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https://doi.org/10.11588/diglit.61266#0021
FRANÇOIS FRANCK
LE nom de Franck est illustre & fort connu dans plusieurs parties de l’Europe, par le
nombre des grands personnages qui l’ont porté , 6c qui so sont distingués , dans les
fciences,les belles-lettres] & les beaux-arts. Outre les Francks peintres, dont nous parlerons
dans cet ouvrage 6c qui sont nés dans les Païs-Basp on en a vu en Saxe, en Bavière,dans
le Palatinat 6c le Dannemark, qui ont excellé dans la Théologie, la Médecine 6c la belle
littérature. On rapporte que les ancêtres du médecin étoient nobles , quoique son père
ne fût alors que bourgeois de Naumbourg en Misnie 6c retombé en quelque façon en ro-
ture. Le fils fe rendit si célébré & si recommandable tant par son habilité dans la Médeci-
ne, que par sa probité dans le commerce de la vie civile, qu’il mérita des marques d’esti-
me 6c de bienveillance de la part des Princes 6c des Rois au service desquels il a été. L’Em-
pereur même voulut l’attirer dans le sien , après l’avoir ennobli avec toute sa famille , 6c
nommé Comte Palatin. Quelques illustres que soient les autres Francks allemands, anté-
rieurs , contemporains 6c postérieurs à celui-ci, je les passe sous silence ; parce qu’il est
fort incertain, s’ils sont originaires de la même famille que les peintres, s’ils ont quelque
autre rapport particulier avec eux que celui du nom, 6c par conséquent si la gloire des
uns rejailliroit avec raison a l’avantage des autres.
Herentals, petite ville du Brabant dans le quartier d’Anvers, vit naître François Franck,
dit le vieux, dont il est question. Nous n’indiquerons point l’année de (a naillance, par-
ce qu’il est fort apparent, qu’il s’est glissé quelque faute d’impression dans cette date ou
dans celle de (à mort rapportées par Mr. Descamps, tome prémier de ses vies des peintres.
Selon ce qu’il y est dit, ilauroit vécut jusqu al âge de cent vingt deux ans: cas trop extraor-
dinaire pour n’avoir point été remarqué dans l’histoire des peintres, où on rapporte grand
nombre d’anecdotes moins rares que celle-ci. Il étoit fils de Nicolas Franck que l’on croit
avoir été peintre aussi. Cependant il n’apprit point les principes de son art chez son pè-
re : mais il fut éleve du célébré François de Vriendt , plus connu sous le nom de Franck
Flore, le Raphaël des Flamands. Ce fut dans cette école une des plus fréquentées qu’il y
ait peut-être jamais eu en Flandre , 6c en même tems une des plus renommées, par le
grand nombre des artistes qui en sont sortis. Ce fut, dis-je, dans cette école illustre qu’il
forma là main 6c son génie dans la peinture, de même que sis deux frères Jérôme & Am-
broife. Celui-ci surpalla de beaucoup les deux autres dans leur art ; Jérôme quitta Franc-
Flore le prémier pour voyager en Italie, où il perfectionna heureusoment sa maniéré: mais
notre François demeura long-tems dans cette école , s’attachant à son maître 6c cherchant
à sè former sur sà maniéré 6c par sis principes.
Il fit remarquer son talent n’étant encore qu’éleve , 6c dès {à jeunesse il peignit quel-
ques tableaux qui lui acquirent allez de réputation , pour le faire aggréger à la société des
peintres d’Anvers. Il s’établit depuis dans cette ville, plut au public 6c aux connoisTeurs
par les productions de son pinceau, 6c acheva de donner des preuves convaincantes de l’ex-
cellence de son talent , par plusieurs ouvrages , qui lui attirant les suffrages d’un chacun,
le mirent incontestablement au nombre des bons artistes de son tems. Les maisons des ri-
ches particuliers, des principaux du païs, 6c les églises furent ornées de ses tableaux , que
les connoisTeurs honorent encore aujourd’hui de leur estime , spécialement celui qu’il a
peint pour leglise de Notre Dame à Anvers , où il décore l’autel des maîtres d’école de
cette ville. Il repréfente Jésus-Christ au temple au milieu des doéteurs, 6c passe avec rai-
son pour son chef-d’œuvre : les contours sont plus (avants, les figures mieux arondies, le des-
soin plus correét , 6c le goût plus élevé 6c plus noble que dans sis autres compétitions ;
dispersées en différentes villes de Flandre. Nous n’avons pu découvrir le nom, ni la fàmil-
Tome II. C le
LE nom de Franck est illustre & fort connu dans plusieurs parties de l’Europe, par le
nombre des grands personnages qui l’ont porté , 6c qui so sont distingués , dans les
fciences,les belles-lettres] & les beaux-arts. Outre les Francks peintres, dont nous parlerons
dans cet ouvrage 6c qui sont nés dans les Païs-Basp on en a vu en Saxe, en Bavière,dans
le Palatinat 6c le Dannemark, qui ont excellé dans la Théologie, la Médecine 6c la belle
littérature. On rapporte que les ancêtres du médecin étoient nobles , quoique son père
ne fût alors que bourgeois de Naumbourg en Misnie 6c retombé en quelque façon en ro-
ture. Le fils fe rendit si célébré & si recommandable tant par son habilité dans la Médeci-
ne, que par sa probité dans le commerce de la vie civile, qu’il mérita des marques d’esti-
me 6c de bienveillance de la part des Princes 6c des Rois au service desquels il a été. L’Em-
pereur même voulut l’attirer dans le sien , après l’avoir ennobli avec toute sa famille , 6c
nommé Comte Palatin. Quelques illustres que soient les autres Francks allemands, anté-
rieurs , contemporains 6c postérieurs à celui-ci, je les passe sous silence ; parce qu’il est
fort incertain, s’ils sont originaires de la même famille que les peintres, s’ils ont quelque
autre rapport particulier avec eux que celui du nom, 6c par conséquent si la gloire des
uns rejailliroit avec raison a l’avantage des autres.
Herentals, petite ville du Brabant dans le quartier d’Anvers, vit naître François Franck,
dit le vieux, dont il est question. Nous n’indiquerons point l’année de (a naillance, par-
ce qu’il est fort apparent, qu’il s’est glissé quelque faute d’impression dans cette date ou
dans celle de (à mort rapportées par Mr. Descamps, tome prémier de ses vies des peintres.
Selon ce qu’il y est dit, ilauroit vécut jusqu al âge de cent vingt deux ans: cas trop extraor-
dinaire pour n’avoir point été remarqué dans l’histoire des peintres, où on rapporte grand
nombre d’anecdotes moins rares que celle-ci. Il étoit fils de Nicolas Franck que l’on croit
avoir été peintre aussi. Cependant il n’apprit point les principes de son art chez son pè-
re : mais il fut éleve du célébré François de Vriendt , plus connu sous le nom de Franck
Flore, le Raphaël des Flamands. Ce fut dans cette école une des plus fréquentées qu’il y
ait peut-être jamais eu en Flandre , 6c en même tems une des plus renommées, par le
grand nombre des artistes qui en sont sortis. Ce fut, dis-je, dans cette école illustre qu’il
forma là main 6c son génie dans la peinture, de même que sis deux frères Jérôme & Am-
broife. Celui-ci surpalla de beaucoup les deux autres dans leur art ; Jérôme quitta Franc-
Flore le prémier pour voyager en Italie, où il perfectionna heureusoment sa maniéré: mais
notre François demeura long-tems dans cette école , s’attachant à son maître 6c cherchant
à sè former sur sà maniéré 6c par sis principes.
Il fit remarquer son talent n’étant encore qu’éleve , 6c dès {à jeunesse il peignit quel-
ques tableaux qui lui acquirent allez de réputation , pour le faire aggréger à la société des
peintres d’Anvers. Il s’établit depuis dans cette ville, plut au public 6c aux connoisTeurs
par les productions de son pinceau, 6c acheva de donner des preuves convaincantes de l’ex-
cellence de son talent , par plusieurs ouvrages , qui lui attirant les suffrages d’un chacun,
le mirent incontestablement au nombre des bons artistes de son tems. Les maisons des ri-
ches particuliers, des principaux du païs, 6c les églises furent ornées de ses tableaux , que
les connoisTeurs honorent encore aujourd’hui de leur estime , spécialement celui qu’il a
peint pour leglise de Notre Dame à Anvers , où il décore l’autel des maîtres d’école de
cette ville. Il repréfente Jésus-Christ au temple au milieu des doéteurs, 6c passe avec rai-
son pour son chef-d’œuvre : les contours sont plus (avants, les figures mieux arondies, le des-
soin plus correét , 6c le goût plus élevé 6c plus noble que dans sis autres compétitions ;
dispersées en différentes villes de Flandre. Nous n’avons pu découvrir le nom, ni la fàmil-
Tome II. C le