappadocien, qui semblait oublié. Par tout cela, et par
le contact aussi avec l’Orient perse et arabe, l’art