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LA COUR DE FRANÇOIS Ar

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l’illustre fortune, qui fut sur le point de le faire pape, explique
l’éclat de ses bâtiments. Gaillon, sa demeure champêtre
au pays des Vallées, fut le premier modèle de nos grands
châteaux de la Renaissance, orné de portiques, de loges
ouvertes, de fontaines, de statues, offrant partout sur ses
façades l’arabesque florentine et les médaillons à l’antique
que la mode importait d’Italie. François Ier, quand il se mit
à bâtir, eut sans doute l’œil sur cet exemple. Des dispositions,
des ornements pareils se virent à Blois et à Chambord.
Pour embellir ces résidences, il recherchait aussi les
ouvrages des peintres, avec une ardeur qu’on n’avait pas
encore vue chez nous. A Milan, la célèbre Cène de Léonard
de Vinci l’avait charmé si fort, qu’il voulut l’ôter du mur
auquel elle tient et l’emporter, ce qui ne fut pas possible.
Du moins Léonard passa en France. Il suivit le roi à son
retour, fut pensionné par lui, et résidant au Clos-Lucé, près
d’Amboise, y peignit plusieurs de ses chefs-d’œuvre. André
del Sarte, attiré de Florence, travaillait aussi de son art
pour le roi. Avec Léonard de Vinci, en peinture, les deux
autres lumières de l’Italie étaient Raphaël et Michel-Ange.
François Ier correspondait avec eux, sollicitait leur pro-
duction, engageait sur leur recommandation des artistes.
En France ce zèle nouveau surprit ; dans l’Europe il fit
événement.
Auparavant, la monarchie française avait fait admirer
son territoire immense, l’étendue de ses revenus, la force
de ses armées; mais à des princes qu’on savait plus curieux
de lever des troupes que de bâtir, les beaux-arts prêtaient
peu d’attention. L’Italie les regardait comme de puissants
barbares. Quand on sut que de pareilles ressources se
mettaient en mouvement pour les arts, tout changea; il ne
fut plus question, d’un bout de la péninsule à l’autre, que
du roi de France : il n’y eut pas un artiste dans tout le pays
qui n’espérât de faire fortune à son service. Les princes
 
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