Pendant qu’il fut honore du titre de peintre de fon Alteflë , &: il contribua
des maifons & des châteaux de son maître. Celui qui eft au-
&C. &C. &C.
LEs bonnes mœurs &: l’esprit poli de Gérard Honthorfl:, ne lui ont fait guerCs moins d'hon-
neur que son habileté dans la peinture. Il naquit à Utrecht en 1591. Ses parents le
mirent de bonheur chez Abraham Bloemart assez bon artiste , pour y apprendre les pre-
miers éléments de la peinture. Cet art lui plut, il y fit des progrès ôc on put bientôt s’ap-
percevoir qu’il étoit né pour y exceller. De là il alla à Rome, où par le soin qu’il prit d’é¬
tudier les grands maîtres, il forma son goût & parvint à les copier parfaitement. Ce ta-
lent lui fit de la réputation, ses ouvrages l’augmenterent, & on vit les connoisseurs & les
curieux les rechercher. Notre jeune peintre travailloit beaucoup dans la maniéré du Cara-
vage, & excelloit principalement dans la représontation des pièces noéturnes, peignant au
parfait des sujets éclairés au feu ou à la lumière, dont il tiroit tous les avantages possîbles
pour donner de l’éclat à son coloris, & des grâces à sos tableaux. Les Cardinaux & d’au-
tres Prélats demandèrent de ses pièces, qu’ils reçurent avec d’autant plus de contentement
qu’on en voyoit point en ce genre qui surpasTasTent les siennes. Il demeura plusieurs an-
nées en Italie, occupant son pinceau à ce travail & s’appliquant à l’étude du beau, de la
correction du dessein & du grand goût qu’il resnarquoit dans les tableaux des meilleurs maî-
tres. Par là il së rendit capable de tout entreprendre & exécuter , & s’éleva au dessus de
tous les peintres ssamands qui së trouvoient alors à Rome.
Après avoir achevé ses études dans cet grande ville, il passà en Angleterre, où tandis qUc
ses ouvrages le fiiisoient connoître d’un côté, la régularité de ses mœurs & ses maniérés hon-
nêtes lui procuroient de l’autre l’entrée chez les personnes de distinétion. Les prémiers por-
traits qu’il y fit & quelques sujets d’histoire portèrent le bruit de si réputation jusqu’à la
cour. Le Roi désira de le voir, l’appella, & charmé de sa convention, l’employa dans les
ouvrages qu’il faifoit faire pour l’ornement de fon palais. ]1 réuflit fi bien que ce Prince lui fit
faire les portraits des enfants de la Reine de Bohême sa foeur. Content de fon pinceau auflî-
bien que de la régularité de sà conduite, il le retint à sà cour pour apprendre àdeflinerles
princesses (es nièces, qui étoient alors en Angleterre, à caufe de la mauvaife fortune du Roi
de Bohême leur père. Elles firent des progrès dans le dessein fous cet habile maître & së
poussèrent si avant dans cet art, spécialement la Princessè Sophie & celle qui futabbessè de
Maubuiflbn , que les tableaux fortis du pinceau de celle-ci peuvent aller de pair avec ceux
des habiles artistes. La peinture faisoit le divertissèment de cette Princesse dans sà solitude,
& c’est à Honthorfl quelle étoit redévable de cet amufcment, qui fit honneur à fon gé-
nie & diverfion à fon chagrin.
ouvrages qu’il faisoit faire pour l’ornement de fon palais. ]1 réuflit fi bien que ce Prince lui fit
faire les portraits des enfants de la Reine de Bohême sa foeur. Content de fon pinceau auflî-
bien que de la régularité de sà conduite, il le retint à sà cour pour apprendre àdeflinerles
de Bohême leur père. Elles firent des progrès dans le dessein fous cet habile maître & së
Maubuiflbn , que les tableaux fortis du pinceau de celle-ci peuvent
i
& c’eft à Honthorfl quelle étoit redévable de cet amufcment , qui sit honneur à son gé-
nie & diverfion à fon chagrin.
Honthorfl quitta l’Angleterre pour revenir dans sà patrie, après avoir été généreufcment
recompensé de Sa Majesté Britannique. Dès qu’il fut établi, sà réputation attira chez lui
quantité de jeune noblessë qui venoit de tous les environs pour y apprendre le dessein. Sa
maison ressembloit plutôt à une école académique qu’à celle d’un peintre particulier , on
s’y piquoit de politessë & de sàvoir vivre autant que de son art. Si tous les parents de
ses éleves ne retrouvoient point des peintres achevés dans leurs enfants, ils avoient du moins
la satisfaclion de voir en eux un fond de politessë & des airs du beau monde qu’ik pren-
noient insensiblement dans le commerce familier avec leur maître.
Le Prince d’Orange informé des excellentes qualités & des beaux talents de ce pein-
tre , l’engagea à son service, & le fit mettre sur l’état de sà maison avec des appointements
condérables. Pendant qu’il fut honoré du tître de peintre de fon Altefîë , & il contribua
beaucoup à l’ornement des maifons & des châteaux de son maître. Celui qui eft au-
près de la Haye, appellé la maison du bois, a été embelli de la plus grande partie, il y a
peint plusieurs sujets d’histoire, qui ont mérité l’approbation des connoisseurs. Mais quoi-
qu’il eût fixé son domicile à la Haie, il n’a pas laissé d’être connu & estimé de la plupart
M z des
des maifons & des châteaux de son maître. Celui qui eft au-
&C. &C. &C.
LEs bonnes mœurs &: l’esprit poli de Gérard Honthorfl:, ne lui ont fait guerCs moins d'hon-
neur que son habileté dans la peinture. Il naquit à Utrecht en 1591. Ses parents le
mirent de bonheur chez Abraham Bloemart assez bon artiste , pour y apprendre les pre-
miers éléments de la peinture. Cet art lui plut, il y fit des progrès ôc on put bientôt s’ap-
percevoir qu’il étoit né pour y exceller. De là il alla à Rome, où par le soin qu’il prit d’é¬
tudier les grands maîtres, il forma son goût & parvint à les copier parfaitement. Ce ta-
lent lui fit de la réputation, ses ouvrages l’augmenterent, & on vit les connoisseurs & les
curieux les rechercher. Notre jeune peintre travailloit beaucoup dans la maniéré du Cara-
vage, & excelloit principalement dans la représontation des pièces noéturnes, peignant au
parfait des sujets éclairés au feu ou à la lumière, dont il tiroit tous les avantages possîbles
pour donner de l’éclat à son coloris, & des grâces à sos tableaux. Les Cardinaux & d’au-
tres Prélats demandèrent de ses pièces, qu’ils reçurent avec d’autant plus de contentement
qu’on en voyoit point en ce genre qui surpasTasTent les siennes. Il demeura plusieurs an-
nées en Italie, occupant son pinceau à ce travail & s’appliquant à l’étude du beau, de la
correction du dessein & du grand goût qu’il resnarquoit dans les tableaux des meilleurs maî-
tres. Par là il së rendit capable de tout entreprendre & exécuter , & s’éleva au dessus de
tous les peintres ssamands qui së trouvoient alors à Rome.
Après avoir achevé ses études dans cet grande ville, il passà en Angleterre, où tandis qUc
ses ouvrages le fiiisoient connoître d’un côté, la régularité de ses mœurs & ses maniérés hon-
nêtes lui procuroient de l’autre l’entrée chez les personnes de distinétion. Les prémiers por-
traits qu’il y fit & quelques sujets d’histoire portèrent le bruit de si réputation jusqu’à la
cour. Le Roi désira de le voir, l’appella, & charmé de sa convention, l’employa dans les
ouvrages qu’il faifoit faire pour l’ornement de fon palais. ]1 réuflit fi bien que ce Prince lui fit
faire les portraits des enfants de la Reine de Bohême sa foeur. Content de fon pinceau auflî-
bien que de la régularité de sà conduite, il le retint à sà cour pour apprendre àdeflinerles
princesses (es nièces, qui étoient alors en Angleterre, à caufe de la mauvaife fortune du Roi
de Bohême leur père. Elles firent des progrès dans le dessein fous cet habile maître & së
poussèrent si avant dans cet art, spécialement la Princessè Sophie & celle qui futabbessè de
Maubuiflbn , que les tableaux fortis du pinceau de celle-ci peuvent aller de pair avec ceux
des habiles artistes. La peinture faisoit le divertissèment de cette Princesse dans sà solitude,
& c’est à Honthorfl quelle étoit redévable de cet amufcment, qui fit honneur à fon gé-
nie & diverfion à fon chagrin.
ouvrages qu’il faisoit faire pour l’ornement de fon palais. ]1 réuflit fi bien que ce Prince lui fit
faire les portraits des enfants de la Reine de Bohême sa foeur. Content de fon pinceau auflî-
bien que de la régularité de sà conduite, il le retint à sà cour pour apprendre àdeflinerles
de Bohême leur père. Elles firent des progrès dans le dessein fous cet habile maître & së
Maubuiflbn , que les tableaux fortis du pinceau de celle-ci peuvent
i
& c’eft à Honthorfl quelle étoit redévable de cet amufcment , qui sit honneur à son gé-
nie & diverfion à fon chagrin.
Honthorfl quitta l’Angleterre pour revenir dans sà patrie, après avoir été généreufcment
recompensé de Sa Majesté Britannique. Dès qu’il fut établi, sà réputation attira chez lui
quantité de jeune noblessë qui venoit de tous les environs pour y apprendre le dessein. Sa
maison ressembloit plutôt à une école académique qu’à celle d’un peintre particulier , on
s’y piquoit de politessë & de sàvoir vivre autant que de son art. Si tous les parents de
ses éleves ne retrouvoient point des peintres achevés dans leurs enfants, ils avoient du moins
la satisfaclion de voir en eux un fond de politessë & des airs du beau monde qu’ik pren-
noient insensiblement dans le commerce familier avec leur maître.
Le Prince d’Orange informé des excellentes qualités & des beaux talents de ce pein-
tre , l’engagea à son service, & le fit mettre sur l’état de sà maison avec des appointements
condérables. Pendant qu’il fut honoré du tître de peintre de fon Altefîë , & il contribua
beaucoup à l’ornement des maifons & des châteaux de son maître. Celui qui eft au-
près de la Haye, appellé la maison du bois, a été embelli de la plus grande partie, il y a
peint plusieurs sujets d’histoire, qui ont mérité l’approbation des connoisseurs. Mais quoi-
qu’il eût fixé son domicile à la Haie, il n’a pas laissé d’être connu & estimé de la plupart
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