DE LA GRÈCE PROPRE. 37
vases conservent des scènes qui sont figurées en Italie sur des monu-
ments beaucoup plus remarquables et souvent d'un art achevé; il a fait,
autant que possible, le catalogue des scènes qui décorent ces vases com-
muns. Les variantes qu'il a signalées sont curieuses, mais elles n'ont
pas d'ordinaire un intérêt général; il est évident que cette imagerie, en
traitant des sujets si populaires, devait prendre la plus grande liberté,
et que souvent les variantes n'ont d'autre raison que le caprice ou le
hasard. Ce qui est plus important, dans la pénurie où nous sommes en
Grèce de beaux vases grecs à figures noires, c'est de montrer que les
sujets fréquents en Italie se retrouvent en Grèce sur ces poteries mo-
destes et si négligées. Pour l'histoire des idées morales et des rapports des
céramiques entre elles, il est presque indifférent que les figures soient
grossières ou soignées, pourvu que les artistes aient voulu reproduire
les mêmes sujets. La démonstration que permet de faire l'ouvrage de
M. Heydemann est complète et décisive.
C'était là certainement un des plus grands profits qu'on pouvait tirer
de l'étude des lécythus. Toutefois il reste à entreprendre, à l'égard de ces
monuments, un travail important qui n'a pas encore été tenté, et qui,
jusqu'ici, il est vrai, est l'esté impossible. Il faudrait, par des journaux de
fouilles bien rédigés, constater quelles sont les scènes qui se trouvent
dans lesmêmes sépultures, quels sont les mythes que la piété populaire
réunissait dans les mêmes tombeaux, quels sont ceux qui étaient pro-
pres à chaque pays. J'ai pu suivre, en 1872 , des excavations faites près
d'Athènes. Chaque sépulture a donné cinq ou six lécythus qui représen-
taient tous uniformément des scènes se rapportant à un culte particulier.
Ces coïncidences ne peuvent s'expliquer par le hasard seul. Les mêmes
fouilles ont permis de vérifier, par des preuves incontestables, un fait
que bien des archéologues admettent depuis longtemps, mais qu'il
n'est pas moins intéressant de constater une fois de plus. Le lécythus
vulgaire athénien, si grossier, si dépourvu de toute valeur d'art, s'est
trouvé associé, dans les tombeaux, à des statuettes d'ancien style et à
des vases d'un travail exquis qui appartiennent à la plus belle époque
de l'art. La tradition, si puissante chez les Grecs, conservait ces formes
roides et imparfaites, ce dessin qui parfois est à peine intelligible, dans
femme sur des ocladias, fig. 7. Oiseau phallique s'avance vers une femme assise
sur un ocladias; à droite, un vieillard vêtu d'une longue tunique et d'un manteau,
assiste à la scène. ( Voyez Benndorf, XII, l\, pl. VI, fig. 2.) Thétis et Pélée, voyez même
planche, fig. 1, fig. 3. Variante de la même représentation, VIII, lx- Cheval ailé
portant un cavalier et marchant à gauche entre deux rhabdophores nus, fig. 3.
Actéon dévoré par les chiens; deux femmes, l'une à droite, l'autre à gauche.
vases conservent des scènes qui sont figurées en Italie sur des monu-
ments beaucoup plus remarquables et souvent d'un art achevé; il a fait,
autant que possible, le catalogue des scènes qui décorent ces vases com-
muns. Les variantes qu'il a signalées sont curieuses, mais elles n'ont
pas d'ordinaire un intérêt général; il est évident que cette imagerie, en
traitant des sujets si populaires, devait prendre la plus grande liberté,
et que souvent les variantes n'ont d'autre raison que le caprice ou le
hasard. Ce qui est plus important, dans la pénurie où nous sommes en
Grèce de beaux vases grecs à figures noires, c'est de montrer que les
sujets fréquents en Italie se retrouvent en Grèce sur ces poteries mo-
destes et si négligées. Pour l'histoire des idées morales et des rapports des
céramiques entre elles, il est presque indifférent que les figures soient
grossières ou soignées, pourvu que les artistes aient voulu reproduire
les mêmes sujets. La démonstration que permet de faire l'ouvrage de
M. Heydemann est complète et décisive.
C'était là certainement un des plus grands profits qu'on pouvait tirer
de l'étude des lécythus. Toutefois il reste à entreprendre, à l'égard de ces
monuments, un travail important qui n'a pas encore été tenté, et qui,
jusqu'ici, il est vrai, est l'esté impossible. Il faudrait, par des journaux de
fouilles bien rédigés, constater quelles sont les scènes qui se trouvent
dans lesmêmes sépultures, quels sont les mythes que la piété populaire
réunissait dans les mêmes tombeaux, quels sont ceux qui étaient pro-
pres à chaque pays. J'ai pu suivre, en 1872 , des excavations faites près
d'Athènes. Chaque sépulture a donné cinq ou six lécythus qui représen-
taient tous uniformément des scènes se rapportant à un culte particulier.
Ces coïncidences ne peuvent s'expliquer par le hasard seul. Les mêmes
fouilles ont permis de vérifier, par des preuves incontestables, un fait
que bien des archéologues admettent depuis longtemps, mais qu'il
n'est pas moins intéressant de constater une fois de plus. Le lécythus
vulgaire athénien, si grossier, si dépourvu de toute valeur d'art, s'est
trouvé associé, dans les tombeaux, à des statuettes d'ancien style et à
des vases d'un travail exquis qui appartiennent à la plus belle époque
de l'art. La tradition, si puissante chez les Grecs, conservait ces formes
roides et imparfaites, ce dessin qui parfois est à peine intelligible, dans
femme sur des ocladias, fig. 7. Oiseau phallique s'avance vers une femme assise
sur un ocladias; à droite, un vieillard vêtu d'une longue tunique et d'un manteau,
assiste à la scène. ( Voyez Benndorf, XII, l\, pl. VI, fig. 2.) Thétis et Pélée, voyez même
planche, fig. 1, fig. 3. Variante de la même représentation, VIII, lx- Cheval ailé
portant un cavalier et marchant à gauche entre deux rhabdophores nus, fig. 3.
Actéon dévoré par les chiens; deux femmes, l'une à droite, l'autre à gauche.