LA COUR DE FRANÇOIS Zer
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dans tous ces ouvrages est grossier, et il est visible qu’on n’y
cherchait pas la beauté, mais un secours pour la mémoire,
et un aliment pour la conversation.
Invariablement le même original de Janet ou de quelque
autre, répété de recueil en recueil, a servi pour la même
personne. A côté des noms, dans celui d’Aix, se voit encore
la trace de petites caches de papier, qui sans doute restaient
abaissées pendant qu’on donnait à deviner la personne,
et qu’on levait, quand celui qui cherchait avait trouvé,
ou qu’il donnait sa langue au chat. C’était un jeu de société,
où peut-être on donnait des gages.
Souvent la familiarité entre le maître de l’album et les
personnes représentées s’atteste dans les désignations jointes
aux portraits, ainsi conçues : Madame de Rohan, sœur du
prince de Conti et du roi de Navarre défunt. La princesse, femme
de M. de Montpensier, nommée madame de Givry. La Baillive
de Caen, la grand’mère du comte de Lavedan. Madame de Lansac,
mère du premier gentilhomme d’honneur de la reine mère. Dans
celui d’Aix, les devises engagent avec le personnage une
plaisante conversation. Il y a des dames qu’on loue. Belle
à la voir, honnête à la hanter. La mieux faite. Ce qu’elle cache
est le parfait des autres. Il y en a qu’on caresse. Honnête,
grasse et plaisante à propos. D’autres sont maltraitées. Plus de
cérémonie que de beauté. Plus folle que léale (loyale). Les gentils-
hommes emportent des brocards, où perce la cordialité.
Plus gris que vieux. Plus riant que songeur. Plus plaisant que fou.
Trop petit pour la charrette et trop grand pour le cheval. Plus
affêtu que fin, plus vanteur que mal disant. Un seul reçoit ce
paquet : Plus de menterie que de passion, d’où toute bienveillance
est absente; un autre, alors défunt, cet éloge : A bon droit
regretté de ses amis.
Avec les visages qu’il accompagne, ce jeu d’esprit nous
peint la cour avant la bataille de Pavie, avant les malheurs
qui s’ensuivirent, avant aussi le progrès des ans et de l’expé-
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dans tous ces ouvrages est grossier, et il est visible qu’on n’y
cherchait pas la beauté, mais un secours pour la mémoire,
et un aliment pour la conversation.
Invariablement le même original de Janet ou de quelque
autre, répété de recueil en recueil, a servi pour la même
personne. A côté des noms, dans celui d’Aix, se voit encore
la trace de petites caches de papier, qui sans doute restaient
abaissées pendant qu’on donnait à deviner la personne,
et qu’on levait, quand celui qui cherchait avait trouvé,
ou qu’il donnait sa langue au chat. C’était un jeu de société,
où peut-être on donnait des gages.
Souvent la familiarité entre le maître de l’album et les
personnes représentées s’atteste dans les désignations jointes
aux portraits, ainsi conçues : Madame de Rohan, sœur du
prince de Conti et du roi de Navarre défunt. La princesse, femme
de M. de Montpensier, nommée madame de Givry. La Baillive
de Caen, la grand’mère du comte de Lavedan. Madame de Lansac,
mère du premier gentilhomme d’honneur de la reine mère. Dans
celui d’Aix, les devises engagent avec le personnage une
plaisante conversation. Il y a des dames qu’on loue. Belle
à la voir, honnête à la hanter. La mieux faite. Ce qu’elle cache
est le parfait des autres. Il y en a qu’on caresse. Honnête,
grasse et plaisante à propos. D’autres sont maltraitées. Plus de
cérémonie que de beauté. Plus folle que léale (loyale). Les gentils-
hommes emportent des brocards, où perce la cordialité.
Plus gris que vieux. Plus riant que songeur. Plus plaisant que fou.
Trop petit pour la charrette et trop grand pour le cheval. Plus
affêtu que fin, plus vanteur que mal disant. Un seul reçoit ce
paquet : Plus de menterie que de passion, d’où toute bienveillance
est absente; un autre, alors défunt, cet éloge : A bon droit
regretté de ses amis.
Avec les visages qu’il accompagne, ce jeu d’esprit nous
peint la cour avant la bataille de Pavie, avant les malheurs
qui s’ensuivirent, avant aussi le progrès des ans et de l’expé-