L'ECLIPSE
PRISSES DS E/ÉCMPS*
Toute personne qui enverra directement en mandat ou
en timbres-poste au directeur du journal «, rue du Cro, anta
Paris, - le montant d'un abonnement d'un an a lEciipse,
ouira des primes ci-dessous énoncées, aux «marnons suivantes.
1» PBIME
Quarante-cinq charges d'And. Gill :
L'abonnement pour Paris, avec cette prime
Pour les départements........
7 fr.
2« PRIME
Une boite remplie de Mfcms de vanille, bonbons fondants, par-
fumés, savoureux, fabriqués spécialement pour les abonnés de
l'Èclipse par M. Berbey-Couturier, de Saint-Seine-1 Abbaye
(Côte-d'Or). .
L'abonnement pour Paris, avec cette prime . . . • <> ■
Pour les départements . . . • ■ • • • • •
AVIS
1» Avoir soin de bien indiquer celle des deux primes qu'on
choisit. .
2» L'abonnement, avec les deux primes, coûte, pour Pans,
V fr. A© c, et pour les départements, 9 fr.
3» Tout abonné peut recevoir la seconde prime en envoyant
1 tr. SO
NOUVELLE PRIME EXCEPTIONNELLE
One excellente Montre en aroent. (FoiV aux annonces.)
On se demande,—on nousdernande quelle est la surprise
— agréable — annoncée par l'Èclipse dans son dernier nu-
méro...
Nous ne voulons pss faire languir plus longtemps nos
lecteurs....
Cette surprise est... une Lanterne magique, — pièce cu-
rieuse, rare, originale etde premier choix...
Nous vous entretiendrons plus tard des types amusants
qu'elle fera passer sous vos yeux.
Qu'il tous suffise de savoir, pour le moment, que cette
prime exceptionnelle ne laissera rien à désirer, sous le
double rapport du choix des sujets et de leur exécution.
AVIS
Le dessin de Gill n'ayant pas été autorisé, nous suspen-
dons notre tirage et nous mettons à la place du portrait
d'Eugène Ténot la charge de M"0 Fargueil, par Bla ze, un
pseudonyme sous lequel se cache un des plus fins et des plus
spirituels caricaturistes du moment. Uno avulso, non déficit
alter.
ANUS FARGUEIL
Elle chantait : L'Opéra la réclamait impérieusement en lui pro-
mettant le succès de Malibran, de Dorus-Gras et de Falcon. Hélas !
elle n'eut de cette dernière que l'accident de larynx qui la força à
abandonner le théâtre en plein triomphe ! Seulement, plus heureuse
que Rachel, de la Juive, Anaïs Fargueil n'avait guère perdu que la
voix : elle avait conservé la jeunesse, la beauté, une admirable en-
tente de la scène! Le Vaudeville s'empara de tout cela et en fit les
délices de nos pères. J'écrirais : de nos grands-pères, — si je fai-
sais de la chronologie, au lieu de faire de l'adoration.
Bien des années se sont envolées à tire-d'ailes depuis les soirées
enthousiastes de Pierre le Bouge, de Malnildeou la jalousie et du
Démon de la Nuiti...
Aujourd'hui, comme le théâtre qui n'a pas voulu la lâcher, Anaïs
Fargueil appartient au Drame. Les Filles de marbre ont commencé
sa réputation en ce genre ; Dalila, les Lionnes pauvres, Rédemption,
les Intimes, les Diables noirs, Maison neuve, l'ont continuée ; Miss Mill-
ion la consacre. La grande artiste anime cette pièce du soufile créa-
teur de son inimitable talent ; elle l'emplit ; elle la repétrit, pour
ainsi dire, entre ses mains mignonnes comme la glaise à laquelle
le coup de pouce du sculpteur donne la forme, le mouvement, la
vie 1 C'est un roman anglais qu'elle traduit en chef-d'œuvre I Pour
moi, lorsque Munie — ou Parade — est venu annoncer les auteurs,
j'ai été fort surpris de ne le point entendre s'exprimer de la sorte :
— Mesdames et messieurs, les trois- actes que nous avons eu
l'honneur de représenter devant vous, sont de mademoiselle Anaïs
Fargueil et de MM. Eugène Nus et adolphe Bélot.
Paul Mahalin.
DÉCEMBRE. — LE CAPRICORNE
Lecteur adorable, vous ne saisissez peut-être pas à première
vue la corrélatiorï qui peut exister entre le mois de décembre et
le signe du Zodiaque qu'on appelle Capricorne.
Mais rappelez-vous que le mois de décembre nous ramène les
bals masqués, les concerts, les sauteries intimes, et autres fêtes
du soir, dont les femmes profilent pour exhiber, avec une prodi-
galité remarquable, les mystères de leur anatomie et l'opulence
de leurs contours. Et que le diable m'étrille si toutes ces choses
ne concourent pas puissamment à placer les maris sous le signe
du Capricorne.
Quod erat demonslmndum.
HOROSCOPES
L'homme qui naîtra sous l'influence de ce signe sera d'un tempé-
rament sanguin, quoique possédant au suprême degré cet air abruti
qui distingue les amateurs de féeries. — Sans être d'une grande
beauté, il aura des goûis simples et des cors aux pieds, mangera
delà choucroute, et méprisera les journalistes. Sa suprême félicité
sera de jouer aux dominos et de suer aux mains. — Dans un âge
encore mur il épousera une jeune fille qui lui apf ortera en dot un
enfant naturel et un amour immodéré pour les grenadiers de la
gard.' ; aussi leren.ïra-t-elle père d'une belle et nombreuse progé-
nituie. — A sa mort il laissera unefortune considérable qu'il aura
gagnée dans le commerce de la quincaillerie.
Tout le monde sait que les dames qui viennent au monde pen-
dant le moi!! de décembre sont d'une beauté mâle et batracienne :
douées d'une bonsie constitution, elles se mouchent abondamment
et savent nager. Mais les demoiselles qui verront le jour en dé- '
cembre 186S seront en outre tachées de roux, verbeuses, et très-
fertes sur l'ophicléide; ce qui ne les empêchera pas de cacher
sous une apparence virile un cœur sensible, des mollets ravis-
sants et une ignorance complète de l'orthographe.
— Il est vrai qu'elles ne donneront pas toujours dans leur jeu-
nesse de brillantes espérances; quelques-unes même compléte-
ront leur éducation dans des maisons de correction. Néanmoins,
elles feront naître des passions trè -vives. — Une fdîe mariées,
elles ne feront rien pour charmer leurs maris et réserveront tontes
leurs affections pour le fromaje de gruyère et les boissons alcooli-
ques.
FÊTE RECOMMANDÉE
Le 25, grande solennité du Réveillon, fête de Sainte-Andcuille.
— L'estomac entre en joie, et s'en met jusqu'aux bretelles. —
0 nuit délectable, nuit rabelaisienne, nuit magnigueule l!I "Voyez-
vous ces munitions do saucisses et de fromage d'Italie, ces abon-
dances d'andouilles et de boudins blancs 1 Ces montagnes de
jambons, jambonneaux, pieds truffés, dinde farcie, gelée de co-
chon, merveîllas de la charcuterie française!
Les mâchoires entrent en besogne; le ventre est en.liesse. Noël
pour Sainte-An douille !
Ce ne sont que festoiements, plaisirs de haute graisse, et longs
elystères do flacons. — On chopine avec ardeir, on mange -éjjfe-
copalement, «n s'enboudine à v ntre boursoufflé; on chante en
désordre, on brutalise les sièges et on empêche les vuiôins de
fermer l'œil, — toutes choses qui entrent pieusement dans l'ac-
ception du mot Réveillon.
Peur les cuisinières et les femmes de chambre, la nuit de Noël
a d'autres douceurs. — On demande à Madame la permission
d'aller à la masse de minuit. —Madame accorde; — et la cuisinière
et la femme de chambre courent entonner le TeDeum de Noël...
auteur d'une salade d'oranges en compagaie d'un cocher de mai-
son et d'un galant pompier.
TEMPS PRÉSUMABLE
L'étude des variations atmosphériques offre des phénomènes
bizarres à étudier. Ainsi tous les ans, vers la fin du mois qui nous
occupe, on remarque que les concierges mâles et femelles de-
viennent d'une humeur et d'une docilité vraiment dignes d'élo-
gas. — Ils tirent le cordon avec exactitude, montent les journaux
souvent même sans les avoir lus, et ne jettent presque plus d'eau
dans les jambes des locataires.
Et les femmes de msnagel comme elles sont aimables et d'un
caractère presque facile! — Elles ne mangent plus votre sucre,
ne lisent vos lettres que quand elles traîneDt sur la table, et di-
sent du bien de vous à leur entourage. — On est tenté de les
trouver jolies.
On attribue cette température anormale au voisinage du jour
ie l'An.
Cette année, l'approche des Etrennes produira les mêmes ré-
sultats. — Pendant les huit derniers jours de décembre, les hu-
mains jouiront d'une félicité incommensurable; les femmes de
ménage seront arables et les concierges gracieux.
Malheureusement, dans notre vallée de larmes il n'est pas de
bonheur sans mélange;—et notre félicité sera tempérée, le 31 dé-
cembre, p-ar cette affreuse pensée que, le lendemain, on aura
coastamment la main à la poche pour déverser des torrents de
générosité" 8'jrun tas de gens qu'on a bonne envie d'envoyer au
diable.
TOILETTE DE DÉCEMBRE
La tète couverte d'un rhume de cerveau, les pieds chaussés
d'engelures, touf, le corps enveloppé de cette épaisse vapeur qui
s'échappe des narines à flots pressés; tel est le costume que l'on
porte le plus ordinairement en décembre.
PRÉDICTIONS
Un employé du cadastre, affligé d'une épousa acariâtre avec
transpiration abondante et crampes d'estomac, après avoir em-
ployé sans succès une diète sévère, des laxatifs, des potions cal-
mantes, ie bismuth et la magnésie, aura recours à une médica-
tion énergique et suprême. Chaque jour, jusqu'à complète guéri-
son, il accablera sa femme sous une magistrale volée de coups de
trique; et bientôt son teint s'éclaircira et un embonpoint satisfai-
sant succédera à la uiaigreur.
On trouvera enfin un moyen expéditif pour ouvrir les huîtres.
On leur lira trois lignes de l'Etendard, et aussitôt elles se met-
tront à bâiller dans une large mesure.
Un jeune homme de trois mois, touché par l'aile de la civilisa-
tion, entreprendra de séduire, sa nourrice. Mais la vertueuse
femme, préférant la mort au déshonneur, s'asseoira sur son nour-
risson; et celui-ci, écrasé sous le poids... des remords, se laissera
mourir de douleur,
H pleuvra dans le nez de J. Vallès. — Un charcutier fera cuir
sa femme, qu'il vendra ensuite comme fromage d'Italie. — Les
rhumes de cerveau ne laisseront rien à désirer, soit comme abon-
dance, soit comme densité. — Et si toutes ces choses n'arrivent
point, le signataire de ces lignes payera chopine de tripes.
A. HUMBERT.
LES FABRICANTS DE VINS
Le public sait que les vins sont frelatés, arrangés, retapés,
mais il ne sait pas, je crois, jusqu'à quel point. Il ne sait pas que
le travail du liquide est organisé merveilleusement et que chaque
vin est imité, copié au moyen de substances qui n'ont absolument
rien de vinicole...
Personne n'ignore que les vins en tonneau souffrant une cer-
taine déperdition par suite de l'évaporation, le marchand, pour
éviter la vidange, fait le plein avec du vin pour les vins uns avec
de l'eau pour les vins ordinaires.
On sait aussi que les vins sont inspectés tous les quinze jours
au moins, et que, si la quantité en tonneau est plus grande
qu'elle ne devrait l'être a la vente, le marchand est mis à
l'amende. »
Mais je ne crois pas que personne ait jamais publié les petites
recettes que voici et qui sont parfaitement authentiques, impri-
mées et répandues dans le commerce.
Vous allez voir combien cela est instructif.
Pour donner aux vins nouveaux la couleur du vin vieux
[pour 230 litres). 1 50
Pour donner aux vins le goût et le parfum du vieux Bour-
gogne, (pour 230 litres). 3 »,
Pour colorer en rose et en rouge. 4 50
Pour fabriquer, avec du vin ordinaire, le Madère, le Mar-
sala, le Muscat, le Malaga, l'Alicante, le Vermouth, le
Porto, le Lacryma-Christi, le Grenache, le Xérès, le
Tokai, pour 20 litres, g »j
Pour donner aux vins le goût du Beaune, dose puur 230 li-
tres. 3 »,
Pour fabriquer du Châbiis peur 250 litres. 2 50
Pour donner aux vins blancs le goût du Champagne (pour
230 litres). 5 »>.
Pour donner aux eanx-de-vie de grains, le goût des cognacs
(dose pour 100 litres). . 6 »»
Pour donner la couleur du cuiraçao et du bitter, (dose pour
100 litre*). 2 »»
Pour faire du rhum, du kirsch et de l'absinthe avec de l'al-
cool, (pour 50 litres).. ,, 6 »»
Pour donner aux eaux-de-vie de .betteraves le goût des ar-
magnacs, (dose pour un hectolitre). 4 »»
Cette nomenclature nous prouvera : 1° combien le métier de
marchand de vin est facile; 2° et pourquoi il est si fructueux.
Content d'avoir découvert ces petits renseignements, je les dé-
die à tous les vénérables ivrognes, gueulards et goutteux que Ra-
belais a illustrés et aussi aux simples bourgeois et honnêtes gens
qui, soucieux de leur santé autant que de leur bourse, tiennent à
boire pour leur argent du vin ou des liqueurs naturels.
Edouard Dangin
GUIDE DES FILLES A MARIER
A l'occasion de la Sainte-Catherine, nous croyons devoir offrir
à celles de nos lectrices que l'on a fêtées ce jour-là malgré elles,
quelques sages conseils pour leur éviter ce désagrément l'année
prochaine.
D'abord, il nous a toujours semblé assez barbare de donner
pour patronne à de pauvres filles qui désireraient bien se marier,
une sainte qui resta célibataire parce que cela lui faisait
plaisir.
Si bous étions chargés de réformer le calendrier, nous établi-
rions deux Sainte-Catherine.
L'une serait la fête des demoiselles ayant fait vœu de ne causer
Je malheur d'aucun citoyen.
L'autre serait celle des Mlles qui voudraient bien que ça
finisse.
Dans l'impossibilité oùnoas nous trouvons de dottrles demoi-
selles malgré elles, d'une sainte spéciale, nous allons tout au
moins, au moyen d'un guide que nous leur dédions, les aider à
sortir de cette malheuueuse position.
GUIDE DES FILLES A MARIER
Lorsqu'une demoiselle bien élevée éprouve le désir de se marier,
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X.
PRISSES DS E/ÉCMPS*
Toute personne qui enverra directement en mandat ou
en timbres-poste au directeur du journal «, rue du Cro, anta
Paris, - le montant d'un abonnement d'un an a lEciipse,
ouira des primes ci-dessous énoncées, aux «marnons suivantes.
1» PBIME
Quarante-cinq charges d'And. Gill :
L'abonnement pour Paris, avec cette prime
Pour les départements........
7 fr.
2« PRIME
Une boite remplie de Mfcms de vanille, bonbons fondants, par-
fumés, savoureux, fabriqués spécialement pour les abonnés de
l'Èclipse par M. Berbey-Couturier, de Saint-Seine-1 Abbaye
(Côte-d'Or). .
L'abonnement pour Paris, avec cette prime . . . • <> ■
Pour les départements . . . • ■ • • • • •
AVIS
1» Avoir soin de bien indiquer celle des deux primes qu'on
choisit. .
2» L'abonnement, avec les deux primes, coûte, pour Pans,
V fr. A© c, et pour les départements, 9 fr.
3» Tout abonné peut recevoir la seconde prime en envoyant
1 tr. SO
NOUVELLE PRIME EXCEPTIONNELLE
One excellente Montre en aroent. (FoiV aux annonces.)
On se demande,—on nousdernande quelle est la surprise
— agréable — annoncée par l'Èclipse dans son dernier nu-
méro...
Nous ne voulons pss faire languir plus longtemps nos
lecteurs....
Cette surprise est... une Lanterne magique, — pièce cu-
rieuse, rare, originale etde premier choix...
Nous vous entretiendrons plus tard des types amusants
qu'elle fera passer sous vos yeux.
Qu'il tous suffise de savoir, pour le moment, que cette
prime exceptionnelle ne laissera rien à désirer, sous le
double rapport du choix des sujets et de leur exécution.
AVIS
Le dessin de Gill n'ayant pas été autorisé, nous suspen-
dons notre tirage et nous mettons à la place du portrait
d'Eugène Ténot la charge de M"0 Fargueil, par Bla ze, un
pseudonyme sous lequel se cache un des plus fins et des plus
spirituels caricaturistes du moment. Uno avulso, non déficit
alter.
ANUS FARGUEIL
Elle chantait : L'Opéra la réclamait impérieusement en lui pro-
mettant le succès de Malibran, de Dorus-Gras et de Falcon. Hélas !
elle n'eut de cette dernière que l'accident de larynx qui la força à
abandonner le théâtre en plein triomphe ! Seulement, plus heureuse
que Rachel, de la Juive, Anaïs Fargueil n'avait guère perdu que la
voix : elle avait conservé la jeunesse, la beauté, une admirable en-
tente de la scène! Le Vaudeville s'empara de tout cela et en fit les
délices de nos pères. J'écrirais : de nos grands-pères, — si je fai-
sais de la chronologie, au lieu de faire de l'adoration.
Bien des années se sont envolées à tire-d'ailes depuis les soirées
enthousiastes de Pierre le Bouge, de Malnildeou la jalousie et du
Démon de la Nuiti...
Aujourd'hui, comme le théâtre qui n'a pas voulu la lâcher, Anaïs
Fargueil appartient au Drame. Les Filles de marbre ont commencé
sa réputation en ce genre ; Dalila, les Lionnes pauvres, Rédemption,
les Intimes, les Diables noirs, Maison neuve, l'ont continuée ; Miss Mill-
ion la consacre. La grande artiste anime cette pièce du soufile créa-
teur de son inimitable talent ; elle l'emplit ; elle la repétrit, pour
ainsi dire, entre ses mains mignonnes comme la glaise à laquelle
le coup de pouce du sculpteur donne la forme, le mouvement, la
vie 1 C'est un roman anglais qu'elle traduit en chef-d'œuvre I Pour
moi, lorsque Munie — ou Parade — est venu annoncer les auteurs,
j'ai été fort surpris de ne le point entendre s'exprimer de la sorte :
— Mesdames et messieurs, les trois- actes que nous avons eu
l'honneur de représenter devant vous, sont de mademoiselle Anaïs
Fargueil et de MM. Eugène Nus et adolphe Bélot.
Paul Mahalin.
DÉCEMBRE. — LE CAPRICORNE
Lecteur adorable, vous ne saisissez peut-être pas à première
vue la corrélatiorï qui peut exister entre le mois de décembre et
le signe du Zodiaque qu'on appelle Capricorne.
Mais rappelez-vous que le mois de décembre nous ramène les
bals masqués, les concerts, les sauteries intimes, et autres fêtes
du soir, dont les femmes profilent pour exhiber, avec une prodi-
galité remarquable, les mystères de leur anatomie et l'opulence
de leurs contours. Et que le diable m'étrille si toutes ces choses
ne concourent pas puissamment à placer les maris sous le signe
du Capricorne.
Quod erat demonslmndum.
HOROSCOPES
L'homme qui naîtra sous l'influence de ce signe sera d'un tempé-
rament sanguin, quoique possédant au suprême degré cet air abruti
qui distingue les amateurs de féeries. — Sans être d'une grande
beauté, il aura des goûis simples et des cors aux pieds, mangera
delà choucroute, et méprisera les journalistes. Sa suprême félicité
sera de jouer aux dominos et de suer aux mains. — Dans un âge
encore mur il épousera une jeune fille qui lui apf ortera en dot un
enfant naturel et un amour immodéré pour les grenadiers de la
gard.' ; aussi leren.ïra-t-elle père d'une belle et nombreuse progé-
nituie. — A sa mort il laissera unefortune considérable qu'il aura
gagnée dans le commerce de la quincaillerie.
Tout le monde sait que les dames qui viennent au monde pen-
dant le moi!! de décembre sont d'une beauté mâle et batracienne :
douées d'une bonsie constitution, elles se mouchent abondamment
et savent nager. Mais les demoiselles qui verront le jour en dé- '
cembre 186S seront en outre tachées de roux, verbeuses, et très-
fertes sur l'ophicléide; ce qui ne les empêchera pas de cacher
sous une apparence virile un cœur sensible, des mollets ravis-
sants et une ignorance complète de l'orthographe.
— Il est vrai qu'elles ne donneront pas toujours dans leur jeu-
nesse de brillantes espérances; quelques-unes même compléte-
ront leur éducation dans des maisons de correction. Néanmoins,
elles feront naître des passions trè -vives. — Une fdîe mariées,
elles ne feront rien pour charmer leurs maris et réserveront tontes
leurs affections pour le fromaje de gruyère et les boissons alcooli-
ques.
FÊTE RECOMMANDÉE
Le 25, grande solennité du Réveillon, fête de Sainte-Andcuille.
— L'estomac entre en joie, et s'en met jusqu'aux bretelles. —
0 nuit délectable, nuit rabelaisienne, nuit magnigueule l!I "Voyez-
vous ces munitions do saucisses et de fromage d'Italie, ces abon-
dances d'andouilles et de boudins blancs 1 Ces montagnes de
jambons, jambonneaux, pieds truffés, dinde farcie, gelée de co-
chon, merveîllas de la charcuterie française!
Les mâchoires entrent en besogne; le ventre est en.liesse. Noël
pour Sainte-An douille !
Ce ne sont que festoiements, plaisirs de haute graisse, et longs
elystères do flacons. — On chopine avec ardeir, on mange -éjjfe-
copalement, «n s'enboudine à v ntre boursoufflé; on chante en
désordre, on brutalise les sièges et on empêche les vuiôins de
fermer l'œil, — toutes choses qui entrent pieusement dans l'ac-
ception du mot Réveillon.
Peur les cuisinières et les femmes de chambre, la nuit de Noël
a d'autres douceurs. — On demande à Madame la permission
d'aller à la masse de minuit. —Madame accorde; — et la cuisinière
et la femme de chambre courent entonner le TeDeum de Noël...
auteur d'une salade d'oranges en compagaie d'un cocher de mai-
son et d'un galant pompier.
TEMPS PRÉSUMABLE
L'étude des variations atmosphériques offre des phénomènes
bizarres à étudier. Ainsi tous les ans, vers la fin du mois qui nous
occupe, on remarque que les concierges mâles et femelles de-
viennent d'une humeur et d'une docilité vraiment dignes d'élo-
gas. — Ils tirent le cordon avec exactitude, montent les journaux
souvent même sans les avoir lus, et ne jettent presque plus d'eau
dans les jambes des locataires.
Et les femmes de msnagel comme elles sont aimables et d'un
caractère presque facile! — Elles ne mangent plus votre sucre,
ne lisent vos lettres que quand elles traîneDt sur la table, et di-
sent du bien de vous à leur entourage. — On est tenté de les
trouver jolies.
On attribue cette température anormale au voisinage du jour
ie l'An.
Cette année, l'approche des Etrennes produira les mêmes ré-
sultats. — Pendant les huit derniers jours de décembre, les hu-
mains jouiront d'une félicité incommensurable; les femmes de
ménage seront arables et les concierges gracieux.
Malheureusement, dans notre vallée de larmes il n'est pas de
bonheur sans mélange;—et notre félicité sera tempérée, le 31 dé-
cembre, p-ar cette affreuse pensée que, le lendemain, on aura
coastamment la main à la poche pour déverser des torrents de
générosité" 8'jrun tas de gens qu'on a bonne envie d'envoyer au
diable.
TOILETTE DE DÉCEMBRE
La tète couverte d'un rhume de cerveau, les pieds chaussés
d'engelures, touf, le corps enveloppé de cette épaisse vapeur qui
s'échappe des narines à flots pressés; tel est le costume que l'on
porte le plus ordinairement en décembre.
PRÉDICTIONS
Un employé du cadastre, affligé d'une épousa acariâtre avec
transpiration abondante et crampes d'estomac, après avoir em-
ployé sans succès une diète sévère, des laxatifs, des potions cal-
mantes, ie bismuth et la magnésie, aura recours à une médica-
tion énergique et suprême. Chaque jour, jusqu'à complète guéri-
son, il accablera sa femme sous une magistrale volée de coups de
trique; et bientôt son teint s'éclaircira et un embonpoint satisfai-
sant succédera à la uiaigreur.
On trouvera enfin un moyen expéditif pour ouvrir les huîtres.
On leur lira trois lignes de l'Etendard, et aussitôt elles se met-
tront à bâiller dans une large mesure.
Un jeune homme de trois mois, touché par l'aile de la civilisa-
tion, entreprendra de séduire, sa nourrice. Mais la vertueuse
femme, préférant la mort au déshonneur, s'asseoira sur son nour-
risson; et celui-ci, écrasé sous le poids... des remords, se laissera
mourir de douleur,
H pleuvra dans le nez de J. Vallès. — Un charcutier fera cuir
sa femme, qu'il vendra ensuite comme fromage d'Italie. — Les
rhumes de cerveau ne laisseront rien à désirer, soit comme abon-
dance, soit comme densité. — Et si toutes ces choses n'arrivent
point, le signataire de ces lignes payera chopine de tripes.
A. HUMBERT.
LES FABRICANTS DE VINS
Le public sait que les vins sont frelatés, arrangés, retapés,
mais il ne sait pas, je crois, jusqu'à quel point. Il ne sait pas que
le travail du liquide est organisé merveilleusement et que chaque
vin est imité, copié au moyen de substances qui n'ont absolument
rien de vinicole...
Personne n'ignore que les vins en tonneau souffrant une cer-
taine déperdition par suite de l'évaporation, le marchand, pour
éviter la vidange, fait le plein avec du vin pour les vins uns avec
de l'eau pour les vins ordinaires.
On sait aussi que les vins sont inspectés tous les quinze jours
au moins, et que, si la quantité en tonneau est plus grande
qu'elle ne devrait l'être a la vente, le marchand est mis à
l'amende. »
Mais je ne crois pas que personne ait jamais publié les petites
recettes que voici et qui sont parfaitement authentiques, impri-
mées et répandues dans le commerce.
Vous allez voir combien cela est instructif.
Pour donner aux vins nouveaux la couleur du vin vieux
[pour 230 litres). 1 50
Pour donner aux vins le goût et le parfum du vieux Bour-
gogne, (pour 230 litres). 3 »,
Pour colorer en rose et en rouge. 4 50
Pour fabriquer, avec du vin ordinaire, le Madère, le Mar-
sala, le Muscat, le Malaga, l'Alicante, le Vermouth, le
Porto, le Lacryma-Christi, le Grenache, le Xérès, le
Tokai, pour 20 litres, g »j
Pour donner aux vins le goût du Beaune, dose puur 230 li-
tres. 3 »,
Pour fabriquer du Châbiis peur 250 litres. 2 50
Pour donner aux vins blancs le goût du Champagne (pour
230 litres). 5 »>.
Pour donner aux eanx-de-vie de grains, le goût des cognacs
(dose pour 100 litres). . 6 »»
Pour donner la couleur du cuiraçao et du bitter, (dose pour
100 litre*). 2 »»
Pour faire du rhum, du kirsch et de l'absinthe avec de l'al-
cool, (pour 50 litres).. ,, 6 »»
Pour donner aux eaux-de-vie de .betteraves le goût des ar-
magnacs, (dose pour un hectolitre). 4 »»
Cette nomenclature nous prouvera : 1° combien le métier de
marchand de vin est facile; 2° et pourquoi il est si fructueux.
Content d'avoir découvert ces petits renseignements, je les dé-
die à tous les vénérables ivrognes, gueulards et goutteux que Ra-
belais a illustrés et aussi aux simples bourgeois et honnêtes gens
qui, soucieux de leur santé autant que de leur bourse, tiennent à
boire pour leur argent du vin ou des liqueurs naturels.
Edouard Dangin
GUIDE DES FILLES A MARIER
A l'occasion de la Sainte-Catherine, nous croyons devoir offrir
à celles de nos lectrices que l'on a fêtées ce jour-là malgré elles,
quelques sages conseils pour leur éviter ce désagrément l'année
prochaine.
D'abord, il nous a toujours semblé assez barbare de donner
pour patronne à de pauvres filles qui désireraient bien se marier,
une sainte qui resta célibataire parce que cela lui faisait
plaisir.
Si bous étions chargés de réformer le calendrier, nous établi-
rions deux Sainte-Catherine.
L'une serait la fête des demoiselles ayant fait vœu de ne causer
Je malheur d'aucun citoyen.
L'autre serait celle des Mlles qui voudraient bien que ça
finisse.
Dans l'impossibilité oùnoas nous trouvons de dottrles demoi-
selles malgré elles, d'une sainte spéciale, nous allons tout au
moins, au moyen d'un guide que nous leur dédions, les aider à
sortir de cette malheuueuse position.
GUIDE DES FILLES A MARIER
Lorsqu'une demoiselle bien élevée éprouve le désir de se marier,
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