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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 1.1868

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https://doi.org/10.11588/diglit.3702#0140
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A.KJ PCBHC

Nous avons été profondément étonnés, lundi matin, de lire
dans le grave Moniteur, a la partie presque officielle, entre
deux nouvelles politiques, l'incompréhensible entrefilet sui-
vant :

« La vente sur la voie publique a été retirée au journal
o l'Eclipsé, en raison de la publication d'un dessin obscène
« qui va donner lieu à une poursuite. »

M. André Gill a déjà répondu dans les journaux à cette
phrase énigmatique.

Il proteste de toutes ses forces contre cette intention d'im-
moralité que lui prête si gratuitement la feuille officielle,
avant même que les tribunaux aiertt qualifié le délit, s'il
existe. ., ..

Le fait estnouveau, à notre grand confrère : il n'en est pas
moins perfide.

A notre tour, nous repoussons hautement cette accusation
inouïe.
Nous en appelons au grand public!

L'innocent! partout il a regardé notre dessin, sans y voir-
autre chose qu'un vague portrait dans lequel chacun, selon
son tempéramment, pouvait chercher l'une des personnalités
qui s'effrayent d'un crayon malicieux.

Mais nul n'a eu la pensée assez dépravée pour y trouver
une image immorale.

Nous laissons la responsabilité de cette insinualion innom-
mable à qui de droit.

Et de nouveau, de toute notre honnêteté mise en suspi-
cion, nous protestons contre le sens Incroyable donné par le
Moniteur h noire dessin 1

FANTAISIE

." ' Point • d'nr^ue et Mimon,

Depuis le mariage de la Pattî, les chroniques sont pleines (les
faits et geste"3-de M. et Mme do Caux. S

S'il est desTgens que cela intéresse, il doit naturellement être
permis à d'autres de dire qu'ils en ont grandement assez.

Et je m'inscrits sur cette dernière liste.

/„ « Af. et-Mme de Caux assistaient samedi à la reprise de Zarops,

a M. et Mme de Caux ont diné hier en vil'e, »

« Monsiem'.et Madame de Caux ne sont pas sortis de chez eux de-
« puis jeudi..?

Cl n'arrête pas,

Les renseignements sur la vie privée du nouveau ménage ne
laisseront bientôt plus guère à désirer que la forme des chaus-
settes de monsieur lo marquis et la pointure des gants de ma-
dame la marquise.

k% Avant cet événement auquel la France a l'air d'attacher
une si grande importance, on parlait fort peu de monsieur le
marquis de Caux et de la couleur de sa livrée.

Aujourd'hui on sait que la maison de Caux a adopté le marron.

Demain, ce sera peut-être le bleu.

Et dans un mois, le vert pomme.

Etc., etc.,

„% Nos chroniqueurs de Bigk-lxfe se croiront-ils donc obligés
de signaler dans, l'avenir tous les changements de nuances ma-
trimoniales qui se produiront ?

Eh bien ? et l'ombre de M. Gullloutet I

/„ Quoiqu'il en soit, je vois là-dedans une chose assez singu-
lière.

C'est M. de Caux qui est censé apporter à la Patti l'éclat d'un
grand nom...

Et ce grand nom ne s'est décidé à jeter quelque lueur que de-
puis le jour où Mlle Patti l'a ajouté au sien.

*% Les vieux parchemins ont deoes modesties à eux.

/„ Maintenant, beaucoup de gens affrètent d'être très inquiets
relativement à la retraite du théâtre de la nouvelle marquise.
Les uns disent :

— Elle continuera !...
Les autres :

— Elle ne continuera pas !

,*, D'une part il serait très fâcheux d'admettre en principe
qu'une marquise ne peut rester sur les planches.

Car, îi ce comptera, la noblesse pourrait enlever a, l'art toutes
ses étoile?, au fur et.à, mesure qu'elles se produisent.

„*, D'un autre côté, on no voit guère une duchesse obligée de
refuser une invitation a, la cour, parce qu'elle vient de rec- voir
de son directeur un billet de service pour jouer Zerline le même
soir.

„*„ Que faire alors?
Ah 1 voilà 1

„\ Que faire?.,, Je crois parbleu! la solution bien simple.

Etant données :

Un couronne que l'on a conquise par son talent,

Ec une autre que l'on doit au hasard :
Savoir opter,

* Mais jamais, au grand jamais, n'exhiber aux yeux du pu-
blic qui vous a faite reine de par votre mérite un blason qui ne
voua fait que marquise par occasion.

*t Croire carrément à l'art et vouloir lui devoir tout.

Ou alors :

Croire qu'un vieux morceau ds parchemin est arrivé, renoncer
bu reste, et aller demeurer rue de Ponthieu,

+

I^e» IHar-mlloiie royaux.

*, A propos du voyage da la reine d'Angleterre, lo Oivl noua
donne un intéressant détail.

.Les cuisiniers de la reine prennent quatre apprentis qui leur
payent chacun 4000 francs pour apprendre la cuisine royale.

t\ On a beaucoup plaisanté le métier de fabricant de verres
noircis pour éclipses.

Ce n'est pourtant pas beaucoup plus drôle que celui de fabri-
cant de fricandeau à l'oseille pour têtes couronnées

„% Oitrequeje suis profondément surpris d'apprendre qu'il
soit indispensable de faire des études spéciales pour confection-
ner les mirotons royaux, ce nombre exubérant d'apprentis gâte-
sauces de la couronne me plonge dans des rêveries que l'ab-
sence de cautionnement m'empêche de développer selon l'état de
mon cœur,

"•** Et je me contente de m'étonner que les jeunes gens qui se
destinent à l'art culinaire se précipitent avec un tel acharnement
dans une carrière qui menace d'offrir par la suite tant de mor^
tes-saïsons, pour le peu qu'on n'augmente pas le nombre des
trônes eu raison de l'accroissement de celui de^ maîtres«d'hôtel
royaux,

Quelques conseil» n propos des I>alnt* froide,

„*. Le nombre toujours croissant des accidents survenus aux
baigneurs depuis que les grands journaux les abreuvent de con-
seils, nous décident à en publier quelques-uns, à l'usage de nos
concitoyens qui ont été assez heureux pour survivre à ceux du
Constitutionnel,

* Les voici :

1° Ne jamais se jeter à l'eau après avoir mangé.,,

A moins que ce ne soit sa fortune,

2° Les bains f-mdp, pour être salutaires, ne doivent pasêlr1.
trop prolonges.

On peut sans danger rester trente-cinq minutes dans l'eau.,, si
toutefois personne ne vous a tenu la tête au fond pendant tout ce
temps-là,

Dans ce dernier ca3, on peut alors y rester davantage.

3° Si une orampa vous entraîne au fond du bain, appeler de
.->uifco le garçon.

4° Aux bains de mer, il est dangereux de se joter à l'eau Bur
'r- e6t$s,

A js bains Henri IV, il faut se défier des gens qui se jettent sur
les vôtres en piquant des tètes.

LÉON BtRNYBSg.

CE QUI SE PASSAIT AU PALAIS-ROYAL

LE SOIR. DE

LA DISTRIBUTION SOLENNELLE DES PRIX

A. LA SOBBONNE

Lundi soir, vers neuf heures, le calme Palais-Royal était mis
sens dessus dessous par une série de détonations formidables.

Le bruit semblait sortir des entrailles de la terre.

Les habitants dos galeries, tremblants, se tenaient sur le seuil
ôo 1-urs boutiques, et s'interrogeaient, le front pâle, la gorge
sèclie.

On s'attendait, à chique minute, à voir sortir du sol, soudain
entr'onvert,des flammes, des cicérones, de la lave, des Anglais et
une pluie de pierres brûlantes.

Certainement, un volcan en travail d'éruption s'annonçait par
ces borborygmes gigantesques, inouï? jusqu'alors et qui glaçaient
d'effroi les paisibles habitués da ce lieu de promenade,

Des gens, des étrangers sans doutp, accoutumés dans leurs
voyages a-ux terribles convu'sions de la nature, mettaient l'oreille
à terre et écoutaient la montre en main.

— Le cataclysme aura iieu dans une heure sept, dît un mem-
bre de l'Académie des Sciences qui flânait par là, sur les talons
d'une petite dame en rob'i à raies.

Lé tonnerre souterrain redoublait de violence de seconde en
seconde.

Il paraissait éclater surtout du côté de Corcelet et de Véfour.

Un monsieur fjrt bien mis, mais très râpé, laissa même tom-
ber en ce moment le cure-deut qu'il mâchonnait, depuis trois
heures, à la porto de cet établissement.

C'était pourtant tout ce qu'il avait p\is depuis le matin I

Les colonnes-affiches oscillaient sur leur base,

Et des militaires, assis sur les bancs, à côté de payses improvi-
sées, au sein de l'obscurité, tirèrent leur sabre...

Promeneur inoffensif, très intrigué, je me précipitai vers l'en-
droit que l'on supposait devoir être lo lieu du sinistre.

J'arrivai, puussant, poussé, mais toujours fendant la presse, à
la porte du Café des Aveugles.

Plus de doutes ! C'était bien de l'intérieur du caveau que pro-
venaient ces coups de foudre, ces roulements intermittents, dont
l'écho multiplié allait terrifier les garçons de la Rotonde eux-
mêmes.

Bousculant le vieil homme qui veille aux barrières de ce Lou-
vre caverneux, je descendis quatre à quatre l'escalier qui mène
dans l'antre. Quel tapage 1

urd pour la vie, et pour la vie dê~J

étourdis, ahuris. D6as

C'était à en deven
salern encore I

Sur l'j^rade, au fond de la cave connue de toute l'ff
démentie terrible Sauvage, l'immortel Caraïbe du Par ^ *
devantes quatre tambours. ' ais"%al,

Les^âveugles, blancs comme deslin^
vaie^t pas ce qu'ils faisaient, et dans leur
mutuellement pour des instruments.

_-fc'un de ces malheureux, ayant saisî entre ses lèvres le n
confrère, en jouait comme d'une clarinette, et la clarin h
maine rendait des sons plaintifs. ^*

Un autre, — il ressemble à Jean Du Boys, — raclait
archet, un archet de contrebasse, le ventre d'un camarade \T?
ventre ronflait comme une corde tendue. Boum 1 boum!

Affreux spectacle ! Horribles détails !

Quant au Sauvage, fou furieux, roulant des yeux ensanal
il hurlait, et tapait, à coups de pied et à coups de polnL^1
peau de ses tambours. la

Son diadème à plumes, tombé sur l'oreille* d'us air casa
flottait par les airs. Sa fausse barbe noire pendait, détâclëe^'
ne tenait plus que par le favori à l'oreille gauche. Le triple coll;^
d'ennemis - tressautait sur '£

de grains rouges — et de dents

maillot couleur chair de rinças infortuné 1

Quant à son pagne, je n'ose peindre le désordre choquant da
lequel il se trouvait parfois.

Mais pourquoi ces transports? Pourquoi ces bruits effravuri
cette démence? 3 m>

— Il va crever les tambours! Arrêtez-le! criait la dame d
comptoir, cessant pour la première fois de sa vie de mettra a^
tre àquatre les croquets en pyramides dans les bonnettes pousaiè".
reuses.

Et les abonnés murmuraient :

— Il me semble que le Sauvage ne joue pas aussi juste qu'hier!
0 terreur ! le Caraïbe, l'antropophage exaspéré (peut-être avait.

il faim?) continuait ses exercices d'une façon diabolique,

Tout tremblait dans la salle enfumée.

Dj plus en plus intrigué, j'interrogeai ma voisine, une dama
que je connais depuis longtemps, et qui mérite d'être con-
nue.

C'est une Allemande, oubliée par son mari, pendant la grande
Exposition, et qui vient tous les soirs, depuis cette heureuse épo-
que, au café des Aveugles,

Le Caraïbe a son cœur, en tout bien tout honneur!

Pour lui plaire elle a appris, — où ? je ne sais — la langue du
pays oit le faux sauvage n'est pas né.

Quand elle a su la langue du pays où le Sauvage n'est pas né
elle lui a déclaré son amour.

Le Caraïbe, farouche, lui a répondu en français :

— Laissez-moi tranquille, ma vieille.

Désespérée, comprenant qu'elle avait été trompée par de faux
rapports, l'Allemande (qui sait le caraïbe), n'en a pas moinscon-
Uaué de venir adorer en silence,tous les soirs, le Sauvage à libel-
le fausse barbe.

Ils se sont liés d'amitié, pourtant.

Ces renseignements fournis, laissez-moi terminer le récit de ce
qui se passait an Palais-Riyal, le ,soir de la distribution solen-
nelle du prix à la Sorbonne.

—- Qu'a donc le Sauvage, madame ? dia-je à ma voisine.

— Qb qu'il a? vous le demandez 1 oh ! il a bien raison d'être
fou de rage, oo soir. C'est un grand anniversaire pour lui, voyei-
vous, Il le célèbre de la saule façon qui lui soit permis de le
faire. — Ce Caraïbe, monsieur, cet anthropophage est un ancien
prix d honneur du Concours ; il a dîné chez le ministre, lui I ce
souvenir lui perce le cœur. Et tenez, en ce moment il confie sa
do'.'ileur à la peau d'âne de aee caisses roulantes !

ERNKST n'HKRVLLY.

A TRAVERS LA SEMAINE

L:s nombreux proce-i de la semaine dernière ont rap;
fait oublier le duul Jtcker-Barrot et la balle qui est venues!
bizarrement se loger dans le gilet du second.

Rappelons-le, ne fut-ce que pour en tirer la moralité,

— Et laqaglle, bon Dieu?

— Ç%è la première fois que toute cette affaire fait entrer quel-
que chose dans une poche française.

Un individu sortait hier d'une des chambres correctionnelles
du Palais-de-Justice avec quinze jours de prison de plus qui'
n'en avait en entrant,

Il avait injurié et quelque peu maltraité un voisin,

— Tu t'es donc bien mal défendu? lui dit un ami.

— Eh non ! J'ai bien dit que mon adversaire est un animal, un
brutal, un sauvage..,

— Imbécile I fallait dire que c'est un journaliste; tu en aurais
été quitte pour tes vingt sous d'amende.

Samedi soir, un sergent de ville arrêta sur le boulevart un co-
cher de bonne maison ; sa voiture n'avait point de lanterne.

— Sa.,, nom d'un nom I lit le cocher vexé,., _

— Q l'est-ce que vous réclamez , fit l'agent ; vous connaissez
règlement?

— C'est pas ça, fit l'autre; le matin vous em.,. nuyez les ge^
parce qu'ils ont une Lanterne, le soir vous les arrêtez quan
n'en ont pas !

Trois médecins ont envoyé un savant parisien, des plus sa
dsns un trou au bord de la mer. „!*

Le savant, logé chez un paysan, dont la femme est une
mégère, emploie les loisirs à étudier les naturels du paya-

L'autre matin, le paysan eut une violente dispute avec sa
moitié, qui manqua l'embrocher avec une fourche,

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