LA COUR DE FRANÇOIS Ier
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entrevue que dans la première, le monde civilisé y était
attentif, et cela contribuait à répandre l’éclat des fêtes qui
s’y donnèrent.
Tout le temps que l’empereur en fut régalé, les historiens
se plaignent que François Ier n’ait pas remis sur le tapis le
Milanais et la promesse qu’on avait faite de le céder. En effet,
dans la circonstance, le roi ne se piquait que d’une réception
courtoise, d’où les affaires sont écartées. Comme il les traita
toujours mal, il est probable qu’elles eussent fait peu de
profit, ayant été mal conçues, mal soutenues, bâclées par la
faiblesse et par l’impatience. Mais la pièce de cérémonie,
servie par des ressources dès longtemps préparées, splen-
didement conçue et réalisée avec amour, réussit prodi-
gieusement.
Mille fables courent à ce sujet, où s’étale le peu d’intelli-
gence des inventeurs : de Triboulet (qui alors était mort)
disant au roi qu’il était plus fou que lui de ne pas arrêter
l’empereur ; de Mme d’Étampes achetée par ce dernier au
moyen d’un diamant qu’il laissa tomber et qu’elle ramassa.
Tous nous dépeignent le roi combattu entre l’envie de
retenir prisonnier son rival, et la chevalerie qui défendait
cette fraude. Mais ce n’est que de la littérature, et il n’y a
pas le moindre témoignage de cela.
Non, vraiment. Dans cette occasion, le roi ne visa qu’à
être un hôte élégant, courtois, magnifique, entouré d’une
noblesse formée à toutes les politesses et à toutes les cultures,
dans le cadre de maisons et de jardins splendides, que tous
les arts avaient ornés. C’était une partie comme une autre,
et en tout cas c’était la sienne.
Il la gagna. L’accueil fait à l’empereur dans la cour du
roi très chrétien fut un spectacle à tout le monde civilisé;
il classa l’effort de vingt ans. Hors Rome et le pape, il ne
pouvait y avoir de comparaison à faire du roi à cet égard
qu’avec Charles, son rival en puissance. Celui-ci le sentait
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entrevue que dans la première, le monde civilisé y était
attentif, et cela contribuait à répandre l’éclat des fêtes qui
s’y donnèrent.
Tout le temps que l’empereur en fut régalé, les historiens
se plaignent que François Ier n’ait pas remis sur le tapis le
Milanais et la promesse qu’on avait faite de le céder. En effet,
dans la circonstance, le roi ne se piquait que d’une réception
courtoise, d’où les affaires sont écartées. Comme il les traita
toujours mal, il est probable qu’elles eussent fait peu de
profit, ayant été mal conçues, mal soutenues, bâclées par la
faiblesse et par l’impatience. Mais la pièce de cérémonie,
servie par des ressources dès longtemps préparées, splen-
didement conçue et réalisée avec amour, réussit prodi-
gieusement.
Mille fables courent à ce sujet, où s’étale le peu d’intelli-
gence des inventeurs : de Triboulet (qui alors était mort)
disant au roi qu’il était plus fou que lui de ne pas arrêter
l’empereur ; de Mme d’Étampes achetée par ce dernier au
moyen d’un diamant qu’il laissa tomber et qu’elle ramassa.
Tous nous dépeignent le roi combattu entre l’envie de
retenir prisonnier son rival, et la chevalerie qui défendait
cette fraude. Mais ce n’est que de la littérature, et il n’y a
pas le moindre témoignage de cela.
Non, vraiment. Dans cette occasion, le roi ne visa qu’à
être un hôte élégant, courtois, magnifique, entouré d’une
noblesse formée à toutes les politesses et à toutes les cultures,
dans le cadre de maisons et de jardins splendides, que tous
les arts avaient ornés. C’était une partie comme une autre,
et en tout cas c’était la sienne.
Il la gagna. L’accueil fait à l’empereur dans la cour du
roi très chrétien fut un spectacle à tout le monde civilisé;
il classa l’effort de vingt ans. Hors Rome et le pape, il ne
pouvait y avoir de comparaison à faire du roi à cet égard
qu’avec Charles, son rival en puissance. Celui-ci le sentait