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LA COUR DE FRANÇOIS I™

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L’imitation de Pétrarque, qui donnait en Italie le ton à
la poésie galante, n’était naturellement pas omise de Marot.
Le nom de Laure, qui lui sert à nommer une dame dont ses
prévenances désespéraient de venir à bout, dut être familier
aussi aux gens de cour. On peut croire qu’André Navagero,
helléniste et historien, auteur de charmantes pièces en sa
langue, où revit le sentiment du maître, ambassadeur de
Venise et qui mourut à Blois, servit aussi à le faire connaître.
Ami du Bembe et de Raphaël, il possédait une partie des
manuscrits de Virgile, et dans une ambassade qu’il fit auprès
de l’empereur à Madrid, c’est lui qui, ayant enseigné l’hen-
décasyllabe italien au poète espagnol Boscan, fut cause
aux poètes de ce pays et à ceux du Portugal d’user de ce
rythme désormais.
Ce que le commerce de pareils hommes, en qui un goût
exquis se mariait à la plus fine érudition, pouvait rapporter
à la France, chacun l’imagine aisément, car le lieu de leur
séjour n’était pas le collège, c’était la cour, et leur profession
n’était pas d’enseigner, ni d’écrire.
Ils traitaient les affaires, se présentaient au roi introduits
par les lettres de créance des républiques et des empereurs,
chargés d’intérêts qui mettaient en jeu toute l’Europe. Ils
fréquentaient les plus grands, étaient de toutes les fêtes,
et dans la liberté de l’entretien familier, où se relâchait la
politique, découvraient en jouant les trésors d’une jeunesse
formée à toutes les disciplines de l’intelligence et du savoir,
passée au pied des chaires les plus illustres de l’Italie. Musurus
leur avait enseigné le grec, Pomponace la philosophie;
ils avaient approché ces maîtres, et, outre le fruit de leurs
leçons, retenaient d’eux cent anecdotes, peut-être des
souvenirs qui remontaient en arrière à deux ou trois géné-
rations, au temps de Laurent le Magnifique, jusqu’à la prise
de Constantinople, quand les savants grecs, fuyant devant
le Turc et cherchant refuge en Europe, furent reçus à
 
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