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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 1.1868

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https://doi.org/10.11588/diglit.3702#0068
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L'ECLIPSE

AVIS

Le numéro que nous avions préparé ces jours derniers, et
qui représentait le combat de Ferragus et de l'Univers, n'ayant
pas obtenu l'approbation de l'Administration supérieure,
force nous aétéde faire exécuter un nouveau dessin et de re-
commencer notre tirage.

De là vient le retard de trois jours qu'a subi lé présent
numéro.

Le public, nous aimons à le croire* nd hoUs en Voudra pas
trop, l'éclipsé momentanée de son joUPhal Favori ayant été
motivée par des raisons majeures* ootïïjiiétêment iilctépen-*
dantes de notre volonté.

Le n° 12 de VEclipse, contenant la Lettre du fwtfwf Bo'quiî-

lon à Simone, qu'on nous demande de toiïs côtés, est entière-
ment épuisé. Mais, dans quelques jotirë, dii pdliffà se pro-
curer, au prix de 5 centimes, chez to'tis hds correspondants
et dépositaires, la Lettre tirée à part, stif beau papier,

Prochainement VEclipse publiera la réponse de Simone au
fusilier Boquillon.

PRIME DE L'ÉCLIPSÉ

Toute personne qui enverra directement en

mandat ou timbres-poste au directeur du journal, 5,
cité Bergère, à Paris, — le montant d'un abonne-
ment d'un *»ià à l'JScïipse, en y ajoutant ^O
centimes pour Paris et un franc pour les
départements, — recevra franco l'une des deux
prunes suivantes :

1" PRIME
Trente charges d'And. Gill;
2» PRIME
On charmant portefeuille or et couleur, fabriqué spécia-
lement pour l'ESclîpse par la maison Susse, place de la
Bourse, et contenant dix ravissantes aquarelles par É. do
Beaumont.

1- Avoir soin de bien indiquer celle des deux primes qu'on
choiait ;

2° L'abonnemeat, avec les deux primée, coûte, ponr Paris,
T fr., et pour les départements, S i'r, 50 0;

FEU M. VIENNET

Aucune puissance humaine, dussions-nous subir tour à tour
chacun des épouvantables supplices chinois que Mme Judith
Mendès décrit en ce moment à la Liber té,[dans le Dragon impérial,
aucune puissance humaine, nous le répétons, [ne pourra nous
contraindre jamais à parler de Jean-Pons-Gaillaume Viennet,
ancien officier de marine, ancien commandant d'état-major, an-
cien pair de France, ancien député, fabuliste et académicien,
autrement que comme de feu M. Viennet.

La date de sa naissance se perd dans la ntiit épaisse des temps.

On nous a assuré, à Béziers même, où la légende place son ber-
ceau, que feu M. Viennet fut le seul vieillard épargné en 1209 par
les soldats de Simon de Montfort, au Sac de la ville,' pendant la
guerre des Albigeois..

Feu M. Viennet aurait donc aujourd'hui environ 700 ans.

Nous donnons cette indication sous toutes réserves.

Gomme le sultan Zim-Zizimi, dans la Légende des siècles,&e l'en-
nemi (littéraire) de feu M. Viennet, nous avons interrogé les
sphinx de notre trône, et le septième nous a répondu ceci :

L'Institut, où l'on mit Viennet, sombre désert,
Ruine, a perdu ses lions de bronze vert,
Et sa coupole croule, ainsi qu'un melon, ronde I
Maillard y vient choisir des pierres pour sa fronde.
Celui qui, le soir, passe en ce lugubre champ,
Entend le bruit que fait le portier en mâchant ;
L'ombre en ce lieu s'amasse, et la nuit est là toute ;
Le chroniqueur, tâtaut de son bâton ]a voûte,
Crie en vain : « Est-ce ici qu'était le dieu Viennet? »
Le sépulcre dit : « Zut ! » et plus ne le connaît.

Chose étonnante, malgré son âge mûr, feu M. Vienne'^ âiéëHi
les historiens qui prétendent l'avoir va eës jadfs ètërniérsf & AS2
teuil, est vigoureux comme un jeune homme; o'ri d'oii ddrie le
ranger dans la catégorie des gens que les faits-divers qualifient
de — cas de longévité extraordinaires.

Feu M. Viennet, cri fin me aux beaux jours QÛj au'fëtir àpplâfcciï
de l'épître aux Mules de dom Migikl et aux Chiffonnière, le $&&$*
uarile criblait de plaisanteries acérées par le crayon et par ïs
plume, est encore ardent et irascible.

Le luth en' main, bardé de sa tragédie d''Arbôgastèj jrâr devant,'
et de sa Franciade, par derrière, feu M. Viennet,' «sous F œil de la
beauté, » n'hésite pas à rompre des lancée * en faveur de la poésie
surannée et des bouquets à Chloris à& son bon vieux jeune temps.

Et le coeur de ce « nourrisson du Finde, » de ce gravisseur de \d
double cime, trouve encore, de temps à autres des accents et des
accords vengeurs.

Feu M. Viennet déteste et- combat de toutes ses forces l'intro-
duction des mots étrangers,- on' d'argot, dans la belle langue dé
son idole, Boileau-Desprê&trx. Nous ne lai en faisons pas un re-
proche.

Oh! los mots anglais"* à'ttètout, qu'il les hait avec verdeur,- avec
délire. Qu'est-ce qu'un tunnel l une redingote I un wagon ! tin club !
Chocnosoff\ Des navets!

Par M. de Vertaiisac et la folié; Blêrrn'à-nie ! s'écrie feu IVÎ. Vien-
net, avec cet accent â;u midi que rien n'abat; k quoi pense donc
l'Académie ?

L'Académie ne petâsë à rien, psrble'ujf e'fr ï&isse à M. Littré la
gloire de doter la France d'an dictionnaire, impensable? monu-
ment!

Aussi, ftu M. Viennet; enfoui EOtiâ des douillettes d'antau, com-
pose des fables en Vêtis-tu? en voila !
Des fables, et dans ce |Sëî5 : Le Chat1 ht Jdk Clavecin.

Ayant vu sa maîtresse
Tuucher dit clavecin,
Ùnjoune chat malin
De l'imiter s'empresse.
Mais ses grifîes, hêlaSj
Folles et mai'habiles
1 Eveillent un fracas

Sous les touches mobiles!
Tels ces gens au pouvoir
Qui, voulant l'harmonie,
Font, faUto de Ravoir,
Une cacophonie !

C'est moins fort dne Là Fontaine, comme on toit; âm\ nlalS1
l'intention y est. Et les gouvernants h'tfrit qu'à se bien tenir Et*
vaftt feu M. Viêhnfcth

N'oublions pas que feu' M." ViénriëL" do Î822 a 1830, dans" la
GônsiitiUiomïd (quantum mvMtus ab iito) et dons ld -Nouveau JotH,j
nal de Paris, fat de l'opposition rjtinstâfilment et avec une erlâ>
letir qui fait passer par dessUS bien des fruits dé H veine poétique !

Enfin, excellent et très honnête homms, prêt encore, à l'heure
qu'il est — on en a eu ia preuve dernièrement — à se remettre
au poing le sabre... le sabre... le sabre... de sa jeunesse, feu
M. Viennet, en dépit de ses 700 ans et de ses poèmes, Teste l'un
de ces hommes vaillants et tenaces, amis de la Liberté, fille de la
grande République, qu'on est heureux de signaler à notre géné-
ration de petits crevés et de gïroliêties.

Le Cousin Jacques.

COPEAUX

[ Un industriel est, en 00 Moment, en trairt de lancer une certaine
cuisine automatique nôfioêgienne au moyeu de laquelle on peut faire
cuire un pot-au-feli sans feii;

Au Tintamarre on prétend qu'en supprimant ainsi le charbon,
l'inventeur gagner à beaucoup de braise-,
+

Monsieur le duc de Massa a fait représenter un opéra de sa
composition : Le Dante, dont la mise en scène lui a coûté — dit-on
— 30000 francs1.

Ce qui prouve, une fois déplus, que pour acquérir la célébrité
la dépense est là meilleure recette.

+

Le journal la Situation vient de spàraitre après' avoir absorbé
un capital de 400,000 frahds,

C'est navrant pour les gens pourraient concevoir le plan

chimérique d'éclairer l'opinion clique, n'ayant que Quarante
cinq sous àcorisacrer au. triomp ô'de la vêfitê.
h

L'administration de cette feuille — qui tombe att moment où
les autres pou&s'ent — a décidé que chacun de êès rédacteurs
recevrait, comme indemnité, une année de ses appointements.

Ces messieurs n'auront pas travaillé pour le roi de Prussfe.

On le savait déjà.

Shakspeare à fait U roi Lear.

Monsieur Laofdixî'a traduit en français.

Qui traduira Bî. Lacroix... en police correctionnelle ?

+

Un ivrogne reçoit l'autre jOur un renfoncement qui à donné à
son chapeau l'aspect d'un soufflet d'accordéon.

Il le prend à la main1, le c'bnsidère un instant et l'apostrophe
avec mélancolie :

— Mon vieux..j t'as rudement besoin d'être retapé !...

Si le meuble en question éprouvait un besoin, ce n'était Certai-
nement pas celai-là.

T" * ■

Un procès assez cocasse vient d'être jugé.

Un vieux monsieur en mourant avait légué" h une jeune femme
la soupe et le bcÉUfious les jours, sa vie durait.

Lè3 héritiers ont chïpo'té et ont été condamnés à payer vingt
cinq sons par jour à-la légataire pour c'a pot-aU-feù viager.

Ils avaient rnieux à faire, à mon avis r

C'était de s'en tenir à la lettre du testament 'et d'acquitter le
îê'gS en nature.

La légataire se serait ôvideriimet fatiguée de la monotdriïi
sa soupe.-

Et eîîê serait de mandé grâce.

C'est S âii'êj tiori,-.. je me tfonpe ;
maigre.-

+

Ohose singulière :

Les filles sages sont celles dont les
moins souvent fous.

et qu'au dehors
doyaient, s'écria
— Armantine I
allons aller dans les bo

s, sur les arbres du boulevard, lea^nT^.

soudain : "'^aver

Mets ta robe blanche et ta ceinture cbréSi „

is voir si réellement on'a

lauriers. En d'autres termes, arbore ta nouvelle\S ^

deux vers

°Vn

elle l'aurait demandée

hommes deviennent le
L. È.

LES DEUX DAMÉS

Nous tenons à fëit§ parler aiijonr'd'Èu'i de deux dames, de deux
dames de notre ooridsissance, ou peu' s'en faut.

La première, frfrnçaîse, Si p'à-FÏsiéMïel — se homrh'e... meltcHië
Armantine, si vo'tfs le vbtrfé'z bîêà: miê â eu vingt ans àax der-
nières prunes.

La deuxième,- appelée IsiSofré, mor'të' if y al trois mille ans, î&î
une ravissante1 êgyptietirie.-

Cela posé, oublions Utf în'stâ^ là HêiÙ- Isïhofré" pour ne nous
occuper que de madame.;..■.■ no'iis à^ons1 cfîÉ1 Armantine, n'est-ce
pas? va donc pour' Arrïia'nîme.

Mme Armantine, dorit la' fonctidri coWs'ïsté, pour le moment, à
être admirable du nïa'tin au soir, et déioièë du soir a'u matin, est
éri outre la mhsô' éphémère d'uri jûïtfie rêvear' ^ùe nous fréquen-
tons volontiers.

Ùri matin de la1 sérnairie derdrèfe, le jënna reveùr voyant, grâce
à l'indulgence céleste, que le sûiêïf poudroyait daifs'feitr chambre,

Emprisonne ton pied exquis, blonde Armantine
Dana le cuir mordoré de ta frôle bottine.

Armantine, pardon* madame Armantine, battant de se
charmantes, sauta de joîëj et courut incontinent à *« 3 ^H
à glace; n arffioire

Trois heures après, e1ÎS filait prite à partir!

Pendant g§ laps de teffiga, le jeune rêveur avait chanes H' '*
TOiè, au faîte d'une maison, la girouette qui céda 41 a
influence du premier vefli qui passe I w

— Mon enfant, dit-il gravement, nous n'irons point da
pfêa verdir vos bas immaotilés. II serait également ào^n*
laisser des lambeaux de votre robe aux branches des h ^^
Stlfin, l'admiration des rdaâSés, je le pense, vous sera p] T^'
QUë le regard titnidfi dë8 gêiiissea éparses dans lescharn™ d™*
Hi voulant qde fâris perde la tête aujourd'hui, avons dé mT'
décrétons ce qui sait : Article unique. — Armantine se e'
duite aux salles nouvellement ouvertes dans le Louvre et dT
au sein des restaurants les plus conf ertables I

— Si tu veux, je vais oler mon gant pour signer au bas ré !"
qna en souriant la créature charmante. Allons au Louvra '

Ils allèrent donc au Louvre, Mme Armantine et mon ami 1
| rêveur, bras dessus, bras dessous, étroitement serrés na 18
boulevards égayés.

Mme Armantinej délicieuse du chignon au bout de sa bottÎDG
fraîche et rose comme une fleur de pommier, et heure-use oli'
,si heureuse ! dans sa toilette nouvelle, marchait, légère et'ee
tille, comme... une femme qui étrenne quelque chose, chiffon
amant, et, innocemment, sans le savoir, posait devant le troupeau
vulgaire des humains.

Les femmes, un soupçon de rage au cœur, les yeux tout grands
ouverts, la toisaient avec une impertinence affectée, et à plu-
sieur^ reprises, se retournaient pour la voir, tirant par le bras
leurs maris, pauvres maris obligés d'étouffer une exclamation
louangeuse, et réduits — par ordre — à trouver Mme Armantine
laide et tapageuse I
Madame Armantine triomphait! — Dame 7
Un nuage d'encens sortait de toutes les lèvres masculines. Tous
les yeux d'homme brillaient. Mme Armantine aurait pu lire une
infinité de choses flatteuses au dernier point dans les longs re-
gards du sexe auquel elle devait notre ami le jeune rêveur. Mais
aussi que de choses profondément immorales voulaient dire ces
clins d'yeux langoureux et dépouillés de toute austérité I

Armantine Ico, régnait donc sur le boulevard, par la grâce de

Dieu et la volonté du peuple, du peuple, entendons-nous, habillé

par Bonne, coiffé par des chapeliers de génie, et chaussé par les

bottiers des anges I

On arriva ad Louvre à la fin, après avoir regardé tous les ma-

\ gasins, calculé le prix de cent robes, écrasé les passants, savouré

î les cris d'admiration et mis à mal le cœur de cent cinquanté-dem

« jeunes adultes, futurs garde-nationaux mobiles, sans compter le

| cœur d'un président de chambre (6°, 7° ou 8a?) qui, à peineàrri-

j vé au tribunal, et encore sous l'influence des charmes vainqueurs

| de madame Armantine, se sentit l'âme bonne et tendre à un

| point extrôrtte, et acquitta coup sur coup trois voleurs et deux

jj assassins. ,

! Ce président de chambre,- subjugué par l'irrésistible toilette de
Mme Armantine, fut ce jour-là une mine inépuisable de circon-
stances atténuantes.

— Soyez b'éhie, ô madame Armantine!

On arrive donc au Louvre. En passant par les salles égyptien-
nes, lé couple charmant s'arrêta, comme tout le monde, devant
la vitrine S, qui renferme des bagues et des sceaux.

Or, pendant que les bourgeois, pour qui les questions d'art,
d'histoire, etc., sont des vétilles, se demandaient d'un air impor-
tant : — Ces bijoux sont-ils réellement en or? — Madame Ar-
mantine, regardait attentivement une grosse bague au caèhet
gravé.

— Qu'est-ce que cette bague ? ami, murmura-t-elle.
Notre ami le jeune rêveur, fe'uilletant le catalogue, répondit :

— Le conservateur des àntiquifés égyptiennes dit galamment
que ce bijou appartenait à urie dame nommée Isinofrê. La dame est
représentée à genoux devant ïsîs, àa patronne évidemment.

— Comment I reprit Mme Armantine. Ceci a été au doigt d'une
dame. Il y a combien de' temps? ajoufa-t-elle.

— Trois mille ans, et plus.

— Ah!

— Oui, une dame, morte mille àn3 avant que le jeune philan-
thrope hébreu fût né pour la gloire et le bonheur de la terre.

— Une dame !,.. soupira à son tour la chère Armantine.

Et tous deux restèrent pensifs, et par les salles bruyante»,
sans se dire un mot, les deux amoureux s'éloignèrent de la vi-
trine S,

Hê se tenaient encore par le bras ; leurs cœurs ne battaient pas
loin l'un de l'autre. Mais qUë leurs âmes, à tire-d'ailes, avaient
fait du chemin; et bien qu'elles eussent été au même pays, quelle
énorme distance séparait leurs de'ux vols parallèlesl

Et Mme Armantine, pauvre fille! sentant combien sa grâce, sa
délicatesse; sa toilette même1, résisteraient peu au souffle du
temp3, pensant avec une tristesse soudaine combien de femmes,
et dû3 plus belles, et des plus adorées,' et des plus maîtresses du
temps, ont disparu s'afis laisser de trriees, sa disait avec m*
dWeur d'un instant, maïs une douleur vive, terrible : il ne
restora rien de riioi,pas même uue bague!

Pas même une bague, pour faire rêver, à mon bénéfice,' l'hom-
m'a qui dans trois mille ans se promènera au bras d'une autre
femme, et pour lé rendre infidèle un instant !

O'h! coquetterie suprême, jalousie étrange.

Nôtre jeune ami le rêveur re'voyait, en effet, ia belle Isinofrê,
et tout en pressant machinalement JSBras dé Mme Armantine,
croyait voir la morte' d'ëà5 bords du Nif, Souriante, parée, lui ten-
dre ses bras fuselés ê't mignons.

— Allons-nous-en, monsieur le poète, dit tout à coup Mme Ar-
mantine, sortie enfin de ses réfixions attristantes.



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