LA COUR DE FRANÇOIS Ier
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dérobé par son valet. De pareils talents faisaient naître
l’émulation d’être célébré par lui. Et comme il avait beaucoup
de monde à satisfaire, il s’en tirait par cette distribution
d’étrennes où défilent, après la reine et les princesses,
quarante jeunes filles ou femmes de la cour : courts madri-
gaux, d’où chacune remporte un mot galant sur son nom,
sur sa parenté, sur son humeur, sur son visage.
On voit à de tels signes à quel point il était familier
de toutes ces dames, badinant avec elles, et, quand il était
de leur jeu, jouant, au lieu d’argent, des vers. Épître perdue
au jeu contre Mme de Pons. Épigranime qu’il perdit contre Hélène
de Poumon., qui fut Mme de Monrevel. Que plût à Dieu,
dit-il en payant celle-là,
Que plût à Dieu que ceux à qui je dois,
Fussent contents de semblable monnoie !
Sur quoi la reine de Navarre, prenant la plume des mains
d’Hélène, qui était de ses filles d’honneur, répond que,
si ceux-là savaient qui il est, ils le tiendraient quitte d’argent.
Car estimer on peut l’argent au prix;
Mais on ne peut, et j’en donne ma voix,
Assez priser votre belle science.
Cette science ne servait pas seulement dans les conver-
sations, elle jouait sa partie dans les fêtes; les gentilshommes
la requéraient pour les tournois, les dames dans les momons,
momeries, ou mascarades. Momerie de deux ermites. Momerie
de quatre jeunes demoiselles. Ermites et demoiselles, qui réci-
taient des vers, ou plus probablement les chantaient, récla-
maient les talents de Marot. Ceux des demoiselles étaient
pour le château d’Alençon, où Mme de Rohan, sœur du
roi de Navarre, qui fit si belle figure aux noces du duc de
Ferrare, donna la mascarade chez la reine sa belle-sœur.
Dans les tournois, au lieu de départ de chaque combattant.
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dérobé par son valet. De pareils talents faisaient naître
l’émulation d’être célébré par lui. Et comme il avait beaucoup
de monde à satisfaire, il s’en tirait par cette distribution
d’étrennes où défilent, après la reine et les princesses,
quarante jeunes filles ou femmes de la cour : courts madri-
gaux, d’où chacune remporte un mot galant sur son nom,
sur sa parenté, sur son humeur, sur son visage.
On voit à de tels signes à quel point il était familier
de toutes ces dames, badinant avec elles, et, quand il était
de leur jeu, jouant, au lieu d’argent, des vers. Épître perdue
au jeu contre Mme de Pons. Épigranime qu’il perdit contre Hélène
de Poumon., qui fut Mme de Monrevel. Que plût à Dieu,
dit-il en payant celle-là,
Que plût à Dieu que ceux à qui je dois,
Fussent contents de semblable monnoie !
Sur quoi la reine de Navarre, prenant la plume des mains
d’Hélène, qui était de ses filles d’honneur, répond que,
si ceux-là savaient qui il est, ils le tiendraient quitte d’argent.
Car estimer on peut l’argent au prix;
Mais on ne peut, et j’en donne ma voix,
Assez priser votre belle science.
Cette science ne servait pas seulement dans les conver-
sations, elle jouait sa partie dans les fêtes; les gentilshommes
la requéraient pour les tournois, les dames dans les momons,
momeries, ou mascarades. Momerie de deux ermites. Momerie
de quatre jeunes demoiselles. Ermites et demoiselles, qui réci-
taient des vers, ou plus probablement les chantaient, récla-
maient les talents de Marot. Ceux des demoiselles étaient
pour le château d’Alençon, où Mme de Rohan, sœur du
roi de Navarre, qui fit si belle figure aux noces du duc de
Ferrare, donna la mascarade chez la reine sa belle-sœur.
Dans les tournois, au lieu de départ de chaque combattant.