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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 1.1868

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https://doi.org/10.11588/diglit.3702#0152
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L'ECLIPSE

pmmE Dï- L'ÉCLIPSl

Toute personne qui enverra direetemienf en
mandat ou timbres-poste au directeur du journal, 16,
rue du Croissant, à Paris, — ie montent d'un abonne-
ment d'un an à l'Eclipsé, jouira des primes
ci-dessous énoncées, aux conditions suivantes :

1" PRIME^
Quarante-cinq charges d'And. (iill;
L'Abonnement pour Paris avec cette prime.
Pour les Départements.......

7fr. »
8 50

2" PRIME

On charmant portefeuille or et couleur, fabriqua Bpéçis

lement pour l'Eclipsé par la maison Susse, place de. 1$

Bourse, et contenant dix ravissantes aquarelles par S) *•

Beaumont;

L'Abonnement peur Paris, avec cette prime 6 fr. >
Pour les Départements ? ■

(Se

1* Avoir soin ûe bien Indiquer celle feu deux nriraea qu'oit
ohoi8it; .

2° L'abonnement, avec les deux pnmts, conte, ponr Paris,
*& fr,, 50 c. et pour les départements, O fr.

JULES CLARETIE

Un talent sans peur, en même temps qu'une conscience sans
reproche.

Abondant, plein de sève, ardent, hardi, Jules Claretie, a cet
âge où tant de jeunes hommes ne sont encore que bacheliers es
petits-crevés, a déjà sa douzaine de flers et charmants volumes
dans les bibliothèques des gens d'esprit et des gens de cœur.

Gomme ces soldats de la République qu'il adore, et dont il
peint si bien les enthousiasmes virils, il a conquis rapidement,
sans aide, à la seule pointe de sa plume, tous les grades litté-
raires, depuis le galon d'échotier au Biogène, jusqu'à la grosse
êpaulitte qu'on lui a décernée après l'Assassin et les. Derniers Mon-
tagnards.

Claretie a vingt-huit ans. à peine.

Il est peu de journaux, a Paris, qui ne l'aient compté parmi leurs
plus brillants collaborateurs.

Il a commencé par écrire, à seize ans, à côté de Louis JourdaD,
dans YE<soie du Peuple, es journal rédigé par Tnéodore Six,

Aujourd'hui VIllustration, le Figaro, l'Artiste, VOpinwn nationale
se disputent amicalement sa copie aimée du public.

En effet, le public a pris en grande affection ce brave jeune
homme, si .résolu, d'un esprit si communicatif, toujours prêt,
toujours informé.

Laborieux à l'excès, il a tenté avec succès, tour à tour, tous les
genres de littérature, de bonne littérature, parce qu'il se sentait
toutes les aptitudes, et que son large coup-d'œil et son intelli-
gence rapide embrassaient en même temps les travaux les plus
divers, sans effroi, avec la certitude de les bien traiter.

Ce premier coup d'heureuse fougue est passé; le romancier
original et l'historien séduisant se dessinent ne.ttem.ent en lui,
maintenant.

L'Assassin et les Derniers Montagnards ont mis Jules Claretie à
la tête de la nouvelle génération; de la génération des petits-fils
du mouvement de 1830, la génération de qui on doit espérer du
nouveau, à qui l'avenir appartient!

Parmi les vrais jeunes, il a le premier, et très rapidement, ac-
centué sa personnalité-

La Libre parole, son dernier ouvrage, fait pressentir plus que
jamais, que cette loyale et droite nature, à laquelle le sileuce a
été imposé par deux fois: n'est pas d'humeur à rester muette, et
qu'elle ne cédera, comme l'assemblée nationale, que devant la
force du communiqué, et encore !

Sa verve généreuse est de celles avec qui l'on compte, et qu'on
salue avec le respect dû aux convictions profondes et honnêtes.

Ses ennemis, si cet excellent, si ce dévoué garçon peut en
avoir, doivent estimer singulièrement la vaillance de son carac-
tère d'écrivain littéraire ou politique.

Il est adoré de ses amis. Le nombre des mains dévouées, sé-
rieusement dévouées, que presse la sienne est grand ; il fait
l'éloge du cœur de Claretie, et montre clairement la valeur in-
trinsèque qu'on aime à lui reconnaître.

Mon cher compagnon de route, mon vieil ami, je suis heureux
de le dire publiquement, combien j'aime en toi l'homme et l'écri-
vain; j'ai vu naître la plupart de tes livres, et je retourne sou-
vent ces chers enfants sur l'avenir desquels tu t'interrogeais
modestement, tandis que je t'assurais du succès sincère qui sui-
vrait leur venue au monde.

Je ne m'étais pas trop avancé, comme tu voie, et les bambins
ont joliment fait leur chemin.

Pierille, l'Incendie delà Briague, Elisa Mercœur, etc., PétrusBorel,
une Drôlesse, les Victimes de Paris, les Ornières de la vie, les Histoi-
res cousues avec du fil blanc, Mademoiselle Cachemire, ont eu, les uns
ou les autres, plusieurs éditions.

C'est tout dire, en ce temps de froideur à l'égard désœuvrés
littéraires.

Froideur terrible ! On en jugera par ce seul exemple : Hachette
n'édite plus de romans 1

La Madeleine Bertin, que le Figaro commence de publier, va
continuer de servir dignement la réputation établie de Jules Cla-
retie.

Ce beau roman préoccupe déjà, par sa superbe entrée en ma-
tière, la presse et le monde parisien.

On y sent qu'une main de fer tient le scalpel, ^t l'enfonce sans
trembler dans la chair jusqu'à l'os.

A notre époque de banalités et de fadeurs, de rengaines sur-
tout,^! est bon qu'un livre auatère vienne, bouleverser un peu les
systèmes nerveux relâchés.

La lecture d'un tel livre est salutaire; cqmme le S(yx sombre
et glacé, elle retrempe et rend invulnérable.

Ernest VHERym^T.

ÉCHOS DE LA VIE PRIVÉE

ï Je vois depuis quelque temps, dans le,s JQurnaux ^annonce
d'une certaine olêagine qui soi-disant attire les poissons.
Cela coût^e dix francs le flacon.
Ef, c'eaj; excellent-

Je ne réponds pas que ça ait beaucoup d'effet sur les poissons.
Mais, quant aux pêcheurs, ça les attrape dans la perfection.

* A Florence, un théâtre représente le Monte-Cristo. d'A-
lexandre Dumas, en quinze actes.

La représentation dure trois soirées, cinq actes par soirée.

Un détail m'inquiète:

Les speotateurs tendres1^ qui sont partis le mardi en pleurant
comme des gouttières percées, sur le dénouement du dixième
acte, se croient-ils tenus de reprendre le mercredi, en arrivant au
théâtre, le cours de leurs sanglots?

/, Il paraît que Laferrière va publier ses mémoires.
On parle do Dentu, l'éditeur de la galerie d'Orléans.
Bien des personnes doivent être impatientes et inquiètes.
Pour elles, l'attente sera cruelle.

„\ On prétend que monsieur Pasdeloup, imitant l'usage alle-
mand, invitera les compositeurs dont il représentera les œuvres
à les conduire eux-mêmes.

Çà... ils ne l'ont pas volé 1... par exemple !...

C'est bien le moins qu'ils soient forcés, comme les camarades,
d'écouter fonctionner un peu leurs machines à migraines.

Je propose mémo un amendement :

C'est qu'on fasse danser les ballets par ceux qui les font.

Ils seraient très probablement plus courts.

„*„ En parlant de la mort de l'acteur Montdidier, Jules Prevel
dit :"

« Cet artiste avait, il y a une dizaine d'années, acheté prés de Blois
une petite ferme où il se faisait une fête d'aller se reposer et mourir,»

Que l'on se repose, je le comprends.

Que l'on meuro... Dame l... je suis encore bien forcé de l'ad-
meitre,

Mais que l'on s'en fasse' une fête I,,. c'est très raide.

* Mademoiselle Z.t., actrice du théâtre des Bouffes, et qui de-
ramure faubourg Saint-Denis, passage, du Désir, a reçu ces jours
derniers d'un petit vicomte do Saint-Grevey quelconque une lettre
de rupture dont je copie l'adresse :

Mademoiselle Emma %.....

127, passage du Désir... satisfait,
à Paris.

Un expert, change de vérifier le3 livres d'un caissier infidèle,
disait qu'il ue voyait pas clair dans le? comptes de cet employé à
cause du brouillavd.

LftoN Bienvenu.

PAUVRE DIABLE!

Nestor Morandon, 38 ans, gros., court, de mise très cossue, prend
un biUer havrais devant la rotonde du Palais-Boyal.

Henri Landsman, 30 ans, maigre, pâle, défait, vêtements en lam-
beavec, s'assied â la table de Nestor.

Henry. — Bonjour, Nestor ! Comment vas-tu ?

Nestor. — Mais, monsieur,... Je ne vous connais pasl...

— Mais si... mais si!... Henry.,, tu sais... Henry de Montmar-
tre... Henry le comique !...

— Henry?.,. Ah I oui: j'y suis... Henry!.., Henry, le comique
du théâtre de Montmartre... Parfait!.., J'y suis maintenant;
mais, d'abord, je ne vous remettais pas, pauvre diable !.,.. Et d'où,
venez-vous ainsi, pauvre dépenaillé ?

— J'arrive d'Odessa!.., J'arrive d'Odessa à piedI

— D'Odessa!.., d'Odessa à pied !.., mais c'est impossible, pau-
vre malheureux 1...

— Mais si !... Mais si!,.. J'étais engagé là-bas. L'administra-
tion a fait faillite ! Je me trouvais sans le sou. J'ai remonté toute
la Russie à pied; j'ai traversé la Pologne, la Prusse, les Pays-
Bas, en disant partout des chansonnettes comiques pour vivre !...
J'arrive à l'instant de Bruxelles, et voilà deux jours que je n'ai
mangé...

— Ah ! pauvre diable ! Ah ! pauvre misérable ! Ah ! pauvre dé-
penaillé!.., Votre histoire mo touche!... Voulez-vous prendre
quoique chose?...

— Garçon ! un verre d'absinthe !

— De l'absinthe !... Mais, vous n'y pensez pas, pauvre malheu-
reux!... Cela vous fera mail...

— Mais non... mais non !... Ça me remontera I...

— Enfin ! comme vous voudrez, pauvre diable !... Vous allez
venir chez moi... J'ai des bottes que je ne mets pas à cause de
mes cors... je vous les donnerai, pauvre misérable!... J'ai aussi
de vieux habits... vous les prendrez, pauvre dépenaillé... et je
vous ferai manger de la bonne soupe, pauvre diable ! Ma femme
n'aime pas les artistes... mais, ma foi, tant pis... En dînant, vous
lui raconterez votre histoire... Les femmes sont sensibles... Vous
vous souvenez, dans le temps.., le père Morandon était chiche, et

je n'avais, pour mes menus plaisirs, que la conie ie,M
théâtre de Montmartre !... mais, le brave homme'est m ? du
ne sais pas s,i vous Sites comme moi, mais j'ai vinri m°n et,i6
de rentes et je suis marié !... 8 ™116 livres

— Mais non... mais non I...

— Comment? m.ais non !...

— Je ne suis, pas pomme loi I... Je n'ai pas vingt mille

— Ah ! c'est juste, pauvre diable, pauvre dépenaillé '" ■
fin, ça ne fait rien.., Vous allez venir chez moi SeT"'"1"
vous comprenez, vous ferez m sorte que le portons v ent'
pas monter, parce q^e... Vous vous cocherez derrière moi"8 "'"
entenfiez, pauvre misérable I,,, '" Voue

Chex s,'et*sor Uorandon

Nestpr,- Vois-tu, ma îmm.„ il u@ faut paa m'ea
majs, j'amène, pour mangçr la soupe, un pauvre diable Uû
vre dépenaillé... qui vient de faire huit cents lieues à p'ied ^
avojr- un sou dans la poche. C'est un comédien.,, il joue le3 ' ^
gués.., il te dira ses aventuras, ce pauvre misérable,., Ne litfp"
p,as. ton nez, au pauvre malheureux !... (A Henry). Ma femme r
son nez, voyez-vous, parce qu'elle n'aime pas les artistes ■-
ne faites pas attention... cela se calmera... Elle est bonri m^
fond... Mangez bien de, la soupe... pauvre diable!... cela ta ^
l'estomac!... met

Henry mange comme quatre, boit comme huit. Au dessert il
son odyssée.,. Madame Morandon est attendrie... Il chante'des dT
ries... Madame Morandon remarque qu'il a de fort beaux yeux et Ip °
très-bien fait, quoique un peu grand,

Henry à Nestor.— Prète-moi cent sousl...

Nestor. — Cent sousl,.. Et pourquoi faire, pauvre diable?,

— Mais pour prendre du café...

— Du café, pauvre misérable... du café... On va nous en servir
ici... ' ' '

Henry après le café — Prôte-moi cent sous.,.
Nestor. — Cent sous!.., Encore cent toual.,, mais
donc faire, pauvre diable ?...

— Dame! Je fumerais bien un cigare !,,.

— Un cigare !... mais vous avez donc tous les vices.,. Enfin
pour vous satisfaire, pauvre dépenaillé, nous allons descendre et
je vous paierai du tabac, pauvre misérable!...

pourquoi

I.,e lendemain, à cinq heures du matin

Henry à Madame Morandon. — Mon Dieu,îoui, Madame ! J'ai eu
beau dire et beau faire ; j'ai été contraint de céder à votre mari,
Le bon accueil que j'ai reçu de vous me faisait un devoir de lui
résister ; mais j'ai craint que, tout seul, il ne se livrât à des ex-
travagances plus risquées. Hier au soir, quand Nestor a été com-
plètement gris, il a engagé sa chaîne et sa montre au Mont-de-
Piété pour aller souper au boulevard, et maintenant, il attend eu
dormant sur un divan, que je lui apporte, avec votre pardon, l'ar-
gent nécessaire pour payer cette folle orgie qui, je vous le jure..,

Quinze jours api-ès

Henry, chapeau gris, habit bleu à boutons d'or, pantalon chamois
chaîne de montre au gilet, donne le bras à Madame Morandon, qui vi-
site la pépinière du. Luxembourg.

Nestor suivant â dix pas. ~ Qui reconnaîtrait ce pauvre diable,
ce pauvre misérable, ce pauvre dépenaillé?-., Comme il a vite re-
pris!... Les plus grands soins lui étaient nécessaires... Aussi lui
ai-je feit meubler un petit logement en haut de ma maison. Et
ma femme n'aime pas les artistes ! Mais elle a si bon cœur I..,

Alex, Pothey.

PHRASES PERDUES.

i

Nous n'aimons pas, ici, la politique, et ça se trouve bien, car

si nous l'aimions, nous serions obligés d'en faire.....et nous ne

pouvons pas la sentir — par le temps qui court. Elle est trop
verte.

Vraiment, je plains de tout mon cœur, en ce moment, les jour-
naux cautionnés. Non pas seulement ceux de l'opposition, à cause
des faux frais; mais encore et surtout les autres. On n'a pas idée
des formidables dépenses d'imagination auxquelles ces braves offi-
ciels et ces vaillants officieux sont tenus de se livrer, chaque nw-
tin, depuis qu'une poignée de loustics a tiré des fusées dans les
jambes de l'opinion, à seule fin do lui faire dire, entre deuxgri-
ïpaces : « Pristi ! comme ça sent la poudre I »

II
Eh bien ! rien n'est plus amusant — au point de vue littéraire
où je me place — que d'étudier les raille et un efforts tentés par
la presse agréable pour démontrer d'une manière irréfragable
l'absence complète de toute espèce de poudre. Ne leur dites pas:
voici des points noirs ; ils se mettront en quatre pour vous prou-
ver que ce sont des truffes. Leur mission est de tirer une con-
clusion voulue des prémisses qui lui sont le plus contraires. Rude
besogne, à coup sûr, N'importe ! ils la tentent et l'effectuent. Au
prix de quels labeurs ? il faut les lire pour s'en rendre compte,
Leurs procédés sont innombrables. Un, entre mille, voulez-vous
— à titre d'échantillon :

III

autre soir.
Et tout

a II est avéré aujourd'hui que le maréchal "
«, tiré son mouchoir de poche en entrant aux Tuileries,
a de suite les organes de l'anarchie se sont écriés comme un se
« homme : « c'était évidemment pour se moucher!!! » — On
a saurait mettre plus de mauvaise foi au service d'une plus m
« vaise cause. Mais le bon sens du peuple français ne sera p
« dupe d'insinuations aussi grossières. Depuis quand ne peu ' _
« tirer son mouchoir de poche, sans être accusé do se vo
« moucher ? N'a-t-on plus le droit de s'esauyer le front ou d j
« pousseter ses bottes? Lequel de ces deux actes l'illustra sa ^
« a-t-il accompli ? Nous l'ignorons, et peu nous impi
a point essentiel est de démontrer qu'il no voulait

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