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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 1.1868

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https://doi.org/10.11588/diglit.3702#0084
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L'EGLIPSK

PRIME DE L'ÉCLIPSÉ

Toute personne qui enverra cêïr-ectementt en
mandat ou timbres-poste au directeur du journal, 5,
cité Bergère, à Paris, — le mentant d'un abonne-
ment d'uM» an à l'Eclipsé, en y ajoutant KO
-centimes pour Paris et nia franc pour les
iépartements, — recevra franco l'une des deux
primes suivantes :

1» PRIME
Trente charges d'And. Gill:

ERNEST FEYDEAD
DARIMON
THEODOROS
THERESA
Mmes JUDITH

— GALLI-MARIÉ

— DEJAZET
LAFERRIERE
MIR^S

F. DE LESSEPS
AND. GILL
LE GENERAL PRIM
ED. ABOUT
FANFAN BENOITON
ERNEST PICARD

JULES VALLES

R0SSIN1

AUGUSTE VACQUERIE

LE DOMPTEUR BATTY

FREDERICK-LEMAITRE

COURBET

NADAR

Mme UGALDE

VICTOR HUGO

ERNEST RENAN

WOLFF et ROCHEFORT

Mme MARIE SASS

LE BARON BRISSE

A. DUMAS Fils

PONSON DU TERRAIL

2° PRIME

Un charmant portefeuille or et couleur, fabriqué spécia-
lement pour l'Ecllpse par la maison Susse, place de la
Bourse, et contenant dix ravissantes aquarelles par E. de
Beaumont.

AVIS

1* Avoir sain da bien indiquer celle ces deux prime» qu'on
choisit ;

2° L'abonnement, avec les deux prirpf s, coûte, pdnr Paris,
T fr., et pour les départements, S fr, SO c.

ERCKMÂNN & CHATRIAN

Dire tout rfaut le mal invétéré qu'on pense des personnes
qu'on déteste, littérairement, est une satisfaction d'une douceur
bien vive. On la savoure à petits traits. Il faut siroter sa ven-
geance. Et, d'ailleurs, c'est prendre une bien mince et bien mo-
deste revanche de l'ennui épais, des tortures morales, du dégoût
que leurs ouvrages vous ont procurés.

Mais quelque chose la surpasse, cette satisfaction, c'est le plai-
sir bienfaisant, réparateur, qu'on éprouve à exprimer publique-
ment aux gens qu'on aime la solide sympathie inspirée par leurs
œuvres.

Ainsi, aujourd'hui, il nous est infiniment plus agréable de té-
moigner le moins banalement possible, à MM. Erckmann et Cha-
trian, l'estime profonde que nous avons pour leurs livres et leurs
personnes, que de marcher à deux piecls sur le ventre rebondi et
rempli d'excellente nourriture, de ce bon monsieur H, Bénédict-
Révoil, par exemple.

Et pourtant, cet auteur au teint fleuri, habillé comme par Bon-
ne, mais vide de talent comme l'abîme lui-même, est de suite
arrivé, gaillard et souriant, à se faire imprimer un peu partout,
dès le bas âge.

Tandis qu'avec leur valeur sérieuse, leur savoir, et travaillant
comme des nègres — qui travaillent — Erckmann et Chatrian ont
dû, pendantprès de dix ans, de 1848 à 1859, chasser l'éditeur sans
relâche.

Ce gibier, — on a supprimé les potences, hélas! — est difficile
à prendre au gîte, nous le savons, mais on conviendra, si Y oh a
lu n'importe lequel des romans d'Erkmann-Chatrian — des
Contes fantastiques à l'Histoire d'un Paysan — que l'inintelligence
des éditeurs est sans limites et-sans excuse.

Oui, pendant dis ans, les auteurs dés Romans nationaux, ces
conteurs exquis, ces paysagistes ravissants, ces pinceurs de la fibre
populaire, ces patriotes, ont couru, chapeau bas, les boutiques,
leurs manuscrits sous l'aisselle.

Pendant dix ansl Ces chemins de croix, aux douloureuses éta-
pes, ne doivent être parcourus que par les Révoil, nombreux
comme les mouches que nous comptons sous le soleil.

Ils y usent leurs bottes, et cela donne de l'ouvrage aux save-
tiers. Quelqu'un y gagne, au moins.

Mais des gens comme Erckmann-Ghatrian, faire ce métier de
solliciteur! Cela attriste de penser que de nobles et fiers espritë
soient obligés de passer sous ces portes basses, insolemment toisés
dès le seuil par les commis.

Enfin l'Artiste — on retrouve toujours Arsène Houssaye , et
c'est là le meilleur éloge qu'on puisse faire dé lui, au début des
gens de talent — enfin VArtiste accueillit la copie des auteurs in-
connus et repoussés. Puis vient la Revue de Paris. Puis le Monde
illustré.

Erckmann et Chatrian que nul déboire n'avait découragés, qui
n'avaient cessé de produire, fortifiés qu'ils étaient contre la ré-
pugnance générale par la conscience de leur force et par leur
inaltérable et consolante amitié, écoulèrent enfin, ça et là, avec
le succès le plus flatteur et le plus mérité, les nombreux récits,
écrits de plume de maître, que leurs cerveaux avaient enfantés.

Depuis cette heure divine, et de laquelle on se souvient tou-
jours, les deux amis, l'un Erckmann, doux placide, contemplatif,
l'autre plus vif, actif, ardent, n'ont entendu autour d'eux que les
paroles les plus admiratives, et très-sîmcèrement admiratives.

Mais sans prêter l'oreille plus qu'autrefois aux critiques mal-
sonnantes, ils ont continué, enfants des Vosges héroïques, de
raconter les grandes choses simplement faites par leurs pères,
et d'encadrer les scènes dramatiques où nos frères, les paysans,
ont joué leur rôle admirable, dans les décors les plus variés, les
plus saisissants, fournis par leurs inépuisables montagnes na-
tales.

Au hasard de la mémoire, nous pouvons citer encore, après les
œuvres puissantes, solides, dont nous avons parlé plus haut :
Histoire d'un homme du. peuple, le Conscrit de 1813, Waterloo,

Madame Thérèse, l'Ami Fritz, Maître Daniel Rock, Confessions d'un
joueur de clarinette, la Guerre, le Fou Jégoff, le Docteur Ma-
thévs, etc., etc.

Erckmann-Chatrian, duo de talent et de sentiments exquis,
infiniment! préférable aux Oreste et Pylade, atux Nysus et
Euryale de l'antiquité, ne s'arrêteront pas de sitôt en leur che-
min libre de tout obstacle.

Ils sont jeunes1 encore, et Dieu soit loué, ils démandent si peu
de chose poiïr vivre, ces deux braves cœurs, que nous pouvons
compter certainement sur une longue suite d'œuvres excellentes.

Que leur faut-il ? Presque rien. D'abord, la satisfaction de tra-
vailler, puis, après les longues journées que la besogne littéraire
ne remplit pas à elle seule, — Chàtrian est chef de bureau au
chemin dé fer de l'Est, et Erckmann, employé quelque part éga-
lement, — ils ne demandent aux vanités de la terre autre chose
qu'une belle chope de bière, une vieille pipe d'écume, et la douce
causerie pleine de projets.

La vie paisible des bourgeois, dans Faust, qui, «à la fenêtre,
« vidant leur verre à large pied, regardent les bateaux peints
« passer sur la rivière, et causent de choses et d'autres. »

Puissént-ils, c'est notre vœu le plus cher, mener toujours cette
belle et honnête existence, saiis ennemis, dégustant en paix,
légitime récompense, la réputation qu'ils ont acquise si pénible-
ment et si loyalement.

Erkisst d'Hervilly.

COPEAUX

;*; A Rouen, le voisin d'un tir au pistolet vient de se faire al-
louer par ]e tribunal 300 francs de dommages-intérêts comme
indemnité du bruit qa'il endure.

Le plus adroit tireur de cet établissement avait, dît-on, gagné
la veille une timbale de six francs en faisant mouche.

Le voisin grincheux gagne cent écus en la prenant.

C'est beaucoup plus fort.

+

/, Notre bon ami Tony Révillon raconte l'histoire d'un ours
qui s'est échappé d'une ménagerie de province et s'en est allé
très tranquillement manger des pommes sur le marché.

— Lorsqu'on est allé pour le saisir, dit Révillon, il s'est laissé ap-
procher sans résistance absorbé par les pommes qu'il dévorait.

Le spirituel chroniqueur de la Petite Presse n'a sans doute pas
pris garde que si quelqu'un pouvait se plaindre d'être absorbé en
cette circonstance, c'étaient bien plus les pommes que l'ours.

+

/„. Les médecins experts en matière criminelle sont générale-
ment très réussis.

Il y a peu de temps, c'était le docteur Ganne qui prétendait
qu'il vaut cent fois mieux laisser mourir une personne empoi-
sonnée que de lui administrer un contre-poison, qui la sauverait
peut-être, mitis pourrait nuire à la clarté de son autopsie.

Aujourd'hui, en voici un d'un autre calibre.

C'est le docteur Tburet, de Vaîery-sur-Somme.

Une femme est assassinée et jetée à l'eau; on lui soumet le
cadavre; et pour ne pas faire de peine aux assassins, il déclare
net que là victime ne porte aucune trace de violences et a dû
tomber a l'eau en lavant son linge.

On enterre la femme.

Mais, la vindicte publique, persistant dans ses accusations, on
exhume le corpSj et Un second médecin constate très carrément
que si là victime est tombée a l'eau par inadvertance, elie a eu
préalablement la soin de s'erifoncer trois côtes à coups de talons
de bottes", ei de s'administrer Une douzaine de coups de bâton,
dont le premier a causé la mort instantanée.

Lé docteur îoùret, Lie aléry-sur-9omme, qdi a d'ailleurs re-
connu la... complaisance de son rapport, aura sans doute,__

s'exagêrant un peu la portée de la loi Guilloutet, — voulu ne pas
hUire à la consïdératioh dès assassiris en respectant un acte de
IfeUr vie privée.

C'est d'un grand cœur, je le veux bien ; raâïs à coup sûr d'un
très mauvais médecxii.

Si son système charitable était suivi, il faudrait s'attendre à
voir là ri expert eri écritures, chargé d'examiner les comptes d'un
caissier parti en Belgique avec les fonds dé sa maison, rédiger
ainsi son rapport :

<t II résulté, en effet, de ma vérification que monsieur Pince-
toUt a quitté son poste, emportant 350,811 francs qui ne lui ap-
partenaient pas, mais j'affirme sur l'honneur que ce n'est qu'une
èrreUr d'addition. »

Léon Bienvenu.

Sans lesquelles il n'est point permis de priser
La table épiscopale et les royales chères I

Quand la pourpre du vin saigne en nos coupes clair
Et que la lèvre en Heur commence à se griser
Dans l'argent mat où vous aimez à reposer '
Vous brillez sur la nappe aux lueurs des torchères
Truffe, salut 1... si dans tes tubercules bruns
L'aï mousseux a fait pénétrer ses ivresses,
Un souffle plus chaud tremble aux bouches c

Et pour toi délaissent leurs blancs nids de caresse
Dans les boudoirs secrets, loin des yeux importuns'
Les amoureux désirs nagent dans tes parfums! '
Eugène Vkkmersoh,

BOUTADES

I

Lors d'un récent procès qui vient de s
ment de ïarn-et-Garonne (celui

sejuger<iaa3l0dé

du sieur Jala20i m
meurtre sur la personne d'un septuagénaire), l'avocat i »
tout en détendant son client, - -

a cru devoir déclarer qu'il Étai^

A un certain point de vue, cet avocat n'avait peutôf

absolument tort; mais il faut avouer que si cette ma ï *

comprendre la défense d'un accusé venait à prévaloir 0 8

drait un jour à entendre au palais des discours dan^e^L^'

« Messieurs les jurés,

« Je suis pertinemment convaincu de l'innocence du prév
« j'ai entre les mains les preuves matérielles de sa doq-eqU'
« lité, mais comme, en définitive, le véritable coupable a é!b
« pé à toutes les recherches de la justice et qu'U faut un ° ^
« pie salutaire qu'une exécution publique peut seule don ^
« crois qu'il conviendrait de condamner mon honorable clieJh
« être guillotiné, quitte à lui faire des excuses plus tard si I
« meurtrier, resté inconnu, venait à être découvert, n '

II

Il est une chose qne je trouve profondément ridicule, c'estI.
prétentieuse manie qu'ont adoptée certains petits messieâl
d'accrocher à leur chapeau ou au revers de leur habit, en rai
nant des courses, leur carte d'entrée dans l'enceinte du pesiee

Cette puérile exhibition d'un rond de carton vert-pommèa
évidemment pour mobile l'ardent désir qu'ont ces petits mes-
sieurs de passer pour riches aux yeux de la foule, — qui s'en
moque.

C'est donc bien glorieux de pouvoir jeter deux louis surle
gazon des courses?

Pauvreté n'est pas vice, dit un proverbe, et cela est vrai,

Si la pauvreté n'est point un vice, la fortune, par contre ne
saurait être une vertu.

Pourquoi alors la vanité humaine s'ingéuie-t-elle à trouver
tant de moyens — même celui-ci qui est bâte — d'afficher uns
opulence vraie ou fausse, mais, en tous cas, peu méritoire?

Prouvez clone au monde que vous avez du cœur, du courte
de l'esprit ou de l'intelligence, cela vaudra mieux que délai
prouver que vous avez eu un louis — on ne sait pas toujours
comment — pour aller faire la roue sur le champ de courses,

III

Avant de quitter les courses, qu'il me soit permis de dire un
mot de l'Agence des Poules.

Je ne demande ni ne désire, bien certainement, l'abolition ils
ces loteries ambulantes, mais je ne puis m'empêcher de trouver
bizarre, puisqu'on autorise ces agences, qu'on ne lève pas l'in-
terdiction qui pèse sur les maisons de jeu.

Cela fait qu'il y a aujourd'hui en France deux mesures con-
tradictoires :

L'une, qui permet d'aventurer son argent sur la vitesse d'un
cheva). désigné par le hasard.

L'autre, qui défend de risquer ce même argent sur la couleur
d'une carte désignée par ce même hasard.

C'est absolument comme si l'on introduisait dans le Code Napo-
léon un nouvel article ainsi conçu :

« L'assassinat par les armes à feu est puni de mort,

a L'assassinat par les armes blanches et instruments coûIod-
dânts est autorisé. »

Julhs Pelpbl,

SONNETS CULINAIRES

I. — Le BHIaeaieoïïi

Des convives repus la fatigue s'empare.,.
Servez alors ce plat riche et mélodieux
Çui nous vient d'Italie et qui ,ui vint des dieux
De la divinité c'est le don le plus rare.

De graisse de chapon ne soyez point avar
Prodiguez les rognons de coq, les savou
Champignons et la truffe aux pouvoir;; amoureux
Demandez a Bontoux comment il le prépare!
Que des lèvres d'argent de la cuiller qui sort
Brusquement du ragoût, des stalactites d'or
Tombent; vous connaîtrez à quel point sont futiles

Les splendides objets de notre vanité ,
Que notre estomac seul veut être respseté
Et que les paradis sont choses inutiles.

1B. — Les Xi-uffe»

D truffes! diamants d'ébene! sœurs et mères
De la subtile joie et du savant baiser I

LES DÉBOULOZ SONT AU SâLON..,

Vous connaissez bien les Débouloz ? Les Dibouloz delamo
Réaumur, parbleu 1 Cette famille qu'on rencontre éternellemenl,
le dimanche, à la campagne, assise par rangs épais sur des m-
quettes de bal, dans une tapissière jaune, ornée de rideaux de cou-
til rayé qu'un galon rouge agrémente, et qui, lorsque vient a
nuit, hurle en chœur :

Vers les rives de France I

La tapissière des enseignes de déménageurs, enfin.,.

Eh bien, les Débouloz, père, mère, fils, filles, oncle, taoW
etc., etc.. etc., absolument comme ils se font imprimer au _a
des lettres de faire part, sont venus à l'Exposition aujourd'hui,

Les Débouloz sont au Salon.

Mon Dieu, oui ; ils se sont dit comme cela, tout bonnemen.
si nous allions voir les peintures. C'est un dimanche p ■
Mais... nous rirons d'ailleurs ; il y a des artistes si drôles ! Et p,u
il faut voir le portrait de madame Dubinard, cette chère ami j

Donc, les Débouloz, tribu compacte, ont envahi le Salottia^
sans jeter un seul coup d'œil aux vitraux disposés dausie
bule. C'est des essais tout ça. Pas besoin de regarder,

On s'est cotisé. Le père Débouloz a acheté le livret. Laj^
Débouloz, c'est le monsieur souriant, à ventre honnête, àco
de barbe poivre et sel, qui, dans les bois, voyant tout '

f sur une branche, un petit oiseau, tout heureux de chanter, s
siller gentiment, avec innocence, s'écrie, comme inspir ■

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